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samedi 9 août 2025
jacques halbronn Correspondances diverses 1966-2015
Jacques Halbronn
Correspondances diverses 1966 -2015
Avant- propos
Notre corpus est constitué d’archives personnelles s’étalant sur plus d’un demi-siècle, constituées d’une correspondance avec des femmes ainsi que d’éléments d’un journal intime. relatifs à ce même domaine. Il s’agit d’un genre littéraire qui repose sur un vécu – la vie est un roman -et sur une mémoire s’inscrivant elle-même dans le temps. Tout y est marqué par l'immédiateté du ressenti et échappe au réchauffé. Rappelons les Fragments d’un Discours amoureux de Roland Barthes ou l’œuvre de Marcel Proust, notamment Un Amour de Swann, sans oublier la récente parution concernant la vie affective de François Mitterrand (entre 1962 et 1995) ou encore le journal (Tagebücher) de Kafka, obsédé par l’idée de mariage.( Journaux, lettres à sa famille et à ses amis, traduits par Marthe Robert, Claude David et Jean-Pierre Danès, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1984). On pense aussi au Gatsby de Scott Fitzgerald.
Nous avons pensé qu’il serait intéressant d’appliquer à un ensemble dont l'élaboration n'était pas centrée sur une quelconque volonté de valider un modéle cyclique, une grille astrologique que nous sommes parvenus à établir au bout d' un demi-siècle de recherche étant entendu que lors de la production du dit corpus, cette grille n’avait pas encore été conscientisée. Cela dit, l’astrologie dont nous nous servirons n’est pas celle habituellement pratiquée et proposée sous ce terme. Notre grille a le mérite d’une relative simplicité d’application. Exposons les principes de ce que nous nommons à présent Astrologie Septénale. Nous avons abandonné la dialectique équinoxe solstice de 7 ans en 7 ans pour la division de chaque période de 7 ans en deux temps de 3 ans et demi, d'où l'importance que nous accordons au semi-carré qui coupe en deux chaque cadran saisonnier. Mais chaque période de 7 ans est calée sur les axes équinoxiaux et solsticiaux considérés comme équivalents, sur la base de la quadruplicité: les signes cardinaux sont en carré et en opposition tout comme les signes fixes et les signes mutables ; Mais nous ne divisons pas ici les 4 cadrans en trois mais en deux avec une première partie allant du 0° du signe cardinal à 15° du signe fixe qui lui fait suite et une seconde partie de la seconde moitié du signe fixe suivie des 30° du signe mutable; Par ailleurs, nous recourons à la symbolique séfirotique en désignant la première partie d'une phase de 7 ans comme "Din" et la seconde partie comme "Hessed";
Enfin, l’idée que nous nous sommes faits de la question juive aura pu sensiblement évoluer et il convient ici de se situer dans une démarche diachronique et d’éviter de prendre l’ensemble comme un tout intemporel synchronique, ce qui va l'encontre d'une dynamique cyclique digne de ce nom. Il s’agit au fond d’une expérience pilote de traitement d’un corpus étalé sur plusieurs décennies et qui pourrait susciter des émules. En tout état de cause, il s’agit d’une tentative de validation d’une approche proprement astrologique à partir d'un document dont la précision chronologique est l'interface nécessaire par excellence. L'astrologie que nous entendons ainsi valider implique l'existence d'un vécu collectif, d'un esprit du temps (Zeitgeist) partagé, où ce que nous éprouvons fait écho , trouve son répondant chez l'autre.
Au fond, on assiste à la naissance d’une sorte de Don Juan, de Casanova, confronté avec la « femme (fatale) de sa vie », celle qui le poursuivra, le troublera, pendant plus de 30 ans, au milieu, au travers de ses conquétes successives – si tous les noms ont été changés, les textes sont tous d’époque, sans retouche rétroactive. Comme dit le personnage incarné par Jean-Claude Brialy, dans le Genou de Claire, film d'Eric Roehmer, être amoureux d'une femme donne des droits . En effet, aimer une femme, c'est en trouver la clef et révéler à chaque femme ce qui fait son charme. on verra que ma vie sentimentale conditionné ma vie de leader et que lorsque mon magnétisme auprès des femmes n'a plus été en mesure d' opérer, il en aura été de même quant à mes envies de rassembleur.
Avant propos
En ce qui concerne le recherche dans ce domaine, il nous semble bien préférable de travailler sur des journaux ou/et des correspondances que de se fier à la seule mémoire de l'intéressé-e. En tout état de cause, rien ne vaudra la confrontation entre deux écrits, celui de l'astrologue et celui, étalé dans le temps, du consultant. Au vrai, les scénarios sont assez comparables d'un cas à un autre. Nous prendrons notre propre exemple pour illustrer notre propos. Mais comme on a dit plus haut, rien ne vaut l'existence d'un corpus matériel objectif, préétabli, de journaux et de correspondances, d'où la nécessité pour les personnes ainsi suivies astrologiquement de rassembler un maximum de documents pouvant faire foi. Cela dit, vue la simplicité de notre formule du fait que chaque période dure 7 ans, il n'est pas nécessaire de disposer d'une chronologie très pointue en raison de la durée impartie. Nous sommes là en face d'un phénomène synchronique remarquable. Il ne s'agit plus ici de relier ce qui se passe en bas avec ce qui se passe en haut mais bien de s'en tenir, pour l'essentiel, à ce qui se présente en bas, d'une époque à l'autre. Cela exige, évidemment, de la part de l'astrologue ordinaire de devoir renoncer à mobiliser toutes les planètes du système solaire, se retrouvant à la foi dans le thème natal et par le biais des transits. Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple? On aura compris que cette synchronie génère une même dynamique puissante à tous les niveaux et que la somme des vécus solsticiaux constitue et compose un phénomène marquant de convergence sociale, de consensus. Ce sont les revirements dans un sens ou dans un autre vécus dans un même temps, Le passage d’une phase à une autre peut tout à fait générer des ruptures, des relations qui avortent. L’autre n’est plus celui ou celle que l’on croyait, il a d’autres attentes, d’autres énergies et les retrouvailles entre un homme et une femme risquent d’être fondées sur un malentendu : l’autre n’est plus reconnu, il a changé, il faudra éventuellement- pour s’y retrouver- attendre qu’il revienne à la phase au cours de laquelle on avait fait sa connaissance.
PREMIER TEMPS 1958 1973
Il nous faut revenir à la préparation de notre « Bar Mitzwa » (1959-1960) qui nous mit en contact avec l’hébreu et l’Ancien Testament. Il s’agit de notre rencontre avec « Israël », ce qui recouvre la période 1966-1969. .
Écrits de 1966 « J’annonce le destin des Juifs (.) Le Juif est une puissance qui existe avant toute existence. Il n’est pas façonné par l’Histoire, c’est l’Histoire qui -construite par lui- est à présent mûre pour lui/ » « La solution finale. Qui sait, qui a dit, qui peut résoudre le problème de la présence des Juifs en ce monde ? Il ne fait aucun doute que le simple rassemblement d’une partie des Juifs en un seul point du globe, même si ce point est la terre qu’ils n’ont jamais abandonnée ne résout pas la question juive. Il ne fait aucun doute que l’antisémitisme n’a pas vécu, n’est pas anéanti même s’il a changé de voix et de héraut. Et comment n’y aurait-il pas une transformation de l’antisémitisme s’il y a une transformation de l’histoire, de la situation des Juifs ? Chacun sait que si les Juifs disparaissaient ou refusaient de travailler, l’humanité s’arrêterait, n’avancerait plus (.) Juifs du monde entier, adhérez au Mouvement International pour l’Épanouissement du peuple juif qui s’est donné pour mission de rendre les Juifs dignes d’Israël et Israël digne des Juifs « Le peuple juif a déjà renoncé à sa conviction millénaire. Il a suffi qu’une partie des Juifs se rassemblent et n’agissent pas miraculeusement/ Il est habituel à présent de considérer la question juive comme historique et tout à fait élucidée. Les Juifs, dans et hors d’Israël, se persuadent qu’avec la fin de leurs croyances surgira la fin de leurs maux. ‘(…) ils devront se regrouper et vivre d’une manière que seuls ils pourront souhaiter. Un Juif qui vit comme un non Juif se rogne les ailes et se perd. Qu’est-ce qu’y Juif ? Un Juif n’est ni l’adepte d’une religion, ni l’homme fortuit d’une nation/ Être Juif n’est pas un choix, c’est une différence avec la charge qu’elle exige d’assumer/ Un Juif est le descendant d’un peuple qui fut- de toute éternité – distinct. En face de lui est le non Juif. Ils se sentent -et cela est normal- étrangers l’un à l’autre. Ils en souffrent parfois et refusent cette évidence. Car on n’accepte pas ce qu’on ne comprend pas. La religion juive et l’antisémitisme sont les symboles de cette scission constante. La religion juive ne fait que représenter des convictions antérieures à elle-même, elle n’a pas créé le Juif. Elle n’est née et n’a été adoptée que parce que le Juif ressentait sa différence par rapport aux hommes qui l’entourent, qui semblaient être ses pareils le Juif sublimait sa certitude en la supériorité de son destin. Le vrai Juif est la religion elle-même, il n’a pas besoin d’elle. L’antisémitisme est le sentiment des non Juifs de leur différence à l’égard des Juifs et il s’est manifesté de manières diverses Le peuple juif. Mes idées lorsqu’on aura besoin d’elles et tant qu’on aura besoin d’elles. Il apparaît que ce qui distingue le peuple juif des autres peuples est que le lien est plus puissant entre le Juif qui naît et son peuple que pour tout autre peuple. Extrait « Israël apparaissait à David comme la seule issue : former un peuple de génies, les Juifs Un chef Les Juifs se trouvent dans une situation exceptionnelle, celle où un chef est nécessaire/ (…) Cela demande de sa ^part une aptitude à percevoir tout ce que ce peuple Juif a de profond, à extraire de chacun tout ce qu’il mérite de donner. Lettre aux Juifs d’Israël Ils ne doivent pas copier ce qui se passe autour d’eux. (..) Israël est-il un peuple ? Pas si on le compare avec les communautés qu’on appelle peuple. (..=) Qu’on le veuille ou non, c’est lui (le Juif) qui provoque l’antisémitisme. Par sa conscience qu’il est différent. Genèse de ma pensée J’avais préparé un exposé (fin 65-début 66 à Assas) sur la question juive (..) et j’avais soutenu que les Juifs étaient persécutés parce qu’il y avait en eux des caractères qui faisaient qu’ils devaient l’être, (…) Cette analyse était confirmée par mes analyses du souffre-douleur. (…) L’antisémite n créait point de Juifs, il en était la conséquence. Les Juifs ont toujours eu conscience de la différence. Différence qui n’était pas simplement celle de l’étranger. Différence mal déterminée, mise sur le compte de la religion, attitude encouragée en cela par une volonté de la part des non juifs d’apporter de même une raison à leur hostilité confuse.
05. 02. 66 Lettre à un éditeur
« Les Juifs ont un passé qui progressivement les a rendus des « génies ». Les Juifs ne sont pas des hommes. L’Etat d’Israël peut devenir l’état le plus puissant du monde. L’antisémitisme et le racisme apparaissent fondamentalement différents. Opposés. L’antisémitisme est la conséquence de la mentalité juive. Le racisme est la conséquence de la mentalité blanche. Les peuples persécutés au nom d racisme n’ont pas acquis les facultés des Juifs. Il faut séparer fortement mentalité et capacités cérébrales. Les facultés des Juifs ne sont pas dues à l’antisémitisme mais à la dispersion. Elles ne disparaîtront donc qu’avec la dispersion. Qu’avec l’imitation par Israël des autres États classiques. (..) Même si l’antisémitisme persiste. Le peuple juif doit apprendre à savoir ce qu’il peut attendre de lui-même. On peut comprendre la nature du peuple juif à trois niveaux différent. Soit le peuple juif n’est pas peuple, soit il n’est que Peuple, soit il est le Peuple. Certains considèrent le peuple juif comme une réalité artificielle et produite par une société malade : si cette société guérit, le Juif disparaît. Certains se veulent à croire que le Peuple Juif est un peuple comme les autre et qui va, à présent qu’il en a la possibilité, être accepté au sein des nations. Enfin, certains mettent le Peuple juif à part, peuple élu, qui sera le guide des hommes parce que Dieu lui a fixé cette mission. Ces trois conceptions sont à la fois exactes et incomplètes. Il est exact que le Juif a développé des traits, à certaines époques, en certains endroits, qui sont ceux d’un persécuté, d’un souffre-douleur. L’exemple des camps de concentration nous montre, à l’extrême, ce qu’un homme peut devenir (.) Il est exact que le Juif peut se comporter, à certaines époques, pendant un certain temps, comme tout être, quel qu’il soit sans qu’aucune différence ne soit perceptible. L’exemple de l’état d’Israël aujourd’hui nous le montre de même que (..) sous David ou Salomon. Il est exact que le Juif a exercé sur les hommes une énorme influence, dans tous les domaines et surtout par sa religion qui est le fondement d’un grand nombre de civilisations. Mais ces trois conceptions sont incomplètes, elles ne sont pas suffisamment approfondies. Il existe un autre conflit lorsque l’on tente de définir le peuple juif. Le juif est-il une réalité historique ou une réalité physique ? Les trois conceptions signalées considèrent le peuple juif comme réalité historique, soit causée par l’antisémitisme, soit, comme tout peuple, par les événements qui parcourent son histoire, soit comme tribu s sémitique transcendée et choisie par Dieu. Or, il est possible de considérer que le Juif est une réalité physique. Le Peuple Juif existe avant son Histoire, est cause et non produit de son Histoire. Il n’est pas plus absurde d’affirmer qu’un peuple normal devient différent sous quelque influence que cela soit que de penser que s’il est différent, c’est qu’il a toujours été différent, sinon consciemment, du moins physiquement. Expliquer par la force de l’habitude l’évolution historique n’est pas plus raisonnable que la supposition selon laquelle le Peuple Juif n’a fait que réagir ou fait réagir par sa nature différente et qu’il n’est resté fidèle à sa religion que parce que cette religion était l’expression de lui-même.
6 mai 66
je préfére ne pas prendre de vacances au sens courant du terme.
14 mai 66 Cher Papa. J'ai enfin rompu le voile qui nous séparait, c'est à présent à toi que je m'adresse. Il faut que tu prennes l'habitude de décider puisque, de toute façon, lorsque ce n'est pas toi, on te fait en endosser la responsabilité. (..) J'ai fait du Droit parce que je voulais gagner de l'argent et écouter des disques, cela rentre très bien dans les conceptions que l'on nous a appprises. Maintenant je dis que cette conception est superficielle et j'espère que tu le comprends. Combien nous étions ridicules de nous plaindre de ce que tu te moquais du confort, des aménagements, quel ensemble unanime nous ne faisions pas lorsque Maman disait " Cela lui est égal". Et de même combien de sarcasmes contre les fonctionnaires n'avns nous pas eu alors qu'il me parait à la lumière de mes études, que c'est le seul métier qui ne soit pas étroit, et égoïste (..) Je te reprocherai peut être de ne pas lire exactement comme je le voudrais et de t'attacher trop aux détails et aux noms mais cela est le propre de la culture désintéressée (..) Cela n'est pas comme cela que je conçois la culture, je la conçois même en fin de compte comme devant mener à une création non pas artistique mais une création de critique et d'étude. Si l'on n'écrit pas de livre, au moins est il nécessaire de s'exprimer et d'échanger ses impressions. (...) Enfin, tu t'aperçois que je viens de sortir d'un monde fermé et superficiel et tu comprends pourquoi je ne désire pas continuer le droit que je n'ai envisagé que dans cette seule optique. Toi aussi, tu n'as pas trouvé tout de suite ce qui te convenait (..) C'est Maman qui a introduit l'élément bourgeois dans cette famille, élément qui a peut être provoqué chez toi une attirance (...) pour les flatteries à la troisième personne de la part de quelqu'un qui s'y connait fort peu (...) Je suis absolument certain que si j'étais resté à la maison j'aurais travaillé autant mais je ne sais pas si je serais sorti de ce cercle bourgeois. (...) Tu vois donc que revenir à la maison ne m'est d'aucun handicap. (...) Je n'ai pas commencé à lire avant la première classe de philosophie, exactement en novembre de cette année là et j'ai tout de suite été premier en Etudes Littéraires avec deux mois de lecture derrière moi et que mon professeur me dit que j'avais vraiment un style; (...) Je ne peux pas donner d'autres preuves de mes possibilités (...) si ce n'est en parlant d'une science que probablement tu crois fumiste, la chiromancie. M. Valensi te dira en voyant ma main que j'ai tous les signes de triomphe sans exception d'un seul. Bref, ce que je voudrais, c'est t"avoir convaincu sur ce dernier point; (..) Je pense qu'avec la capacité de travail que je posséde, l'originalité, la puissance créatrice, la sensibilité et pour tout dire l'intelligence, il esr ridicule de m'opposer que je ne réussirai pas (...) Je sais que je suis rené et je crois que la famille ou du moins ceux qui en sont capable, renaitra elle aussi. Maman ne doit pas nous imposer ni ses idées, ni ses goûts de luxe;(...) Il vaut mieux que tu ne montres pas cette lettre à Mama, et que tu la ménages/ L'habitude se prendra vite chez elle de ne plus intervenir à tout moment. Il ne faut pas la provoquer. (...) Si tu n'as pas compris que ce n'était que par vue étroite que Maman désire que je continue le Droit (..) eh bien, cela prouvera que tu n'auras rien compris à ce que je suis et que tu auras perdu la chance de montrer ce que tu vaux. A toi de juger mais de toute façon je crois que tout reviendra au même/.
22 mai 66
Que d’êtres hantent les jours d’une ombre monotone Qui devraient disparaître sans qu’aucun ne s’étonne Et moi, qui ne peux ne pas vivre sans feu Moi, je dois me plier sans pouvoir être heureux Qu’importe l’avis de ces gens sans lumière Qui scintille sur la nuit de leur piètre rivière Chantez l’hymne à la joie, muses délicieuses Que je cueille en vos yeux mille pierres précieuses Si je ne puis venir sur les cimes d’Olympe J’irai, seul, sanglant d’amertume et de crainte Jeter mon sort à l’eau de la vie folle et belle Et risquer pour cela de perdre ma ch…. Tu jailliras mienne, fille d’or, sirène Qui ne peut sans émoi souffler sur les arènes Et alors privant le soleil de sa fête Je tuerai le taureau, sa tête contre ma tête.
26 juillet 1966
Chère famille Je m'en vais.
28 mai 1966
Chère famille, je crois avoir trouvé ce que je cherche, ce qui signifie non pas que le but que je me désigne puisse être atteint mais simplement qu'il répond à mes aspirations; en effet, dans ma recherche hésitante, seul est intervenu jusqu'alors l'élément attrait et non l'élément possibilité (...) La synthèse de toutes ces hypothèses est celle-ci: l'action politique transcendée par l'assimilation des arts, de la philosophie
Oxford le 25 08 66
Chère sœur Il reste que je crois que j'aime les Juifs et qu'ils m'aiment et me respectent. Je ne te cacherai point que c'est en Israël que je désire passer mes jours car j'ai foi en la valeur et en l'avenir du peuple juif. Quant à Dieu, il me faut tout de suite te rappeler que le Dieu juif n'est pas le Dieu chrétien et que je ne suis athée que pour le Dieu chrétien? Malheureusement, vivant dans une société chrétienne, le véritable esprit de notre peuple et de notre religion s'est effacé et nous avons oublié qui nous étions. Le Dieu Juif est le Dieu des Juifs; celui qui protège et conduit le peuple juif par l'intermédiaire du Messie. Ce n'est point un Dieu cosmopolite, pour tout le monde, c'est le Dieu du peuple juif, du peuple Juif réuni à nouveau et qui mènera un jour le peuple juif au-dessus des autres. (....) Je sens que le renouveau du peuple Juif est proche. Ralliez mon panache blanc! Chaque Juif est grand, non par son intelligence, mais par sa conscience de peuple, son socialisme et son acceptation d'obéir à celui en qui il croit. (...) Je pense que je ne me marierai pas, mes enfants seront le peuple Juif, la vanité du père, quand on y pense, est profondément ridicule. Chaque Juif est grand, qui suit son chef. Décembre 66 Mon peuple d’Israël, je suis fou de ne pas aller vers toi. Je suis faible. Et pourtant, je vois en moi une force énorme. (…) Que serai-je en Israël ? On ne m’attend pas. Seul ? Non mais mieux qu’en France ? (.) Mes parents ne m’en empêcheraient pas. Mais je hais l’anonymat. (…) Mon peuple d’Israël, je serai dans ton sein avant que l’Hiver ne repasse deux fois » 11 mars 1967 La Bulgare Oh ; tu es français. Oui. J’aime beaucoup la France. Est-ce que je parle bien français ? Oui. J’ai Lu beaucoup de livres sur la France. Louis XIV. Montjoie. Saint Denis. C’est cela. Bretagne, Corse, Normandie, Bavière. Non. Non ? Provence, Savoie. C’est cela. Tu connais la Bulgarie ? Non, je ne connais pas du tout la Bulgarie, ni les Bulgares. Tu es dépaysé ? Pas tellement. Tu sais, je suis de ton côté, d’Orient, moi aussi. Pas français. Juif A ma sœur « Roch » « Tant qu’Israël ne sera pas en mesure de guider le monde, Israël attentivement recevra les leçons de ceux qui lui sont nécessaires. Tant que le MIPEPJ n’atteindra pas une ampleur internationale, il ne s’agira pas d’échafauder des entreprises hors de proportion. 30 mars 1967 «Ce journal coïncide (…) avec ma déclaration d’indépendance. / Je me suis laissé un an avant de m’installer en Israël. Un an pour construire. Je ne ressens pas de soulagement. La tension, la souffrance restent en moi. Il faut trancher la question. Juillet 67 ( ?) Les Israéliens ont gagné la bataille militaire. La bataille politique est au moins aussi importante. Les Juifs du monde e entier doivent savoir que leur rôle dans cette dernière bataille sera décisif à court et à long terme : ils gagneront la bataille politique. Que tous les juifs qui ont tiré les leçons de l’histoire du peuple juif se rendent en Israël, permettent à Israël de conserver les territoires acquis en les occupant, en les défendant si besoin est. Ceci est l’appel à une quatrième Alyah.
23 Aout 67
Shadmoth Dvorah (moshav de Galilee) Ma sœur Dans neuf jours, je serai à Paris. A moins que des événements imprévisibles ne se produisent qui me fassent changer de décision. En effet, j’avais presque la certitude de rester en Israël en partant. Puis il s’est trouvé que je n’ai pas trouvé de kibboutz, que je n’ai pu lier les relations qui eussent favorisé un séjour. (..)L’année scolaire passée fut celle de la naissance de ma doctrine. Celle qui va commencer sera, le l’espère, celle du développement de cette essence.
7 septembre 67 Chers parents Quelle économie faut-il pour Israel qui utilise des potentialités que les autres ne peuvent exploiter? Quel systéme d'éducation permettra un épanouissement général des facultés juives? Je serai alors prêt à prendre le pouvoir en 1971, le Ier novembre...
Fin 67 ? Nous inaugurons cette recherche par une tentative de définition du peuple juif en tant que Peuple du Verseau. ‘(…) Si l’on commence par l’analyse du peuple du Verseau, c’est que c’est la plus facile et la plus caractéristique. Il est aisé de distinguer, au sein des peuples et de l’histoire, le peuple le plus original, le plus différent, le plus étranger aux autres peuples (..) ce peuple est le peuple Juif. (..) Le Verseau est le signe de la double essence. Il possède l’’essence commune à chaque signe, il possède en sus un message, un excédent, qu’il doit extraire de lui-même, qui est partie de l’essence universelle et qui, en conséquence s’intègre à elle, lorsqu’elle a l’opportunité de d’exprimer. Double essence qui, au niveau du peuple, s’exprime par la dualité Peuple juif/individu juif. Non seulement, le peuple Juif possède cette continuité historique des peuples, fondée sur la tradition, la langue, le territoire, il vit en chacun de ses membres. / Double essence qui est apparue clairement pendant les 2000 ans de l’ère des poissons, période négative pour le Juif mais fort utile pour le chercheur/ Le juif possède la continuité comme le Peuple Juif possède la continuité alors que les autres peuples ne la possèdent qu’au niveau du cadre, non de l’individu. C’est ce qui sauva le peuple juif de l’anéantissement – comme ce fut le cas pour tant de peuples car l’individu juif subsistant, le peuple juif, le cadre juif, fut secouru : il est naïf de croire que ce fut le processus inverse qui se produisit, c’est-à-dire que le cadre aurait secouru l’individu : en fait il y a eu échange fécond entre les deux peuples juifs, l’un conservant une image de lui-même qui resterait valable, l’autre subsistant sans le support nécessaire du territoire « fermé » et de la langue. De même est-il absurde d’affirmer que le peuple juif est un résultat des circonstances, une création artificielle ; les lois universelles s’opposent à cette explication existentielle : rien ne naît par accident, rien ne réagit, ne résulte, il s’agit chaque fois d’une expression, de l’épanouissement d’une essence. De même qu’il serait tentant, de la part d’un Juif, après la lecture de cette analyse de déclarer que les peuples non juifs sont de faux peuples, vides de sens, créant artificiellement ceux qui naissent en son sein un éphémère et illusoire sentiment de réalité historique (…) Or l’ère des poissons est terminée, l’on entre dans l’ère du Verseau (.) Le peuple juif va-t-il se rendre compte que l’ère que depuis 2000 ans il attendait est en face de lui ? Tant d’obstacles, d’erreurs d’interprétation s’opposent à cette prise de conscience. Peur de trahir Dieu, peur de se trahir lui-même. Le peuple existe avant son histoire. Il la crée, il la modifie, il en dispose ? Si l’on s’en tient à une Interprétation superficielle de la Bible, la naissance du Peuple Juif débute par l’accord de Dieu avec Abraham ou par le don de la Torah, au mont Sinaï, D’après la logique astrologique, cette hypothèse est inacceptable car une existence dépend d’une essence et si le peuple juif a été « choisi », c’est qu’il existait auparavant. (…) Sous l’ère des Poissons, le Juif a refusé la religion de Jésus de Nazareth, cela s’est terminé par le massacre de six millions de juifs, prix à payer pour avoir le droit à la rédemption mais aussi signal d’alarme, indiquant une transformation de l’attitude du Juif dans le monde. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, les Juifs ont « vécu » la religion des Poissons et s’en sont fortement imprégnés : les Juifs des camps de concentration sont morts en Chrétiens. Beaucoup de Juifs croient qu’ils ne sont Juifs que parce qu’ils ont accepté la religion juive, sans elle, le Juif n’est pas Juif. Tout d’abord plutôt que de parler de religion juive, est-il préférable d’employer le terme de religion mosaïque, religion de Moïse. Car il y a des religions juives ou plutôt des religions car l’heure est venue pour le peuple juif de redevenir universel, d’épanouir toutes les ressources de ses pouvoirs de Verseau. Le Juif est juif par son essence et c’est la partie historique et non religieuse qui l’a attaché au judaïsme. La deuxième partie a profité de la vie de la première. Le Juif doit se désaliéner, retrouver la pureté » de l’essence, prendre un bain de purification pour aborder son ère. Le Juif doit se présenter nu, accepter une conception nouvelle et plus riche de Dieu, puis qu’avec l’ère du Verseau l’homme va développer des capacités qu’il ne possédait pas sous l’ère du Bélier. Que le peuple juif ne trahisse pas Dieu par l’idolâtrie, c’est-à-dire une conception finie et limitée de Dieu. Si le peuple juif accepte la religion du Verseau, il montrera, triomphalement que son contact avec son essence et avec l’essence de Dieu ne s’était que provisoirement interrompu !
Note , la rencontre simultanée de l'astrologie et d'Israel aura profondément marqué ma démarche;
Fin 67
Qu'a dit Dieu à Abraham? Dieu dit à Abraham: tu vas engendrer un fils. Abraham répond que les astres ne le prévoient pas. Alors Dieu répond: ce fils, Isaac, que tu vas engendrer ; aucun astre ne le laissait présager, ce fils (...) n'a pas de naissance, pas d'origine, il n'aura pas non plus de mort, il sera éternel, alors que les autres peuples disparaîtront les uns après les autres car ils sont nés sous les astres et mourront lorsque le cycle de ces astres sera terminé/ Le peuple d'Israël n respecte pas les lois de la Nature (origine et fin) (...) Le peuple juif est immortel, pas le Juif. LE Juif peut être massacré, le peuple juif ne le sera jamais car il est d'une matière divine que seul Dieu peut reprendre (...) Israël est né après la "Création", il échappe au mécanisme universel. Israël est la Deuxième Création de Dieu. C'est donc un peuple jeune et c'est pourquoi il a jusqu’ici été le souffre-douleur des autres peuples, déjà arrivés. Dieu a donné la Torah au peuple juif pour l'encourager à subir les épreuves. (//) Que chaque Juif donne cette même force à son prochain que celle que Dieu a donné à Israël par la Torah. Que la carte astrale de chacun soit sa propre (petite) Torah. 'Qu'on ne voie rien de sacrilège dans cette déclaration. Non daté: Je considère que l'on peut établir à l'heure actuelle un peuple composé de génies. Car l'histoire des peuples influe sur leurs capacités physiques et intellectuelles e peuple est celui qui a subi au cours de l'Histoire un sort si particulier: Israël. Ensuite, je considère que ce peuple, on peut lui faire prendre conscience de sa nature. Israël apparaissait à David comme la seule issue : former un peuple de génies, les juifs Les autres génies avaient peu de chance d'acquérir une descendance de même nature Pour un peuple de génies signifie d'une part que je considère l'histoire comme l'œuvre des génies. d'autre part qu'un peuple doit prendre conscience de l'importance des génies en son sein et axer son action pour évite leur gâchis. Enfin, qu'il est un peuple ne comportant que des génies, c'est à dire des individus capables de créer, lorsque les circonstances sont favorables à cet effet. Israël. Manifeste du Mouvement International pour l’épanouissement du peuple juif (MIPEPJ)
Extraits du Manifeste (dans la foulée/folie de la Guerre des Six Jours) (..)
Au lendemain d'une grande victoire, l'erreur des Juifs serait de penser que seule la dispersion était anormale et que la réunion est l'état naturel ' (.) (..) Il n'y a pas de rupture au cours de l'Histoire juive entre avant et après l'acquisition de sa religion, il n'y a pas eu adoption. Le Juif conscient d'aujourd'hui n'accepte pas sa religion, sa Loi sous l'influence d'un prophète qui lui parla voilà trois ou quatre mille ans, pas plus que ne le fit le juif contemporain ou d'Abraham. Sa religion est partie (intégrante) de lui-même; peu importe même qu'il admette cette religion (..) elle siège au cœur de l'être (.) Mais l'étude de la religion juive débouche sur d'autres horizons encore. Il reste en effet à tirer des conséquences du contenu de cette religion*. Non seulement, les Juifs ont pensé de même façon et avec la même constance la nature de ce contenu? Ils ont défendu une conviction millénaire : les Juifs sont le peuple élu (...) sans en prendre directement conscience, ce qui renforce la prédominance du naturel sue la volonté. Non daté La nature du juif est plus profonde, plus naturelle, elle existe avant son Histoire et ne fait que se teinter légèrement des influences diverses et successives qu'elle traverse et dont elle est souvent la cause. Il n'existe pas de transmission des caractères acquis au niveau d'un peuple vrai; le Juif transmet à son fils ce qu'il a reçu de ses ancêtres : son sang fécondateur, non ses habitudes. (...) Le peuple juif est différent et supérieur aux autres peuples. Le terme Peuple en ce qui le concerne revêt un sens exclusif. Le Juif ne se sait pas Juif parce qu'il n’ait au sein d'un cadre qui lui impose de l'extérieur sa nature, le Juif se choisit Juif parce qu'il est intérieurement Juif. Quant aux conversions, elles n'ont point de signification par elles-mêmes : un non Juif se convertissant au judaïsme ne sera juif que si toutes les générations qui le suivent son juives, Dans ce cas, cela indiquerait que lui-même descend de Juifs ; un Juif se convertissant à une autre religion ne perd pas sa nature de Juif car celle-ci réapparaît irréductiblement dans les générations suivantes, sinon il n'était pas Juif originellement. (..) Il apparaît que le peuple Juif doit être considéré comme un peuple de génies, comme le vrai peuple ; celui dont chaque membre arrive à la conscience nationale par' son propre chemin (.) Le non Juif n'existe pas en lui-même mais s'intègre à une enveloppe appelée faussement peuple qui le colore illusoirement d'une nature superficielle et interchangeable qui, elle, justifie l'internationalisme. L'illusion tient à ce que le non -Juif possède l'avantage de la stabilité en temps de paix et qu'en temps de guerre, sa trace se perde immédiatement (quelques générations s'il doit quitter son enveloppe. Le Juif est cosmopolite parce qu'on a la possibilité de constater qu'il l'est. Seul le Juif n'est pas apte à l'internationalisme. (... ) Quant au peuple juif, sa source semble, (...) limitée au texte de l'Ancien Testament: mais les premières pages du livre ont une signification ésotérique et non historique : l'origine du peuple juif reste obscure. Dire qu'il s'agit d'une quelconque tribu sémitique est ne pas voir l'essence des faits : ce qui est différent a été différent : l'hypothèse la plus satisfaisante est que le peuple juif est un rameau indépendant de l'espèce humaine, que son origine ne doit donc point être greffée sur le tronc commun ou -si elle doit l'être- à une date extraordinairement antérieure à toute l'histoire connue de l'Humanité (...) Le Juif ne doit ni chercher à s'assimiler individuellement ou collectivement, ni être livré uniquement à lui-même. Or paradoxalement, la tendance actuelle de l’État d'Israël va dans ces deux directions à la fois. Sous l'influence des antisémites, l’État d'Israël veut montrer qu'il peut cultiver la terre, remplir toutes les fonctions de la société, (au risque) de créer un prolétariat juif gaspillant le potentiel créateur de chaque Juif ; par ailleurs, (on) veut que cet État soit composé en majorité de Juifs, ce qui le condamne n'avoir qu'une envergure politique limitée par le nombre et par le territoire (...) Ainsi l’état présent d'Israël se comporte de manière incohérente au regard de son formidable patrimoine humain et ne veut voir que ce qu'il a sous les yeux et non ce qu'il pourrait construire, il tombe dans le mirage des "faits". Deux phénomènes l'obsèdent : son territoire 'historique", sa "religion". Car il craint, en ne s'agrippant pas à ces deux idées de ne plus être un État légitime. Comme si l'essence du peuple juif tenait uniquement à l'un ou à l'autre. (...) Le passé du peuple juif ne s'arrête pas à la Palestine, ni à la religion mosaïque. Il faut remonter beaucoup plus dans l'histoire. Aussi Israël n'a aucune raisons de se limiter à la Palestine ni même de se concentrer autour d'elle. Ainsi l’observateur sérieux qui revient d’un voyage en Israël revient avec une série d’énigmes, de phénomènes, de questions – fécond ou non- à investiguer ? Mais il en devrait être de même pour n’importe quel voyage ; il n’y a pas davantage de mystère juif que de mystère non juif car qui ignore l’un ignore l’autre. Ces interrogations qui sont loin de concerner uniquement la situation présente en Israël puisque ce serait se condamner à ne rien pouvoir reconsidérer sont : pourquoi les Juifs ont-ils été dispersés, pourquoi sont-ils restés dispersés ; pourquoi les Juifs ont-ils été persécutés, comment ont-ils été persécutés, pourquoi les Juifs possèdent-ils une religion originale, pourquoi l’ont-ils conservée- pourquoi existe-t-il un tel contraste entre la grandeur atteinte par certains Juifs et le sort collectif Juif : est-ce que le sionisme est capable d’apporter une solution à la situation toujours provisoire du Juif, l’installation en Israël doit-elle faire des Juifs des individus ordinaires ou du moins différents des Juifs de la Diaspora ou bien transcender les valeurs juives, comment ? Que penser des prédictions bibliques quant à l’avenir des Juifs : peut-on employer le terme peuple dans le même sens pour les Juifs et les non –Juifs ; en fin de compte, le Juif se distingue-t-il du non Juif ? S’agit-il d’une « race » ou simplement d’une « religion » ou encore d’un « état social artificiel et provisoire » ? Qu’est-ce que l’être non juif ? Pourquoi et comment a-t-on cinq millions de Juifs au moins à l’époque du Troisième Reich ? Pourquoi aurait-on massacré l’ensemble de la population juive du globe si les événements purement guerriers ne l’avaient empêché ? Quelle différence marquée par son histoire sépare le Juif de tous les êtres –hommes ou non –de cette planète ? Est-ce que le problème juif est un problème important ? On a répondu maintes fois à chacune de ces questions : on a méconnu l’être juif d’une part, on a mal répondu à chacune de ces questions d’autre part. Le grand tort des dirigeants juifs-cela englobe l’ensemble de la population israélienne au moins, comme on l’a montré- n’est pas d’avoir échoué dans leur politique mais bien plutôt d’avoir trop bien réussi dans leurs objectifs, ceux d’une politique erronée : leur grand tort est d’essayer de faire progresser les Juifs : des êtres qu’ils ne connaissent pas, Il y a constamment deux manières d’étudier les existants Juifs et les autres : l’une statique, l’autre dynamique. L’analyse dynamique non seulement complète l’analyse statique mais la détruit.
07 02 68
J’ai décidé de partir en juin-juillet pour Israël et de vivre là-bas. (..)Il serait intéressant que j’aie un pied à terre à Jérusalem mais cela dépend de vous. Il faudrait vendre le studio de la rue des Gobelins et acheter un studio en Israël (.) Il serait bon que je sois émancipé avant de partir.
02. 04. 68
Jérusalem Chers parents. J'ai récupéré ma valise. Elle avait été , je ne sais pourquoi, dirigée vers Jérusalem Lorsque j'ai appris cela à Tel Aviv, je suis parti aussitôt pour Jérusalem puisque j'avais profité de mon séjour à moitié forcé pour entreprendre les formalités nécessaires (résidence permanente, visite médicale) Je suis donc parvenu à Jérusalem, cet après midi même. Et j'ai trouvé mon pied à terre: Je pense avoir eu de la chance. D'abord, c'est un logement indépendant, ensuite, il est au centre de la ville. C'et à dire à moins d'un 1/2 heure à pied de tout endroit. Il s'agit de quelque chose qui ressemble à ce que j'avais à Paris. C'est très joli, cela a beaucoup de style. Cela date du début du siècle. Un petit escalier monte à une chambre pas très grande (2x4) mais agréable et donnant sur un grand espace vert. (... ) Je paie 120 lires par mois (170FF) (..) Il faudra que j'effectue quelques dépenses car elle est presque vide, cette jolie chambre. (..) J'attends le reste de mes affaires aussi tôt que possible car mes disques aussi bien que mes livres d'astrologe me sont absolument nécessaires pour créer l'ambiance familière à laquelle je tiens.
L’opération établissement en Israël est parfaitement réussie. Si Agnès vient en Israël, elle pourra si elle le désire coucher chez moi. Il y a de la place
07 04 68 Chère sœur Me voilà installé à peu près comme à Paris : au fond peu de choses ont changé. La vie à Jérusalem ressemble pour moi à celle que je menais à Paris (…) Les temps de l’action n’ayant pas encore sonné, je me prépare en perfectionnant mon hébreu (.) Je ne me vois pas exposer mes idées autrement qu’en hébreu.
Chère sœur
17 09 68
L’hébreu, voilà deux ans même, ma pensée se serait-elle penchée sur cette éventualité : apprendre l’hébreu ?. J’étais à Oxford, voilà 2 ans, je réfléchissais sur le problème du Génie. Avais-je alors l’idée que mes conclusions sur cette question me conduiraient à prendre conscience du destin du peuple juif, de mon appartenance au peuple juif, de mon destin. L’hébreu, langue qui vous est encore totalement étrangère. Imaginez-vous aisément que cette langue, je la parle, je l’entends, je l’écris, je la lis tous les jours. Cet hébreu n’est-il pas, à lui seul, un symbole d’une différence ? Israël est bien un mythe. C’est-à-dire qu’il n’y-a rien à y trouver. Sinon, à y chercher. Là existe précisément la dialectique de l’émigrant. (..) Je commence à comprendre quelle force est nécessaire pour un Français, un Européen (il y en a bien peu qui restent). Pour croire en Israël, il faut des défauts terribles : orgueil, destruction, prophétisme, mépris, entêtement, intransigeance et intolérance. (…) Comme tout révolutionnaire, j’attends la crise
22 08 68
Chère Sœur
Croire au peuple juif, ce n’est pas y croire par la Bible, ce n’est pas foi. C’est intuition, c’est-à-dire conscience des profondeurs réelles du mot Juif dans le passé et dans l’avenir. (..) Je pense pouvoir faire bientôt un exposé dans une Yeshiva. J’ai rencontré en effet et convaincu des étudiants d’une Yeshiva et la semaine prochaine je dois rencontrer leur rabbin. (..) Sans les juifs, il n’y a pas d’USA. Les USA sont l’Israël d’il y a 150 ans. Bien sûr que je leur conseille de s’installer en Israël mais ce qu’il faut bien comprendre c’est que sur un plan négatif, il suffit qu’ils partent, arrêtant le progrès. Israël pourra ainsi les rattraper. 26 01 69 Jérusalem Il faut comprendre qu’il est encore plus pénible d’étudier à Jérusalem qu’en France (.) Hébreu en France et Français en Israël. 19 05 69 Je tarde de rentrer à Paris. (..) Me voici en Israël. Pourquoi suis-je parti là-bas ? J’ai bien réfléchi, je suis parti pour oublier, pour fuir. (..) Je ne suis pas parti par idéal mais par désespoir.
17 septembre 68 Jérusalem Dans quelque jours,six mois, une moitié d'an se sont écoulés depuis mon départ de Paris.(..) Jamais, je ne suis resté si logtemps "en voyage" mais je n'ai pas ressenti la nostalgie de Paris comme je la ressentais lorsque j'étais un mois, même quinze jours autre part. Ici, il n'y a pas de retour,pas d'impatience de retour. Je n'ai jamais supporté le provisoire? Ici, il n'y a pas de provisoire (.) En effet, le premier probléme de l'émigrant est de rester? Le cinéma m'a aidé; Beaucoup. Les vices sont nécessaires,ils donnent la force d'attendre et rendent le temps moins exigeant. Surtout, ils sont le repaire familier qui rend tout endroit hospitalier, supportable. L'hébreu, voilà deux ans même ma pensée se serait-elle penché sur cette éventualité: apprendre l'hébreu.J'étaits à Oxford voilà 2 ans, je réfléchissais sur le probléme du "génie"; Avais-je alors idée que mes conclusions sur cette question me conduiraient à prendre conscience du destin du peuple juif .. L'Hébreu, langue qui vous est encore totalement étrangère.. Imaginez vous aisément que cette langue, je la parle, je l'entends, je l'écris, je la lis, tous les jours. Cet hébreu n'est il pas à lui seul un symbole d'une différence; Israel est bien un mythe, c'est à dire qu'il n'y a rien à y trouver; Sinon...à y chercher. Là existe précisément la dialectique de l'émigrant (...) Je commence à comprendre quelle force est nécessaire pour un Français, un Européen (il y en a bien peu qui restent) pour croire en Israel. Il faut des défauts terribles : orgueil, destruction, prophétisme, mépris, entêtement, intransigeance et intolèrance; (..) Israel, aujourd'hui, a un équilibre, une vie, une histoire. Et il faut crever cet abcés- qui ne fait pas souffrir et faire crier le Juif avant qu'il ne glisse lentement vers le naïf sommeil du Mot. L'ennemi est, paradoxalement peut être, la Paix (..) Alors, comme tout révolutionnaire, j'attends la cris J'attends - et l' Histoire l'affirme- que cela 'n'aille plus" La roue tourne, tournera. Mais je souffre profondément de la solitude, de l'incompréhension, de la mauvaise compréhension (..) Je sais que ma force est dans cette solitude. Cette endurance, cette fermeture Il y a des époques où l'on a besoin d'hommes aux idées sans influence, habitués à être méconnus, dévoué uniquement à leur oeuvre (...) Des hommes que l'Histoire impose à l'Homme. Alors, l'attente, pour un Astrologue, n'est pas une simple espèrance du "grand jour" Elle précise où et quand et pourquoi. Le respect de l'homme manque à notre société. Chaque catégorie zodiacale, chaque classe au pouvoir s'y croit pour toujours et renie les valeurs des autres classes; Une autre la remplace et de ceux qui hier ou demain ont été ou seront les maitres, la préparation des individus à leur rôle futur et non à un rôle choisi selon les critères de l'époque pendant laquelle ils émettent leurs choix, voilà ce que l'Astrologie permet:ne plus être prisonnier du présent. Cela viendra et Israel guidera les nations. Comme tout prophéte, en face du doute des autres, je prononce la phrase redoutable : vous verrez, craignez qu'il ne soit trop tard, alors;
26 janvier 69 Chers parents, Les études universitaires m'ennuient , me crispent, me fatiguent, me gaspillent.J'ai eu trop de déceptions et d'occasions manquées pour penser une seconde que l'Université est un terrain qui me soit favorable Il faut comprendre qu'il est encore plus pénible d'étudier à Jérusalem qu'en France. Il y a le probléme de la langue qui ne peut que géner quand bien même se débrouillerait-on parfaitement, la concentration ne peut qu'être plus difficile à obtenir. Il y a la façon dont les cours sont conçus qui est plus américaine, plus concrète qu'en France. Il y a que je perds patience et que je suis surtout doué pour l'abstrait plus que pour l'étude des faits. (...) Bref, je pense que je ne peux étudier à l'Université car seul je peux me former d'une manière très satisfaisante (..)Philosophie et Langues vivantes, c''est ce que j'aurais dû commencer d'étudier au lieu du Droit (..) mais cette mauvaise orientation a eu des conséquences bien plus graves puisque voilà 4 ans que je n'ai pu prendre un choix qui me plaisait et que je me trouve dans une impasse, un cul de sac où je ne peux que difficilement retourner en arrière;
9 février 69 Jérusalem Je n'ai pas reçu de réponse à ma "lettre" Je m'y attendais mais comme je l'ai écrit, le Silence ne résout pas tous les problémes. Je ne peux continuer à étudier ce que j'étudie.Avant de connaitre l'Astrologie, j'avais une excuse à faire du Droit, je ne savais pas ce que je voulais. A présent, je n'ai plus d'excuses/ Et je ne vais pas accepter de compromis. La postérité donne un diplome autrement importan que l'Université. (..) Je ne dis as que vous êtes, outre mesure, responsables.Mais sachez qu'à 16-17 ans, ce sont les parents qui décident et non l'énfant même si c'est lui qui croit décider. Or vous avez décidé, d'après vos idées, ou d'après celles que j'avais "je serai docteur", "je serai avocat" Il aurait falllu me faire passer un test d'orientation professionnelle qui m'aurait mené vers les langue, vers la philosophie. Je suis incapable d'apprendre du concret, des faits. Je le sais mais je reconnais que ce test n'aurait pas donné de résultats parfaits parce que je suis très compliqué, Maintenant que j'ai trouvé le synthèse totale de mes tendances, je dois continuer. Je suis extrémement doué pour l'Astrologie mais j'en ai assez de dépendre de vous Je m'engagerai dans l'armée après mon voyage en URSS
Jérusalem, le 26 mai 69
Chère Sœur Après 14 mois (plus deux mois après la Guerre des Six Jours) d'expérience israélienne ; ma conclusion est négative ? Je ne crois pas en Israël ; je ne veux pas devenir citoyen israélien ; je ne crois pas Israël digne de représenter le Peuple Juif. Mais à part cela je continue à affirmer le peuple juif comme peuple différent et son avenir comme universel et crucial. Le Juif en Israël a son champ de vision restreint : un petit territoire , pas plus grand que l'Alsace, deux millions et demi d'habitants , une histoire qui date de moins d'un siècle, une nécessité de ne penser qu'à court terme, pas le temps de méditer, de « souffler «, un pays pauvre. Si l'on veut comprendre la différence le Juif hors d’Israël et l'Israélien, il suffit d'accepter le principe que le fait de vivre dans un univers restreint dans tous les sens du terme supprime toutes les facultés d'abstraction : l'on ne raisonne pas sur des concepts , des nombres que l'imagination ne peut saisir ; en Israël, tout est concret, limité, tangible, étroit. Donc la pensée de l’israélien n'a pas l'habitude de raisonner dans l'abstrait. Alors que le « Juif de l'Exil » est exactement à l'inverse : un mystère, un problème, une recherche, à chaque pas, le juif est frère de l'illimité : son territoire, son histoire, ses horizons, sa population. On dira : qu'est ce qui fait préférer l'illimité au limité ; qu'y a-t-il de si mauvais à avoir un cadre, une explication simple (iste) de ce qu'est un Juif (celui qui est Israélien, etc ? D'abord Israël, vu de ce point de vue est la forme la plus « efficace « de l'assimilation, Israël n'est absolument pas une alternative à l'assimilation. Au contraire ! C'est en Israël que le Juif perd sa judaïté. Le cadre est vital quant au développement des peuples et le cadre israélien détermine irréductiblement (situation politico-socio- géographique) l'avenir d’Israël. Il ne faut pas se faire d'illusions. D'ailleurs, les Israéliens sont les derniers à avoir honte de cet état de choses ; ils veulent être normaux, des 'hommes'(cf. Friedman Fin du peuple juif?) et, chose curieuse, au lieu de prendre pour modèle l'Occident, ils veulent se moquer du reste du monde (tout en étant, en réalité, totalement sous la coupe de l'Occident) ; un nouveau judaïsme est né : celui du ghetto combattant. Il est attristant de voir, ainsi, d'un côté , non pas simplement par la volonté de l'Israélien mais par la vie même qu'il est forcé de mener une assimilation qu'aucun « Juif assimilé » n'aurait osé rêver., d'un autre un nationalisme infantile qui se moque du reste du monde (Juifs compris) et qui parce qu’Israël a gagné trois guerres (48, 56, 67, n. d. l. r.) contre des Arabes incapables, se croit définitivement invincible Car il ne faut pas s'y tromper : Israël n'est pas une démocratie Pour un Français qui vit sous la « dictature gaulliste » (??) Israël est mille fois moins pluraliste, ouvert à la diversité des opinions. Si tu exprimes une opinion différente de la masse, on te demande « Qu'est-ce que tu fais en Israël ? » parce que les 99% des Israéliens font bloc et est traître celui qui n'est pas d'accord avec le gouvernement, Les causes : la sécurité (en hébreu un mot sacré BITARON) Pour un pays qui est censé favoriser l'immigration , on peut dire qu'il n'est certainement pas à la hauteur: le Juif, l'immigrant, doit s'intégrer, c'est à dire faire comme tout le monde, sentir comme tout le monde. Si tu émets une opinion, on te demande « Qu'as-tu fait à la guerre ? » (Cela ne m'est pas arrivé à moi personnellement et je ne parle pas par susceptibilité) On se croirait au fin fond du Brésil ou de l'Australie : pour être dans la tribu, il faut montrer son courage et sa force physique ! Une raison essentielle de ce comportement avoué est l'Armée. Si le commandant dit ceci ou cela, on ne discute pas, on obéit Les Juifs d’Israël croient aux décorations et moins à la pensée, plus aux coups de poing ou de feu et moins à la discussion Ils disent : pas de paix sans dialogue direct avec les Arabes. Mais le problème est bien plus profond ; avec la paix, l'Israélien est égaré, il ne sait plus quoi faire comme le soldat américain après la deuxième guerre mondiale Si Israël savait ce que la guerre lui coûte en temps, en énergie, il serait bien plus pressé à obtenir la paix à tout prix qu'il ne l'est. Le malheur est que l’israélien sent intérieurement que son héroïsme, en cas de paix, serait bien maigre Imaginons, Agnès, à Paris quelqu'un exprimant une opinion contraire au gouvernement et à qui l'on répondrait « Si tu n'es pas content va autre part ! Nous sommes en France, trop démocratiques d'instinct pour imaginer cela sauf chez le paysan auvergnat et encore. Or Israël est censé être le centre du Peuple juif. Je le dis franchement : Israël n'est pas à la hauteur et ne le sera jamais. Car, à présent, venons-en à la définition du peuple juif. C'est un peuple différent, qui peut vivre sans cadre, sans image stéréotypée de lui-même, c'est un peuple libre, créateur (j'analyserai le problème un autre jour) Or, lui donner un idéal de goye : un bon petit coin bien tranquille, bien petit bourgeois comme tout le monde, pour être bien normal, c'est une trahison Chaque peuple a ses faiblesses, ses limites, de même le peuple Juif. On ne peut tout avoir sinon on ne récolte qu'une médiocrité générale. Le peuple juif est un peuple de penseurs, d'intellectuels, il en paie le prix, il dépend des autres comme les autres dépendent de lui. Ce n'est pas parce que Hitler a fait tuer six millions de juifs que les Juifs doivent avoir peur et chercher à acquérir des qualités qui ne sont pas les leurs : il y a des prix qu'il faut accepter de payer ; C'est comme si, moi, je ne passais jamais mes examens à cause de mes intérêts pour l'astrologie et que je me disais : allez, soyons raisonnable ! L'échec est un ennemi, non pas par le mal qu'il nous fait mais par la réaction qu'il provoque. Auschwitz: échec donc Israël. (réaction) Double crime et double assassinat du peuple Juif. Auschwitz aurait dû encourager le peuple juif à rester ce qu'il était car cela vérifiait magnifiquement sa différence, Israël est une mauvaise et simpliste réponse à Auschwitz. Voilà le constat : les Juifs sont différents et pour cela ils ne doivent pas vivre comme les autres, ils ont besoin d'espace et de liberté : pas de Juifs au kilo, pas de prolétariat juif ! J'en reparlerai plus tard de cet avenir du Peuple Juif dans l'exil qui, au demeurant, n'est pas l'exil mais l'état normal et naturel. Donc, je compte rentrer à Paris, soit cette année, soit l'année d'après J'irai peut être aux USA. Mais en tout cas Israël est une carte perdante à tous les coups. Je me suis honnêtement renseigné, j'ai le droit de décider. J'ai perdu trois ans d'université à cause d’Israël, n'ai pas passé mon examen de deuxième année de Droit, suis parti en mars (1968) je suis une victime de la Guerre des Six Jours. A bientôt Yitshaq
PS Communique ce que tu veux. Je serai à Paris pour ton anniversaire : 20 ans !
28 mai 69
Ier juin 69
Malgré ma décision de ne pas m’installer en Israël, je compte y terminer mes études (.) J’arriverai vers le 13 juillet à Paris et repartira vers le 15 septembre pour Jérusalem (.) Jérusalem est un peu comme Aix en Provence ou Nantes une ville de province propice à ma réflexion intellectuelle et à mon travail sinon à mon activité sur les autres, qui n’a pas grand sens dans ce petit pays. J’ai remarqué que les jours passaient vite en Israël et un an de plus ne compte pas beaucoup. Mais soyons précis, c’est bien clair, je ne resterai pas davantage en Israël car penser et écrire est une chose, répandre ses idées et agir, créer des cadres en est une autre. Or Israël est occupé par des problèmes plus pressants hélas pour elle et sa population est trop peu nombreuse, surtout en ce qui concerne son élite intellectuelle presque inexistante.
2 juin 69 J'ai supporté parce que j'avais une activité intellectuelle qui me le permettait mais ce que j'était censé étudier ne m'intéressait pas ; A la seule restriction que cela me transmettait un constant sentiment de culpabilité qui ne me permettait ni d'étudier ce qu'on voulait que j'étudie, ni de me consacrer à ce qui m'intéressait à fons d'où le cinéma, ma drogue; (...) A présent, je veux être astrologue, je ne peux plus revenir en arrière, je suis mort pour les études.Si l'on faisait des procés aux parents, j'en ferais un (..)Je publierai mon livre en septembre et je continuerai à m'occuper d'astrologie (..) je rentre en France un fois pour toutes; j(ai été en Israel, je ne suis quand même pas forcé d'y rester; On apprend et on change d'opinion, je ne veux pas rester un mois de plus dans ce pays; d'ailleurs Israel, c'était surtout le résultat d'une grande fatigue. Je rapatrie mes affaires dès maintenant et je vais en Russie (..) J'en ai assez qu'on me parle comme j'étais un inconnu (...) Les 13 et 14 juillet, peut être ma présence vous donnera-t-ell une idée plus concréte et vivante d'un fils que vous avez dû oublier 'On a refait notre vie en conséquence, citation de Maman dont je conserve les remarquables lettres pour ceux que cela intéresserait"
7 juin 79 Je rentre définitivement en France (//= Je sais de quoi je parle quand je parle d’Israël. Mon départ est la conclusion logique de tout Juif restant suffisamment de temps en Israël pour le connaître en profondeur. Les Juifs d’Israël ne sont pas des Juifs et construire un État au XXe siècle est impossible et dangereux. Je suis internationaliste (à ma façon) et je ne peux rester en Israël sans étouffer devant ce militarisme borné. Pourquoi n’ai-je pas reconnu les faits plus tôt ? Parce que mon analyse du Juif était fausse. Elle s’est modifiée et Israël ne présente plus aucun intérêt à mes yeux. De même que le sens de ma nature de Juif s’est profondément transformé. 8 juin 69 Chers parents Je vous joins mon premier article sur l’astrologie (paru à Jérusalem dans un hebdomadaire étudiant, Francaton. 18 juin 69 Il m’est difficile de décider si je reste encore un an ou non.
8 juin 69 Chère famille J'ai reçu la lettre du 6 juin qui me fait plaisir, elle montre une certaine compréhension; "Tu peux finir tes étude en Israel si tu le désires" Non, je ne le désire pas. Mais merci quand même. (..) Je suis certain que je pourrai publier mon livre sur l'Astrologie avant la fin de l'année (//) Je vous joins mon premier article sur l'astrologie" Portrait de l'Homo Astrologicua. ( 4 juin 69=
27 juin 69 Je rentre en France, une fois pour toutes. J’ai été en Israël. Je ne suis quand même pas forcé d’y rester. On apprend et on change d’opinion, je ne veux pas rester un mois de plus dans ce pays. ; D’ailleurs Israël, c’était surtout le résultat d’une grande fatigue
28 juin 69 « Je ne quitte pas Israël par déception ou découragement ni pour revenir à Paris : je me suis rendu compte que mon analyse du peuple juif était fausse (…) Il faut remplacer ce sentiment d’appartenance qui ne représente pas une réalité authentique par une allégeance aux peuples astrologiques (…) tu vois que l’on est loin du…mal du pays Extrait de ‘La Fécondation
Autobiographie 1969- 72 Pâques 1972 ; Tignes/
JACQUES HALBRONN
CHRONIQUES INTRUSIVES
2017
Quatrième de couverture
Le tropisme du dépaysement est ce qui nous conduit à explorer des contrées étrangères, à nous y immerger, à nous laisser envahir par ce qui nous est étranger, quitte ensuite à passer par un processus de rejet.. Au fond, le sentiment de viol serait l »état normal et il faudrait s'intéresser plutôt au déni du viol, du refus de reconnaître que l'on a été violé, que l'on s'est laissé violer. L'acceptation du viol serait en faiit l'exception.
Ces « Chroniques intrusives »– ce qui alimente périodiquement un certain enchantement/désenchantement- qui s'étalent sur un demi-siècle, concernent deux mondes, deux expériences qui auront conduit le narrateur à s'égarer, à sortir du « droit chemin », à pratiquer l'école buissonnière...
L'auteur est par ailleurs spécialiste de certaines formes de cyclologie et ce « journal » lui sert également, le cas échéant, de corpus sur lequel il peut être tenté d'appliquer certains modèles.
Avant-propos
Le dépaysement renvoie et évoque toute forme de recherche ou d'immersion dans un monde étranger,soit une expérience dont nous aurions pu nous dispenser , que l'on peut certes toujours qualifier d'enrichissante mais qui est vouée à rester en marge, en parallèle avec le monde qui nous est réellement propre. Pourquoi, à certains moments, nous « lançons » nous dans une aventure de dépaysement nous conduisant dans un autre monde , quels sont les risques que nous prenons, ce faisant plus ou moins d'ailleurs en connaissance de cause ? En fait, l'étrangeté de ces mondes se présente en deux temps : celle de notre imaginaire et, ensuite, celle de la réalité de la rencontre. Ce dépaysement -c'est à dire le fait de sortir de notre « pays » d'origine – nous construit-il ou nous détruit-il, n’est-il pas de toute façon une forme d'aliénation, de dispersion, c'est à dire d'attirance, de fascination pour l'autre, l'ailleurs perçu, à tort ou à raison, comme une (la) solution à nos « problèmes » ?
La vie est-elle un roman qui s’écrit au jour le jour et n’est-il pas temps de dénoncer ces reconstitutions factices faites après coup qui sont devenues le nec plus ultra des « romanciers » ? Autrement dit, la réalité prendrait ici sa revanche sur la fiction laquelle, comme on dit, dépasse parfois la dite réalité. On renoue ainsi avec l’art du journal intime et avec celui des correspondances authentiques.
Nous disposerons deux volets : l 'un consacré à la fascination qu’exerça au cours des années soixante le fait israélien, «c’est à dire le retour à la « Terre Promise », fascination qui sera suivie sinon d’un rejet du moins d’un désengagement, d’un désamour, l’autre consacré à un autre mode de fascination, cette fois pour « la » Femme et les promesses qu’elle suscite -la fiancée est une « promise » et là encore la problématique d’un certain désamour fait suite à un enthousiasme archétypal.
Le mot « déclaration » est intéressant : on peut parler d’une déclaration d’amour mais aussi d’une Déclaration des Droits de l’Homme ou d’une Déclaration de guerre.
Il est possible de composer un Hymne à un peuple, à une idée (à la Joie) -comme à une femme.
On peut aussi parler d’une alliance entre un peuple et son dieu tout comme de la formation d’un couple entre un homme et une femme. Le Cantique des Cantiques, qui est un chant d’amour de la part d’un homme est lu par les Juifs comme l’expression de l’amour d’Israël pour son dieu, qui l’a choisi parmi tous les autres peuples.
.Nous avons choisi- à de rares exceptions près, de ne publier que nos propres textes pour rester dans l'optique d’une œuvre littéraire dont nous assumons pleinement la paternité. Nos correspondants ne feront donc que se refléter dans nos propres écrits.
En ce sens, cet ouvrage pourrait constituer une sorte de manifeste en vue d’une nouvelle idée de la littérature selon laquelle, le vrai romancier est celui qui fait de sa vie un roman et qui se contente de noter ce qu’il vit sur le moment, ce qui implique une approche dans la longue durée.
Cette quête s’apparente à celle de la pierre philosophale. Existe—t-il une clef pour appréhender notre rapport au monde et singulièrement l’évolution des relations entre hommes et femmes. Au cours d’une cinquantaine d’années d’expérience en ce domaine- ce que couvre en gros le présent ouvrage- parviendrons-nous à formaliser un « modèle » qui rende compte, peu ou prou, d’une certaine forme de cyclicité, existe-t-il des phases, des récurrences et est-ce que cela tient plus au psychisme des femmes qu’à celui des femmes
On soulignera le fait que 1967 marque à la fois le renouveau de notre relation à l’hébreu -amorcée lors de la préparation à la « bar mitswa », en notre treizième année, mais aussi notre initiation au « langage des astres ».
Sur le volet « la terre promise »
Il s’agit de notre rapport avec Israël, terre promise s’il en est, marqué notamment par la Guerre des Six Jours et un commencement d’Alya, correspondant à la « loi du retour ». Volonté d’immersion dans une nouvelle langue vouée à se substituer à la maternelle.
Nous avons ici rassemblé d’une part divers textes « théoriques », à partir de 1966, nous venions alors de fêter nos 18 ans, qui ponctuent notre excitation croissante envers un tel projet et de l’autre une correspondance entretenue avec notre sœur cadette ainsi qu’avec notre mère- accessoirement notre père- au cours de notre séjour en Israël qui s’interrompit à l’Été 1969.
Cette première période ignore à peu près totalement la question de la femme et elle campe un jeune homme qui ne connaît rien de son corps. Avec le retour en France, un nouvel horizon apparaît qui reste liée à la notion de promesse mais qui revêt une autre forme, celle du territoire de la femme à investir sinon à conquérir.
Les textes du premier volet sont restés à la différence de ceux du second inédits en ce sens qu’ils n’ont pas eu de destinataire, sinon quelque éditeur. Une exception toutefois, avec le Manifeste du Mouvement international pour l’épanouissement du peuple juif que nous avions artisanalement ronéoté et donc assez largement diffusé s à l’époque.
Ce premier volet comme d’ailleurs le second, s’achève sur un certain désenchantement et d’une certaine façon, le second volet prend le relais du premier en nous engageant dans un nouvelle quête d’une chimérique Toison d’Or. Passage d’un amour du peuple élu auquel l’auteur est censé appartenir, à celui du monde féminin, qui lui est au départ foncièrement étranger.
Sur le volet « La femme promise »
On passe des unités aux dizaines, de trois—quatre ans à 30-40 ans. Il s’agit là de la quête de la femme promise, de la « fiancée », laquelle va prendre toutes sortes de visages tout en éveillant peu ou prou les mêmes sensations tant mentales que physiques. On verra qu’à travers ces femmes, la « juive » est un élément récurrent tout comme d’ailleurs le rapport à Israël, mais sans céder cette fois aux sirènes d’une « terre promise » en dépit des tentations sinon des tentatives.
Ces textes n'épuisent certes pas notre histoire sentimentale. Il aura fallu des circonstances bien particulières pour qu'il y ait échange de lettres à commencer par l'éloignement géographique. Nous avons complété notre corpus en puisant dans notre collection de journaux intimes manuscrits.
Vivre ensemble, au quotidien, ne saurait évidemment susciter une activité épistolaire importante si ce n'est sous la forme de la tenue d'un journal intime. Quand on vit aux côtés de l’être aimé, est-il besoin, en effet, de lui écrire voire d’écrire à son sujet, ce qui exigerait quelque prise de distance ? Paradoxalement, c’est quand il y a une certaine plénitude que le besoin d’écrire se ferait le moins sentir, à moins de considérer que la déclaration d’amour, voire sa déploration ne constituent un temps fort de la relation. Cette fois, le temps n’est plus court mais long/. Cependant, l’on sait à quel point, depuis quelque temps, les personnes qui vivent en couple communiquent par mail, par texto, l’écrit n’est plus le signe d’un éloignement plus ou moins prolongé mais d’une cyclicité très brève qui ne dure que le temps d’une journée. Ainsi, les dernières années de notre parcours seront-elles marquées par cette nouvelle forme épistolaire et nous seront conduits à en restituer les échanges.
Ce second volet se termine par un certain désenchantement, au plein sens du terme, au prisme d’une prise de conscience de l’existence d’une cyclicité féminine qui apporte un nouvel éclairage aux enjeux de couple. Mais à l’issue de cette odyssée parmi les sirènes, la notion de « peuple élu » refait son apparition : est- ce que les femmes ne seraient pas le véritable « peuple élu », celui de l’alliance des hommes avec les dieux, ne sont-elles pas finalement à l’image de l’androgyne des premières pages du Livre de la Genèse des êtres radicalement différents des hommes, obéissant à d’autres repaires, à d’autres critères?
PREMIER VOLET
LA TERRE PROMISE
Quatrième de couverture
Ce journal intime se combine avec des lettres reçues, s'étale sur un demi siècle de 1966 à 2016. Il est traversé par une double quête : celle de la Terre d'abord et celle de la Femme, ensuite puis les deux à la fois ; comme si finalement la femme juive résumait ces deux attentes.
JACQUES HALBRONN
DE LA QUETE DE LA PROMISE.
De la Terre Promise à la femme promise.
Un roman vécu.
2016
Avant-propos
La vie est-elle un roman qui s’écrit au jour le jour et n’est-il pas temps de dénoncer ces reconstitutions factices faites après coup qui sont devenues le nec plus ultra des « romanciers » ? Autrement dit, la réalité prendrait ici sa revanche sur la fiction laquelle, comme on dit, dépasse parfois la dite réalité. On renoue ainsi avec l’art du journal intime et avec celui des correspondances authentiques.
Sous le titre « la Promise », nous disposerons deux volets : l »un consacré à la fascination qu’exerça au cours des années soixante le fait israélien, «c’est à dire le retour à la « Terre Promise », fascination qui sera suivie sinon d’un rejet du moins d’un désengagement, d’un désamour, l’autre consacré à un autre mode de fascination, cette fois pour « la » Femme et les promesses qu’elle suscite -la fiancée est une « promise » et là encore la problématique d’un certain désamour fait suite à un enthousiasme archétypal.
Le mot « déclaration » est intéressant : on peut parler d’une déclaration d’amour mais aussi d’une Déclaration des Droits de l’Homme ou d’une Déclaration de guerre.
Il est possible de composer un Hymne à un peuple, à une idée (à la Joie) -comme à une femme.
On peut aussi parler d’une alliance entre un peuple et son dieu tout comme de la formation d’un couple entre un homme et une femme. Le Cantique des Cantiques, qui est un chant d’amour de la part d’un homme est lu par les Juifs comme l’expression de l’amour d’Israël pour son dieu, qui l’a choisi parmi tous les autres peuples.
.Nous avons choisi- à de rares exceptions près, de ne publier que nos propres textes pour rester dans l'optique d’une œuvre littéraire dont nous assumons pleinement la paternité. Nos correspondants ne feront donc que se refléter dans nos propres écrits.
En ce sens, cet ouvrage pourrait constituer une sorte de manifeste en vue d’une nouvelle idée de la littérature selon laquelle, le vrai romancier est celui qui fait de sa vie un roman et qui se contente de noter ce qu’il vit sur le moment, ce qui implique une approche dans la longue durée.
Cette quête s’apparente à celle de la pierre philosophale. Existe—t-il une clef pour appréhender notre rapport au monde et singulièrement l’évolution des relations entre hommes et femmes. Au cours d’une cinquantaine d’années d’expérience en ce domaine- ce que couvre en gros le présent ouvrage- parviendrons-nous à formaliser un « modèle » qui rende compte, peu ou prou, d’une certaine forme de cyclicité, existe-t-il des phases, des récurrences et est-ce que cela tient plus au psychisme des femmes qu’à celui des femmes
On soulignera le fait que 1967 marque à la fois le renouveau de notre relation à l’hébreu -amorcée lors de la préparation à la « bar mitswa », en notre treizième année, mais aussi notre initiation au « langage des astres ».
Sur le volet « la terre promise »
Il s’agit de notre rapport avec Israël, terre promise s’il en est, marqué notamment par la Guerre des Six Jours et un commencement d’Alya, correspondant à la « loi du retour ». Volonté d’immersion dans une nouvelle langue vouée à se substituer à la maternelle.
Nous avons ici rassemblé d’une part divers textes « théoriques », à partir de 1966, nous venions alors de fêter nos 18 ans, qui ponctuent notre excitation croissante envers un tel projet et de l’autre une correspondance entretenue avec notre sœur cadette ainsi qu’avec notre mère- accessoirement notre père- au cours de notre séjour en Israël qui s’interrompit à l’Été 1969.
Cette première période ignore à peu près totalement la question de la femme et elle campe un jeune homme qui ne connaît rien de son corps. Avec le retour en France, un nouvel horizon apparaît qui reste liée à la notion de promesse mais qui revêt une autre forme, celle du territoire de la femme à investir sinon à conquérir.
Les textes du premier volet sont restés à la différence de ceux du second inédits en ce sens qu’ils n’ont pas eu de destinataire, sinon quelque éditeur. Une exception toutefois, avec le Manifeste du Mouvement international pour l’épanouissement du peuple juif que nous avions artisanalement ronéoté et donc assez largement diffusé s à l’époque.
Ce premier volet comme d’ailleurs le second, s’achève sur un certain désenchantement et d’une certaine façon, le second volet prend le relais du premier en nous engageant dans un nouvelle quête d’une chimérique Toison d’Or. Passage d’un amour du peuple élu auquel l’auteur est censé appartenir, à celui du monde féminin, qui lui est au départ foncièrement étranger.
PREMIER VOLET
LA TERRE PROMISE
HALBRONN
DE LA QUETE DE LA PROMISE.
De la Terre Promise à la femme promise.
Un roman vécu.
2016
Avant-propos
La vie est-elle un roman qui s’écrit au jour le jour et n’est-il pas temps de dénoncer ces
reconstitutions factices faites après coup qui sont devenues le nec plus ultra des « romanciers » ?
Autrement dit, la réalité prendrait ici sa revanche sur la fiction laquelle, comme on dit, dépasse
parfois la dite réalité. On renoue ainsi avec l’art du journal intime et avec celui des correspondances
authentiques.
Sous le titre « la Promise », nous disposerons deux volets : l »un consacré à la fascination qu’exerça
au cours des années soixante le fait israélien, «c’est à dire le retour à la « Terre Promise », fascination
qui sera suivie sinon d’un rejet du moins d’un désengagement, d’un désamour, l’autre consacré à un
autre mode de fascination, cette fois pour « la » Femme et les promesses qu’elle suscite -la fiancée
est une « promise » et là encore la problématique d’un certain désamour fait suite à un
enthousiasme archétypal.
Le mot « déclaration » est intéressant : on peut parler d’une déclaration d’amour mais aussi d’une
Déclaration des Droits de l’Homme ou d’une Déclaration de guerre.
Il est possible de composer un Hymne à un peuple, à une idée (à la Joie) -comme à une femme.
On peut aussi parler d’une alliance entre un peuple et son dieu tout comme de la formation d’un
couple entre un homme et une femme. Le Cantique des Cantiques, qui est un chant d’amour de la
part d’un homme est lu par les Juifs comme l’expression de l’amour d’Israël pour son dieu, qui l’a
choisi parmi tous les autres peuples.
.Nous avons choisi- à de rares exceptions près, de ne publier que nos propres textes pour rester dans
l'optique d’une œuvre littéraire dont nous assumons pleinement la paternité. Nos correspondants ne
feront donc que se refléter dans nos propres écrits.
En ce sens, cet ouvrage pourrait constituer une sorte de manifeste en vue d’une nouvelle idée de la
littérature selon laquelle, le vrai romancier est celui qui fait de sa vie un roman et qui se contente de
noter ce qu’il vit sur le moment, ce qui implique une approche dans la longue durée.
Sur le volet « la terre promise »
Il s’agit de notre rapport avec Israël, terre promise s’il en est, marqué notamment par la Guerre des
Six Jours et un commencement d’Alya, correspondant à la « loi du retour ». Volonté d’immersion
dans une nouvelle langue vouée à se substituer à la maternelle.
Nous avons ici rassemblé d’une part divers textes « théoriques », à partir de 1966, nous venions
alors de fêter nos 18 ans, qui ponctuent notre excitation croissante envers un tel projet et de l’autre
une correspondance entretenue avec notre sœur cadette ainsi qu’avec notre mère- accessoirement
notre père- au cours de notre séjour en Israël qui s’interrompit à l’Eté 1969.
Cette première période ignore à peu près totalement la question de la femme et elle campe un
jeune homme qui ne connaît rien de son corps. Avec le retour en France, un nouvel horizon apparaît
qui reste liée à la notion de promesse mais qui revêt une autre forme, celle du territoire de la
femme à investir sinon à conquérir.
Les textes du premier volet sont restés à la différence de ceux du second inédits en ce sens qu’ils
n’ont pas eu de destinataire, sinon quelque éditeur. Une exception toutefois, avec le Manifeste du
Mouvement international pour l’épanouissement du peuple juif que nous avions artisanalement
ronéoté et donc assez largement diffusé s à l’époque.
Sur le volet « La femme promise »
On passe des unités aux dizaines, de trois—quatre ans à 30-40 ans. Il s’agit là de la quête de la
femme promise, de la « fiancée », laquelle va prendre toutes sortes de visages tout en éveillant peu
ou prou les mêmes sensations tant mentales que physiques. On verra qu’à travers ces femmes, la
« juive » est un élément récurrent tout comme d’ailleurs le rapport à Israël, mais sans céder cette
fois aux sirènes d’une « terre promise » en dépit des tentations sinon des tentatives.
Ces textes n'épuisent certes pas notre histoire sentimentale. Il aura fallu des circonstances bien
particulières pour qu'il y ait échange de lettres à commencer par l'éloignement géographique. Nous
avons complété notre corpus en puisant dans notre collection de journaux intimes manuscrits. Une
seule exception : nous avons placé un certain nombre de courriels –quelques lignes- que nous
avons reçue et pas seulement envoyés entre la fin octobre et le début janvier 2013-2014 du fait
d’une certaine carence de notre documentation. On assiste ainsi à une rupture expéditive.
Vivre ensemble, au quotidien, ne saurait évidemment susciter une activité épistolaire importante si
ce n'est sous la forme de la tenue d'un journal intime. Quand on vit aux côtés de l’être aimé, est-il
besoin, en effet, de lui écrire voire d’écrire à son sujet, ce qui exigerait quelque prise de distance ?
Paradoxalement, c’est quand il y a une certaine plénitude que le besoin d’écrire se ferait le moins
sentir, à moins de considérer que la déclaration d’amour, voire sa déploration ne constituent un
temps fort de la relation. Cette fois, le temps n’est plus court mais long/.
Avec le recul, ces deux volets semblent bien marqués par des enjeux assez comparables : comment
vivre la passion sans en être l’esclave.
PREMIER VOLET
LA TERRE PROMISE
Oxford le 25 08 66
Chère sœur
Il reste que je crois que j'aime les Juifs et qu'ils m'aiment et me respectent. Je ne te cacherai
point que c'est en Israël que je désire passer mes jours car j'ai foi en la valeur et en l'avenir du
peuple juif.
Quant à Dieu, il me faut tout de suite te rappeler que le Dieu juif n'est pas le Dieu chrétien et que
je ne suis athée que pour le Dieu chrétien? Malheureusement, vivant dans une société
chrétienne, le véritable esprit de notre peuple et de notre religion s'est effacé et nous avons
oublié qui nous étions.
LE Dieu Juif est le Dieu des Juifs; celui qui protège et conduit le peuple juif par l'intermédiaire du
Messie. Ce n'est point un Dieu cosmopolite, pour tout le monde, c'est le Dieu du peuple juif, du
peuple Juif réuni à nouveau et qui mènera un jour le peuple juif au-dessus des autres.
(....) Je sens que le renouveau du peuple Juif est proche. Ralliez mon panache blanc! Chaque
Juif est grand, non par son intelligence, mais par sa conscience de peuple, son socialisme et son
acceptation d'obéir à celui en qui il croit. (...) Je pense que je ne me marierai pas, mes enfants
seront le peuple Juif, la vanité du père, quand on y pense, est profondément ridicule. Chaque
Juif est grand, qui suit son chef.
Ecrits de 1966 (il y a donc 50 ans)
« J’annonce le destin des Juifs (.) Le Juif est une puissance qui existe avant toute
existence. Il n’est pas façonné par l’Histoire, c’est l’Histoire qui -construite par lui- est
à présent mûre pour lui/ »
« La solution finale.
Qui sait, qui a dit, qui peut résoudre le problème de la présence des Juifs en ce
monde ? Il ne fait aucun doute que le simple rassemblement d’une partie des Juifs
en un seul point du globe, même si ce point est la terre qu’ils n’ont jamais
abandonnée ne résout pas la question juive. Il ne fait aucun doute que
l’antisémitisme n’a pas vécu, n’est pas anéanti même s’il a changé de voix et de
héraut. Et comment n’y aurait-il pas une transformation de l’antisémitisme s’il y a une
transformation de l’histoire, de la situation des Juifs ?
Chacun sait que si les Juifs disparaissaient ou refusaient de travailler, l’humanité s’arrêterait,
n’avancerait plus (.) Juifs du monde entier, adhérez au Mouvement International pour
l’Epanouissement du peuple juif qui s’est donné pour mission de rendre les Juifs dignes d’Israël et
Israël digne des Juifs
« Le peuple juif a déjà renoncé à sa conviction millénaire. Il a suffi qu’une partie des Juifs se
rassemblent et n’agissent pas miraculeusement/ Il est habituel à présent de considérer la question
juive comme historique et tout à fait élucidée. Les Juifs, dans et hors d’Israël, se persuadent qu’avec
la fin de leurs croyances surgira la fin de leurs maux. ‘(…) lux devront se regrouper et vivre d’une
manière que seuls ils pourront souhaiter. Un Juif qui vit comme un non Juif se rogne les ailes et se
perd. Qu’est-ce qu’u Juif ? Un Juif n’est ni l’adepte d’une religion, ni l’homme fortuit d’une nation/
Etre Juif n’est pas un choix, c’est une différence avec la charge qu’elle exige d’assumer/ Un Juif est le
descendant d’un peuple qui fut- de toute éternité – distinct. En face de lui est le non Juif. Ils se
sentent -et cela est normal- étrangers l’un à l’autre. Ils en souffrent parfois et refusent cette
évidence. Car on n’accepte pas ce qu’on ne comprend pas.
La religion juive et l’antisémitisme sont les symboles de cette scission constante. La religion juive ne
fait que représenter des convictions antérieures à elle-même, elle n’a pas créé le Juif. Elle n’est née
et n’a été adoptée que parce que le Juif ressentait sa différence par rapport aux hommes qui
l’entourent, qui semblaient être ses pareils le Juif sublimait sa certitude en la supériorité de son
destin. Le vrai Juif est la religion elle-même, il n’a pas besoin d’elle. L’antisémitisme est le sentiment
des non Juifs de leur différence à l’égard des Juifs et il s’est manifesté de manières diverses
Le ^peuple juif. Mes idées lorsqu’on aura besoin d’elles et tant qu’on aura besoin d’elles.
Il apparait que ce qui distingue le peuple juif des autres peuples est que le lien est plus puissant entre
le Juif qui nait et son peuple que pour tout autre peuple.
Extrait « Israël apparaissait à David comme la seule issue : former un peuple de génies, les Juifs
Un chef Les Juifs se trouvent dans une situation exceptionnelle, celle où un chef est nécessaire/ (…)
Cela demande de sa ^part une aptitude à percevoir tout ce que ce peuple Juif a de profond, à
extraire de chacun tout ce qu’il mérite de donner.
Lettre aux Juifs d’Israël
Ils ne doivent pas copier ce qui se passe autour d’eux. (..) Israël est-il un peuple ? Pas si on le
compare avec les communautés qu’on appelle peuple. (..=) Qu’on le veuille ou non, c’est lui (le Juif)
qui provoque l’antisémitisme. Par sa conscience qu’il est différent.
Genèse de ma pensée
J’avais préparé un exposé (fin 65-début 66 à Assas) sur la question juive (..) et j’avais soutenu que
les Juifs étaient persécutés parce qu’il y avait en eux des caractères qui faisaient qu’ils devaient
l’être, (…) Cette analyse était confirmée par mes analyses du souffre-douleur. (…) L’antisémite n
créait point de Juifs, il en était la conséquence.
Les Juifs ont toujours eu conscience de la différence. Différence qui n’était pas simplement celle de
l’étranger. Différence mal déterminée, mise sur le compte de la religion, attitude encouragée en cela
par une volonté de la part des non juifs d’apporter de même une raison à leur hostilité confuse.
05. 02. 66
Lettre à un éditeur
« Les Juifs ont un passé qui progressivement les a rendus des « génies3. Les Juifs ne sont pas des
hommes. L’Etat d’Israël peut devenir l’Etat le plus puissant du monde. L’antisémitisme et le racisme
apparaissent fondamentalement différents. Opposés. L’antisémitisme est la conséquence de la
mentalité juive. Le racisme est la conséquence de la mentalité blanche. Les peuples persécutés au
nom d racisme n’ont pas acquis les facultés des Juifs. Il faut séparer fortement mentalité et capacités
cérébrales. Les facultés des Juifs ne sont pas dues à l’antisémitisme mais à la dispersion. Elles ne
disparaitront donc qu’avec la dispersion. Qu’avec l’imitation par Israël des autres Etats classiques. (..)
Même si l’antisémitisme persiste.
Le peuple juif doit apprendre à savoir ce qu’il peut attendre de lui-même. On peut comprendre la
nature du peuple juif à trois niveaux différent. Soit le peuple juif n’est pas peuple, soit il n’est que
Peuple, soit il est le Peuple.
Certains considèrent le peuple juif comme une réalité artificielle et produite par une société malade :
si cette société guérit, le Juif disparait. Certains se veulent à croire que le Peuple Juif est un peuple
comme les autre et qui va, à présent qu’il en a la possibilité, être accepté au sein des nations. Enfin,
certains mettent le Peuple juif à part, peuple élu, qui sera le guide des hommes parce que Dieu lui a
fixé cette mission.
Ces trois conceptions sont à la fois exactes et incomplètes. Il est exact que le Juif a développé des
traits, à certaines époques, en certains endroits, qui sont ceux d’un persécuté, d’un souffre-douleur.
L’exemple des camps de concentration nous montre, à l’extrême, ce qu’un homme peut devenir (.) Il
est exact que le Juif peut se comporter, à certaines époques, pendant un certain temps, comme tout
être, quel qu’il soit sans qu’aucune différence ne soit perceptible. L’exemple de l’Etat d’Israël
aujourd’hui nous le montre de même que (..) sous David ou Salomon.
Il est exact que le Juif a exercé sur les hommes une énorme influence, dans tous les domaines et
surtout par sa religion qui est le fondement d’un grand nombre de civilisations.
Mais ces trois conceptions sont incomplètes, elles ne sont pas suffisamment approfondies.
Il existe un autre conflit lorsque l’on tente de définir le peuple juif. Le juif est-il une réalité historique
ou une réalité physique ? Les trois conceptions signalées considèrent le peuple juif comme réalité
historique, soit causée par l’antisémitisme, soit, comme tout peuple, par les événements qui
parcourent son histoire, soit comme tribu s sémitique transcendée et choisie par Dieu.
Or, il est possible de considérer que le Juif est une réalité physique. LE Peuple Juif existe avant son
Histoire, est cause et non produit de son Histoire. Il n’est pas plus absurde d’affirmer qu’un peuple
normal devient différent sous quelque influence que cela soit que de penser que s’il est différent,
c’est qu’il a toujours été différent, sinon consciemment, du moins physiquement.
Expliquer par la force de l’habitude l’évolution historique n’est pas plus raisonnable que la
supposition selon laquelle le Peuple Juif n’a fait que réagir ou fait réagir par sa nature différente et
qu’il n’est resté fidèle à sa religion que parce que cette religion était l’expression de lui-même.
22 mai 66
Que d’êtres hantent les jours d’une ombre monotone
Qui devraient disparaitre sans qu’aucun ne s’étonne
Et moi, qui ne peux ne pas vivre sans feu
Moi, je dois me plier sans pouvoir être heureux
Qu’importe l’avis de ces gens sans lumière
Qui scintille sur la nuit de leur piètre rivière
Chantez l’hymne à la joie, muses délicieuses
Que je cueille en vos yeux mille pierres précieuses
Si je ne puis venir sur les cimes d’Olympe
J’irai, seul, sanglant d’amertume et de crainte
Jeter mon sort à l’eau de la vie folle et belle
Et risquer pour cela de perdre ma chandelle
Tu jailliras mienne, fille d’or, sirène
Qui ne peut sans émoi souffler sur les arènes
Et alors privant le soleil de sa fête
Je tuerai le taureau, sa tête contre ma tête.
Droit et Sciences Po 1966
J'ai un exposé à faire sur la queston juive Pourquoi persécute-t-on les Juifs? (..) Débat houleux. Félicitations du professeur (..) Je désirais passer mes vacances à travaillet, à étudier les progremmes de l'année suivane, à combler mes lacunes. Peine perdue. On me força pout des raisons de place -un étudiant espagnol davait venir à la maison -v à partir pour Oxford (..) J'eus la joie d'apprendre que ma mère avait changé d'avis et décidé tout d'un coup que je m'instalerai dans un studio. Un ancien chateau Renaissance. A Sciences Po, je me portai aussitôt volontaire pour préparer le premier exposé Un Mardi soir, je fis un expoés sur le rôle de la population dans le processus de production Exposé très mauvais/ Cela n"était pas ce que l'on attendait de vous.Quelques jours après, je reçus une convocation. Mes professeurs s'étaient plaines que j'intervenais trop, que je ne comprenais as l'esprit des cours. Rien de grave. J'en profiais pour démissionner officiellement. L'homme qi me reçut fut d'une patience et d'une politesse extréme "j'espère que nous nous reverrons" Je luis dis qu'étant génie, Sciences Po ne me convenait pas. (..) J'avais acheté un chat, Sur les quais"
Décembre 66
Mon peuple d’Israël, je suis fou de ne pas aller vers toi. Je suis faible. Et pourtant, je vois en moi une
force énorme. (…) Que serai-je en Israël ? On ne m’attend pas. Seul ? Non mais mieux qu’en
France ? (.) Mes parents ne m’en empêcheraient pas. Mais je hais l’anonymat. (…) Mon peuple
d’Israël, je serai dans ton sein avant que l’Hiver ne repasse deux fois »
11 mars 1967
Non daté
La Bulgare
Oh ; tu es français. Oui. J’aime beaucoup la France. Est-ce que je parle bien français ? Oui. J’ai
Lu beaucoup de livres sur la France. Louis XIV. Montjoie. Saint Denis. C’est cela. Bretagne, Corse,
Normandie, Bavière. Non. Non ? Provence, Savoie. C’est cela. Tu connais la Bulgarie ? Non, je ne
connais pas du tout la Bulgarie, ni les Bulgares. Tu es dépaysé ? Pas tellement. Tu sais, je suis de ton
côté, d’Orient, moi aussi. Pas français. Juif
A ma sœur « Roch »
« Tant qu’Israël ne sera pas en mesure de guider le monde, Israël attentivement recevra les leçons
de ceux qui lui sont nécessaires. Tant que le MIPEPJ n’atteindra pas une ampleur internationale, il ne
s’agira pas d’échafauder des entreprises hors de proportion.
30 mars 1967
«Ce journal coïncide (…) avec ma déclaration d’indépendance. / Je me suis laissé un an avant de
m’installer en Israël. Un an pour construire. Je ne ressens pas de soulagement. La tension, la
souffrance restent en moi. Il faut trancher la question.
Juillet 67 ( ?)
Les Israéliens ont gagné la bataille militaire. La bataille politique est au moins aussi importante. Les
Juifs du monde e entier doivent savoir que leur rôle dans cette dernière bataille sera décisif à court
et à long terme : ils gagneront la bataille politique.
Que tous les juifs qui ont tiré les leçons de l’histoire du peuple juif se rendent en Israël, permettent à
Israël de conserver les territoires acquis en les occupant, en les défendant si besoin est. Ceci est
l’appel à une quatrième Alyah.
07 02 68
J’ai décidé de partir en juin-juillet pour Israël et de vivre là-bas. (..)Il serait intéressant que j’aie un
pied à terre à Jérusalem mais cela dépend de vous. Il faudrait vendre le studio de la rue des Gobelins
et acheter un studio en Israël (.) Il serait bon que je sois émancipé avant de partir.
23 aout 67 Shadmoth Dvorah (moshav)
Ma sœur
Dans neuf jours, je serai à Paris. A moins que des événements imprévisibles ne se produisent qui me
fassent changer de décision. En effet, j’avais presque la certitude de rester en Israël en partant. Puis il
s’est trouvé que je n’ai pas trouvé de kibboutz, que je n’ai pu lier les relations qui eussent favorisé
un séjour. (..)L’année scolaire passée fut celle de la naissance de ma doctrine. Celle qui va
commencer sera, le l’espère, celle du développement de cette essence.
Fin 67 ?
Nous inaugurons cette recherche par une tentative de définition du peuple juif en tant que Peuple
du Verseau. ‘(…) Si l’on commence par l’analyse du peuple du Verseau, c’est que c’est la plus facile
et la plus caractéristique. Il est aisé de distinguer, au sein des peuples et de l’histoire, le peuple le
plus original, le plus différent, le plus étranger aux autres peuples (..) ce peuple est le peuple Juif.
(..) Le Verseau est le signe de la double essence. Il possède l’’essence commune à chaque signe, il
possède en sus un message, un excédent, qu’il doit extraire de lui-même, qui est partie de l’essence
universelle et qui, en conséquence s’intègre à elle, lorsqu’elle a l’opportunité de d’exprimer. Double
essence qui, au niveau du peuple, s’exprime par la dualité Peuple juif/individu juif. Non seulement,
le peuple Juif possède cette continuité historique des peuples, fondée sur la tradition, la langue, le
territoire, il vit en chacun de ses membres. / Double essence qui est apparue clairement pendant les
2000 ans de l’ère des poissons, période négative pour le Juif mais fort utile pour le chercheur/ Le juif
possède la continuité comme le Peuple Juif possède la continuité alors que les autres peuples ne la
possèdent qu’au niveau du cadre, non de l’individu.
C’est ce qui sauva le peuple juif de l’anéantissement – comme ce fut le cas pour tant de peuples car
l’individu juif subsistant, le peuple juif, le cadre juif, fut secouru : il est naïf de croire que ce fut le
processus inverse qui se produisit, c’est-à-dire que le cadre aurait secouru l’individu : en fait il y a eu
échange fécond entre les deux peuples juifs, l’un conservant une image de lui-même qui resterait
valable, l’autre subsistant sans le support nécessaire du territoire « fermé » et de la langue. De même
est-il absurde d’affirmer que le peuple juif est un résultat des circonstances, une création artificielle ;
les lois universelles s’opposent à cette explication existentielle : rien ne nait par accident, rien ne
réagit, ne résulte, il s’agit chaque fois d’une expression, de l’épanouissement d’une essence.
De même qu’il serait tentant, de la part d’un Juif, après la lecture de cette analyse de déclarer que les
peuples non juifs sont de faux peuples, vides de sens, créant artificiellement ceux qui naissent en
son sein un éphémère et illusoire sentiment de réalité historique
(…)Or l’ère des poissons est terminée, l’on entre dans l’ère du Verseau (.) Le peuple juif va-t-il se
rendre compte que l’ère que depuis 20000 ans il attendait est en face de lui ? Tant d’obstacles,
d’erreurs d’interprétation s’opposent à cette prise de conscience. Peur de trahir Dieu, peur de se
trahir lui-même.
Le peuple existe avant son histoire. Il la crée, il la modifie, il en dispose ? Si l’on s’en tient à une
Interprétation superficielle de la Bible, la naissance du Peuple Juif débute par l’accord de Dieu avec
Abraham ou par le don de la Torah, au mont Sinaï, D’après la logique astrologique, cette hypothèse
est inacceptable car une existence dépend d’une essence et si le peuple juif a été « choisi », c’est
qu’il existait auparavant. (…) Sous l’ère des Poissons, le Juif a refusé la religion de Jésus de Nazareth,
cela s’est terminé par le massacre de six millions de juifs, prix à payer pour avoir le droit à la
rédemption mais aussi signal d’alarme, indiquant une transformation de l’attitude du Juif dans le
monde. Aussi paradoxal que cela puisse paraitre, les Juifs ont « vécu » la religion des Poissons et s’en
sont fortement imprégnés : les Juifs des camps de concentration sont morts en Chrétiens.
Beaucoup de Juifs croient qu’ils ne sont Juifs que parce qu’ils ont accepté la religion juive, sans elle,
le Juif n’est pas Juif. Tout d’abord plutôt que de parler de religion juive, est-il préférable d’employer
le terme de religion mosaïque, religion de Moïse. Car il y a des religions juives ou plutôt des religions
car l’heure est venue pour le peuple juif de redevenir universel, d’épanouir toutes les ressources de
ses pouvoirs de Verseau. Le Juif est juif par son essence et c’est la partie historique et non religieuse
qui l’a attaché au judaïsme. La deuxième partie a profité de la vie de la première.
Le Juif doit se désaliéner, retrouver la pureté » de l’essence, prendre un bain de purification pour
aborder son ère. Le Juif doit se présenter nu, accepter une conception nouvelle et plus riche de Dieu,
puisqu’avec l’ère du Verseau l’homme va développer des capacités qu’il ne possédait pas sous l’ère
du Bélier.
Que le peuple juif ne trahisse pas Dieu par l’idolâtrie, c’est-à-dire une conception finie et limitée de
Dieu. Si le peuple juif accepte la religion du Verseau, il montrera, triomphalement que son contact
avec son essence et avec l’essence de Dieu ne s’était que provisoirement interrompu !
Fin 67
Non daté
Qu'a dit Dieu à Abraham? Dieu dit à Abraham: tu vas engendrer un fils. Abraham répond que les
astres ne le prévoient pas. Alors Dieu répond: ce fils, Isaac, que tu vas engendrer ; aucun astre
ne le laissait présager, ce fils (...) n'a pas de naissance, pas d'origine, il n'aura pas non plus de
mort, il sera éternel, alors que les autres peuples disparaitront les uns après les autres car ils
sont nés sous les astrées et mourront lorsque le cycle de ces astres sera terminé/ Le peuple
d'Israël n respecte pas les lois de la Nature (origine et fin) (...) Le peuple juif est immortel, pas le
Juif. LE Juif peut être massacré, le peuple juif ne le sera jamais car il est d'une matière divine que
seul Dieu peut reprendre (...) Israël est né après la "Création", il échappe au mécanisme
universel. Israël est la Deuxième Création de Dieu. C'est donc un peuple jeune et c'est pourquoi il
a jusqu’ici été le souffre-douleur des autres peuples, déjà arrivés.
Dieu a donné la Torah au peuple juif pour l'encourager à subir les épreuves. (//) Que chaque Juif
donne cette même force à son prochain que celle que Dieu a donné à Israël par la Torah. Que la
carte astrale de chacun soit sa propre (petite) Toraj. 'Qu'on ne voie rien de sacrilège dans cette
déclaration.
Non daté: Je considère que l'on peut établir à l'heure actuelle un peuple composé de génies.
Car l'histoire des peuples influe sur leurs capacités physiques et intellectuelles e peuple est celui
qui a subi au cours de l'Histoire un sort si particulier: Israël.
Ensuite, je considère que ce peuple , on peut lui faire prendre conscience de sa nature.
Israël apparaissait à David comme la seule issue : former un peuple de génies, les juifs Les
autres génies avaient peu de chance d'acquérir une descendance de même nature
Pour un peuple de génies signifie d'une part que je considère l'histoire comme l'œuvre des
génies. d'autre part qu'un peuple doit prendre conscience de l'importance des génies en son sein
et axer son action pour évite leur gâchis. Enfin, qu'il est un peuple ne comportant que des génies,
c'est à dire des individus capables de créer, lorsque les circonstances sont favorables à cet effet.
Israël.
Manifeste du Mouvement International pour l’Epanouissement du peuple juif
Extraits du Manifeste (au lendemain de la Guerre des Six Jours)
(..) Au lendemain d'une grande victoire, l'erreur des Juifs serait de penser que seule la
dispersion était anormale et que la réunion est l'état naturel ' (.)
(..) Il n'y a pas de rupture au cours de l'Histoire juive entre avant et après l'acquisition de sa
religion, il n'y a pas eu adoption. Le Juif conscient d'aujourd'hui n'accepte pas sa religion, sa Loi
sous l'influence d'un prophète qui lui parla voilà trois ou quatre mille ans, pas plus que ne le fit le
juif contemporain ou d'Abraham. Sa religion est partie (intégrante) de lui-même; peu importe
même qu'il admette cette religion (..) elle siège au cœur de l'être (.) Mais l'étude de la religion
juive débouche sur d'autres horizons encore. Il reste en effet à tirer des conséquences du
contenu de cette religion*. Non seulement, les Juifs ont pensé de même façon et avec la même
constance la nature de ce contenu? Ils ont défendu une conviction millénaire : les Juifs sont le
peuple élu (...) sans en prendre directement conscience, ce qui renforce la prédominance du
naturel sue la volonté.
Non daté
La nature du juif est plus profonde, plus naturelle, elle existe avant son Histoire et ne fait que se
teinter légèrement des influences diverses et successives qu'elle traverse et dont elle est souvent
la cause. Il n'existe pas de transmission des caractères acquis au niveau d'un peuple vrai; le Juif
transmet à son fils ce qu'il a reçu de ses ancêtres : son sang fécondateur, non ses habitudes. (...)
Le peuple juif est différent et supérieur aux autres peuples. Le terme Peuple en ce qui le
concerne revêt un sens exclusif. Le Juif ne se sait pas Juif parce qu'il nait au sein d'un cadre qui
lui impose de l'extérieur sa nature, le Juif se choisit Juif parce qu'il est intérieurement Juif. Quant
aux conversions, elles n'ont point de signification par elles-mêmes : un non Juif se convertissant
au judaïsme ne sera juif que si toutes les générations qui le suivent son juives, Dans ce cas, cela
indiquerait que lui-même descend de Juifs ; un Juif se convertissant à une autre religion ne perd
pas sa nature de Juif car celle-ci réapparait irréductiblement dans les générations suivantes,
sinon il n'était pas Juif originellement. (..) Il apparait que le peuple Juif doit être considéré comme
un peuple de génies, comme le vrai peuple ; celui dont chaque membre arrive à la conscience
nationale par' son propre chemin (.) Le non Juif n'existe pas en lui-même mais s'intègre à une
enveloppe appelée faussement peuple qui le colore illusoirement d'une nature superficielle et
interchangeable qui, elle, justifie l'internationalisme. L'illusion tient à ce que le non -Juif possède
l'avantage de la stabilité en temps de paix et qu'en temps de guerre, sa trace se perde
immédiatement (quelques générations s'il doit quitter son enveloppe. LE Juif est cosmopolite
parce qu'on a la possibilité de constater qu'il l'est. Seul le Juif n'est pas apte à l'internationalisme.
(... )
Quant au peuple juif, sa source semble, (...) limitée au texte de l'Ancien Testament: mais les
premières pages du livre ont une signification ésotérique et non historique : l'origine du peuple juif
reste obscure. Dire qu'il s'agit d'une quelconque tribu sémitique est ne pas voir l'essence des
faits : ce qui est différent a été différent : l'hypothèse la plus satisfaisante est que le peuple juif est
un rameau indépendant de l'espèce humaine, que son origine ne doit donc point être greffée sur
le tronc commun ou -si elle doit l'être- à une date extraordinairement antérieure à toute l'histoire
connue de l'Humanité
(...) Le Juif ne doit ni chercher à s'assimiler individuellement ou collectivement, ni être livré
uniquement à lui-même. Or paradoxalement, la tendance actuelle de l'Etat d'Israël va dans ces
deux directions à la fois. Sous l'influence des antisémites, l'Etat d'Israël veut montrer qu'il peut
cultiver la terre, remplir toutes les fonctions de la société, (au risque) de créer un prolétariat juif
gaspillant le potentiel créateur de chaque Juif ; par ailleurs, (on) veut que cet Etat soit composé
en majorité de Juifs, ce qui le condamne n'avoir qu'une envergure politique limitée par le nombre
et par le territoire (...) Ainsi l'Etat présent d'Israël se comporte de manière incohérente au regard
de son formidable patrimoine humain et ne veut voir que ce qu'il a sous les yeux et non ce qu'il
pourrait construire, il tombe dans le mirage des "faits". Deux phénomènes l'obsèdent : son
territoire 'historique", sa "religion".
PENSIK
Car il craint, en ne s'agrippant pas à ces deux idées de ne
plus être un Etat légitime. Comme si l'essence du peuple juif tenait uniquement à l'un ou à l'autre.
(...) Le passé du peuple juif ne s'arrête pas à la Palestine, ni à la religion mosaïque. Il faut
remonter beaucoup plus dans l'histoire. Aussi Israël n'a aucune raisons de se limiter à la
Palestine ni même de se concentrer autour d'elle.
Ainsi l’observateur sérieux qui revient d’un voyage en Israël revient avec une série d’énigmes, de
phénomènes, de questions – fécond ou non- à investiguer ? Mais il en devrait être de même pour
n’importe quel voyage ; il n’y a pas davantage de mystère juif que de mystère non juif car qui ignore
l’un ignore l’autre. Ces interrogations qui sont loin de concerner uniquement la situation présente
en Israël puisque ce serait se condamner à ne rien pouvoir reconsidérer sont : pourquoi les Juifs ont-
ils été dispersés, pourquoi sont-ils restés dispersés ; pourquoi les Juifs ont-ils été persécutés,
comment ont-ils été persécutés, pourquoi les Juifs possèdent-ils une religion originale, pourquoi
l’ont-ils conservée- pourquoi existe-t-il un tel contraste entre la grandeur atteinte par certains Juifs
et le sort collectif Juif : est-ce que le sionisme est capable d’apporter une solution à la situation
toujours provisoire du Juif, l’installation en Israël doit-elle faire des Juifs des individus ordinaires ou
du moins différents des Juifs de la Diaspora ou bien transcender les valeurs juives, comment ? Que
penser des prédictions bibliques quant à l’avenir des Juifs : peut-on employer le terme peuple dans le
même sens pour les Juifs et les non –Juifs ; en fin de compte, le Juif se distingue-t-il du non Juif ?
S’agit-il d’une « race » ou simplement d’une « religion » ou encore d’un « état social artificiel et
provisoire » ? Qu’est-ce que l’être non juif ? Pourquoi et comment a-t-on cinq millions de Juifs au
moins à l’époque du Troisième Reich ? Pourquoi aurait-on massacré l’ensemble de la population
juive du globe si les événements purement guerriers ne l’avaient empêché ? Quelle différence
marquée par son histoire sépare le Juif de tous les êtres –hommes ou non –de cette planète ? Est-ce
que le problème juif est un problème important ?
On a répondu maintes fois à chacune de ces questions : on a méconnu l’être juif d’une part, on a mal
répondu à chacune de ces questions d’autre part. Le grand tort des dirigeants juifs-cela englobe
l’ensemble de la population israélienne au moins, comme on l’a montré- n’est pas d’avoir échoué
dans leur politique mais bien plutôt d’avoir trop bien réussi dans leurs objectifs, ceux d’une politique
erronée : leur grand tort est d’essayer de faire progresser les Juifs : des êtres qu’ils ne connaissent
pas,
Il y a constamment deux manières d’étudier les existants Juifs et les autres : l’une statique, l’autre
dynamique. L’analyse dynamique non seulement complète l’analyse statique mais la détruit.
02. 04. 68
Jérusalem
L’opération établissement en Israël est parfaitement réussie. Si Nancy vient en Israël, elle pourra si
elle le désire coucher chez moi. Il y a de la place
07 04 68
Chère sœur
Me voilà installé à peu près comme à Paris : au fond peu de choses ont changé. La vie à Jérusalem
ressemble pour moi à celle que je menais à Paris (…) Les temps de l’action n’ayant pas encore sonné,
je me prépare en perfectionnant mon hébreu (.) Je ne me vois pas exposer mes idées autrement
qu’en hébreu.
05 06 68
Chère sœur
17 09 68
L’hébreu, voilà deux ans même, ma pensée se serait-elle penchée sur cette éventualité : apprendre
l’hébreu. J’étais à Oxford, voilà 2 ans, je réfléchissais sur le problème du Génie. Avais-je alors l’idée
que mes conclusions sur cette question me conduiraient à prendre conscience du destin du peuple
juif, de mon appartenance au peuple juif, de mon destin. L’hébreu, langue qui vous est encore
totalement étrangère. Imaginez-vous aisément que cette langue, je la parle, je l’entends, je l’écris, je
la lis tous les jours. Cet hébreu n’est-il pas, à lui seul, un symbole d’une différence ? Israël est bien
un mythe. C’est-à-dire qu’il n’y-a rien à y trouver. Sinon, à y chercher. Là existe précisément la
dialectique de l’émigrant. (..) Je commence à comprendre quelle force est nécessaire pour un
Français, un Européen (il y en a bien peu qui restent). Pour croire en Israël, il faut des défauts
terribles : orgueil, destruction, prophétisme, mépris, entêtement, intransigeance et intolérance. (…)
Comme tout révolutionnaire, j’attends la crise
22 08 68
Chère Sœur
Croire au peuple juif, ce n’est pas y croire par la Bible, ce n’est pas foi. C’est intuition, c’est-à-dire
conscience des profondeurs réelles du mot Juif dans le passé et dans l’avenir. (..) Je pense pouvoir
faire bientôt un exposé dans une Yeshiva. J’ai rencontré en effet et convaincu des étudiants d’une
Yeshiva et la semaine prochaine je dois rencontrer leur rabbin. (..)Sans les juifs, il n’y a pas d’USA.
Les USA sont l’Israël d’il y a 150 ans. Bien sûr que je leur conseille de s’installer en Israël mais ce qu’il
faut bien comprendre c’est que sur un plan négatif, il suffit qu’ils partent, arrêtant le progrès. Israël
pourra ainsi les rattraper.
26 01 69 Jérusalem
Il faut comprendre qu’il est encore plus pénible d’étudier à Jérusalem qu’en France (.) Hébreu en
France et Français en Israël.
19 05 69
Je tarde de rentrer à Paris. (..) Me voici en Israël. Pourquoi suis-je parti là-bas ? J’ai bien réfléchi, je
suis parti pour oublier, pour fuir. (..) Je ne suis pas parti par idéal mais par désespoir.
25 Mai 69
Je n’entends pas rester en Israël, (..) je veux revenir en France
28 mai 69
Mise au point finale. Aux parents
Aujourdhui, je m'perçois qu'à cause de vous jai perdu cinq ans dans mes études ce n'est pas rien (..) Quant à mes études nous le
savons tous, j"aurais dû étudier Philosophie, (...) Moi qui aurais dû me trouver parmi les premiers
comme je l'étais à l'école primaie (peut etre n'aurait il point fallu me fazire sauter la classe de septième), me désintéresserais totalement des études
dès l'âge de treize ans C'est à cette époque qu'il fut question de m'envoyer autre part puid on y renonça (..) La décision fut
repoussée jusqu'à mes 18 ans, sous les conseils un peu tardids d'un psychaitre (...) Lorsque je revenais à la maison, je ne recevais
qu'un acceueil glacial je ne pouvais même pas rester à discuter avec ma soeur sans que Mamam entre toutes
les cinq minutes pour me demander si je partais (...) Venons en maintenant à des faits encore plus évidents. Une année de perdue à cause de mon échec au bac, par
l'intervention de intempestive de Maman qui m'envoya étudier à Fide alors que j'avais un bon livret scolaire et que la seule chgos nécessaire pour passer l'oral e contrôle était de
prépareer trois livres de philosophie. A cause de cela, je présentai des textes que je ne connaissais pas et j'obtenais 8/20 en philosophie qui était
la matière principale et moi qui me plaçais parmi les meilleurs fus ybdes seuls à échouer dans ma classe. On me mit à tort à Carnot alors
que Pasteur aurait été bien mieux. Je fis une année lamentable, on me laissa pourtant passer Une autre année de perdue, l"'année dernière en ne m'écrivant pas une seule
lettre pendant mon premier séjour en Isreael;, ce qui était le meilleur moyen vous le saviez, pour que je rentre (...) Je m'inscrivis à l'Université de Jérusalem (.) Je repris Science do (ée annéeà
et Françai (j"ai eu 9/10 à mon séminaire pour l'Emploi du Temps de Butor (.) écrivant un livre (..) ce livre est la seule chose positive que j'ai obtenue. il est le résultat
de de trois ans de recherches. Pour cette raison, je ne saurais me plaindre de mon sort, vivant dans une société irrationnellle, on ne sait, au bout du compte, quels sont les évenements
bénéfiques et maléfiques.Or, il me semble avoir atteint une maturité intellectuelle très rapide. Je m'inquiète seulement, de temps en temps, de mon avenir, tout en croyant profondémentà ce que je fais.
Ier juin 69
Malgré ma décision de ne pas m’installer en Israël, je compte y terminer mes études (.) J’arriverai
vers le 13 juillet à Paris et repartira vers le 15 septembre pour Jérusalem (.) Jérusalem est un peu
comme Aix en Provence ou Nantes une ville de province propice à ma réflexion intellectuelle et à
mon travail sinon à mon activité sur les autres, qui n’a pas grand sens dans ce petit pays. J’ai
remarqué que les jours passaient vite en Israël et un an de plus ne compte pas beaucoup. Mais
soyons précis, c’est bien clair, je ne resterai pas davantage en Israël car penser et écrire est une
chose, répandre ses idées et agir, créer des cadres en est une autre. Or Israël est occupé par des
problèmes plus pressants hélas pour elle et sa population est trop peu nombreuse, surtout en ce qui
concerne son élite intellectuelle presque inexistante.
7 juin 79 Je rentre définitivement en France (//= Je sais de quoi je parle quand je parle d’Israël. Mon
départ est la conclusion logique de tout Juif restant suffisamment de temps en Israël pour le
connaitre en profondeur. Les Juifs d’Israël ne sont pas des Juifs et construire un Etat au XXe siècle est
impossible et dangereux. Je suis internationaliste (à ma façon) et je ne peux rester en Israël sans
étouffer devant ce militarisme borné. Pourquoi n’ai-je pas reconnu les faits plus tôt ? Parce que mon
analyse du Juif était fausse. Elle s’est modifiée et Israël ne présente plus aucun intérêt à mes yeux.
De même que le sens de ma nature de Juif s’est profondément transformé.
8 juin 69
Chers parents
Je vous joins mon premier article sur l’astrologie (paru à Jérusalem dans un hebdomadaire étudiant,
Francaton.
18 juin 69
Il m’est difficile de décider si je reste encore un an ou non.
27 juin 69
Je rentre en France, une fois pour toutes. J’ai été en Israël. Je ne suis quand même pas forcé d’y
rester. On apprend et on change d’opinion, je ne veux pas rester un mois de plus dans ce pays. ;
D’ailleurs Israël, c’était surtout le résultat d’une grande fatigue
28 juin 69
« Je ne quitte pas Israël par déception ou découragement ni pour revenir à Paris : je me suis rendu
compte que mon analyse du peuple juif était fausse (…) Il faut remplacer ce sentiment
d’appartenance qui ne représente pas une réalité authentique par une allégeance aux peuples
astrologiques (…) tu vois que l’on est loin du…mal du pays.
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SECOND VOLET
LA FEMME PROMISE
24 08 72
A Marie-Claude-Elizabeth
Ce séjour à Pâques m’a replongé dans une ambiance mentale qui fut celle de mon adolescence et où
tous les actes typiques de cette époque ont été reconstitués et revécus. Tout s’est passé comme si le
mot « ski » m’avait rajeuni de 7 ou 8 ans. (..) Il est dommage que je n’aie sue qu’un pareil événement
pouvait se produite car je l’aurais certainement subi autrement. C’est pourquoi je suis resté
interloqué par notre rupture- à mon avis tout à fait regrettable d’autant plus que je ne la comprenais
pas.
Aujourd’hui en admettant que celle-ci pourrait se poursuivre – (..) j’aurai au moins la consolation de
savoir comment du jour au lendemain tout a été « fini ».
10. 09. 72, Cambridge
Sur le plan, disons sentimental, ma compagnie de Aalen (congrès astrologique en 1971) était une
américaine de 40 ans, bien conservée (Renée), celle de Cambridge est cette Sud-Africaine
francophone (Elizabeth)- Cette personne est à mon avis d’une beauté fascinante, quelque peu
espagnole (elle vit en Espagne) et cela ne l’empêche pas de discuter fort intelligemment.
18 12 72
DE l’amour
J’ai beaucoup pensé aux femmes, ces derniers temps. J’ai aussi parcouru des ouvrages à ce sujet ou
des films, bref j’ai acquis une certaine somme d’expériences sans, pour autant, avoir embrassé la
moindre d’entre elles. Le théoricien se doit de prospecter un terrain sans mettre vraiment la main à
la â la pâte.
J’en suis arrivé à cette conclusion : il faut que la femme soit belle, que l’on ne puisse s’empêcher de
la regarder et alors au premier prétexte venu, l’on entretiendra des relations suivies. Cette
fascination pour la beauté donnera tous les courages.
En revanche, si la femme, esthétiquement parlant, vous répugne – ne serait-ce que partiellement
alors l’amour ne peut qu’être assombri : seul subsiste l’autre sexe, seul persiste ce qui est le plus
élémentaire en elle à nos propres yeux.
Jusqu’à présent, en ce qui me concerne les occasions qui se sont présentées sans même
véritablement que je ne les provoque m’ont apportée des femmes qui ne me plaisaient qu’à moitié.
Il faut que je m’attaque- dans une deuxième étape- à la conquête – car jusqu’ici, au vrai, je n’ai été
que « conquis »- que je choisisse une fille qui m’attire et que j’arrive à faire mienne, d’une façon ou
d’une autre/
27 12 72
DE l’affection
Demain après-midi, Anne vient chez moi. Je vais lui expliquer que j’aimerais que nous nous mettions
l’un près de l’autre simplement entrelacés. en train d’écouter de la musique. Car ce n’est pas
l’orgasme sexuel que je recherche, je le trouve dans difficultés, c’est l’affection, le « câlin » de mon
enfance. Si Anne refuse, je romprai avec elle sur le champ.
29 12 72
Annie/ Elle sait qu’elle me plait Et c’est vrai que je l’adore. J’aime tout en elle, sa voix chantante, ses
gestes, son visage, ses cheveux roux. Or, elle prépare un exposé sur l’astrologie et m’a demandé de
l’aider. (M. Vajda lui a donné à faire cet exposé pour son cours). Je crois que je pourrais l’épouser.
(..) Un seul hic, elle est plus ou moins fiancée avec un Juif marseillais qui approche la trentaine et
qu’elle voit épisodiquement. Je vais tenter ma chance. Dois-je risquer de me rendre ridicule en lui
demandant sa main ? Voilà un problème intéressant à étudier car il met l’accent sur l’ambiguïté de
toute attitude amoureuse. Autre cas : faut-il se vanter ou ne pas se vanter d’avoir ou de ne pas avoir
eu d’expériences sexuelles ? Aujourd’hui, répondre à cette question est un vrai casse-tête ! (..) Si un
bomme est sincère, si le mariage, pour lui, est une valeur sacrée, le seul risque est qu’il se soit
trompé sur la réciprocité, ce qui constitue effectivement une erreur de jugement grave. C’est
pourquoi l’homme doit faire preuve de plus de discernement que la femme puisque dans la plupart
des cas, c’est lui qui doit proposer et c’est elle qui doit accepter (comme pour faire un enfant) Le
mariage en lui-même est le premier enfant du couple.
5 janvier 73 Annie Kahane
"Je lui ai demandé si elle voulait être la première femme à m'étreindre, à m'embrasser etc. / Elle a
refusé en affirmant que je n'étais pas son type. (...) Je pense que rien n'est perdu surtout si je me
mets vraiment à l'aimer"
Journal sur Annie Kahan
?????????
On peut dire que je pars à la découverte de l'amour, que je désire connaitre la nature de ce
sentiment. J'ai dit à Annie que j'étais amoureux d'elle, en dépit de certains détails qui ne me
plaisaient pas en elle. Je suis content d'en être arrivé à ce degré de sincérité avec une fille, dans la
mesure où, me répondant que ce n'était pas réciproque, je n'ai plus grande appréhension à avoir
dans des occasions semblables. En d'autres termes, il s'est avéré que la déclaration-au cours de notre
entrevue précédente- s'est modifiée puisqu'auparavant, je déclarais moi-même ne rien éprouver de
particulier à son sujet.
24 Mars sur Annie Cohen
Mon Ange
Décidément j’adore cette fille ! Il faut que je parvienne à en faire ma femme. J’aime tout en elle, je
l’accepte telle qu’elle est. Ses traits, ses propos restent gravés en ma mémoire et je deviens lyrique
quand je pense à elle. C’est une fille à la fois autoritaire et tendre. (..) Je crois que c’est l’homme qui
aime la femme et que son amour le métamorphose et attire la femme. Si un homme ne plait pas à
une femme, c’’est qu’il ne sait pas vraiment l’aimer. Ce n’est pas le contraire qui doit se produire.
C’est l’aigle qui attrape l’agneau et non l’inverse.
A Annie
Mon amour fut si grand que très vite tu le découvris
Un jour tu voulus t’en persuader et tu me dits que j’aimerais bien te ressembler
Je n’hésitai pas et répondis que oui.
Tu détestes les critiques à ton égard et si parfois je t’en faisais, c’est pour trouver prétexte à te
parler
Je me suis inscrit aux cours que tu suis pour pouvoir des heures durant te regarder de temps en
temps.
Tu aimes faire des grimaces, c’est pour toi le moyen de faire de l’autre un complice
Tu es coquette et chaque jour exige un autre visage. Tu sais être femme et tu donnes à chacun en me
rendant jaloux.
Mais ce que tu m’apportes, c’est ta voix chantante, si originale, c’est une force qui m’envahit et qui
reste gravée en ma mémoire pour toujours.
30 . 03 73
A Annie
L’autre jour, tu m’as fait une confession : »il m’arrive de partir de la maison et de marcher seule très
longtemps dans les rues. Je me souviens que Marie Claude aussi m’avait fait des confidences
autrement compromettantes au sujet de ses ennuis psychiatriques. Semblable confiance veut créer,
sceller un lien.
Le n° 9 à exploiter !!!! cf Nancy
01/ 04 73
Annie Cohen
"Je me suis demandé si tu m'aimais. J'ai tenté de rassembler les détails qui allaient dans ce sens. Tu
fais attention à moi. Tu as remarqué ma chemise étoilée, tu as remarqué que je prenais mes notes
de classe de façon très confuse, tu as remarqué que l'autre jour ma voisine me souriait. Comme ce
serait bon si tu étais aussi attachée à moi que je le suis à toi. Et lorsque je te confierai que je t'adore
et que je veux t'épouser même si tu refuses, tom amitié ne pourra que grandir de ce fait. Tu m'as dit
l'autre jour que tu ne te trouvais pas très jolie. Tu m'as demandé de classer les filles de ta clase et
lorsque j'ai mis Danièle en tête, tu as dit "bien sûr". (...) Je sais en tout cas que tu te confies à moi.
Ne m'as-tu pas dit l'autre jour que tes jambes étaient "fortes». Et j'ai dit "oui". Et tu as répliqué que
ce n'était pas cela que j'aurais dû répondre
Je suis maître de mes sens et je les ai domptés mais ils ne sont pas morts et tous crient qu'un
stimulus exceptionnel est en train de jouer. Ma mémoire a gravé de façon indélébile la moindre de
tes mimiques et ma sœur ou ma mère ne sont que des ombres à côté de toi. Moi qui ne me souviens
pas d'autrui, je pourrais te raconter pendant des heures. Parfois ton visage est bouffi comme celui
d'un bébé, ton nez laisse paraitre une petite cicatrice et je me demande alors ce qu'est devenue la
Vénus rayonnante dans sa robe de satin. Parfois ton nez devient un poème et sache que j'épie plus
que tout autre ce centre du visage. Les cheveux dénoués et teintés de rouge complètent ton visage
ovale et tes yeux font des ravages. Et pourtant il semble que tu ne sois pas aussi poursuivie par les
hommes que l'on s'y attendrait.
(...) Il y a un an, jour pour jour Marie-Claude voulait secrètement m'épouser et moi je me serais peut
être laissé faire en dépit du fait que son physique était celui d'une institutrice à lunettes, au nez
crochu, une petite vieille. (...) C'est vrai que tes jambes sont éloignées de la minceur mais elles ont
une vertu excitante sur le plan sexuel qu'il ne faut pas négliger. Comme tu sais te plaindre joliment
quand je t'ai dit que tu préférais dépenser l'argent pour tes robes que pour tes livres "oh non, tu
sais".
Récapitulation de mes "aventures sentimentales"
Il parait que lorsque j'étais tout petit, j'avais une fiancée nommée Christine, (...) Il est probable que
mes deux sœurs et ma mère constituèrent longtemps mon seul horizon féminin, étant donné que je
fréquentais un lycée de garçons et que mes cousins étaient tous, pour ainsi dire, des cousins et non
des cousines. A 18 ans, je quittais la maison et j'eus certes nombre de discussions avec des jeunes
filles. Mais l'idée ne me serait pas venue d'un flirt ou même d'une sortie. Il fallait un alibi
obligatoirement. En Israël, j'ai connu une jeune fille, qui épousa mon meilleur ami. Elle s'appelait
Ruti et nous allâmes quelquefois au cinéma et elle me raconta une partie d'elle-même. Je crois que si
je l'avais encouragée, je l'eus pu épouser. (...) Retour à Paris, il y eut Colette, (...) Elle me présenta
Annie Kahan que je devais revoir plus étroitement trois ans plus tard.
Annie
Tu es mon premier amour. Pour toi, je veux être beau, être bon, plaire et cela est nouveau car,
jusqu'à présent, l'idée de plaire m'avait rarement traversé. (...) Je l'ai retrouvée Mardi (...) D'emblée
la discussion s'est axée autour de mes problèmes sentimentaux et je crois pouvoir affirmer sans trop
risquer de me tromper que c'est Annie qui orienta de la sorte la discussion. Puisque, finalement, elle
me demanda si moi je voulais l'épouser mais sans laisser le moins du monde supposer que telle était
sa volonté à elle. Je lui répondis que oui. Il m'est difficile d'apprécier sa réaction qui penchait plutôt
pour l'indifférence. En tout cas, j'ai réalisé sans trop de douleur, un de mes projets. Elle sait
désormais à quoi s'en tenir sur mon compte et il faut lui laisser le temps de réfléchir (...) Je n'ai pas
perdu espoir et je crois au contraire qu'il ne faut pas que je me montre désarçonné par une attitude
qui, il faut bien le dire, ne fut pas absolument négative.
08 04 73
Annie
J’ai enregistré 4 heures de conversation sur mon magnétophone et je les écoute et les réécoute.
Il est certain que l’un et l’autre avons gagné à nous connaitre davantage. Je la trouve quant à moi de
plus en plus adorable. (..) Je crois qu’un courant de confiance passe entre nous. Mais où nous
conduira-t-il ? Une fausse manœuvre suffirait à tout gâcher comme ce fut le cas il y a un avec
Marie-Claude et peut être aussi avec Annie dont l’amie Myriam qui souvent l’accompagna m’avait
fait imaginer des choses fausses. (..) J’ai mis ma sœur dans la confidence et lui ai demandé de venir
mercredi prochain faire la connaissance d’Annie afin que celle-ci- -au cas où elle éprouverait une
sympathie particulière pour elle- ait une raison supplémentaire de s’intéresser à moi. (..)Elle a aussi
noté que je n’avais pas abusé de la situation quoique , me confia-t-elle, au départ, je n’avais pas l’air
très réconfortant et qu’il lui avait fallu un certain mérite, une certaine intuition pour venir chez moi
Annie
Tu es mon premier amour. Pour toi je veux être beau, être bon, plaire er cela est nouveau car
jusqu’à présent l’idée de plaire m’avait rarement traversé/
Nous sommes allées dans un café à côté de chez elle. (..) D’emblée la discussion s’est axée autour de
mes problèmes sentimentaux et je crois pouvoir affirmer, sans trop risquer de me tromper, que c’est
Annie qui orienta de la sorte la discussion. Puisque finalement, elle me demanda si moi je voulais
l’épouser mais sans laisser le moins du monde supposer que telle était sa volonté à elle. Je lui
répondis que oui ! (…)Elle sait désormais à quoi s’en tenir sur mon compte et il faut lui laisser le
temps de réfléchir.
13 04 73
Annie Cohen
Encore une journée passée avec elle. (...) La bagarre d'hier est un lointain souvenir et elle doit m'être
reconnaissante de ne pas la prendre trop au sérieux. (..) Vendredi, elle a consacré beaucoup de
temps à sa toilette, se maquillant devant moi, me demandant mon avis sur ses vêtements. Qu'on le
veuille ou non, je crois qu'elle se dit que les rapports qu'elle a avec moi peuvent constituer une
expérience utile pour l'avenir et lui enseigner quelque chose sur la psychologie masculine. Nous
avons donc des liens très intimes du moins aussi intimes qu'ils peuvent l'être en dehors des rapports
plus directs. Je crois toujours qu'A. m'apportera beaucoup sans savoir exactement quoi (...) Toujours
est-il qu'elle me réconcilie quelque peu avec le monde et réchauffe mon cœur.
03. 06 1973
Gamalo
Cette jeune libanaise de 26 ans (...) je l'ai connue une première fois en Israël. (..) Et voilà que je la
retrouve aux Langues O au début de l'année universitaire. J'aime ces retrouvailles qui servent
toujours d’excellents prétextes à entretiens. (...) Elle me plait beaucoup. (. Elle est drôle, a le sens du
comique et beaucoup d'humour. Quant à son physique, elle a beaucoup de personnalité et un type
sémitique très marqué. Un beau visage régulier et que l'âge préservera Evidemment, elle s'intéresse
à moi et la preuve la plus manifeste est qu'elle m'inspire, que je parle beaucoup avec elle. (..) Je crois
qu'elle me comprend, qu'elle saisit mon échelle des valeurs; elle veut en savoir plus sur moi et je lui
ai fait part de certains problèmes psychologiques '(les cheveux) que j'ai pour lui montrer que je ne
suis pas inhumain et dépourvu de sentiments. (..) J'espère que je ne commettrai pas les erreurs
passées et que je ne lui déclarerai pas mon amour avant elle". pensik
(.) Je dois ici mentionner une frustration particulièrement aigüe concernant les cheveux. En effet, elle
sait couper les cheveux et l’autre jour je lui avais demandé de me les couper quelque peu.
Malheureusement, elle voulait ne se servir que de grands ciseaux alors que je ne disposais que de
petits.
Marie-André
Tunis, le 9 juillet 73
Jour qui comptera dans mon histoire puisque j'ai fait l'amour pour la première fois.
L'élue fut une jeune française de mon âge que j'avais rencontrée jeudi dernier sur le bateau
Marseille-Tunis (.) Hier, elle passa l'après-midi dans ma chambre et il ne s'y passa rien sinon,
toutefois, qu'elle me facilita les choses en me demandant de lui couper les ongles après que l'on se
soit amusé à les griffonner. (...) Nous grimpâmes longtemps à travers les bois pour enfin nous
installer sur un tapis d'herbe sèche mais confortable. Nous mangeâmes du melon acheté sur la route
(...) Je m'allongeai tout simplement. Elle fit de même quelques centimètres de moi. Et selon une
technique très subtile, la situation évolua jusqu'à ses extrêmes limites. Elle commença à me caresser
le visage avec un long brin d'herbe sous le prétexte de voir si je pouvais supporter le chatouillement.
Ensuite, je renversai les rôles et je fis passer longtemps un même brin sur son visage. Mais le facteur
essentiel fut peut être que je n'arrêtais pas de chanter, d'improviser et elle écoutait. Je passai d'une
paraphrase d’Haendel à des chants populaires américains, allemands. Je ne peux l'affirmer mais ma
voix joua un grand rôle dans l'affaire. Le brin d'herbe passant longuement sur le visage de la fille
débordait progressivement sur le corps tout entier. Enfin, je pris sa main qui se trouvait à quelques
centimètres de la mienne. Elle ne dit rien. On verra donc -sauf erreur- que la préparation devait être
longue et que c'est sur cette longue montée de son plaisir à elle, irrésistiblement, que j'avais parié.
(..) Je me souviens qu'à 19h30, je lui avais dit qu'il serait agréable de voir le ciel se couvrir
progressivement de noir. Rien, alors, n'avait vraiment commencé. A 19h30 tout était terminé de la
première étape. Sa main, donc, se trouvait dans la mienne. Tout d'un coup, je donnai un furtif baiser
sur cette main. Pas de résistance. Pendant plusieurs minutes, nos mains circulèrent assez
innocemment sur nos visages, alors que nous étions toujours côté à côté. Puis, poussé par une
soudaine impulsion, je m'approchais de son visage et commençai à l'embrasser. Elle présenta
aussitôt sa bouche et nous entreprîmes quelque chose que j'ignorais totalement, le suçage de
langue.
Sincèrement, je dois reconnaitre, que tout cela me laissait assez froid mais que la curiosité
l'emportait ainsi que le sens du défi. Sur le moment, la situation semblait bloquée et je ne voyais pas
comment atteindre le reste de son corps. Puis je finis par comprendre que je devais descendre; alors
ses jambes, son sexe, ses seins furent à ma portée et je ne ménageais pas ma salive devenue fort
abondante. Je la voyais se laisser faire entre mes mains, complètement passive, et ne cherchant
guère à diriger la situation. Une fois de plus, le contact de ma bouche, de mes mains avec ses seins,
son pubis ne me fit pas grand-chose.
Cela fut donc loin d'être une totale réussite mais cela me donnait le goût de recommencer et cela
calmement, en sachant où j'allais. Je suis donc "mordu" par ce sport qui exige beaucoup de
concentration et un contrôle de ses sentiments, c'est à dire de tout l'héritage affectif, plus ou moins
enfoui.
Effectivement, je ne parvins pas à l'éjaculation au départ de mes efforts. D'ailleurs, cela aurait
compliqué les choses pour nous qui roulions sur l'herbe au risque de me fouler - c'est d'ailleurs ce
que je crois qui est arrivé -quelque membre essentiel. Ma vessie était pleine et il m'eut fallu la
décharger auparavant. La scène s'acheva calmement, de façon sécurisante en un sommet, collés l'un
sur l'autre, de quelques minutes, chacun placé sur le côté et se faisant face. Nous rentrâmes à la
"Cité" proche et je continuai mon récital de chansons qui s'acheva par un potpourri de chansons
enfantines. Ce n'était que la mi-temps car je lui proposais aussitôt de ressortir pour faire quelques
pas. Elle accepta et nous nous promenâmes bras dessus, bras dessous sous les yeux des arabes, plus
ou moins hostiles. Nous empruntâmes un chemin de campagne et je me plaignis de douleurs dans le
ventre.
Puis, probablement à cause d'un air particulièrement favorable, à Tunis, le climat change d'une rue à
l'autre, je m'arrêtai et l'embrassais le plus tendrement possible, nos têtes inclinées sur nos épaules
respectives et les baisers buccaux jouaient le rôle central. Puis nous repartîmes pour quelque mètres
et avait lieu une nouvelle édition, cela une demi-douzaine de fois et mon plaisir augmentait et les
baisers buccaux commençaient à prendre forme. Je puisais en moi les ressources d'amour
nécessaires et je les faisais remonter à la surface après un long sommeil d'attente.
Cette deuxième étape fut donc une réussite mais elle me fit part de sa surprise de me voir intéressé
par ces questions matérielles. Confidence hautement intéressante et qui semblait avouer que c'est
bien moi qui avait mené le combat et qu'elle en fut la première surprise.
Que sera demain? Acceptera-t-elle de recommencer, me tournera-t-elle le dois? Je n'en sais rien.
11 07 73
Je lui dis que j’aimerais être comme dans un train et mettre ma tête sur ses genoux. Elle accepta. (…)
Je conduisis sa main sur mon visage, lui laissant l’initiative afin de la sécuriser. Ce fut le moment le
plus agréable, partagé des deux côtés. Je lui dis que j’étais très bien et que je dormirais volontiers
ainsi. Elle acquiesça de son côté. Ensuite il y eut le baiser sur la bouche qui se prolongea très
longtemps. Au moins on ne dira pas que je ne sais pas exciter une femme. Effectivement, elle se
montra ensuite prête à tout et mes mains passèrent sur ses seins et son pubis-sans d’ailleurs
provoquer le dixième d’excitation qu’il eut du produire (…) Enfin, elle me dit de changer de lit, ce
qui créa un entracte ; de fermer les rideaux, de me mettre une robe de chambre et elle de s’allonger
en habit d’Eve sur mon lit. Je parvins à la faire s’exciter considérablement mais mon absence de
plaisir fut sentie péniblement par la fille et à la fin elle me dit « tu fais toujours l’amour comme
cela ? ». (..) Elle ne se doute pas un instant de ce qu’elle est la première à coucher avec moi.
15 07 73
Elle est montée dans ma chambre et y a passé toute la nuit. Nous avons donc connu une « nuit
d’amour » assez tumultueuse, entrecoupée d’arrêts, passant d’un lit à l’autre. (…)Mon phallus
atteignit des proportions normales tandis que de nombreuses zones devenaient hypersensibles. Elle
fut donc beaucoup plus active que les fois précédentes. / Mais cette séance ne fut pas pleinement
satisfaisante. Par-là, je veux dire que l’état d’excitation provoqué par la masturbation n’a pas été
atteint (.) Toujours est-il que péniblement j’ai quand même envoyé un peu de sperme chaud dans
son vagin.
17 07 73
J’ai couché avec Marie-Andrée dans sa chambre pendant une heure. Cela ne s’est pas spécialement
bien passé mais j’ai obtenu qu’elle se laisse regarder la poitrine découverte et j’ai parlé avec elle
dans cette position.
19. 07 73
Hier soir, j’ai couché avec elle, dans sa chambre et cela s’est très bien passé. J’ai découvert que
j’aimais la chaleur et le poids pesant du corps sur moi. Mais nous n’avons pas été jusqu’à l’acte
sexuel proprement dit. En revanche, la technique du baiser buccal est devenue plus familière et c’est
déjà un atout appréciable. (…) Malheureusement, au moment d’éjaculer, j’ai été bloqué par le
liquide vaginal et cela n’a pas pu sortir, ce qui est un phénomène tout à fait extraordinaire. Mon
phallus a été enveloppé de liquide visqueux qui, en l’occurrence, a constitué un obstacle décisif.
21. 07 73
Tunis. Enfin, nous y voilà et j’ai bien failli passer à côté. J’ai eu avec elle un rapport sexuel total. Mon
phallus a pénétré profondément dans son vagin et le ‘ça va ça vient » a commencé, montagne russe
impressionnante, qu’il est difficile d’imaginer. Voilà les éléments essentiels de l’amour réunis et les
associations perverses disparues car je n’ai pas eu besoin de penser aux cheveux pour éjaculer. Bien
sûr, il y a encore beaucoup à faire. Ainsi il aurait fallu s’interrompre à plusieurs reprises pour obtenir
le maximum de plaisir mais j’étais trop anxieux de vérifier si tout allait bien se passer. (..) Je ne suis
plus un puceau ! Il aura fallu douze jours pour y parvenir !
24 07 73
Nous progressons toujours davantage Le dialogue est total et tous les problèmes sont abordés de
front. Ainsi a-t-elle fini par m’indiquer certaines régions particulièrement sensibles de son corps. Elle
m’a montré comment l’embrasser en tirant la langue entre les lèvres fermées et elle se saisit
naturellement de mon phallus, comme d’un objet qui appartiendrait à tous les deux et le place dans
son vagin. Les « ça va, ça vient » se multiplient et se prolongent sans que l’on ait encore atteint la
perfection des deux orgasmes simultanés. L’ennui est que mon phallus est parfois capricieux et
occasionne des réflexions assez humoristiques.
28 07 73
Avant-hier, elle m’a décerné un « pas mal » après l’acte. Aujourd’hui c’était parfait et elle a joui
totalement. IL fallait la voir s’accrochant à moi et moi m’accrochant à elle, tournoyer sur le lit.
30.07. 73
La situation évolue. D’une part, elle a couché plusieurs nuits dans ma chambre et la nuit dernière
nous avons placé les deux matelas côte à côte. Je ne peux pas dire que j’ai spécialement bien
dormi/. Mais j’ai décidé d’avancer davantage car je commence à en avoir assez de devoir m’adapter
à son propre rythme et de ne pas l’avoir à ma disposition quand et où j’en ai besoin. En effet, en
m’adaptant à elle, je perds une partie de mes moyens.
28. 08. 73
Voici dix jours que je ne l’ai pas vue. J’ai eu le temps de ré fléchir un peu. Cette fille m’a beaucoup
apporté et peut certainement m’enrichir encore beaucoup intérieurement. C’est un soutien précieux
pour un homme. (..) J’ai été très injuste avec elle pour l’éprouver et nos liens semblent avoir tenu
bon. –(…) Il est intéressant qu’à Sfax, en particulier, elle m’ait présenté comme son mari et pendant
quelque temps, nous avons fort bien joué ce rôle (.) Les choses sont allées très vite entre nous quand
je pense aux filles qui m’ont fait languir depuis des mois ! Et à chaque instant, j’avais peur qu’elle ne
me quitte, qu’elle aille rejoindre un autre, qu’elle m’évite mais non, tout au long des vacances nous
sommes restés cote à cote.
Bribes d’un poème sur Marie-Andrée
Et Rosay où nous errâmes dans les forêts normandes
Et cette nuit en mer où enfin tu parlas. Et où peut être en nous quelque chose se noua
Et Sidi Bousaid Et ces baisers furtifs
27 11 73 J'ai reçu enfin une lettre de Marie Elle s'est crue dans l'obligation de mettre un terme à
mes illusions.
28 11 73
Ma chérie
Encore une lettre. J'espère que tu ne te sens pas envahie. C'est la troisième lettre que
je t'envoie en moins de 24h. Mais il est probable qu'elles arriveront plus échelonnées.
J'ai reçu ta lettre, j'ai eu le temps de réfléchir un peu. Je crois que l'un et l'autre nous
apprécions mal les sentiments de l’autre. Moi je crois que "c'est arrivé" parce que tu
as été gentille avec moi comme tu dois l'être avec beaucoup de gens. En effet, il m'en
faut peu pour être touché par l'intérêt d'autrui pour moi. Cela est dû au froid de mon ambiance
familiale. Je surestime, par conséquent, l'attitude réelle de l'autre et cela risque de me faire
commettre des erreurs de jugement. Je t'assure que quel que soit ce que tu éprouves pour moi- de
la tendresse?- c'est déjà énorme et je n'en demande pas plus si tu ne peux ou ne veux me donner
plus. J'ai été très heureux ainsi et si tu ne te sens pas en mesure de continuer à me témoigner de
l'affection, tu auras déjà beaucoup fait. Même si par ailleurs tu as d'autres attaches. JE dis cela au cas
où je ne serais pas parvenu d'ici ton retour à trouver quelque chose d'aussi solide-relativement-
sinon de plus solide-avec une autre fille.
De ton côté tu as mal interprété le ton de mes lettres et leur caractère un peu trop littéraire. Tel le
poète, je confesse avoir cherché dans mon amour pour toi une inspiration lyrique qui transcendait la
réalité. Tu as eu tort de croire que j'étais devenu fou. Les mots possèdent le même naturel chez moi
que les actes chez toi. Ils ne privilégient pas, autant qu'on pourrait le croire une relation. =Il s'agit de
deux formes de prodigalité dont il faut bien se rendre compte.
J'espère que cette analyse met fin au malentendu que tu avais cru discerner. Je le répète, si pour
une raison ou pour une autre et si les circonstances le permettent- et je ne peux le garantir- le hasard
veut que nous puissions cohabiter sans que cela signifie davantage que cela n'est-alors d'accord.
Si tu trouves une solution qui te convient mieux, je n'ai pas le droit de te retenir. Tu dois simplement
savoir que dans la mesure du possible je serai toujours très heureux de t'avoir près de moi.
Je veux que tu comprennes que je ne suis plus un enfant- quand même (-en dépit du fait que cela me
fait plaisir de l'être avec une aussi gentille fille que toi. On peut rêver et avoir en même temps les
pieds sur terre.
Je continuerai donc à t'écrire comme par le passé à présent que cette mise au point est faite. Je dois
dire que ce qui m'a fait plaisir dans ta lettre, c''est que tu écrives "mon minet" au lieu de "mon cher
Jacques" et "de tout mon cœur"
pensik
pour me souhaiter mon anniversaire.
En outre, je considère comme un progrès que tu aies envisagé-même en théorie- de discuter de
certains problèmes avec moi. Car je dois reconnaitre que ce sur ce point, nous ne sommes pas allés
très loin. Je ne le regrette pas car tu me donnais beaucoup par ailleurs mais d'un autre côté je pense
que si, par la suite, nous pouvions arriver à quelque chose dans ce domaine, ce serait enrichissant
pour l'un comme pour l'autre. Non, je ne te crois pas dépourvue d'idées comme tu le laisses
supposer malicieusement mais crois avoir un comportement trop agressif, qui effraie parfois
l'interlocuteur.
Je t'assure que si tu me promets de rester une "grande amie" que je pourrai voir souvent, je serai
déjà très heureux. Car je n'en demande pas beaucoup au bout du compte puisque quand on me
donne peu je m'imagine que c'est beaucoup. On n'est pas fâchés n'est-ce pas? Gros Baiser
9 02 74 Journal
Une échéance
Ce mois qui vient sera probablement décisif. J'ai décidé de partir en campagne pour trouver une fille
avec laquelle je puisse avoir des rapports sentimentaux profonds. Si dans un mois j'ai échoué, alors je
crois que Marie-Andrée sera- au moins à court terme- mon seul espoir.
15 02 74 A Marie-André
Ma chérie/ Je t'écris alors que rien n'est bien clair dans mon esprit. Pas de nouvelles de mon libre et
sur le plan sentimental quelques pistes qui ne me mèneront peut être à rien. Te dire que je me sens
très frustré en ce moment où je me sens si disponible à l'amour et où je dois me contenter de
quelques miettes qui ne font que m'énerver davantage, c'est le moins que je puisse faire. Je ne sais
comment cela se terminera. Je crains que cela ne reste en deçà du seuil désirable : quelques
conversations, quelques sourires, quelques heures passées ensemble à ceci ou à cela , maigre butin
en perspective.
Je crois que je suis trop paresseux et pas assez convaincu ; je souffre de ne pas avoir quelqu'un à
serrer dans mes bras mais je me laisse mourir d'amour; comme le cas échéant je me laisserais mourir
de faim. Je gémis et je me décourage. Enfin, il est possible que les jours qui viennent soient porteur
de joies inespérées mais, ce soir, en tout cas, je me retrouve seul, dans ma chambre, comme je l'ai
toujours été depuis sept ans. (???)
Heureusement que je peux penser à toi comme un homme qui pense à la vie future au milieu des
souffrances et qui se dit "un jour viendra",
pensik
un jour viendra où je pourrai toucher tes
mains magiques et me mettre contre toi. Le courage que j'ai eu avec toi, je ne l'ai pas
encore avec d'autres filles. Quelque chose m'arrête, un tabou issu de mon enfance, de mes liens avec
ma sœur que ma mère avait interdits. Ce qui montre, assez paradoxalement, l'inconvénient d'avoir
une sœur. Car une sœur, c'est justement une fille à laquelle il ne faut pas toucher. Sans sœur, le
garçon a une autre vision, plus libre, de l'autre sexe. Or, comme par-dessus le marché, mes rapports
avec ma mère sont très froids et qu'il ne me viendrait pas à l'esprit de l'embrasser tendrement, me
voilà pourvu de réflexes négatifs.
Grâce à toi, par je ne sais quelle chaleur que tu dégages- j'ai rompu ces barrières. Qui sait si le cadre
parisien ne contribue pas à me bloquer dans une première tentative? Ce n'est peut-être pas un
hasard si tout a commencé, entre nous, à Tunis.
Enfin, j'espère me tromper et t'écrire dans une prochaine lettre que j'ai rompu la glace avec telle ou
telle fille. J'en serais fier sur le plan psychologique. Avoir le courage de risquer de se voir repousser
(.=) Je te promets que je fais tout mon possible. Je ne voudrais que ma fidélité à ton égard tu la
considères comme une simple incapacité! (.) J'ai tenu à te mettre au courant de mes angoisses, peut
être afin de les exorciser.
Ta dernière lettre m'a réconforté et je t'écris en sachant que quelqu'un me lira avec compréhension
sinon avec amour/ Tu me manques terriblement. Je t'aime
22 02 74
Martine et Marie-Andrée. J’ai vécu ce soir des moments assez intenses et peut être décisifs. Il s’agit
de Martine. (..= J’ai une folle envie de l’embrasser, de la prendre dans mes bras, de la câliner. Il faut
que je lui dise combien je l’aime. Et j’espère qu’elle me répondra. ..On verra bientôt. Quelle
différence sépare Martine de Marie-Andrée ? Jamais (avec Marie) je n’ai eu la possibilité de
m’exprimer, de dialoguer sur un plan plus élevé avec elle Toujours, lorsque je faisais effort, je me
sentais bloqué, rigide (frigide !), sans inspiration. Avec Martine, c’est la liberté complète du dialogue,
c’est la recherche de nouvelles formules. Je ne me sens pas ridicule. (..) Je la trouve très attirante
avec ses jolies dents, son nez qui est un poème d’humour et de malice. ( ) Sans Marie Andrée, je
n’aurais pas aujourd’hui la maturité affective suffisante pour vivre le mariage avec une fille
dépendante de moi.
Poème pour Martine
Joli lutin tranquille
Aux quenottes de lune
Roseau tout couvert d’opossum
Tu cours après ton destin d’homme
Poème
Je voudrais te prendre la main
Sans que cela soit pour te dire « A demain »
Et pouvoir t’embrasser, t’embrasser
Mêmes si ce n’est pas le début de l’année
28. 02. 74
Ma chérie
Voilà le quatrième mois de notre séparation qui s'achève et je dois dire que j'ai l'impression
maintenant que tout cela est loin, loin, loin. Je n'ai même plus la joie d'un souvenir encore chaud. Tu
peux donc imaginer quel bonheur ce sera de te retrouver dans quelques mois. Comme la vie est
compliquée quand on est entouré d'êtres que l'on n'a pas le droit d'embrasser, où il faut des ruses à
n'en plus finir pour frôler un bras. Quelle frustration! Et comme tu comprenais bien le magnifique
cadeau que tu m'offrais en me disant "tu n'as pas besoin de me demander, je ne te refuse rien!".
Mots magiques, mots de rêve, mots oubliés.(..) Je n'ai pas encore reçu de lettre de toi depuis trois
semaines et je ne sais pas si tu as aimé mon poème. Avec le recul, je crois qu'il est parfois inégal mais
ce fut vraiment une révélation pour moi de pouvoir définir certaines situations au moyen de
quelques mots comme si chaque fois que je prononçais ces mots, à présent, je pouvais accéder à la
réalité profonde qu'ils expriment.
Par exemple: "'Et Paris où je t'appelais Maman
Et où, devant ma sœur, tu me pris tendrement" pensik
Où en sont nos amours? demanderas-tu. Bien et mal. Je traverse une époque où mes
sens sont en éveil et cela va s'accentuer dans les semaines à venir. Je tends à trouver jolies
de plus en plus de filles et parfois le spectacle d'une jolie fille dans le métro suffit à me
combler. Je suis un fervent admirateur du charme féminin. et je donnerai toute la culture
contre une jolie personne. Mais depuis que je te connais, la contemplation ne suffit plus, il
me faut toucher, presser et c'est là que se multiplient les difficultés.
A un certain niveau, les occasions ne manquent pas. Discuter avec une fille, l'emmener
chez moi, lui sourire gentiment, voilà qui est monnaie courante. Mais après. Je manque
de courage, c'est à dire que j'ai peur d'être repoussé avec un air scandalisé. A ce sujet,
le paradoxe le plus comique, j'ai été trop bien élevé. C’est bien le seul domaine où je
puisse le dire et je ne m'en félicite pas. Enfin, je te mentirais si je te cachais que j'ai quelques
aventures qui peuvent, dans un proche avenir, porter leurs fruits. C'est dans un mois qu'il sera
possible de dresser un premier bilan.
En particulier, il y a une certaine Martine que j'ai rencontrée (...) qui prépare mollement l'agrégation
de philosophie. Cette fille est tout le contraire de toi. Petite, myope, un air très "femme savante",
très frêle avec un nez assez large, qui est très amusant. Elle a 26 ans et est encore dans sa famille
avec des problèmes d'une fille de 18 ans. Oui, elle a des problèmes. Elle est très vulnérable mais aussi
très bavarde. Un bavardage qui cache probablement la peur du silence et des actes trop précis C'est
te dire que je ne lui demanderai pas de l'appeler Maman: C'est plutôt moi qui me sens fort, capable
de l'initier, de la débloquer.
C'est plus fort que moi mais avec mes expériences toutes fraiches, il faut que je pose au
Maître, au guide. (.)Cette fille m'est sympathique dans la mesure où elle est courageuse
quoique un peu inconsciente. Elle a choisi une voie qui est très mal vue de ses parents.
Elle doit se libérer de leur empire. Et elle hésite, hésite. Tu vois, ce n'est pas le grand amour. C'est
plutôt une expérience humaine qui peut être enrichissante. Quand quelqu'un m'a appris quelque
chose, je crois de mon devoir de l'apprendre à autrui. J'ai besoin de transmettre les forces que tu as
su m'apporter.
Je me demande ce qui se passerait si je la prenais dans mes bras? Je sais que pour
elle , ce ne serait pas un geste banal. C'est ce moment où deux êtres restent unis
tranquillement après que l'un a pris l'initiative de créer un pont qui m'apparait comme
l'un des plus beaux.
Mais avec elle, je sens qu'il faut agir avec infiniment de souplesse. Car c'est une grande
solitaire qui, à la moindre alerte, se replie dans sa coquille, retrouvant un équilibré plus
rassurant que celui des rapports avec le monde.
C'est un peu comme moi. Si tu m'avais laissé tomber, je serais revenu aux joies rares
de l'incompréhension, et de l'exclusion. Pour que tu me convertisses à un univers où l'autre
ne saurait être absent, il a fallu que tu luttes contre moi-même, que tu ignores mes tentatives pour
me consolider dans mon environnement exigu. C'est que la force de l'habitude prévaut bien souvent
contre des horizons joyeux mais inconnus.
Comme j'aimais briser le cocon de cette fille, déloger ses appréhensions, ses réactions de
Défense. Je crois qu'alors, je sentirais en moi une sérénité accrue, celle du Père Initiateur.
Et il faut l'être aussi au niveau le plus immédiat.
Je t’«embrasse (en arabe)
Le 4 3 74
Ma chérie
J'espère recevoir très bientôt une lettre de toi. Est-ce que tu es en bonne santé? Est-ce que tu te sens
seule intérieurement? Est-ce que tu as hâte de rentrer en France? Sache que je pense toujours
autant à toi et qu'aucune fille ne m'a encore donné le courage de la prendre dans mes bras. Les
discussions trainent et n'en finissent pas, préliminaire à un
Quelque chose qui n'arrive jamais. Je crains que les filles ne fassent beaucoup de simagrées ou bien
je ne suis pas à la hauteur. En tout cas, je me sens frustré par une attente toujours insatisfaite.
Heureusement, la quantité de jolies filles compense-t-elle quelque peu la pauvreté relative de
rapports. Je suis un admirateur de la beauté féminine et je pourrais sans rien dire contempler une
fille durant des heures.
Mais justement, si je réfléchis trop, si j'attends trop alors ma spontanéité perd toute puissance et ne
me permet pas de tenter le sort.
C'est cette spontanéité qui importe, qui ne doit pas s'embarrasser de toutes sortes de réflexions et tu
sais combien avec toi je fus spontané et mis en veilleuse la lourdeur de mes réflexions.
Eh bien, j'aimerais retrouver cette merveilleuse spontanéité si merveilleusement récompensée par
le miracle de l'autre qui ne se retire pas mais répond. Cet acte de folie je ne me sens pas la force de
le répéter. Est-ce Paris qui nous enchaîne? Je n'en sais rien et peut-être demain viendra-t-il me
démentir? Et pourtant, quel merveilleux univers m'a fait découvrir ma "poignée de main" du
Belvédère (à Tunis en 73) Qu'est-ce qu'une fille attend d'un garçon? Ce saut dans l'inconnu.. Cette
intuition d'une réciprocité que la fille cherche, par tous les moyens, à dissimuler, peut-être pour
mettre à l'épreuve le flair de son partenaire. Il faudrait donc autant de génie pour se gagner le cœur
et l'aveu d'amour d'une fille que pour gagner une bataille ou inventer quelque produit inconnu!
Ce soir, j'étais au théâtre de l'Odéon. Il y avait une fille, à côté de moi, que je ne connaissais pas, que
j'avais à peine vue à la lumière. Elle m'avait gentiment offert de m'asseoir sur son manteau car nous
étions par terre, près d'une colonne du deuxième balcon. Eh bien, sa main qui pendait, toute
blanche, à quelques centimètres de moi pendant une partie de la soirée, j'hésitais à la prendre. Ma
main frôla son pantalon sans qu'elle réagisse et puis non, je ne fis rien. Paradoxe que ce courage face
à une inconnue et que je n'aurais pas eu - bien que dans ce cas ce fut un acte avorté- avec quelqu'un
que je connaitrais mieux! Comme si, peut-être, après avoir fait connaissance, mon personnage
m'interdisait cette familiarité. Tant que je suis encore non-étiqueté par une fille, tout reste encore
possible.
Quitte ensuite à faire plus ample connaissance. L'inverse est bien difficile. Enfin tout cela ce sont des
expériences à bâtons rompus qui valent ce qu'elles valent. Mais je trouve merveilleux de faire
d'abord connaissance physiquement avant tout discours.
Dès que je commence à parler, à enseigner, je n'ai plus cette simplicité, ce naturel, l'on entre dans
l'élaboré, le poli, le limé, le refus de l'improvisé.
Je me trompe peut être. J'espère que tu pourrais me donner quelques conseils, rectifier certaines
analyses Je me demande parfois si certaines garçons n'ont pas raison de jouer aux imbéciles, aux
farceurs devant les filles. Peut-être est-ce là le prototype du partenaire accepté. Peut-être faut-il en
passer par là pour avoir quelque chance?
Je le répéte : je fréquente beaucoup de filles mais rien ne se passe. Elles m'écoutent ou je les écoute:
il n'y a pas échange véritable.
Je ne sais si le poème que j'ai composé pour toi t'a plu. En tout cas il a été pour moi une grande
source de joie. Et parce que chaque fois que je le récit, c'est comme si notre union vivait à nouveau-
et c'est là le miracle de la poésie. Et parce que je me rends compte de la richesse des moments que
nous avons passés ensemble Le plus souvent, je ne demandais plus que d'être près de toi la tête sur
tes genoux. Si je devais raconter ma vie affective en dehors de toi, je n'écrirais pas la moitié de ce
poème et pourtant 25 ans c'est un bail.
(...) Voilà 4 mois que tu es partie et je n'ai pris dans ma main la main d'aucune autre fille
autrement que pour lui dire bonjour ou au revoir. Je n'ose embrasser sur les joues
aucune fille si ce n'est ma sœur ou le jour de l'an. Maigre bilan:
Tu comprends peut être aujourd'hui pourquoi je t'embrassais tant C'était pour compenser tant
d'années sèches et pour prendre des provisions pour une traversée bien aride.
Si tu reviens vers moi, je crois que je ne me contenterai pas de recommencer comme par le
le passé. Je voudrais tant aller plus loin avec toi, qui m'es si bénéfique et m'as rendu
poète
J'espère que l'année prochaine, quand tu seras à Pars, ce sera une année heureuse. Mais
le bonheur est si fragile qu'il vaut mieux dire que ce sera une année d'amour car l'amour est
chose complexe, intense, mêlée de rire et de larmes. Et non jamais mes souvenirs, ma
vie, n'ont été aussi fortement imprégnés dans ma mémoire au point qu'à côté de ces
quelques mois de vie commune, mes tourments passés apparaissent comme un pauvre cauchemar
falot
C'est curieux mais plus le temps passe et plus le souvenir de chaque jour passé ensemble
se fait plus riche, plus vivant.
Parfois, je regarde tes photos mais elles m'apparaissent bien pauvres, bien inutiles
à côté des images de ma mémoire.
Et ce qui me ravit c'est que tu ne m'aimes pas totalement, ce qui montre qu'il y a encore
beaucoup d'univers à explorer, que ce n'est pas la routine/
Excuse-moi pour cet emportement lyrique. Je reviens à la dure réalité. Inutile de m'écrire que
je rêve. Sache simplement que quelqu'un, en France, à Paris, t'attend et t'aime. Au cas où cela
t'intéresserait.
Prends-moi tendrement!
LE 11 mars 1974
Je n'ai toujours pas de tes nouvelles. J'espère que mes dernières lettres ne t'ont pas fâchée. JR ne
vois pas sincèrement ce qui aurait pu te contrarier. Mais tu peux avoir des tas de
bonnes raisons pour ne pas avoir eu l'envie de m'écrire
Rien n'a changé entre nous, en ce qui me concerne. Certes, je vois beaucoup de jolies filles et je suis
très sensible au charme féminin mais ce sont des feux de paille où l'ennui intervient bien vite
C'est drôle mais nous avons passé tant de temps l'un près de l'autre et nous n'avons pas
eu besoin de prodiges d'imagination ou de mémoire pour soutenir la conversation. D'une certaine
manière, je ne t'ai guère parlé de ce que je faisais et de ce que j'avais connu. D'autres
filles que j'ai vues pendant quelques heures en savent plus que toi à ce sujet. Et pourtant,
je crois que tu as compris l'essentiel, mieux que toute autre. Le silence. C'est vrai qu'à
Paris, c'est le bruit et pas seulement celui de la rue mais celui du bavardage, celui du
brouhaha intérieur.
S'il te plait, pense un peu à moi. Avec le recul, est ce que le temps que tu as passé avec
moi t'apparait plein d'amertume ou au contraire baigné d'une douce lumière? Le cap de février est
passé et depuis une dizaine de jours, je suis en grande forme intellectuelle et ai pu
m'attaquer et résoudre des problèmes qui étaient restés obscurs dans mon livre. J'espère que ce cri
de victoire ne t'apparaitra pas de mauvais goût mais je veux que tu comprennes que je passe par des
périodes fécondes séparées par une douce médiocrité qui me pousse à tromper mon vide, période
d'ailleurs où je suis relativement supportable...
(...) J'espère que tu es heureuse mais pas trop à Damas.
12 03 74
Ma triste Marie
J'ai beaucoup aimé tes poèmes et je dois dire que j'ai été surpris. Je ne te connaissais pas
sous cet angle. Cela dit, n'étant pas expert en poésie, ma réaction est toute subjective et ne constitue
pas une référence.
Le poème est synthèse et essence, concentré de vie et écrire un poème c'est donner une
partie de soi-même. Je ne sais si tu as aimé le poème que je t'avais envoyé. Tu n'en parles pas.
Ta lettre également m'a touché- à l'exception du ce sec "Amitiés" qui la termine car elle indique peut
être que je me fais des idées probablement- que tu me trouves digne d'être ton confident.
Tu me dis être "pessimiste"
pensik
sur toi même, sur ton avenir, sur l'année qui vient et qui,
pour la première fois, se passera en France. Tu sais ce que je pense : je crois qu'il ne
faut pas imaginer la vie à un mais à deux. (que ce soit moi ou un autre). Tu te souviens d'une
conversation que nous avions eu à Paris sur le rôle de l'homme et de la femme/
12 03 74
Ma tendre amie
A moi d'essayer de te réconforter. (...) Ma chérie, je voudrais tant être près de toi, en ce
moment alors que tu traverses un moment de cafard. Mais peut-être ne serais tu pas en
mesure de me supporter? Tes poèmes me ravissent. Malheureusement, je ne suis pas
très expert et mon approbation n'est pas une référence. Je crois que tu écris avec une
certaine maturité poétique. Ce ne doivent pas être tes premières œuvres. Tu ne m'as pas
dit si tu avais aimé mon poème. Mais je crois franchement qu'il ne faut pas trop attendre de
notre correspondance et que-comme on dit- à ton retour on aura beaucoup de choses à se
dire. Excuse-moi de t'écrire deux lettres coup sur coup. Mais je ne vais tout de même pas
attendre une semaine de rigueur pour répondre à une lettre où tu me faisais part -avec
sincérité-de ce qui se passe en toi même. Je t'embrasse
Monique-Louise
26 03 74
Aujourd"hui, date fondamentale. Le charme qu'exerçait Marie André est rompu. Celle-ci
n'a plus aucun pouvoir sur moi. Louise l'a remplacée/ (..) Je lui fis écouter des bandes magnétiques
que j’avais et je tombais justement sur une d’elles que j’avais enregistrée avec Marie-Andrée. Si bien
que le sujet essentiel tourna autour de ma relation avec cette fille. Je reconnus que notre liaison
n’avait guère été très enrichissante et qu’après tout elle me détruisait car je renonçais avec elle à
toute expression authentique de moi- même.C’était un sacrifice, un oubli de moi-même assez
suspects que je nommais amour.
Alors (Louise) me demanda pourquoi je ne mettais pas fin à cette attente. (…) Enfin, je lui révélais
que le samedi précédent j’avais essayé de manifester clairement mes sentiments en lui prenant la
main mais que cela avait tourné court. Puis je m’approchai d’elle et lui demandai si , à présent, je
pouvais lui prendre la main. (..) Et puis je commençais à l’embrasser sur la bouche et nous eumes de
très longs baisers en profondeur et finalement nous restâmes longtemps à nous embrasser et ma lauin
passa sur son corps. Mais nous ne nous dévétimes pas et ne fîmes pas vraiment l’amour. Ce fut
cependant une relation très riche et pleine de promesses.
27 03 74
Chère Marie
Rassure-toi. Tu n'auras pas à me supporter à Paris. En effet, j'ai entamé une histoire d'amour
avec une jeune fille, Louise, qui a eu une éducation semblable et je pense m'être
débarrassé d'un problème qui n'aurait pu que provoquer des difficultés de toutes sortes.
Nous sommes déjà allés assez loin ensemble et je suis très heureux.
En conséquence, il reste entre toi et moi une sincère amitié comme tu l'as toujours souhaité et de
beaux souvenirs. Il est même possible que cette amitié s'enrichisse, dès lors qu'elle
n'est plus sujette aux aléas sentimentaux. J'espère que tu es contente pour moi.
(..) Je commence à me demander si je ne vais pas renoncer à mon régime alimentaire car
il est bien décevant et pose des problèmes sociaux parfois désagréables
Je t'embrasse
14. 04 74
Voilà bientôt trois semaines d’écoulées depuis la dernière scéne décrite dans ce journal Où en suis-
je ? La première semaine, je ne la vis pas, devant partir pour la Hollande et ayant certaines
occupations. La deuxiéme semainie débuta par des tentatives décevantes d’arriver à faire l’amour et
s’acheva le Mardi par un acte réussi bien que non mené jusqu’à son terme en raison de la nécessité
d’interrompre l’intromiossion, Louise ne supportant pas la pilue et moi n’ayant guère de sympathie
pour les préservatifs. La troisiéme semaine est axée sur les perspectives de mariage ou en tout cas de
fiançailles et à révéler chez Louis une nature angoissée et prompte à la dépression à tout propos,
avec des éclaires euphoriques en soi très agréables.
Reprenons le fil des événements
Mardi 2 avril cunilingus réussi par moi dont c’est la première tentative mais grandes difficultés
d’érection en dépit d’une fellation.
Mercredi : On va voir un film, Le Mouton Enragé, et l’on s’y embrassa amoureusement sans souci du
film le plus souvent.
On passe la plupart des nuits ensemble chez moi ou chez elle et je n’en tiens même plus le compte.
Jeudi 4 Nous allons chez ma mère. Louise y voit ma sœur. (..) Louise la trouve agressive.
Samedi 6 Après des angoisses sur les difficultés de parvenir à l’acte sexuel achevé, l’on finit par
décider de se fiancer alors que quelques instants plus tôt, il s’était agi de ne plus se voir pendant un
moment. Louise, sur le champ, en fait part à sa famille et me demande de faire de même avec la
mienne. Quelle précipitation qui me laisse pantois !
Dimanche DE toute façon, je devais aller voir ses parents, fiancé ou non, ce jour là.
18 04 74
Ma chère Marie
Ta lettre m'a beaucoup touché. Je vais me fiancer d'ici quelques semaines et je serai
très heureux de te présenter Louise. Je lui ai beaucoup parlé de toi. Tu vois donc que je
suis parvenu à dépasser la fascination d'un premier amour et cela a été dur.
C'est vrai qu'un amour partagé, c'est merveilleux et c'est bien de cela, entre moi et Louise, qu'il
s'agit.
(..)J'espère que nous resterons bons amis et que tu m'inviteras à ton mariage le jour
où l'occasion se présentera, ce que je souhaite bientôt
(...) Je te mettrai au courant de ce qui se passera dans mes prochaines lettres
Quand rentres-tu? Bons baisers
22. 04 74
Ce soir, Louise et moi avons pris un risque. J’ai éjaculé en elle et elle s’est contentée de se doucher,
ne prenant pas la pilule. Espérons que tout se passera bien sinon il faudra envisager le voyage à
Amsterdam, charmante ville par ailleurs. Mais enfin, je suis heureux, très heureux que l’on en soit
arrivé là. C’est un acte d’amour de sa part qui vaut plus que toute parole. Je désire Louise chaque
jour davantage (…) Hier ma mère et mon oncle ont rendu visite aux parents de Louise. Tout s’est très
bien passé. L’on a parlé de tout sauf des fiançailles fixées au 19 mai., jour de l’élection du Président
de la République.
17. 05 74
Chère Marie
J'ai reçu ta lettre et je vais essayer de faire ce que tu me demandes.
Mes fiançailles auront lieu dimanche 19 mai. Que te dire de Louise? (...)
Louise est très différente de toi, du moins je le crois mais tu dois savoir que je garde
beaucoup d'affection pour toi bien qu'évidemment tout n'ait pas été idéal et que pendant
longtemps tu ne m’aies pas présenté l'amour sous son angle le plus séduisant
Louise est plus féminine avec les défauts et les qualités qui viennent avec. Elle parle plus,
se donne plus , est plus impulsive, plus changeante, plus vulnérable. Mais toi, tu
sais aussi être très gentille et je crois que tu rendras ton mari heureux.
Je t'embrasse
10 06 74
Suppressions. J’ai déchiré un certain nombre de textes concernant Louise lorsque je traversai des
états d’âme pénibles. Je ne tiens pas à ce que les pages que j’ai supprimées tombent dans les mains
de Louise. Je crois que cela pourrait lui être désagréable et cela inutilement puisque ces angoisses ne
furent que passagères et que donc l’écrit ne doit pas les retenir.
22 06 74
Je me suis aperçu que je ne faisais pas très bien l’amour. Louise n’a eu vraiment qu’un orgasme (le 5
juin) et je me suis rendu compte qu’avec Marie Andrée je procédais différemment. Au lieu d’être
couché sur elle et de l’écraser de mon poids, je prenais appui sur mes bras et laissais ainsi la liberté
de mouvement au vagin ; Désormais, comme ce fut le cas le 5 juin et hier soir je procéderai ainsi :
pourquoi avais-je modifié ma technique avec Louise ? Peut être parce que je voulais l’embrasser
davantage que la « baiser », que je voulais manifester ma protection en pesant sur elle plus que par
le plaisir insupportable qu’un véritable orgasme lui aurait apporté. Mea culpa.
30 06 74
Ma femme ! Je crois que les nuages se sont définitivement écartés. JE considére vraiment Louise
comme ma femme. Et cela se manifeste en ce que je lui donne des conseils et fait pression sur elle,
ce que je me serais pas permis un peu plus tôt. Un test important devrait avoir lieu demain lundi. En
effet, elle doit se faire couper les cheveux courts. Je lui ai dit que je préférais ainsi. J’ai un peu peur
que cela ne lui aille pas mais d’un autre côté, cela montrera son amour pour moi dans la mesure où
elle me fait confiance et accepte ma protection et mon autorité.
09. 07. 74
La dépression ?
3h du matin. Louise me réveille par un coup de téléphone où elle m’annonce qu’elle ne peut pas
dormir, qu’elle a pris des médicaments, qu’elle a « craqué » ; tout cela parce que je n’ai pas exigé
d »’elle, deux soirs de suite, de se coucher tôt. Elle se surméne. Le probléme est que je n’ai pas assez
d’autorité sur elle ? (…) Bien sûr, elle ne crache pas sur ce que je fais mais (…) elle pourrait très bien
vivre avec quelqu’un qui ne posséde pas mes atouts intellectuels. Pour ne parler que de Marie-
Claude, que j’ai encore vue hier à une soutenance de thèse- Marie-Claude n’aurait certainement pas
eu les mêmes exigences que Louise et se serait royalement fichue de ce qui semble à Louise des
conditions sine qua non. Même ma cuisine qui voilà deux ans et demi était dégoutante ou mon
habillement ne posaient pas un probléme clef à Marie-Claude. (..) Mon erreur n’aura-t-elle pas été
cette gourmandise, cette frustration qui m’a fait choisir une femme au dessus de mes moyens ?
11 08 74
La publication de mon livre(Clefs pour l’Astrologie) peut hausser nettement ma valeur sur le marché
du mariage. Lorsque notre liaison a commencé, je n’avais pas mon contrat en poche, je me trouvais
donc perdu dans la masse des intellectuels qui nourrissent des rêves d’édition (..) Avec les Clefs, je
change radicalement de catégorie.
15 08 74
Ce soir, mes relations avec Louise semblent s'être sensiblement détériorées. Elle m'a même proposé
de ne plus nous considérer comme fiancés.(///) A vrai dire, elle a raison. Je joue avec elle. Je la
pousse et la reprends; je commets une erreur et je la corrigé J'ai déjà écrit dans ces Cahiers à
plusieurs reprises mes vrais sentiments à son égard même si j'ai détruit une partie des passages
concernant Louise. Evidemment, j'ai toujours procédé en sorte que ce soit elle qui donne
l'impression de rompre car vis à vis de ma mère et d'autres personnes, je ne peux me payer le luxe
de prendre l'initiative. Cette fois ci je crois que la rupture est sinon consommée du moins imminente.
Tant mieux! (///) Je brule d'envie d'écrire un récit depuis juillet 73 jusqu'à août 74 avec Marie-André
et Louise. Je crois que cela pourrait être un succès d'édition.
Août
(...) A Rosay, Louise m'a coupé les cheveux aussi courts qu'elle pouvait. Elle m'aime moins ainsi. Est-c
e que cela a compté dans sa décision de rupture? Ou encore le fait que je le lui ai demandé qui l'a
dégoutée
23/.08.74
Rosay
Une hésitation. J’ai dit à Mamamn ma décision de quitter Louise. Cela m’a fait un choc. J’ai soudain
vraiment saisi l’importance de cet acte et j’en ai eu peur. Avec Marie-Andrée, pourtant, l’annonce de
la décision s’était faite sans douleur. Elle m’avait confirmé au contraire dans la justesse de mon
analyse négative et cela je crois sans aucune animosité ou intérêt personnels. Marie-Andrée trouvait
Louise très quelconque et pas du tout ce qu’il me fallair. Elle a effectivement une influence négative.
En revanche, Maman est très attachée à Louis et beaucoup de gens parmi ses amis et dans la famille
également.
26 08 74
Le mariage
Tout est achevé. Nous nous marions, Louise et moi en novembre. Un échange de télégrammes entre
Vittel et Rosay y a a conduit. Je suis heureux. J Ma mère me révéla que dans les année 35- 36 , elle
avait songé au suicide (après la naissance de ma sœur ainée, hors mariage) Ma cruauté morale la
dégoutait. (…) Je suis exactement dans la situation du type qui a fait un enfant à une file et qui ne
veut pas l’épouser et pour qui c’est un devoir austère.
Fin août
Peut-être ai-je peur du mariage avec tout ce que j'y perdrai à moins de me trouver avec
une fille qui me comprenne parfaitement -(..) Un autre facteur joue un rôle important. Ma mère.
J'ai besoin de la sentir derrière" moi et le fait qu'elle me repoussait à cause de ma pensik
volonté de rompre avec Louise m'a traumatisé et précipité dans les bras de Louise d'où
le télégramme que je lui ai envoyé à Vittel, fixant la date du mariage au 17.11. 74 et
revenant peu après son accord.
03. 09 74
Je suis très triste ce soir. Je viens de me séparer d’un être qui avait décidé de vivre
toute sa vie à mes côtés. Et je ne sais pas si je ne le regretterai pas toute ma vie.
Bien sûr, je suis assez fier de moi. Je suis resté égal à moi-même. Je me retrouve
décidant de quitter Israël voilà cinq and et cette séparation ne fut pas moins amère et
pénible.
Mais il y a en moi une volonté d'honnêteté intellectuelle qui régit tout bien que cette fois ci
elle ait bien failli étouffer er remplacer par des tas de raisonnements justificatifs qui sont
une simple prostitution de l'intelligence.
Ecrire me fait du bien. J'éprouve le sentiment d'une continuité à travers tous ces cahiers. (..)
C'e qui est certain, c'est que, comme pour Israël, il s'en est fallu d'un fil. J'ai vraiment de la
chance' car mes décisions difficiles me sont rendues plus faciles. Ce qui a été décisif, c'est hier, lundi,
lorsqu'elle est venue me réveiller à 10h en me disant que je devais prendre
l'habitude de la rentrée et de ses exigences. J'ai senti alors un frisson me traverser. (..)En outre
je crois que ce qui l'a décidé, c’est quand je lui ai fait le coup du type qui a des problèmes
psychologiques. Alors, elle a trouvé le motif en or pour prendre la décision sans trop de
difficulté. (..) Enfin, je n'ai pas de regrets, je crois que j'aurais commis une erreur, que
J’aurais été victime de mon inexpérience. (...) J'ai en tout cas appris une chose que
je savais déjà. Il est toujours possible de revenir en arrière. Rien n'est définitif. Il suffit
de vouloir et d'essayer, quels que soient les moyens, d'y parvenir.
7 décembre 74
Chère Marie
Je te remercie de m'avoir écrit pour mon anniversaire. C'est en tout cas à ce moment là
que j'ai reçu ta lettre, la première, je l'espère d'une longue série. Cela me fera du bien de
pouvoir te dire où j'en suis de temps en temps, d'autant que notre amitié a un peu
souffert de ton dernier séjour à Paris, ne serait-ce que par le peu de temps que nous avons
passé ensemble et par les soucis et obligations qui étaient les miens. Reprenons notre
souffle!
Tu me promets une méditation sur les rapports que nous avons eus alors. J'attends avec
impatience de pouvoir te lire. Je ne veux pas anticiper sur ton texte et je préfère en
discuter après l'avoir reçu.
En tout cas, louise et moi nous sommes éloignés l'un de l'autre. Si elle me vient me
voir assez souvent et est assez tendre, son amour pour moi est mort et enterré à ce
qu'il me semble tandis que ce que j'éprouve pour elle, sur certains plans, bien sûr, reste
vivace.
Ce qui a miné notre union plus que toute autre chose, c'est notre manque de sang froid
dans les discussions, devant les problèmes quotidiens, des qualités que j'admire le plus
chez toi, c'est justement de savoir réchauffer l'atmosphère, de ne pas te laisser
entrainer dans des affrontements stériles qui empoisonnent la vie. SI bien que durant
le temps où nous avons vécu ensemble, je me suis senti purifié, plus calme, ne
souffrant plus d'une perpétuelle tension nerveuse (..) Entre moi et Louise, l'accord
existait pour construire quelque chose ensemble mais les moyens faisaient défaut
(...) En sus de cela, entre moi et louise- ce qui n'arrangeait rien et nourrissait justement nos
heurts- une certaine futilité chez Louise qui s'opposait à une volonté de sérieux, de
compétence chez moi. Des malentendus involontaires surgissaient du fait d'un
langage différent: ce que Louise redoute, c'est le "qu'en dira-t-on?" Elle est prête à
faire beaucoup de choses pourvu que personne ne s'en doute. Ce que je n'aimais pas,
c'est le mensonge, l'illogisme. Par conséquent, l'on peut énerver l'autre avec les
meilleures intention : quand je veux expliquer quelque chose, elle croit que je lui veux du mal
et quand elle a certains rapports avec certaines personnes, je lui reproche de vivre
d'illusions avec un peu de sévérité.
Tu vois que j'ai appris quelque chose de mes rapports avec Louise en
particulier, à mieux me connaitre et à savoir avec assez d'exactitude avec qui
je ne m'entendrai pas au niveau du couple.
Je crois avoir besoin d'une fille pleine de sang-froid mais aussi très qualifiée dans le domaine
professionnel qu'elle a choisi. Je n'aime pas les gens qui font de l’à peu près comme
Louise et qui enseignant l'anglais à un aussi bas niveau. C'esr une question de respect
de soi, à mon sens. Quand bien même chercherait-on à compenser cela par la
gentillesse et les combines.
Malheureusement, je n'en connais pas beaucoup dans les milieux que je fréquente : il
me faudrait une musicienne par exemple, très virtuose, ou une chercheuse en chimie
très rigoureuse etc etc. Les variétés sont multiples. Je ne sais pas si toi, Marie, tu
conviens à ce modèle : je crois que tu es plus axée sur les rapports humains que
sur ta propre formation mais si je ne serais pas surpris que tu me détrompes
Gros baisers.
26/11/ 74 journal
Mon nouvel amour, c'est Irène. J'ai passé toute l'après-midi avec elle. Il n'y a qu'un inconvénient,
disons-le d'emblée, c'est qu'elle est déjà plus ou moins engagée. (...)Pour l'instant, je ne sais
pas ce qu'elle pense de moi sinon que a) elle trouve ma voix très musicale et que je m'exprime
très bien b) que ce que je dis est fondamental; ce qui est un compliment pour une fille qui a
fait une maitrise de philosophie. C'est une amie d'Edwige que j'ai connue en 69 et qui ne me
parle plus depuis qu'elle m'a un soir raconté sa vie, soir où vraiment nous avions
merveilleusement communiqué.
C'est effectivement un peu le même genre mais avec beaucoup plus de poésie. Elle a un
sourire extraordinaire, très communicatif, presque hypnotique. Un nez qui évoque un
petit animal, de très longs cheveux qu'elle a tort parfois de natter et une voix très ironique
et chaude Elle n'est pas plus grande que moi.
27. 11 74
Poème à Irène
O toi jaillissement
Qui m'ôtas tant de masques
Tu ne sais rien et tu dis tout
Purificatrice
Serais-tu la dernière muse
Fille du Douanier Rousseau
Tes cheveux (???)
Ton sourire électrique
Mais, ton air de gazelle
Qu'on voudrait caresser
Est un défi à l'homme
Qui saura te dompter
Décembre 74
Danièle K.
Ce nom est peut-être celui de ma prochaine femme. Voilà 3 ans que je la connais. (..)
La première fois que je la vis, (..) je ne peux détacher mes yeux de cette fille en
chandail de sports d'hiver. C'était le coup de foudre.
Elle dégageait une impression de pureté, de simplicité mais aussi de malice et d'humour. (..)
Je me souviens avoir confessé à Annie C. que c'était elle que je préférais (.) C'était un
aveu qui s'éprouvait comme utopique. D. me paraissait hors d'atteinte. J'étais indigne d'elle.
Elle me paraissait comblée. (...) Irène, justement, m'apprit qu'elle n'avait pas tellement de
camarades et enfin, chaque fois qu'on se rencontrait, il y avait une certaine électricité. (..)
D. est une fille très jolie, au type ashkénaze, de taille moyenne, à la voix très spéciale avec un
grain de terroir. Qui vivra verra.
O2 01 75
Très chère Marie aux yeux de jade
Ma première lettre de l’année est pour toi et rien n’est plus normal. Je suis très attaché à toi et à ce
que tu représntes.
J’ai cru comprendre dans ta première lettre- j’attends la deuxiéle- que tu pensais avoir joué un rôle
négatif dans les rapports que j’avais avec « Louisse ». Peut être n’est-ce pas ce que tu voulais dire
mais il est curieux qu’il y a quelques jours à peine Louise- que je vois de temps en temps très
platoniquement- me disait qu’elle avait le sentiment d’avoir défait un lien qui existait entre toi et moi
et que cela lui arrivait assez souvent de prendre un garçon à une fille, cela pour te dire que tout
dépend du point de vue où l’on se place Le fait est certain, c’est que je suis victime de cette
situation ; d’une manière ou d’une autre. Je me sens très seul et je vis sur des souvenirs passés
comme je peux.
(..) Comme je regrette que nous n’ayons pu parler un peu de nous à Paris mais quelque chose dans
ton attitude me l’interdisait. Et je crains d’être passé à coté de la toute petite chance que j’avais ..
Il me suffit pour le penser de relire les lettres que tu m’as envoyées de Damas. On y trouve beaucoup
de tendresse et une minuscule lueur d’espoir de pouvoir être encore quelques heures ensemble. Tu
sais, ce sont ces retrouvailles ratées, lors de ton retour de Damas, qui me pésent le plus sur le cœur
quand je songe à Louise qui est entrée inopportunément dans ma vie, après que je lui aie expliqué
que j’attendais quelqu’un.
Je sais que tu es trop sensible pour répondre à toutes ces remarques qui, je l’espère, ne t’ont pas
trop énervée. Mais j’avais besoin de te dire ce qui se passait en moi.
(..) Il y a un an, Marie, je t’écrivais une de mes lettres hebdomadaires, je crois bien. Il me semble que
je continue, que rien d’essentiel ne s’est produit depuis.
13. 01. 75
Chère Minouche
Tu te demandes peut être pourquoi je prends plaisir à être avec toi. Ne m'as tu pas avoué,
aujourd'hui, que tu ne te trouvais ni très belle, ni très sérieuse?
Je crois que tu es terriblement injuste envers toi-même. Tu possèdes un visage fascinant
qu'on peut regarder pendant des heures sans se lasser. On imagine ainsi Cléopâtre. Tes
traits évoquent toutes les beautés d'Orient depuis l'Inde jusqu'aux Mexicaines de sang maya ou inca.
Ton allure est celle d'une reine dont chacun désire baiser les pieds. Tu envoutes de tes
cheveux de jais, de tes yeux de charbon, de tes lèvres de sang, l'homme qui n'a pas oublié la
beauté antique.
Tu confères à chaque objet la magie d'un culte mystérieux et chaque minute, en ta présence,
résonne comme autant de siècles.
Ta voix mélodieuse enflamme le français et ton sourire câlin et comique à la fois est celui de la
Joconde. On sent un sens inné du beau qui se transmet à tout ce que tu touches ou portes
Vanessa, tu as 18 ans et tu te connais merveilleusement bien, tu sais les forces qui sourdent
en toi sans pour autant employer des formules vaines : tu laisses tout deviner (...) à chacun
le soin de te découvrir. Tu ne lui souffles pas les réponses. Ta vie sera un objet d'art
infiniment précieux, tu sais parler sans blesser, décrire sans salir, savoir sans dessécher, tu refuses
d'entendre ce qui est bas et futile comme si cela n'avait pas existé. Tu fais la sourde oreille à la
laideur.
Heureux l'homme que tu choisiras dans ton voyage! Il aura à ses côtés une femme d'élite qui de
déploiera devant lui tous les trésors du monde, enfantera à la fois des fils aussi beaux
qu'elle et des pages faites pour survivre au Déluge.
Oh, Vanessa, pardonne moi d'avoir si maladroitement voulu t'enfermer dans ces piètres
paroles.
13. 01. 75
Sur Vanessa
J'ai trouvé la femme qui hantait mes rêves
Elle est assise devant moi et me sourit
Elle m'a dit qu'avec moi elle oubliait tout souci
Moi qui harcèle sans trève!
J'avais envie de lui dire combien elle était belle
Que mille jours je pourrais tourner mes yeux vers elle
Et soudain elle m'avoua
Physiquement, je ne suis pas gâtée
Les bras m'en sont tombés!
19. 01. 75
Chers amis
Je tiens à vous souhaiter une bonne et heureuse année 1975 (à défaut de" 5735)
Je garde une sincère amité pour chacun de vous.
J'espère qu'il n'est pas trop tard pour vous adresser mes excuses quant à mes hésitations
inattendues concernant mon union avec Louise à laquelle je reste très attaché. Je crois que la
précipitatiion et le surmenage ont pesé d'un certain poids. Mais enfin le charme a été rompu.
Meilleurs souvenirs
(texte plus long à compléter !)
16 02 75
A Vanessa
Toi qui sors de l'enfance
Si on lit tes papiers
Devant toi, je suis sans défense
Je veux être à tes pied
Toi qui sors de l'enfance
Pour tes frères et tes sœurs
N'es-tu pas un peu en avance
Tu as du manger les heures
Toi qui sors de l'enfance
Ecolière de mon cœur
Je veux cacher ma souffrance
J'irai pleurer ailleurs.
Toi qui sors de l'enfance
Tu entres dans un guêpier
Je te souhaite d'avoir la chance
De savoir bien te marier.
10. 02 75
Hier soir, j’ai raccompagné Vanessa chez ma mère et elle trouvait que c’ était plus facile pour moi de
rester coucher là bas. J’essayai de lui expliquer que ma mère ne verrait pas cela d’un bon œil.
Effectivement, on assista à une démonstratiion assez incroyable qui commença par ma mère entrant
dans la chambre du fond et disant « Bonjour Monsieur » / Moi, je croyais qu’elle plaisantait. Je
répondis « j’ai raccompagné Vanessa » (..) Elle va voir Vanessa et lui dit « Le jeune homme qui est
avec vous, il a ce qu’il faut pour dormir ? Alors Vanessa répond « mais ce jeune homme, c’est votre
fils, Madame ! »
23. 03 75
Le cordon ombilical entre moi et Louise est définitivement rompu. Les illusions sont morted et je vais
redevenir disponible. Je crois que depuis la rupture j’ai laissé passer pas mal d’occasions. Mais
l’image que je garderai de Louise est désespérante. Voilà une fille qui ne veut plus rien avoir de
commun avec moi alors qu’il y a encore deux mois c’est elle qui me téléphonait pour sortir.
Probablement, suis-je devenu plus authentique et les différences ont fait comprendre à Louise à
quel point j’étais différent de ce qu’elle avait imaginé. Je reste très attaché à elle dans la mesure où
je n’ai pas encore trouvé de fille avec qui « sortir » depuiS. C’est ce pas qui me reste à franchir et
j’aimerais aussitôt que possible. ‘(, ) C’est vraiment maintenant qu’il y a rupture. A ce propos, les
modifications peuvent venir à la fois de soi même et à la fois des réactions d’autrui face à des
changements qui nous échappent à nous-mêmes.
Maintenant je sais pourquoi je tenais ce journal intime car je peux y suivre des processus
extraordinaires.
16 04 75
Ma sœur vient de me téléphoner. Elle s’est « provisoirement » séparée de son mari. (…) En tout cas,
je crains de lui avoir porté malheur car la semaine d’avant, j’avais beaucoup parlé de problémes
sentimentaux avec elles… Soyons superstitieux ! Dans un certain sens, il semblerait –cela dit tout à
fait en passant- que quand je suis heureux elle a des malheurs et inversement
Si j’étudie les dix dernières années, ma vie sentimentale est à la fois décousue et
superficielle/
20 avril 75
Brigitte. Cette jeune catholique, médecin, est venue chez moi pour me parler d’astrologie. Elle me
rappelle beaucoup Marie-Claude que j’ai connue il y a 3 ans. La même agilité intellectuelle, le même
enthousiasme dans la discussion. Cette rencontre fut assez frustrante puisqu’à plusieurs reprises, elle
parla de ses problémes sexuels et que je n’eux pas l’a propos de lui dire que j’étais à sa disposition
pour faire l’amour avec elle. Peut être était-ce une question de jour, et que la prochaine fois cela
deviendra possible mais peut être cela tient-il au fait qu’elle n’est pas juive et cela est très
important.
29 avril 75
Chers amis
Depuis le Ier septembre 75, vous n’avez pas eu de nouvelles de moi. Il faut dire que tout a eu lieu de
manière si curieuse et à la fois si soudainement et si légéremen. Si soudainement puisque la veille
nous parlions encore du lieu où se tiendrait le mariage et que nous donnions l’image d’un couple
heureux. Si légérement puisque rien d’essentiel ne provoqua notre rupture, aucun événement
capital. Ce qui se passa aurait tout au plus dû provoquer quelques jours d’énervement et de réflexion
comme il y a en a tant dans la vie d’un couple.
() J’en viens à regretter que Louise et moi ayons été si libres et que les parents ne nous aient pas fait
entendre la voie de la sagesse qui était d’attendre, de ne pas se presser de « rompre ». Enfin, c’est
vrai tout s’est terminé comme tout avait commencé, avec beaucoup d’impulsivité.
Malheureusmeent, il y a eu l’engrenage de la séparation et en ce qui concerne Louise, ce fut comme
si le charme avait été rompu définitivement.
Quant à moi, je ne sais pas si vous le savez, mais dès le début d’Octobre ; je lui écrivias lettres sur
lettres pour revenir sur notre accord – car personne n’impose sa décision à l’autre ; ce qui est
merveilleux entre Louise et moi, c’est que plusieurs fois nous avons vraiment décidé de certaines
choses en même temps, évoluant parallélement sans l’un ne devance l’autre.
J’ai en tout cas été très affecté par ce drame et je ne m’en console pas, plusieurs mois après, surtout
en ces mois d’avril et de mai qui, il y a un an, étaient si joyeux et si pleins de promesses (…)
Enfin, je crois avoir acquis plus de maturité mais cette brisure est une cicatrice et je continue à
espérer que ces moments critiques ne seront avec le recul , pour moi et Louise, que le souvenir d’un
mauvais rêve.
29 04 75
Journal
Le jour de mes fiançailes (avec Louise), ma sœur a eu un accident de voiture suivi d’une grave
dépression nerveuse accompagnée d’une jalousie maladive. Le jour où j’ai parlé de certaines
difficultés que j’avais avec Louise, et qui étaient assez passagères- ma mère a parlé de suicide et a
fait une projection de tous les diables.Printemps-Eté 1975
"Et j'arrachai ma rose..." (19 moments)
Je voudrais raconter l'histoire d'une erreur que j'ai commise il y a peu de mois et que je
ne peux me pardonner et que l'on ne m'a pas pardonné ou plutôt qu'elle (Louise) ne m'a pas
pardonné. Il y a des moments où le souvenir de cette erreur est trop violent, c'est alors que je me
mets à écrire comme pour dévier le coup qui m'est porté.
Premier moment
J'ai besoin de pleurer comme avant. Ensemble, nous pleurions beaucoup et cela soulageait autant
que de crier en faisant l'amour. Je ne peux m'empêcher de penser que l'on a besoin de larmes, d'être
lavé, d'être propre en face de l'autre. Ne pas pleurer, c'es ne pas se donner.
Je sens aujourd'hui ces larmes rentrées me miner pourrir. Il faudrait que je pleure sur
l'épaule d'une autre femme. Je vais essayer avec la fille qui aujourd'hui me tient
compagnie et dont je ne sais encore qui elle sera pour moi. Pleurer est plus grave que
s'abandonner à l'orgasme, c'est accepter d'être complétement vulnérable.
Cette pensée de larmes à répandre me rend soudain plus léger. Quelle est exactement la
vertu des pleurs? Je le saurai bientôt. Parviendrai-je aussi facilement à oublier mon
erreur?
Moment II
Comme elle m'a aimé! Elle avait abordé le mariage- nous allions nous marier- avec un
enthousiasme merveilleux. Il s'agissait bien sûr de recréer ce que des millions de gènes
avaient obtenu avant nous, de se donner le sentiment d'une normalité. Mais ce
classicisme engendrait les gestes les plus nobles, les sentiments les plus puissants, comme si
ces couples innombrables qui nous avaient précédé nous encourageaient, nous léguaient
leur vitalité.
Et puis plus rien! Quand je la rencontre, quelques mois après, elle ne m'aimait plus, elle ne
croit plus au mariage. Le cristal est brisé.
J'ai l'impression d'avoir tué un être vivant, d'être un assassin, bêtement comme lorsqu'une
seconde de folie provoque l'irréparable. Mais dans mon cas, il n'y aura pas d'autopsie,
pas de prison, pas d'inspecteur de police.
Je lui ai demandé mille fois pardon. Je l'ai pressé alors que le temps s'était à peine
écoulé, de reprendre comme si de rien n'était. Et c'est alors qu'elle a trouvé sa
revanche, que la torture a commencé.
Moment III
Certes, depuis notre rupture de fiançailles, elle ne m'a jamais dit ouvertement qu'elle
voulait reprendre mais au cours des six mois qui suivirent, certains indices
trahissaient une hésitation et je suis sûr qu'elle laissait un peu hypocritement sourdre
ses revirements en se gardant toujours quelque issue de secours ou il lui suffisait de dire
que j'avais rêvé.
Et moi, je recueillais religieusement ces miettes d'espoir dans mon journal intime, en
les numérotant, en les étiquetant, en les soupesant comme le ferait un archéologue d'un
vase antique brisé.
1 elle m'a tenu le bras gentiment lors de notre dernière sortie
2 elle a téléphoné de chez moi à sa famille sans s'en cacher
3 elle m'a laissé parler avec son neveu, le jeune fils de sa sœur, que je n'ai pas
revu depuis si longtemps.
4 Elle a montré un cadeau que je lui avais offert à toute sa famille
5 Elle m'a avoué que le mal qu'on avait dit de moi après la rupture tenait à une volonté de la
consoler.
Des pépites d'amour apparaissaient non pas régulièrement mais par fournées séparées
par de longues semaines désertes. Elles voyageaient par troupeaux et je ne pouvais
finalement guère me tromper sur ces observations sinon en constatant un peu plus tard
que je n'avais pas eu le génie de saisir la chance au passage, qu’il fallait attendre une
autre occasion.
En effet, lorsque je tentais une action dans les jours qui suivaient, je me heurtais à un mur
glacial, à ce ton insupportable qu'elle sait prendre avec les gens. C'est cela que j'appelle
une torture.
Tout avait commencé lorsqu'après la rupture qui s'était effectuée dans des conditions où
l'amour de l'un pour l'autre ne faisaient pas de doute mais où nous concluions à une
certaine impossibilité, elle revint à moi, à peine quelques semaines plus tard.
Et c'est alors que tout se mit à se déchirer dans mon cœur, qu'elle me prit et me laissa,
selon son bon caprice. En se contentant de jeter "Eh bien, j'ai changé d'avis"
On eut dit que cette rupture avait bouleversé toutes ses valeurs morales et qu'elle ne croyait
plus à rien, qu'en tout cas, elle ne me respectait plus, ce qui était une façon de ne plus
se respecter elle-même.
Elle vint donc, un soir, s'offrit à nouveau à moi. Et ce furent quelques jours où elle fut
charmante et ravissante. J'insiste sur la simultanéité de ces deux qualificatifs car son
humeur et son physique allaient très souvent de pair. l'un confirmant, manifestant
l'autre.
Si elle n'était pas revenue, je crois que l'affaire aurait été classée sans trop de heurts mais
le supplice du chaud et du froid, au long de mois entiers, m'affecta nerveusement. Jamais, elle
elle ne m'écrivait qu'elle m'aimait encore, jamais elle ne m'écrivait qu'elle ne m'aimait
plus, ce qui , la connaissant, était un engagement plus sérieux qu'une simple parole.
Je ne crois pas, à vrai dire, que cette torture fut pratiquée consciemment par elle. Elle
ne faisait qu'exprimer le flou de ses idée et de ses sentiments. Chez moi, ce flou
n'apparait pas à la surface, il circule longtemps en filigranes trop subtils derrière un
comportement qui reste à peu près le même. Chez elle, il y avait des jours avec et des
jours sans.
En revanche, je la soupçonne d'avoir essayé par tous les moyens de me faire oublier
comment elle se comportait avant la rupture et lors de la rupture. Mais cette
tentative là est vouée à l'échec, le présent n'ayant pas vertu pour se substituer au passé.
Moment IV
J'ai essayé de parler de mes problèmes avec la fille que je connais en ce moment; Ce fut
peine perdue. Jamais, je ne me suis senti aussi mal à l'aise. J'ai l'impression qu'elle me place
sur un piédestal de façon malsaine et que tout ce que je pourrai lui dire la choquerait
infiniment à telle enseigne que les questions les plus anodines qu'elle me pose sur moi,
j'ai la forte tentation de ne pas y répondre.
Il n'y a donc pas de communication entre nous, au départ alors que j'ai connu de
nombreuses filles avec lesquelles cette communication s'effectuait bien plus vite. Je crois
que l'origine en est que cette fille n'est pas juive et qu'elle est d'un milieu qui ne lui a pas
permis-dit-elle de suivre des études universitaires. Elle me force à porter un masque
et j'en souffre profondément car en ce moment j'aimerais avoir quelqu’un avec qui je
puisse pleurer.
J'ai essayé de lui parler notre absence de communication et en quelques minutes je suis
arrivé à la bouleverser complétement.
Avec ma fiancée - comment l'appellerais-je autrement quand je contemple cette photo
si touchante?- l'amour sexuel était une cérémonie qui ne devait jamais se bâcler et elle
connaissait mon passé avec minutie, presque trop puisque parfois ce passé retentissait
sur le présent. Elle me demandait si telle autre fille faisait aussi bien l'amour, si j'étais
heureux etc. Mais c'était sérieux, c'était pour la vie!
Nous n'étions pas raisonnables. Je ratais des cours, elle se couchait à des heures impossibles
et cela nous mettait les nerfs à fleur de peau mais cette exaltation était une folie
d'amour et notre bonheur vampirisait tout le reste.
Nous n'arrivions pas à nous séparer, les soirées trainaient sans fin et il ne se passait
pas un jour entre deux rencontres. Croit-on un instant que j'exigeais moins d'un amour
futur alors que cet amour si fort ne m'a pas suffi? Ou que du moins il fut un moment mis
en échec et que ce moment emporte tout.
Moment V
Je m'aperçois de sa finesse psychologique quand je ne peux que constater que c'est elle
qui a provoqué aussi bien les fiançailles que la rupture : par "provoque"" j'entends mettre
la dernière main.
Un jour, où nos rapports sexuels semblaient ne rien donner, nous avions pris la décision
de prendre un certain champ l'un par rapport à l'autre. Nous étions allés nous asseoir
à la terrasse d'un café voisin pour nous détendre un peu, penser à autre chose.
Et puis, pour je ne sais quelle raison- peut être téléphoner?- elle était remontée chez moi
et j'avais été pris d'une forte angoisse à la voir s'éloigner. J'éclatai en sanglots et je lui
dis que je me sentirais mieux si j'avais la certitude que quelque chose de solide
existait entre nous par-delà nos problèmes du moment.
Et je me souviens qu'elle parla de fiançailles, de marquage et que d'un hoquet de pleurs
J’acquiesçai. Alors, il fallut mettre toute la famille au courant, séance tenante, des deux côtés.
L'engrenage était amorce. On se connaissait depuis moins d'un mois.
Et quand nous avons rompu, ce fut le scénario inverse. Nous allions nous marier, c'était
comme si c'était fait. Tout était mis en route. Et pourtant, il suffit d'un jour de doute
pour que tout s'écroulât./
Le matin, j'avais découvert en marchant à côté d'elle qu'elle était plus grande que moi, comme si je
ne le savais pas et elle faisait une grimace qui ne la rendait pas spécialement
séduisante.
J'avais beaucoup de doutes dans la tête mais le pour et le contre allaient quand même
en faveur de notre union. JE savais que je n'irai jamais jusqu'à la rupture.
Mais elle me mit au pied du mur d'une façon machiavélique. Le soir, en rentrant, elle
fut spécialement adorable et affectueuse et elle finit par me dire qu'on devrait se
séparer mais bien sûr en restant toujours très très proches. C'était l'idéal dans un certain
sens: avoir son amour, sans devoir passer par le mariage, en attendant.
Sa belle-sœur devait téléphoner le soir même et elle apprit la nouvelle de première main.
Il n'en fallut pas plus. Nous n'avions pas eu une nuit pour réfléchir à la situation de
rupture, nous n'avions pris conseil de personne. Quand je pense à cette journée, je sens
que je deviens fou, que je vis un cauchemar de mauvais goût. Et pourtant, c'est de
ma faute.Si je savais boire, je boirais.
Moment VI
Pourquoi ne m'a-t-elle pas pardonné? C'est cela que je ne peux comprendre. Si elle
m'avait aimé vraiment, n'aurait-elle pas accepté de me reprendre? Je me demande si
les Juifs savent pardonner les fautes. Ai-je pardonné à ma mère ce qu'elle m'a fait en dépit
de ses tentatives tardives pour se rattraper? Ce goût de culpabiliser, d'avoir un alibi
pour haïr, pour ne pas aimer, pour mépriser.
En fait, elle m'avait pardonné. J'oublie que nous avions décidé de garder notre
indépendance encore quelque temps et que je ne pus supporter cette indécision et lui
demandai d'accepter que nous nous marions tout de suite C'était dans un café d'Auteuil.
Elle accepta que nous annoncions à sa famille que la décision avait été prise. C'est vrai, une
fois déjà, elle avait excusé mes hésitations.
Mais ce qu'elle ne put accepter, c''est après la rupture d'avoir lu en secret mon journal que
je lui avais toujours caché et d'y avoir découvert mes doutes inscrits depuis le début
de notre amour. Elle prit cela pour de l'hypocrisie, de la fausseté. Nous avons en fait
rompu après la rupture.
Moment VIII
Je me réveille et presque aussitôt je comprends quelque chose qui m'avait jusque là
complétement échappé. Je découvre enfin ce qui s'est vraiment produit le jour de la
rupture.
Le matin, elle me réveille d'assez bonne heure. Nous devions aller choisir la synagogue
et nous inscrire auprès des institutions juives, au Consistoire.
Nous avions choisi une synagogue, celle de la rue Buffaut, qui était en réfection, il nous fallut
en choisir une autre. L'employé n'était pas pressé de prendre nos noms." Vous avez
le temps" disait-il. Vous pouvez encore réfléchir. Le malheureux, il ne savait pas que
nous comptions sur lui pour franchir le pas décisif vers l'union officielle, que nous avions
besoin de lui pour que l'engrenage nous aide à aller jusqu'au but. Je me souviens encore
d'une certaine angoisse dans ma voix. "Mais vous ne voulez pas nous inscrire?" pensik
Comme cette angoisse était justifiée! Car au sortir de là, la tension intérieure chez
chacun de nous qui aurait dû cesser de par l'engagement devant les institutions était
toujours présente et insupportable.
Il fallait alors qu'elle cessât d'une autre façon. Et c'est le chemin inverse qu'en cette
journée nous parcourûmes. Une voie ne s'offrait pas, il fallait opter pour l'autre. Tout ceci
se dévoila plus ou moins à notre insu mais à la fin du jour, le mariage s'était
définitivement éloigné. O, employés de mairie et assimilés savez -vous ce que les futurs mariés
attendent de vous?
Moment VIII
Une rupture de fiançailles, c'est exactement le contraire d'un divorce. Ce n'est pas un
excès d'optimisme qui déchante mais une peur de l'avenir qui n'est pas surmontée.
C'est la déflation plutôt que l'inflation.
Un livre joua un rôle dans mon itinéraire affectif, je l'avais trouvé sur le quai de la gare
de Rouen, "le Philosophe de Poche. Je l'achetai pour passer le temps et je feuilletai
les pages sur l'Amour, sur le Mariage. Et l'auteur, foncièrement misogyne semble-t-il
avait écrit ce qu'il fallait pour dégoûter un jeune intellectuel de la pratique du mariage, en
soulignant les pentes à l'abêtissement. Et pendant mon voyage de retour vers Paris, son venin
avait commencé à circuler dans mes veines.
Cela peut paraitre stupide mais il y a des livres qui marquent de façon inattendue
pourvu qu'on les lise à un certain moment. Et en arrivant à Paris, je n'étais plus
exactement le même. J'avais récupéré mes appréhensions d'adolescent de classe de
philo qui cherche les meilleures raisons du monde pour fuir la femme.
Moment IX
En dehors de sa dureté et de son repli sur soi, mon ex-fiancée me surprit agréablement
après la rupture.
Certes, elle avait rejoint d'anciens amis au bout de peu de temps mais je m'aperçus que mon
choix n'avait pas été si mauvais, je veux dire par là qu'elle recélait des dons latents qui
n’étaient pas évidents au premier abord chez cette petite institutrice qui habitait un studio
médiocre et d'un goût quelconque et qui était toute fière d'avoir pu acheter une voiture.
D'abord, elle apprit avec un de ses neveux à jouer aux échecs et se révéla franchement
une fine partenaire, ce qui me fit modifier mon opinion sur une intelligence que je croyais
plus bornée.
Ensuite, elle décida de déménager et trouva un deux pièces qu'elle arrangea complétement non
seulement avec une inspiration incontestable mais en outre de ses propres mains.
Décidément, la rupture avait été un coup de fouet tonique et je me sentais pris dans le
dilemme de la voir épanouie- ce qui me déculpabilisait- mais aussi me donnait de
pénibles regrets. Si j'avais su...
Peut-être est-ce que je me trompe mais il me semble qu'un mariage- ou même une
union plus ou moins libre- est une pesée respective des deux personnes concernées
On additionne-selon une arithmétique à la fois mystérieuse et fort précise, le charme,
l'intelligence, l'argent, les diplomes, les amis, la propreté, les possibilités d'avenir etc. et quand
on a l'impression que la balance ne se fait pas en notre défaveur, on entame les
négociations. Parfois l'on commet une erreur en surestimant tel ou tel atout de l'autre ou
au contraire, on sous-estime les cordes qu'il a à son arc et on laisse passer une affaire.
En tout cas, j'ai toujours cru que moi et ma fiancée nous jouions à ce jeu.
Moment X
L'ennemi que ma fiancée devait affronter au premier chef était un certain type de fille tout
comme je dois craindre un certain type de garçon.
Ce type de fille, c'est la Sainte Nitouche, pure, noble, au port de reine, sachant
par un sourire obtenir beaucoup plus que d'autres en s'offrant tout entières.
J'ai connu deux filles comme cela et j'étais prêt à tout pour elles. J'admiraos leur
silence hautain, leur calme aristocratique et je me sentais un valet, juste bon à leur
offrir quelque cadeau et à satisfaire leurs quatre volontés.
Et notre couple fut menacé par ces deux filles, une fois avant la rupture, une autre fois après.
La première fillle avec laquelle j'avais fait l'amour, un an environ avant de rencontrer
ma fiancée était de cette race de femmes.
Je les fis se rencontrer toutes les deux et ce fut un choc extrêmement violent en dépit d'une
inexistence presque totale de contact entre elles deux.
Dès ce moment-là, je fus partagé dramatiquement, entre mon amour pour celle qui
devait être ma femme et cette fille qui avait sur moi un grand ascendant et qui ne m'avait
pas caché qu'elle trouvait ma fiancée assez médiocre, indigne de moi.
Comme j'éprouve une confiance presque aveugle en ce genre de filles, il ne faisait
pas de doute que la partie pour ma fiancée serait difficile.
De mon côté, je sais que certains garçons m'éclipsent auprès des femmes, par leur
apparence de jeune premier athlétique.
Or, ma fiancée était légèrement plus grande que moi et au lieu d'apparaitre fragile et
mince, elle avait l'impression d'être énorme, de me couvrir. Il est vrai que certains
gestes se font mal quand on marche dans la rue avec une femme que l'homme ne
domine pas légèrement.
Moment XI
Pourtant le décalage n'apparut que dans une circonstance très particulière. Il suffirait
d'observer la photo de fiançailles pour montrer qu'une harmonie certaine existait entre
nous.
Qu'arriva-t-il?
Moment XII
Je suis à parti à Rosay en espérant qu'un miracle se produirait. Car pour moi, il y a une
mythe de Rosay. Depuis qu'en Juillet (74) un soir que je travaillais à un livre, elle
est venue me trouver pour me demander en mariage ; elle était prête à accepter
n'importe quelle condition pourvu que j'accepte. Mais j'ai temporisé car j'étais inquiété
par les discussions sans fin qui sévissaient entre nous. Je me souviendrai toujours
de sa tête apparaissant à la fenêtre et me faisant peur car il faisait noir. Elle avait
fait le chemin depuis Paris. C'était très romantique.
En partant pour Rosay, je nourris la pauvre illusion que tout va reprendre, que sa
voiture paraitra à l'horizon et que tout recommencera comme si rien ne s'était passé.
Sa ruse, c'est d'agir en sorte que je ne puisse plus imaginer qu'un jour, elle se conduirait bien
différemment. Mais elle n'y parvient pas, ma tête est trop pleine des souvenirs
d'avant et puis j'ai des lettres d'elle qu'elle n'a pu me reprendre à la différence des
photos qu'elle m'a presque totalement confisquées.
Il serait trop long et hasardeux d'essayer de comprendre comment depuis la rupture, la
situation s'est dégradée. A vrai dire si c'était à refaire, je ne sais pas très bien les fautes
que j'aurais dû éviter pour la voir s'éloigner toujours plus. Et pourtant ce qui me rend
malade, c'est qu'il devrait y avoir un moyen pour la reprendre Mais lequel? Quelle
manœuvre géniale aurais-je dû tenter? J'ai cru bien naïvement que la rupture n'était
pas bien grave et qu'il serait toujours possible de reprendre la situation à froid. Il
faut dire que j'avais fait mes preuves puisque à la veille de notre rupture irrémédiable
j'avais réussi plus d'une fois à rétablir le contrôle. Mais je crois qu'elle avait peur de
sa famille jusqu'au moment où elle s'est aperçue que ses parents s'en moquaient.
La preuve en est que notre rupture a engendré chez elle une totale révolution : son image de la
femme bénéficiant de tous ses droits et devoirs- comme dans une image d'Epinal- fut
brisée et remplacée par la fille libre qui se débrouille toute seule. Je crois que le
problème est là : elle m'a échappé parce que toutes ses valeurs ont été bouleversées.
Elle a échappé à l'empire de sa famille.
Pourtant, c'est merveilleux une jeune femme qui est décidée à vivre complétement un
certain rôle de femme. Il est dommage que cela se perde car beaucoup de vertus en
dépendent
Moment XIII
Ma mère a joué un rôle très négatif dans ma relation préconjugale. Elle était
littéralement amoureuse de ma future femme et j'ai craint bientôt de la voir interférer dans mon
ménage d'autant plus aisément que je subissais encore une certaine dépendance
matérielle.
Peu avant ma rupture, je lui parlais de mes inquiétudes sentimentales et elle ne trouva
rien de mieux que de parler de suicide alors que rien n'était encore décidé. Cette
réaction passionnelle - fortement teintée de réminiscences personnelles - a remplacé
quelques calmes conseils qui ne m'auraient pas fait de mal.
Ce qui est curieux, c'est qu'après la rupture, les relations entre ma femme - celle qui
faillit l'être mais cela me plait d'écrire "ma femme" d'autant plus que moralement elle accepta de
l'être par un échange de télégrammes- et ma famille restèrent excellents. En
particulier, ma femme devint une très bonne amie de ma sœur qui ne fit pas un geste
pour plaider ma cause. En revanche en ce qui me concerne je n'ai pas eu l'occasion de
revoir quiconque de la belle famille
Moment XIV
Quand je pense à la rupture, je peux difficilement croire en la fatalité car d'une part il est de
multiples détails qui eussent suffi pour enrayer le drame. Ainsi, une lettre que j'avais
écrite avant la rupture et que j'ai retiré de la poste avant qu'elle ne parte. Elle me dit
plus tard "pourquoi ne me l'as-tu pas envoyée?"
Ce qui me traumatise tout particulièrement c'est que je suis convaincu d'avoir gaspillé
mes chances, que n'ai rien à lui reprocher. J'ai été odieux avec elle. Mais elle me l'a
bien rendu en reniant notre amour par la suite, chose que je n'ai jamais faite.
Le soir de la rupture, après avoir merveilleusement fait l'amour, ne m'avait-elle pas
demandé :" alors qu'est-ce qu'on fait? On rompt toujours?" Mais j'avais fait un stupide
pari avec mon ancienne amante Je voulais prouver que si je le pouvais, je pouvais me
dégager de l'étau quand je voulais. Et le lendemain de la rupture, je lui ai téléphoné pour
lui dire d'un ton triomphant :" ça y est, je l'ai fait:"
Je ne savais pas ce que c'était qu'un chagrin d'amour. Si j'avais su ce qui m'attendait
-comme un enfant qui se brûle avec le feu- je n'aurais pas joué avec mes sentiments.
On arrive bien vite au suicide sur cette pente!
Moment XV
Ce qui est curieux, c'est que plus l'un de nous se sent fort et plus il pense pouvoir se
passer de l'autre. Comme si le mariage était une faiblesse qui n'est permise que
lorsqu'on a le cafard. (..)
Moment XVI
D'autant que je ne suis pas un jeune premier et qu'après que ma femme m'ait donné
une certaine dimension, je me suis retrouvé un petit jeune homme assez défavorisé
par la nature, pas très grand, les dents mal plantées, affligé d'une acné persistante bien
que l'adolescence s'éloigne et aux mains tremblantes pour je ne sais quelle raison.
J'ai certes un certain charme plutôt oriental, des cheveux bouclés, des yeux
intéressants et un allure assez remarquables. Enfin, on aime ou n'aime pas. (...)
J'ai cru bêtement que je pouvais voler de mes propres ailes et je n'ai pas compris que
ma nouvelle force, je la lui devais en grande partie. C'est l'oiseau qui attaque la
branche qui le soutient.
Enfin, je me rassure en me disant que ma vie sentimentale et sexuelle n'a que deux ans et
que durantr ce laps de temps, j'ai eu trois maitresses attitrées qui ont duré, que ma sœur
et ma mère connaissent. J'ai beaucoup appris sur leurs caprices et je crois les
comprendre.
D'ailleurs je crois que je donne une forte impression de sérieux et de sécurité. Je suis
un magicien que l'on vient voir pour sortir de la caverne. Mais souvent je m'acharne à
modifier cette première impression en révélant mes faiblesses. Peut-être parce que j'en
ai assez qu'on me prenne pour un être abstrait et incorporel, insensible , c'est un tort car une
femme doit être capable de me deviner sans que j'aie à fournir des gages et d'ailleurs
il vaut mieux qu'elle s'imagine que cette fragilité est le résultat de son activité érosive
et non qu'elle préexistait.
Moment XVII
Oui, Monique eut été la femme qui me convenait. Mais je me dis qu'elle n'est pas
un échantillon introuvable. Je possédé ses signes distinctifs. Il ne me reste plus qu'à
trouver son sosie.
Je crois qu'elle doit être assez tatillonne, habillen active, ayant le goût de l'efficacité, ayant
toujours de nouveaux projets. Non, je ne veux pas d'une femme qui se gausse de mots, qui
émet des vœux pieux, qui n'aide pas leur réalisation, qui passe sa vie à caresser des rêves et qui s'en
satisfait.
Louise est une fille que je sentais, dont les problémes étaient précis, peut être un peu trop pour moi
mais je m’identifiais avec ses désirs. (…) C’était une fille qui était très disponible. Plutôt que de
renouer avec le passé, elle ajoutait, elle introduisait de nouveaux facteurs dans son emploi du temps.
(…)
Moment XIX
J’avais changé le pronom de Monique en Louise. Acte symbolique de grande portée qui , je crois, la
métamorphosa pendant quelques mois jusqu’à ce qu’elle reprenne l’horrible nom de Monique avec
probablement le caractère qui l’accompagne. (..)Après que nous ayons rompu, les deux prénoms
cohabitèrent dans la bouche de notre entourage de façon assez confuse , avec des guillemets, des
hésitations jusqu’à ce que le prénom de Louise se soit complétement évanoui Je vais finir par croire
qu’avec le prénom l’être que j’ai aimé a peut être lui aussi disparu. (..) Le jour où je lui appris que
j’avais une liaison, Monique se déclara ravie, probablement soulagée de ne pas m’avoir comme
fardeau à assumer. Dès lors, nos relations auraient du se normaliser , se dédramatiser/ Ce ne fut pas
le cas, semble-t-il. Je crois de toute façon que lorsque son moral monte, elle s’éloigne de moi et
lorsqu’il descend, elle se rapproche. (..) Je n’ai pas à être sarcastique car je procéde moi-même ainsi.
30 avril 75
Il s’est passé quelque chose de très important puisque c’est probablement l’amorce d’un événement
affectif qui marquera les mois suivants. Nicole est venue à l’improviste ce soir.Elle avait les cheveux
courts.Elle me tint un langage assez curieux sur la sincérité de mes relations et je finis par lui prendre
la main.Elle va réfléchir mais elle décidera peut être de vivre quelque chose avec moi. Noud nous
sommes embrassés après que je lui aie acheté un bouquet de muguer.
2 Mai 75 Nicole (non envoyé)
Nicole!
J'espère que tes réflexions tournent dans la bonne direction. Je ne t'ai pas dit grand-chose
la dernière fois mais je voudrais que tu comprennes que tu as dit tout haut ce que je pensais
profondément/ E, fait tu m'as coupé l'herbe sous le pied mais sache que tes mots m'ont
fait un plaisir immense et j'ai été un peu lâche de te laisser faire le plus dur du chemin.
Mais il fallait bien que l'un des deux le fasse. Peu importe celui qui s'en est chargé
Si j'ai écouté ce que tu voulais me faire comprendre- et déjà la fois d'avant j'ai senti
que tu percevais que nous vivions pas ensemble tout ce qu'il y avait à vivre et il s'en est
fallu de peu - si je m'étais senti un peu mieux dans ma peau à ce moment là - que je dise ce que t'ai
dit l'autre jour- c'est une bien grande joie.
Tu as été surprise de ma réaction -cette main que j'ai mise sur la tienne. Mais c'est
simplement parce que tes mots avaient trouvé un terrain tout prêt pour qu'ils germent. Ce
décalage entre ce que tu as dit et ce que j'ai fait, c''est précisément le chemin qu'à mon tour j'ai
voulu que nous parcourions.
L'amour se vit à deux. L'un n'a pas à être le reflet de l'autre mais aller toujours plus loin.
Je ne sais pas jusqu'où cela ira mais peut être beaucoup plus loin que nous ne l'imaginons.
Mystère!
Sache que lorsque tu m'as téléphoné pour la première fois en janvier, ta voix m'a remué
par sa fraîcheur et je me demandai en t'ouvrant la porte à quel joli visage cette voix
pouvait appartenir.
Je crois que beaucoup de mes énervements ou de mes erreurs pédagogiques furent dus
à ce que j'éprouvais pour toi. Je te surprendrai peut être -car tu ne me connais pas très bien- mais je
me retrouve en toi, je retrouve ce qu'il y a au fond de moi-même et j'espère que si
tu acceptes que nous vivions ensemble un amour, tu le découvriras vite.
J'ai beaucoup pensé à toi depuis l'autre jour et il y a quelque chose qui me retient très fort, qui
m'attache à toi et je crois que ce qui va se passer aura déjà été préparé, petit à petit, depuis
notre première rencontre. Il n'y a pas de précipitation mais une évolution naturelle.
Avec tes cheveux courts et ton visage pur, tu corresponds à ce que je voudrais être, si
j'étais une fille. Je suis sûr que je te rendrai très heureuse car bien que j'aie eu plus de chance
que toi, je me sens très proche des problèmes auxquels tu te heurtes et je suis de tout
cœur avec toi. Vien me voir! Je t'embrasse.
4 mai 75 Nathalie
Une fille au charme très particulier. Apparemment pas du tout le genre de Nicole. C’est une juive
polonaise qui fait beaucoup penser à une gitane par son facies longiligne et son nez qui ressort. Au
fond elle ressemblait assezà Louise avec plus de classe et d’originalité et peut être un peu moins de
féminité. J’ai passe toute la soirée à ses côtés en parlant d’astrologie et finalement surtout d’elle-
même. (…)Elle dégage une impression très spéciale, un peu envoutante et je retrouve ce caractère un
peu inquiétant chez moi-même.
10 Mai 75
Nicole s’est rendue chez moi ce soir. Cela avait mal commencé et on n voyait pas très bien ce qui
allait se passer. (…) Elle me reprochait de lui avoir écrit une lettre trop enflammée. Bref, la situation
semblait bloquée et notre passage au Parc Montsouris ne fut pas un succés, elle fut assez agressive à
mon égard. Quand nous revinmes à la maison, cela ne s’améliora pas et tout semblait faussé. On
écouta quelques disques dans la géne et puis je lui parlais du jeu des échecs et elle me dit qu’elle
aimerait apprendre. J’allai prendra le jeu et en le ramenant je me mis à l’embrasser et cela se
termina au lit. En une seconce tout fut changé et elle fut emballée. Elle me dit qu’elle n’avait jmaais
joui autant alors que moi, cela ne fut pas très fort et je cherchai vainement à la pénétrer. (..) Mais le
plus drôle de l’affaire est que Louise me téléphona à un certain moment pour m’inviter (…) Cela me
rappelle la fois où j’étais avec Vanessa, un samedi soir, Louise me téléphoa et j’eus le même
probléme bien que cela n’alla pas aussi loin malheureusement.
11 mai 75
Ma Lou
Excuse moi pour hier mais j’étais dans une situation assez difficile et je ne pouvais te parler au
téléphone comme je l’aurais voulu car je n’étais pas seul. En fait, j’étais avec une fille. J’ai reléve ton
défi et j’ai couché avec une fille (..) Elle s’appelle Nicole. Je te raconterai comment cela s’est passé
dès que tu auras une minuté à me consacrer. (..) Ce que j’ai fait ne change rien à mes sentiments
pour toi et je dois même die que tu avais raison, cela ne fait que les renforcer car l’amour peut être
souvent triste ou « gentil » avec certaines personnes. Il y manque un certain piment qui je crois
existait entre nous.
J’espere que tu ne m’en voudras pas de cette infidélité qui n’est que la volonté de te montrer que je
suis un homme et que je n’ai pas froid aux yeux. Je crois que si tu me rencontres, tu me trouveras
changé et beaucoup plus sûr de moi. (..) Quant aux fiançailles, j’aurais aimé que cela se fasse avec un
peu plus de cérémonie, que nous soyons au centre de l’événement et que, à un moment don,né, on
s’arrête pour nous féliciter devant tout le monde. En fait, ce fut un simple cockail où je fus assez
frusté et eus le sentiment d’être considéré comme quantité négligeable. (…)Mais je te dis tout cela
en m’illusiionnant une fois de plus sur le sentiment que tu éptouves à mon égard. C’est malheureux
de ne pas savoir où tu en es. Mais peut être prends tu ta revanche d’une époque où les rôles étaient
plus ou moins inversés. C’est normal et je ne t’en veux pas car j’aime ceux qui savent se défendre
comme tu l’as appris. (…) Voilà ce que je voulais te dire en ce mois de mai. J’aurais préféré te le dire
de vive voix hier soir mais je n’ai pas pu me libérer, ce qui m’a un peu gâché ma soirée. () Oui, c’est
drôle, ce coup de téléphone car, si tu t’en souviens bien, tu m’avais dit que tu ne désirerais me
revoir que le jour où je serais « sorti » avec une fille et quelques minutes après que l’acte ait été
accompli, j’entends une sonnerie et qui me téléphone ? Toi ! Signe du destin !:
13 mai 75
Ma Nicole
Tu me manques beaucoup. Je crois que mon cœur qui s'était un peu durci est en train
de fondre à nouveau grâce à toi. Je veux t'aimer, je veux que tu comptes pour moi. Je veux
me donner à toi, plus, bien plus que ce qui fut jusqu'à présent.
N'aies pas peur de vouloir m'apprivoiser, aie confiance en toi et bientôt l'eau deviendra
toute limpide.
22 Mai 75
Mi mai 75
Réflexions sur l’amour
Je crois que fin janvier, j’ai laissé passer une occasion avec Louise comme en août. Dans un cas, ce fut
à cause de Marie-Andrée, dans l’autre à cause de Vanessa. (..) J’ai assisté au mariage d’Iréne et de
Jacques aujourd’hui- j’étais le témoin d’Iréne- et leurs deux « oui » m’ont bouleversé quand j’ai
pensé que je fus à deux doigts de faire moi-même avec Louise le même chemin. Et je me suis dit que
me marier avec Louise aurait été assurément une source de bonheur.
L’amour, qu’est ce que c’est ? Est-ce quelque chose qui s’use, se renouvelle comme une théorie ? Je
crains de devenir blasé, de ne plus éprouver d’émotions profondes- mais simplement tiédes- à aimer.
Je crains de perdre le pittoreque, le piquant pour faire de l’amour une opération intellectuelle. Après
tout, pourquoi pas ? Pourqoi pas ? ( ..) En tout cas, je vais en Israel pour trouver l’aventure pour vivre
l’exotisme, le romanesque. Je crois que bien des choses passionantes peuvent encore être espérées.
Mais ce que je ne supporterai pas, c’est de refaire en moins bien ce que j’ai vécu avec Louise (comme
cela semblerait être le cas pour Nicole=)
Biser l’écorce
Les barrières de béton
Enormes
De l’habitude
Et gémir d’un geste juste
Qui met fin au jeu trop gentiel
Ne jamais s’endormir
Gros jean comme devant
Surprendre l’embyon
Dans ses premiers soupirs
Salir l’Immaculée
Conception
S’ouvrir
L’irruption
Noir feuillage de lin
Sur un temple de Grèce
Je la sentis frémir dans sa sauvagerie
Par quel sortilége serait-elle mienne ?
Où l’avais-je inventée, ma déesse ?
Agneau perdu et calin
Qui restera quoi qu’il advienne
Une intouchable féérie
Irruption d’une promesse
Dans la vie d’un souverain
Que venais-tu faire à Paris
Là où régne l’antienne ?
Secret
Aimer
Celle qui t’ignore
Oublier
Quelques remords
Parler
Au dehors
Sacrifier
Un corps
Cesser
Ma comédie
Se fier
A la poésie
Espérer
Qu’elle a compris
Partager
Sa vie
30 mai 75
Décidément, Vanessa joue dans ma vie le rôle de la femme fatale. Elle avait déjà été responsable de
mon inattention au mois de janvier aux espérances de Louise qui s’était rapprochée de moi. Cette
semaine, elle a pour ainsi dire provoqué ma rupture avec Nicole. Vanessa m’avait téléphoné qu’elle
aurait bien voulu sortir avec moi ce soir là. J’ai été tourmenté par cette idée et ma patience à l’égard
de Nicole a fait long feu et Dieu sait si cela n’est pas complétement terminé entre nous. (.) Vanesa
me fascine et me fait oublier toutes les autres filles. A 18 ans, elle est le charme même et sa voix est
adorable et elle a beaucoup de personnalioté mais c’est très spontané. (..) A présent, je sais que si je
n’avais pas rencontré Vanessa, il y a de fortes chances que j’aurais repris Louise. Idem pour Marie-
André qui a pas mal de points communs avec Vanessa, me semble-t-il.
Vanessa
09. 06. 75
Charmante Vanessa
J'avais peur que tu me reproches d'avoir écrit "Baisers" à la fin de ma dernière lettre et toi tu n'as vu
que le ton d'une circulaire/ J'avais craint que certains de mes poèmes ne te semblent
trop directs - car il en est qui datent de bien peu de temps- et tu n'y as vu que des exercices
d'esthétique.
Décidément, que contresens et de malentendus de part et d'autre. Mais je crois que cela
a son charme et rarement je ne me suis senti aussi fortement exister que lorsque tu me
parles de ma "différence", me forçant à saisir l'essentiel de mon être sans m'arrêter à quelques
sourires trompeurs. mais qui ne te trompent pas, toi. Mais je souffre
quand même un peu de cette étiquette que tu me mets sans vouloir l’admettre tout à fait et
je finis par entrer dans ton jeu et de refléter ce que tu souhaites que je reflète. C'est un piège
dans lequel je suis déjà tombé dans mon enfance, grâce à certains clichés que ma
famille me renvoyait de moi.
Je suis sûr que si tu m'imaginais un peu plus doux, un peu plus gentil et un peu plus
vulnérable, tu découvrirais aussi cela en moi. Non pas que je ne sois une girouette qui
tournerait dans le sens du vent mais je préfère qu'on me cherche, qu'on me découvre, qu'on
me devine et je crois que ta perspicacité s'est parfois trouvée en défaut.
Je regrette profondément que l'année soit passée si vite et qu'au moment où il me semblait
que nous pourrions communiquer plus facilement, quand tu es venue habiter chez ma mère cela a
mis brutalement fin à un dialogue qui n'était qu'à peine amorcé
Je t'ai parlé dimanche dernier de ma vie sentimentale, de mes fiançailles rompues
bêtement. Mais, en décembre 74, quand je t'ai rencontrée, c'était une histoire encore toute
fraîche, à peine de trois mois et tout était encore possible, beaucoup d'indices le montraient
Or, en voyant le genre de fille que tu étais, je me suis dit que de toute façon
j'avais eu raison d'hésiter au sujet de ma fiancée et qu'il y avait une autre dimension féminine à
découvrir et j'ai pensé à Israël d'où tu viens et que tu incarnes malgré ton Maroc natal plus
que beaucoup d'autres filles
Et voyant que je ne te laissais pas indifférent, que nous étions de "bons copains" j'ai décidé de
passer l'année en Israël à la recherche de ma femme. Baisers.
10 juin 75
Vanessa se comporte curieusement à mon égard et je ne sais encore ce qu’il faut en pesner. Mais ce
serait assez encourageant. Elle m’a reproché de lui écrire des poémes et des lettres trop froids. Alors,
moi, je lui ai écrit une lettre beaucoup plus directe et je ne sais comment elle va réagir. L’autre soir
(..) elle m’a demandé de lui parler des fiançaielles dont elle avait entendu parler par hasard. Je lui en
ai parlé mais semble-t-om avec un peu trop de détachement car elle m’a dit qu’elle ne se serait pas
exprimée de la même façon. Pourtant j’avais insisté sur la peine que j’avais eue mais peut être ne
l’avais je pas exprimé de façon à le faire comprendre.
12 juin 75
A Marie-André
Chère Marie
Un bien long silence de part et d'autre. Pourtant, je ne t'oublie pas et je pense qu'il
y aura bientôt deux ans quand je me décidais à partir pour la Tunisie. Ma vie
sentimentale est encore bien jeune. Et déjà les souvenirs, les regrets, les remords abondent
et se bousculent. Je ne suis pas sûr à vrai dire d'être très bien armé en face des femmes et
alors que dans d'autres domaines, j'obtiens à peu près ce que je veux, avec souvent
un sens inné de la stratégie, avec le sexe faible, et quand il s'agit de relations
sentimentales, je suis comme un aveugle qui devrait plutôt se fier à sa chance qu'à son
jugement.
Je me demande comment tout cela va se terminer parce qu'il faut éviter par-dessus tout les solutions
de facilité Enfin, actuellement, je vis avec des fantômes et avec des rêves
pleins de frustration. Ai-je eu raison de m'arrêter avant le mariage? Seul l'avenir le dira car
c'est peut-être une erreur que de vouloir atteindre les mêmes cimes par les mêmes
moyens dans tous les domaines.
13 juin 75
Louise, mon amour
Eh oui, j’en reviens toujours à elle et je pense que j’ai été bien mal inspiré de penser à la quitter, de
penser pouvoir trouver « mieux »
Comme c’était touchant la façon qu’elle avait de parler de l’avenir, de ses enfants, de nos enfants. On
voyait dix, vingt ans défiler devant nous.
Quand je pense à ces petites girouettes que l’on rencontre et qui ne savent pas ce qu’elles feront ou
penseront dans une semaine
Comment la retrouver ? Comment la reprendre ? Par quel sortilége ? J’aimerais tant réintégre son
amour, refaire partie de sa vie rêvée. Mon espoir, c’est que de son côté elle me regrette aussi,
multipliany les expériences avec d’autres comme je l’ai fait. Je reviens toujours à elle. Il me semble
que je pourrai vivre toute une vie sur les cendres de cet amour parti en fumée. Non, il ne
m’intéresse pas de chercher ailleur tant que Louise n’aura pas franchi le pas décisif de se marier avec
quelqu’un. Toujours, les espoirs seront permis.
14 juillet 75
J’ai téléphoné à Louise et elle m’a dit qu’elle avait définitivement changé et ne voulait plus me voir.
(…) Il faut dire qu’il y a deux jours, je suis sorti avec a sœur et son ami et…Nicole et qu’il apparaissait
que nicole était ma maîtrese. Il n’est pas asbolument impossible que Monique en ait été avertie
(..)Mystère d’autant plus que la dernière fois que j’ai vu Louise, le 2 juillet, cela se passa très bien et
que certaines de ses paroles pouvaient être considérées comme assez prometeuses, du genre « nous
avions chacun besoin d’évoluer »
Peut être
L’oiseau
Oublia-t-il
Son œuf doré
Peut être
L’amour
Sema-t-i
Quelque filtre enchanté
Peut être
La chance
Daigna-t-elle
Les protéger
Dieu seul le sait
11. 07 75
Nicole, ma troisiéme maitresse, m’a quitté cette fois, semble-t-il, définitivement. J’ai eu le malheur
d’exprimer des sentiments misogynes. Gamalo, il y a deux ans, ne me l’avait pas pardonné. Il faudra
éviter, à l’avenir, de dire que les femmes ne peuvent prendre la place de l’homme, au niveau de
l’Histoie.
22. 07 75
A Vanessa
Je t'ai vue sous la forme d'une déesse d'Inde
Ta robe de chambre était un velours précieux
Et ta chemise de nuit, un sari de satin
Te cheveux en chignon évoquaient les statues
Et ta chambre était un autel interdit
Je ne puis te toucher, t'embrasser, m'asseoir à tes côtés
Ton mal te mettait hors de ma portée
Effrayé, je restai sur le seuil du temple
Envahi par un fluide redoutable
Je déposai mon offrande indigne et misérable
Et tu t'es évanouie derrière un pan d'armoire
O, pardonne moi la crainte de mourir brûlé
Je t'ai vue sous la forme d'une déesse d'Inde
05 09 75 Raïssa
Voilà bien une revenante, Raïssa, une jeune russe juive que j'avais rencontrée en quittant
Israël en 1969 lors de mon voyage en URSS. Elle avait 16 ans. (...) Il y avait entre nous
quelque chose de très spécial, malgré le grave obstacle de la langue, nous marchions
silencieusement l'un près de l'autre et la revoici , après 6 ans; elle a 22 ans. Elle est très jolie,
les cheveux courts. Elle n'a pas changé, elle a acquis de l'autorité, qu'elle avait déjà et
je me demande si Louis ne renvoyait pas dès l'abord à Raïssa, une des premières filles
avec lesquelles j'ai eu une amorce de liaison, probablement la première. (...) Elle réapparait
tout d'un coup dans ma vie. Je l'avais presque oubliée. (..) Elle prononce "Jacques"
délicieusement avec son léger accent russe. Nous parlons longuement en hébreu alors
que nous étions si limités il y a six ans, moi qui alors n'avais jamais touché une fille. (...)
C'est très romantique tout cela mais suffisamment, en effet, pour oublier complétement Louise car
on remonte à la source de ma fascination. (...) Sur la photo qui date de 1969, elle me
regardait déjà avec sympathie. (...) J'ai un certain nombre d'atouts pour la conquérir. Le fait
que je sois français et que sa situation en Israël ne la satisfait qu'à moitié. A Paris, elle
pourrait mieux s'épanouir. Je lui ai dit que j'étais heureux mais qu'il me manquait une felle.
10 09 75
Raja fut certainement mon premier amour et quel homme peut se vanter de se retrouver en face de
son premier amour une fois qu’il a accompli un certain périple. ? Il en est peu. Ce soir, elle me
cherchait visiblement. Cela commença par un « ce serait bien de t’épouser ». Quand je lui ai servi un
plat de spaghetti. (…) Je l’ai raccompagnée et elle m’a dit qu’elle n’avait vraimen pas envie de
rentrer en Israel mais qu’enfin on se reverrait dans trois mois. N’étant pas très subtil, je ne sais
exactement comment interpréter ces propos mais cela me semble assez flagrant. Par hasard, elle a
rencontré ma sœur à Rosay, ce qui est un signe toujours à apprécier. Elle a aussi parlé à ma mère au
téléphone. Je crois que de mon côté je l’aime très fort mais (…) Raja part vendredi matin dans deux
jours, dois-je lui tééphoner pour lui dire que je souhaiterais qu’elle reste ici ? En m’épousabn elle
deviendrait, lui ai-je déjà expliqué sur un ton neutre, française (..) En février, je serai en Israel (..) ke
suis un homme heureux. Vais-je laisser une fois de plus le bonheur me passer sous le nez ? De toute
façon, j’écrirai et dans mes lettres je dirai beaucoup de choses. (..) Je ne voudrais pas blesser Raja
comme j’ai blessé Louise. Bien sur je trouve Raja un peu excessive dans sa sentimentalité mais je la
respecte, cela m’impressionne. (..) Si Louise avait un peu pleuré, jamais je ne l’aurais quittée La
beauté d’une femme qui pleure. Cela m’excite autant que l’amour et moi- même je me mets à
pleurer. Oui, Raja et Louise appartiennent à n’en pas douter à la même race de femmes. (..) Je sais
que Raja est seule capable de me faire oublier Louise. A présent Raja et Louise se confondent
derrière un seul et même archétype, ce qui signifie que j’échappe à l’une comme à l’autre. C’est un
certain type de femmes que je convoite et non plus telle ou telle (..) Comme je vous aime toutes les
deux. Même dans certains défauts, je vous retrouve ensemble.
25 10 1975
Chère sœur
Je suis content pour toi qui te maries civilement sinon religieusement et aussi un peu jaloux
Car je n’ai toujours pas renoncé à Louise, après un an et je n’ai pas trouvé le moyen de reconquérir
son affection. J’ai aussi un peu d’amertume à la pensée que toi, tu es restée en bons termes avec
elle, depuis tout ce temps là mais qu’apparemment tu n’as rien fait pour arranger les choses entre
moi et Louise alors que cela ne devait pas t’être impossible. J’espère que, pour moi, tu essaieras
tant soit peu d’améliorer la situation, ne serait ce que par un geste. Sinon je serai contraint de penser
que ton sentiment sororal est extrémement relatif
11/11/ 75
Ruth est une fille que je connais depuis deux ans. (…) Je l’ai tout de suite remarquée pour son
charme, ses longs cheveux bouclés, sa voix chaude, son allure un peu exotique malgré ses origines
polonaises/ Or, depuis une quinzaine de jours, elle qui m’avait toujours plus ou moins ignoré semvle
m’avoir découvert. Nous avons des discussions, je la raméne chez elle. Une certaine électricité
apparaissait entre nous quand nous cherchions à parler comme si nous nous sentions agressés par
l’autre. Mais ce stade, justement, est dépassé. On dit, parfois, que l’électricité est l’indice de
l’amour, d’une relation particulière à l’autre. Ce soir, elle m’a parlé de ses parents, de la situation de
son père, ce qui, à mon sens, est une façon d’envisager quelque chose d’assez sérieux d’autant
qu’elle ne m’a pas interrogé sur les miens mais je me doute qu’elle doit avoir une assez haute
opinion de ma famille
31. 12. 75
Je raménerai une femme d’Israel.
A relire dans un an
76
Année de braise
Des fraises
Des bois
Cueillies à deux
Cuites au feu
Des heures
Passées l’un près de l’autre
Sans aucune cesse
76 (à relire dans un an)
Année de vertige
Du plaisir
D’aimer
Les fleurs de vie
Si douces
Un cœur scellé
Dans un rayon avide
Toi et moi
Ma chère inconnue
Dans mes bras
Je t’attendrai.
Une femme qui m’aime
En soixante seize
Qui m’apaise
Une femme près de moi
Qui banisse l’effroi
Je ne serai plus le même
Une femme que j’aime
En soixante-seize
Que je baise, baise
Une femme près de moi
Et qui n’aurait plus froid
Elle ne serait plus la même.
Début 76
Une lettre de Raja
J’ai reçu une lettre de Raja qui me donne certains espoirs sur le plan sentimental. Je crois qu’elle est
assez romantique. (..) Raja sera peut être ma femme.
Ier janvier 76 Ma Lou. J'ai relu mon journal intime d'il y a un an dont la lecture te bouleversa et que tu n'aursais jamais dû lire. J'y trouve beaucoup d'espoirs de part et d 'autre et je crois qu'il y a un an, nous avions passé ensemble des moments très douc Il semble que mon court voyage à Rosay, en févriern ait prélué à nos malentendus et que, dès lors, nous soyions plus parvenus à dialoguer(..) Je voudrais qu'avant mon départ pour Israel, nous nous revoyions pour parler franchement, à coeur ouvert (..) En ce qui me concerne, je n'ai renconté aucune fille qui m'enchante comme tu le fais, à qui j'ai envie de me soumettre avec confiance (..Je crois que tout peut reprendre avec un seul sourire et quelques sanglos étouffés (..)Enfin, mon livre sort pour qui j'ai payé si cher mon bonheur.Je pense souvent que je prégérais t'avoir à mes côtéd que devoir mon nom dans les librairies
11.01. 76
J’ai connu une sensation sexuelle extremement forte en présence de Raja. Nous étions tous les deux
dans la chambre que j’occupais chez ses parents.Et véritablement, une force irrésistible s’empara de
moi, me mettant dans un état second comme cela m’est arrivé à des occasions très rares. Il fallait
que je la touche et c’est son genou que j’ai pris pour cible. Il faut dire que Raja (..) me court
littéralement après et je me laisse conquérir. Mais à quel moment passera-t-on des gestes d’affection
(..) aux rapports sexuels ? Une semaine plus tard, je la retrouvai à Jérusalem (…) La rencontre a été
positive et elle m’a présenté comme son ami à ses camarades (..)
15 01 76
Je compare aisément Raja et Louise. (…)Elle ne fait pas « femme » comme Louise. Mais cela peut
venir. Je crois que je l’aime et qu’elle m’aime.
19. 01. 76
Changement. Une de ses amies Larissa, une camarade ukrainienne juive de Kiev (…) me plait
beaucoup (elle ressemble à Edwige). Elle joue avec ses cheveux, alternant le court et le long.
Début 76
Une lettre de Raya qui me donne certains espoirs sur le plan sentimental. Je crois qu’elle est assez
romantique. (..) Raya sera peut-être ma femme. Je l’ai connue, il y a six ans (..) en quittant Israel à
l’occasion d’un voyage en URSS et voilà que je la retrouve à l’occasion de mon voyage en Israel où je
n’ai pas mis les pieds depuis lors.
23 janvier 76
Larissa. Je t'aime très fort, ma Larouhchka et je voudrais que lorsque je relirai, un beau jour cette
pages, tu te trouves à mes côtés.
25 01 76 Larissa est toujours aussi adorable. Elle entre vraiment dans mon travail. Et je goûte
fortement sa présence, tout en regrettant de la laisser un peu indifférente sur un plan plus intime. Je
fais, faut-il le dire- preuve d’une grande timidité/
26 01 76
Hier soir (Raja) pleurait dans sa chambre, j’ai voulu la consoler en l’embrassant tendrement. Elle m’a
dit que je l’avais déçue et que je ne devais pas lui montrer de marques d’attachement qui ne seraient
pas sincères. (..) J’éprouve en définitive quelque chose de très fort à l’égard de Raja. Mon corps et
mon âme s’en trouvent bouleversés.
01. 02. 76
Larissa.
un jeu étrange : nous contemplions longuement les yeux dans les yeux à une certaine distance. Ce
jeu me convenait car je soutiens aisément le regard d'un autre. Mais ce jeu aurait pu ne déboucher
sur rien. Soudain, nous nous mimes à parler de cheveux, de coiffure et je me rapprochais d'elle. Puis
j'eu l'idée "géniale" de lui demander si elle n'e voulait pas toucher mes cheveux. Et ce fut le
commencement de merveilleux jours. pensik
06. 02 76
Je veux l'épouser . Je lui ai offert une bague de fiançailles, avec un diamant. (..) Je l'aime calmement
et fortement avec la même certitude que j'aimais Marie-Andrée bien que cette dernière n'ait jamais
clairement avoué qu'elle m'aimait, à la différence de Larissa qui trouve des mots touchants pour
exprimer ses sentiments.
10. 02 76
Enfin, la porte de son sexe est ouverte et ce dernier souci a disparu.
13 02 76
Larissa avait connu Emmanuel à Kiev, quand elle était jeune fille. Ce garçon que j’avais rencontré
quelques jours plus tôt m’avait paru assez fascinant (…) Je vis Larissa pendant cinq heures (..) bailler
d’admiration devant lui. (…) Mais c’est vraiment exciter ma jalousie à plaisir. (…) Il y a eu des
moments où j’avais véritablement envie de claquer la porte car j’étais absolument excédé par le
manque de délicatesse, à tout point de vue, de Larissa. A vrai dire, je ne sais pas quel est le jeu
qu’elle est soudain en train de jouer mais il faudra qu’elle me donne des explications. Elle a tenté sur
le tard de me rassurer par des « Cela ne durera que jusqu’à demain », comprenant bien que je n’étais
pas très heureux de la situation (..)En tout cas, le fait même que toutes ces idées me traversent
l’esprit, pour la première fois, montre bien que notre amour d’une façon ou de l’autre bat de l’aile.
08 03 76
Ecrits de Paris. J’ai quitté Larissa pour quelques jours.
A Larissa
Mon amour
Cristal fragile
Cœur d’enfant
Je te garderai
Jusqu’à la fin des jours
23 Mars 76; Jérusalem
Vanesssa que j'ai rencontrée hier m'a bouleversé par sa critique de Larissa, un peu comme Marie
Andrée à l'égard de Louise. Il y a là un .parallélisme extraordinaire puisque Vanessa également est de
passage et découvre ma dernière conquête. J'ai senti par ailleurs une certaine jalousie non à son
égard en tant que telle mais dans la relation qu'a Larissa avec moi. Peut-être Vanessa a-t-elle fini par
me désirer?
22. 04. 76
Oui, mon coeur balance entre Larissa et Vanessa. Qu'y faire? L'image de cette jeune
marocaine rencontrée voilà bientôt un an et demi à Paris me poursuit. Quelque chose m'attire
irrésistiblement vers elle? Que faire De son côté, ses relations ont été amicales. Sans plus. Mais fort
chaleureuses. Je lui ai déjà dit mon amour, lui ai écrit de nombreux poèmes Mais ses réactions ont
toujours été modérées. Elle a couché avec des tas de garçons mais, semble-t-il avec moi cela ne l'a
jamais tenté. (..) Elle est venue en mars à Jérusalem. Mais le sort a voulu que nos rapports soient très
limités bien que son passage ait, à lui seul, provoqué une crise entre Larissa et moi, comme d'ailleurs
elle fut pour beaucoup dans mon attitude envers Louise. A présent, il semble trop tard pour reculer.
Il semblerait qu'il faille (moi et Larissa) se marier dans le mois qui vient.
14 05 76 Sur Larissa
Je crois y voir clair en moi-même avec une lucidité effrayante. Le monde me parait tenir dans
ma main. (..) Je peux toujours remettre en question cette écume comme je l'ai fait
avec cette chère Larissa dont j'ai littéralement déchiré le cœur. (..) Ce soir j'ai encore
avancé dans cette entreprise abominable. J'ai tué ce qui restait d'amour chez elle, pour
moi, et je me suis rendu compte trop tard qu'après tout ce qui s'est passé depuis trois
semaines, elle m'aimait encore profondément, était disposée à me pardonner mes
hésitations et mes jugements. Combien de chances ne m'a-t-elle pas données! Combien
d'avertissements n'a-t-elle pas émis et moi je n'ai pas compris cela et j'ai suivi
une pente qui consistait à me dire que puisque le mal était fait, rien ne pouvait
l'aggraver. Or, je me suis aperçu que la souffrance est sans fond chez Larissa et qu'il est
toujours possible de faire pire.
(…) Je suis un monstre car j’ai couché avec une fille et Larissa l’ a tout de suite pressneti car elle était
là au début de la soirée. Comment fait-elle pour m’arracher chaque mot, chaque confession ? Ce qui
lui importe, à Larissa (qui aujourd’hui ne veut plus me voir) ce ne sont pas les mots, ce sont les
vérités du cœur. (…) Ainsi Larissa désirait-elle savoir quelles avaient été mes relations avec une de ses
amies Raja. J’ai refusé de lui en parler tout comme j’ai refusé de lui dire qu’elle me faisait penser par
son visage à Louise.
1976
Jérusalem, 18 05 76 (en anglais)
My darling
To-day we should have been married. It is the 18th of May. And I regret very much
that is not so, that you did not give me enough strength and that you had not enough hope
in your hear helping me with this fear which I have before the marriage as it already happened once.
I know now that this fear belongs to me
27 mai 76
Ai-je raconté qu’il y a une semaine, Larissa m’a demandé si je voulais l’épouser. J’ai dit oui et j’ai cru
que cette fois cela y était. C’était jeudi 21 mai. Le lendemain, quand je l’ai revue, c’était comme si
rien ne s’était passé. C’était le froid total. Je me suis rendu hier aux Chicounéy Elef, le logement pour
étudiants avant de venir habiter rue Jaffa, sur le toit. Cela m’a serré le cœur car à cette époque
nous étions si proches. Pourquoi n’ai-je pas fait ce pèlerinage plus tôt ? Comme la mémoire nous
trompe !
06. 06 76
Je suis retourné pour quatre ou cinq jours aux "Chicounay Elef". (...) où j'ai été si heureux avec Larissa
en janvier-février-mars jusqu'à ce que nous allions rue Yafo (.) Je suis retourné aux Chicounim par
superstition comme pour retrouver le bonheur perdu comme j'avais fait à Rosay en février 75 pour
tenter de revivre juillet 74 avec Louise. (...) Aujourd'hui je ne sais plus guère où j'en suis en matière
d'amour. Ce n'est pas mon problème et mon instinct s'est assoupi. Je ne sais même pas si j'ai à
regretter. Après tout, chaque fois, c'est une vie qui est vécue et qui n'aurait pas pu, qui sait, se
prolonger facilement. La liberté c'est pouvoir à nouveau se donner. (..) Je crois que j'ai beaucoup
appris sur les femmes. Je deviens peu à peu un Don Juan tragique, allumant les cœurs et fuyant au
moment de l'extase: impuissance du cœur sinon du sexe.
Je pense aujourd'hui à Vanessa. C'est elle -illusion, mirage, espoir partagé? - (..) panse mes coups. (...)
C'est la même Vanessa que je vis à la mi-Mars dans ces mêmes Chicounim en cachette de Larissa un
peu comme j'avais vu Marie-Andrée à l’époque de mes fiançailles avec Monique. Vanessa qui infusa
des mots empoisonnés dans mon âme, qui mina, en quelques minutes, mon amour pour Larissa, qui
sut inciser le ver du doute, de la méfiance : (...) Vanessa, c'est ma femme fatale
Les quatre amorces corporelles.
Marie-Andrée : un brin d’herbe dans le Bélvédére de Tunis que je passais sur son corps
Louise : la chiromancie -une main que je pris mais cela ne donna rien car elle crut que c’était pour
lire sa main. Une discussion à la fin delaquelle nous avions décidé que nous allions nous embrasser.
Et nous sommes restés tout bêtes pendant une minute.
Nicole/ une discussion aussi et je l’embrassai à un moment où je suis allé chercher un jeu d’échecs,
ce qui m’a permis de me trouver derrière elle, près d’elle.
Rubi ; Elle m’a demandé de lui masser le cou et c’est donc elle qui a pris l’initiative, posé les bases de
la relation. Relation d’un soir qui ne compte pas vraiment*.
17 07 76
Voici cinq semaines que je suis rentré de Jérusalem. Je ne suis pas heureux sans
Larissa.
19 07 76
Je m'aperçois ce soir de la disparition de deux séries de cahiers qui couvrent de
Juillet 73 à juillet 74. Que sont ‘ils devenus, qui les a pris? J'ai des soupçons à l'endroit
de ma mère qui a pu fouiller dans mes affaires durant mon séjour en Israël. Que de choses
j'ai pu écrire en un an et qui me seront infiniment précieuses. Il va falloir à tout prix
que je retrouve ces notes sinon je devrais bien misérablement en reconstituer le
processus; ce qui serait à la fois difficile et incomplet. C'est un document scientifique de
première importance qui disparait et dont je m'étais encore servi en mars 75. Le document
va d'août 73 époque où j'étais avec Marie-Andrée à Juillet 74 avec ma rencontre de Louise
J'ai tout retrouvé. C'était une distraction de ma part.
23. 07 76
Où est ma Larissa? Je sens que je deviens fou de ne pas avoir de nouvelles d'elle?
C'est la première fois de ma vie que je suis coupé d'une femme que j'ai aimé (et que j'aime tout court)
et qui m'a aimé (et qui peut être m'aime encore). Je ne sais pas où elle est, ce qu'elle fait, ce qu'elle
pense, ce qu'elle se prépare à faire. Rien: Pas une lettre en six semaine de séparation. Je suis rongé
par le doute, il n'est pas du tout impossible qu'elle ait décidé de ne plus me revoir.
Début aout 76
Je viens de terminer la mise au propre de mon journal intime des quatre dernières années. Ce fut
une grande satisfaction que de trier ce qui pourrrait offrir un intérêt littéraire et d’ajouter quelques
lettres et quelques mises au point intermédiaires que j’aurais pu réaliser. Je m’aperçois que la place
de Larissa dans ce « journal d’amour » est nécessairemet réduite par le manque de recul. Il y a
infiniment de points qu’il me faudrait retracer pour rendre justice ) ce que nous avons tous les deux
vécu.
Il faut du temps pour inventorier le bonheur.Cela dit, après ce discours consacré à ce recensement,
et qui pourrait déboucher sur une publication, c’est en tout cas ce que je vais tenter quand le journal
sera achevé ; d’un point de vue littéraire s’entend. J’en suis à présent à le fignoler.
J’avais sous estimé l’intérêt de ce journal. Je m’imaginais son contenu insipide, peu marqué par une
recherche stylistique. En fait, hormis quelques faiblesses lexicographiques de temps à autrre, il
m’apparait à l’abord que j’ai véritablement là une œuvre significative.
Curieuse satisfaction, par conséquent, que cette attente d’une femme qui se mue, par la force des
choses, en une plongée dans cette véritable mer d’affect
Par ailleurs, je ne peux que constater la puérilité de certaines de mes attitudes à l’égard des filles que
je rencontre et surtout l’instabilité qui me fait perpétuellement hésiter entre plusieurs partis,
comparant insatiablement l’une à l’autre, le présent au passé etc.
Mais cette rençon payée au passé, je reviens de plus belle à l’avenir, à Larissa qui ne donne aucune
de ses nouvelles depuis bientôt deux mois C’est là une situation bien nouvelle dans ma vie
sentimentale que d’être sevré à ce point d’information. Chatiment exemplaire s’il en est que ce
silence total, parfait, qui parle suffisamment à moins d’imaginer qu’elle ait perdu mon adresse…
En tout cas, je pense qu’elle finira bien par reparaitre avant la fin du mois et si elle me demande de
vivre avec elle, je le ferai sans faute/
16 08 76
Je suis ravi d’être parvenu à rédiger mon Journal en moins de trois semaines. Ce fut à la fois aisé et
fascinant. Cela me permet de regouter à la littérature, de dépasser le dépassement relatif de sujets
trop impersonnels. J’ai bon espoir de publier cette œuvre dans un temps proche.
(..) Si je regarde ce « journal d’amour », je trouve des types de femmes fort variés, qui, tous, m’ont
attaché. Comment expliquer cette variété ? Ou bien cette variété n’est-elle qu’en surface ? Mais
sérieusement, je ne vois guère de points communs entre celles qui apparaissent dans ce journal.
19 08 76
J’ai discuté ce soir avec Vanessa de mon nouveau livre « Journal d’amour ». (..) J’ai eu beau tenter de
lui expliquer que bien que cet ouvrage soit fondé sur des événements personnels et constitué de
notes finalement disparates, ce n’était pas l’affaire du lecteur qui ne doit s’occuper que du résultat.
La part de la vie personnelle de l’auteur n’intervient que si elle gâche la qualité littéraire et la
soutenance de l’intérêt.
20 08 76
Ce matin, ma sœur m’a téléphone après avoir lu mon journal. Elle m’a déconseillé de le publier tel
quel car il serait trop personnel et pourrait nuire à ma vie sentimentale à venir. De fil en aiguille, j’ai
compris que pour elle ma rupture avec Louise n’était pas absolument consommée. On sait que ma
sœur e elle s’ententent, sont confidentes , jusqu’à ce jour. Il apparait que Louise ne serait pas remise
de notre rupture, qu’elle ne parvient pas à se fixer ou à fixer aucun garçon, qu’elle est en fort
mauvais termes avec sa famille pour être intervenue dans les affaires de sa sœur prête à quitter son
mari (..) Ma sœur m’a dit qu’elle essaierait de nous rapprocher moi et Louise. Serait-ce un des
premiers effets de ce Journal d’Amour.
22 08 76
La petite phrase de ma sœur trotte dans ma tête « Ce n’est peut être pas fini entre vous ». Cela rend
aussitôt plus complexe ma situation sentimentale. Je ne peux me concentrer uniquement, comme je
l’avais fait, sur Larissa. (..) Parviendrais –je dans le cas (d’un retour de Louise) à vivre le Mythe
d’Amour dont je parle dans mon Journal d’Amour , à savoir le Retour, la Réconciliation comme si
j’avais toujours pressenti qu’avant de me marier je devrais passer par quelques vicissitudes avec ma
future. Je sens peu à peu l’idée d’un retour à Louise me devenir plus familière, plus tentante. Mais
nourrir à nouveau cet espoir, c’est risquer de souffrir à nouveau et peut être vainement. (..) J’imagine
le retour de deux êtres blessés, ayant cherché inutilement de refaire leur vie ailleurs et se retrouvant
dans un baiser qui fait tout oublier.
28 08 76
Je reçois ce matin de Corse une lettre de Marie-André. Elle avait recopié des lettres que je lui avais
adressées au lieu d’en faire une photocopie comme je le lui avais demandé. C’est assez curieux
qu’elle ait pris cette peine. En outre, elle a joint pour tout commentaire un poéme rédigé ce mois ci
qui est pour le moins provoquant (…) Poéme érotique et saisissant Qu’en penser ? M’écrit-elle cela
avec quelque intention ? Est-ce simplement création artistique ? Curieux commentaire vraiment de
mes lettres d’amour et qui semble y répondre trois ans après.
19. 09. 76
Certes, je n’aurai pas revu Larissa mais (..) elle se trouvait sur les lieux qui sont les miens-Paris,
Londres, nous avons à quelques heures près piétiné les mêmes endroits, contemplé les mêmes
tableaux, les mêmes monumens mais nous ne nous sommes pas rencontrés pour je ne sais quelle
raison ou quel malencontreux hasard. Peut être a-t-elle essayé ? (/…) Je suiis presque certain
qu’ellea, à un moment donné, tenté de me contacter et que personne n’a répondu.
22 09 76
Irai- ou n’irai-je pas retrouver Larissa en Israel ? Pour dire vrai, je suis follement amoureux d’elle, je la
veux pour femme. J’ai vu beaucoup de monde depuis juin, tous les personnages de mon Journal
d’Amour qui me hantèrent en Israel et qui sont bien falots vus de près
Fin septembre 76
On m’a reproché à plusieurs reprises d’avoir consacré à Louise les pages les plus ennuyeuses de mon
livre. (…) Louise m’a dit, après avoir parcouru mon « Journal d’Amour » qu’elle ne s’y reconnaissait
pas.
28 09 76
Vraiment ce Journal d’Amour m’a fait énormément de bien car il m’a enseigné que c’était intéressant
de parler de moi-même et qu’il n’était pas nécessaire de toujours persister dans les abstractions. Il a
ouvert des pans de langage infiniment nouveaux ou plutôt enfouis.
29 09 76
Jérusalem
Je n’ose même pas donner un titre à ce qui vient d’arriver. Je suis par trop écoeuré. J’ai vu Larissa à
Haifa et je crois que je ne la reverrai plus. (…) L’attaque commença quand larissa me dit : je ne
pourrai accepter tes cadeaux. (..) Elle m’a dit qu’elle m’avait appelé en vain en arrivant à Paris et que
je n’étais pas là. (…) Elle m’affirma qu’elle préférait que je reparte le soir même et finalement elle
me raccompagna à l’arrête du bus. (..) Elle me fit plus ou moins promettre de ne plus chercher à la
rencontrer. Elle parlait calmement, directement, sans grande émotion. (…)Je voulais revivifier mon
souvenir. J’espérais aussi que mon amour l’ébranle même si elle n’éprouvait rien de précis en ce
moment. (..= L’autobus arriva. Je voulus l’embrasser. Elle dit « non ! ». Je lui serrais la main. Elle me
sourit légérement. Je montais. Elle restait assise sur le banc. A deux reprises, elle me renvoya mon
appel. Il y avait du définitif, du théatral, dans cette séparation finale. Je sentais qu’elle était en train
de graver dans sa mémoire le soir où elle aurait vu son Jaky pour la dernière, toute dernière fois.
1. 10 76
J’ai été voir hier soir une amie de Larissa,(Silvia). Elle m’a raconté qu’il y a une semaine, Larissa lui
avait dit qu’elle percevait des signes qui indiquaient que j’allais venir. Et elle a précisé qu’en faisant
cette remarque, elle paraissait joyeuse, « allegra » Quel contraste, mon Dieu, avec l’impression que
me donna Larissa quelques jours plus tard
17 10 76 ( traduit de l’ »anglais)
Ma chère Larissa
Je suis à Paris. J’ai appris par (ton amie) Marisha que j’ai rencontrée hier que ce que tu préférais
c’était la Seine. Je regrette de ne pas avoir été avec toi pour être ton guide. (..) Dans quelques jours,
je serai en Inde J’aurais aimé voyager avec toi, ma Larissa, J’ai été heureux de te voir à Haifa même
pour quelques minutes. (..) J’ai attendu trois mois pour te revoir pour un temps si c bref mais cela a
suffi pour me donner de la force pour le futur. Oui, il doit y avoir un futur Je suis optimiste. Tu sais
que (..) nous sommes heureux ensemble et malheureux quand nous devons être séparés.Du moins,
j’espère que tu le sais. Parce que cela vaut pour moi. Notre amour sera plus fort que tout le reste.
Nous avons eu tant de malchance de ne pas nous rencontrer ni à Paris, ni à Jérusalem. Tout était
contre nous cette fois mais je suis sûr que dans quelques mois quelque chose nous raménera
ensemble. C’est mon rêve. (..) Je suis sûr que quelque part tu m’as mal jugé. Je voulais penser un
petit peu, attendre un peu pour dire ‘oui » au moment où je serais complétement en accord avec
mon amour. Fais moi confiance. Tu ne le regretteras pas. Ecris moi pour mon anniversaire, le ier
décembre.
31. 10. 76
Je pense à ce qui s’est passé voilà six mois avec Larissa, à la fin avril 1976. Nous étions très hésitants
mais nous n’avions pas repoussé la date du mariage quand un soit- je l’ai narré dans mon Journal
d’amour- je le surpris en train de rêver à un autre garçon, Lievouchka, et de prononcer son nom en
me voyant arriver.
En fait , je me rends compte qu’il s’agit d’un processus d’affût. J’entends par là que (..) l’on guette la
moindre faille de la part de celui qui est choisi comme victime de notre agressivité, comme bouc
émissaire. Et, en guettant, pourvu que l’on soit plus intelligent que la personne visée, on trouve. On
décéle l’erreur, la trahison, l’alibi d’une séparation. On voit littéralement le monde avec des yeux
terriblement sévéres et avec le recul on se rend compte –quoique souvent trop tard- que ce n’étaient
que peccadilles hors de mesure avec l’attaque amenée. Mais il ne fait pas de doute qu’en agissant à
un tel moment on a les meilleures chances de mettre quelqu’un dans son tort. Cela peut être
pratique dans certains cas pourvu que l’on ne demeure pas le jouet du destin ».
17 . 12 76
Pendant quinze jours, j’ai vécu une belle aventure sentimentale avec une jeune française (c’est-à-dire
pas juive) Marie-Angé. (…)Elle a vécu chaque nuit avec moi depuis le 3 décembre, date à laquelle
nous nous sommes embrassés pour la première fois ( ..) Ce soir, je lui ai fait comprendre que je
préférais rester seul, malgré le projet que nous avions de passer le week end en amoureux, à la
campagne. (…) Selon (mes amis astrologues), Larissa devrait réapparaitre dans les semaines à venir.
(..) Cela me met mal à l’aise avec Marie-Angé. J’aurais l’impression de joure un double jeu en
poursuivant à présent mes relations avec cette charmante enfant.Et aller à Rosay, avec elle, c’est
vraiment une consécration que je ne dois désormais réserver qu’à ma femme.
25 12 76
En ce qui concerne Marie-Angé j’ai vainement tenté de rompre avec elle le week end dernier mais il
apparait qu’une liaison plus longue et plus profonde est à prévoir même si Larissa reste à l’arrière-
plan. Ces deux niveaux, toute réflexion faite, ne sont pas incompatibles.
26 02 77
Dans quelques jours, je repars pour Israël. (...) Bien entendu je pense avant tout à Larissa.
Comment va-t-elle me recevoir? J'ose espérer qu'elle m'accueillera bien, le mois de février et celui
de mars ne furent-ils pas, voici un an ceux de notre grand amour? Il y a tout juste un
an, je la quittais pour Paris (..) Quand je la rejoignis le 15 mars à Jérusalem, elle m'attendait
tendrement. Ce fut un des plus beaux jours de ma vie. On voit donc que cette période est
riche en merveilleux souvenirs pour l'un comme pour l'autre et je compte sur leur magie
pour notre réconciliation. (...) Est-ce que depuis Larissa a refait sa vie avec quelqu'un d'autre ?
A-t-elle cédé à la tentation de connaitre un autre corps que le mien? A ce sujet, le sexe
reste une planche de salut car a-t-elle connu avec d'autres les mêmes plaisirs qu'avec moi
qui lui ai tant appris. (..) Je reste effaré devant le mystère de l'autre et plus fortement encore
devant le mystère de l'amour. C'est si difficile de reconquérir, de redécouvrir ce que l'on a
laissé s'évanouir*. A quand un nouveau "oui"? On comprend le succès des "retours
d’affection"?pensik
27 03 77
Larissa voulait me voir au sujet de notre dossier qui se trouve au Rabbinat. Elle
Désirerait que nous le retirions car cela peut gêner. C'est il y a un an justement que ce
dossier fut constitué. (..) N'est-ce pas justement cette formalité que nous allons devoir
effectuer tous deux au rabbinat qui constituera l'occasion de je ne sais quelle réclamation?
A vrai dire, je me demande si ce dossier qui se trouve au Rabbinat ne constitue pas
un engagement légal de sa part au mariage C'est presque un divorce qui va avoir lieu. Mais j'ose
espérer qu'elle est en train de retomber amoureuse de moi. (...) Si Larissa ne vient
pas à moi en ce mois d'avril qui va commencer, Israël me perdra Est-ce que Larissa
se rend compte de la responsabilité qu'elle assume? (..) Je souhaite de tout mon cœur
que Larissa me prenne au piège d'Israël. J'ai toujours laissé au diable une chance.
Ier avril 77
Je suis allé chez Larissa. Ce fut catastrophique. Je me suis mis à sangloter car elle me
reprochait de la gêner. Visiblement, les sourires de la dernière fois ne sont dus qu'à la
volonté d'obtenir une signature en ce qui concerne le dédit de notre mariage. Je ne
savais pas que c'était important et je n'en suis toujours pas sûr. (...) Jeudi, Larissa
m'avait illusionné au point de me laisser dire que si l'on fermait le dossier, on pourrait
toujours le rouvrir.
16 04 77
Avec Monique, il y eut les fiançailles, cérémonie solennelle mais de caractère privé. Avec
Larissa, il y eut dans le cadre de la loi juive, un véritable mariage même si la
cérémonie officielle n'eut pas lieu. Dans ce deuxième cas, je peux dire que j'ai
des circonstances atténuantes dans la mesure où je ne savais pas à quel point j'étais
engagé avec Larissa au moment où il fut question de rupture ou de sursis. Sinon j'aurais
continué jusqu'au bout. Malheureuse ignorance du droit juif. C'est pourquoi plutôt que de
résister à Larissa, j'ai préféré signer un dédit. (...) dans l'espoir de remonter dans son
estime. Maigre expérience. Maigre calcul!
.
4 Mai 77
Arielle était très gentille et flatteuse. Je crois qu'elle est attirée fortement par moi. (...)
Cette conversation s''est déroulée le 2 mai. '(...) Personnellement, elle ferait une très
gentille femme. (..)Décidément, la Tunisie est liée chez moi à l'amour puisque mes
premières expériences sexuelles datent de mon voyage en Tunisie.
24 mai 77
Dimanche, j'ai passé la soirée avec Arielle. Nous n'avons toujours pas déclaré notre
amour l'un à l'autre. (...)Elle ne cesse de se décrire- on a parfois l'impression qu'elle veut
vendre un produit. Ce qui se passe entre nous relève un peu de négociations plus ou
moins alléchantes pour le partenaire. Nous sommes tombés d'accord sur l'ambiguïté de nos
propos sans pour autant nous trahir. Je brûle vraiment de lui confesser mon amour, un
jour prochain. J'ai peur de laisser passer l'occasion.
4 juinn 77
La situation avec Arielle devient extrêmement "dramatique". Comment tout cela se pensik
terminera-t-il? Elle a fini samedi dernier par me faire avouer que j'éprouvais pour elle
un désir "sexuel". Quant à elle, elle m'affirme qu'elle avait une "intrication", c'est à dire
qu'elle était engagée avec un autre garçon (...) Jeudi, elle avait l'air de penser s'éloigner de
lui, elle considérait que ce n'était plus comme avant;. Nous avons longuement parlé de
nous-même. Elle me connait de mieux en mieux et cette familiarité la rassure et brûle les
étapes. Je crois sincèrement qu'elle envisage -entre autres hypothèses- la possibilité
de vivre avec moi, voire de se marier avec moi. (..)Elle veut que je change de nom. On
s'est mis d'accord sur Aurélien. (..) Bref, là encore, comme il y a une dizaine de jours,
plane une certaine ambigüité mais la situation a évolué. Elle sait que je l'aime et se situe
par rapport à cela dans la mesure où il lui reste simplement à compléter en étudiant de son
côté ses propres sentiments. Elle jauge son ami et moi-même et entre les deux son
cœur "balance. (..) Son ami (..)n'a pas envie de quitter Paris alors qu'Arielle souhaite vivre
à Jérusalem. Ma liberté justement devrait me permettre de faire monter les enchères.
(...) Je crois qu'elle ne m'attire pas tant que cela. Autrement j'aurais un peu plus brisé
la glace. Quelque chose en elle me retient et je n'éprouve pas cette émotion si spéciale
qui me pousse malgré moi à me rapprocher de certaines femmes. Je ne suis pas
transfiguré par elle.
26 mai 77
"Nous sommes, je crois, arrivés, à la conclusion réciproque, que nous nous aimions. Ces
conversations me rappellent celles que j'eus autrefois avec Monique mais Arielle fait
montre de plus d'intelligence et de finesse et de mon côté j'ai les nerfs plu solides qu'il y a
trois ans au sujet des questions sentimentales. (..) Je lui ai demandé si elle voulait que
je lève certaines ambiguïtés. Elle m'a répondu "ce n'est pas pressé". Un peu plus tard,
elle a même ajouté : "C'est délicieux, ces moments-là, il faut en profiter" laissant sous
entendre que nous allions nous jeter tôt ou tard dans les bras l'un de l'autre.
24. 06 77
Un problème: Arielle vient de me dire que je ne la connaissais pas alors que A. la connait.
En d'autres termes, elle aurait un secret. Comme je lui ai dit: elle n'est tout de même pas
un vampire. En tout cas, Arielle craint que cette découverte ne ruine mon amour. (...) Si elle
rompt avec A. ce serait pour m'épouser. Sur le champ afin de ne pas courir le risque de
se retrouver seule. Mais comment l'épouserais-je en ignorant son secret, dit-elle. Une
véritable histoire en rond! (...) D'après les indices que je possédé, Arielle aurait une
très forte tendance à pleurer. "Je pleure comme une fontaine" dit-elle.
27 juin 77
Ce soir, Arielle rencontra Marie-Andrée tout comme Monique l'avait fait, il y a trois ans/ Tout
semblait aller très bien jusqu'au moment où les ayant laissées seules, Marie André a fait
preuve d'indiscrétion au sujet de mes relations avec Monique, lui confiant des détails que
j'avais cachés momentanément à Arielle. C'est Arielle qui me l'a révèlé. J'en ai été abasourdi
J'avais les larmes aux yeux devant une telle trahison due à la bêtise- je suppose- plus
qu'à la méchanceté. Marie Andrée qui es-tu?. Déjà, elle avait été la cause d'un grave
conflit avec Monique et le catalyseur de la rupture/ Faudra-t-il qu''elle joue un rôle
comparable avec Arielle? En tout cas, il n'est pas possible qu'Arielle n'ait pas été
atteinte, à un moment aussi critique, cela peut avoir des conséquences considérable sur ses
choix.
04 08 77 Arielle
Elle ne veut pas faire l'amour avec moi, dit-elle mais c'est à peu près ce que nous
faisons sans l'appeler ainsi et presque sournoisement, hypocritement. Hier, je l'ai
même amenée à l'orgasme manuellement. Elle ne veut pas découcher mais hier elle est
restée jusqu'à 6 heures du matin. Au lieu, par conséquent, de permettre un comportement
simple, naturel, nous agissons à la dérobée. On dirait, à la limite, que cela lui plait
Arielle
Le 12 août
Mon Arielle
Lorsque tu recevras cette lettre, je suis à peu près certain que la situation (avec X) aura
été clarifiée, d'une façon ou d'une autre. Cela pas dû être très facile ni agréable.
Je me résigne donc à ne pas te voir pendant près d'un mois. Décidément, c'est vraiment un régime
de douche écossaise où alternent régulièrement des phases d'abondance et des
phases de pénurie. Tu te souviens des trois semaines "sans" décidées fin juin.
J'attends avec impatience une douce lettre de toi. Une longue lettre comme je sais que tu peux en
écrire. A ce propos, je suis intimement convaincu que tu as des talents littéraires et
que tôt ou tard il faudra que tu te mettes devant ta feuille blanche. Je t'y aiderai.
J'ai beaucoup réfléchi sur nous deux et je crois que nous sommes très différents, ce
qui permet à chacun de prendre mieux conscience de ce qu'il est réellement.
Je dois avouer que j'ai été perturbé par notre situation sexuelle en particulier. Et que
mes nerfs ont été mis à dure épreuve. Ce dont tu t'es rendue compte. J'attends ton
retour pour rattraper le temps perdu. Je voudrais vraiment sentir que nous ne faisons qu'un, que
chacun se donne sans restriction à l'autre. Est-ce que tu comprends que pour moi le
sexe n'est pas subsidiaire? Au risque de te heurter, j'ose espérer que tu limiteras au
maximum tes relations avec X.
Tu as du retrouver plusieurs amis et des lieux dont tu te souvenais avec nostalgie. Je sais assez ce que
signifie un voyage en Israël pour être avec toi en pensée. Rapporte des photos
pour que je puisse, rétroactivement, avoir été avec toi.
(..) Je sais que notre vie ne serait pas si compliquée si je n'étais pas parti en Israël en mars. Mais il ne
faut pas se laisser intimider par la vie. Tout cela ne sera qu'un tout petit
point dans notre vie, l'un près de l'autre. Je pense à ton corps vibrant entre mes mains et dépose
mes lèvres sur les tiennes pour rafraichir ton âme brulante.
15 08 77
Le souvenir de Larissa reste incroyablement vivace dans mon esprit et confine au mythe.
Jamais, je n'ai aimé quelqu'un comme je l'ai aimée. Elle est pour moi l'image de la pureté. Nous
avons vécu ensemble des pages d'amour fantastiques, qui éclipsent tout ce que j'ai connu
avant ou après. Jamais, je n'ai trouvé en moi des forces d'abnégation qui m'ont poussé
hors de moi même. Jamais, je n'ai été possédé d'amour comme avec Larissa. Et je me
dis aujourd'hui que notre amour fut assez grand pour que je ne renonce pas si tôt à lui.
(...) Les quelques fois où j'ai revu Larissa à Pâques dernier, n'ont pas le moins du monde
affaibli mon amour. Je ne peux oublier Larissa. Qu'y puis-je? Parfois je me dis que je
pourrais rester fidèle à cet amour toute ma vie durant, qu'il suffirait à remplir mon
existence. Chaque fois que son nom est prononcé, que l' on me parle mime d'Israël,
mon amour se rallume s'il s'était assoupi. Et l'espoir renait. Fou.
Alors quid d'ArielleN (...) Elle est justement en Israël, en ce moment. (..) J'ai précisément
trop de raisons objectives pour apprécier Arielle pour ne plus retrouver mon amour tant
il est vrai que l'amour implique une forme de sublimation, voire de renoncement, de
sacrifice devant l'autel de l'être aimé (...) Pour Arielle, serait-ce un mariage de raison flattant a
vanité (...) Le charme d'Arielle est trop évident. Celui de Larissa était caché, discret. (..)L'exubérance
d'Arielle me déplait. Je crois que j'ai aimé son amour puisqu'elle était tombée amoureuse de moi et
son intelligence à réussir dans la vie. C'est peu!
05. 10 77
Journal
J'ai appris dimanche dernier que Larissa s'était mariée. Je suis très triste. Décidément ma vie affective
est pénible depuis un mois avec la démission d'Arielle à son retour d'Israël/
26 09 77
Ma sœur se sépare de son mari (...) après 18 mois de mariage. (...) J'ai découvert
tardivement le sexe et n'ai vécu que pendant de courtes périodes avec des partenaires.
Heureusement, j'ai été prudent et ne me suis pas engagé dans une relation épuisante
et vampyrisante comme cela eût pu être le cas
29 0ctobre 77
Chère Arielle
Voilà un mois et demi que je n'ai plus de tes nouvelles. Je me demande ce qui t'arrive, où
tu en es, si tu es heureuse etc. Pas un coup de fil, malgré mes appels qui, à présent, tombent
toujours en ton absence comme par un fait exprès. Je croyais pour le moins , comme tu
me l'avais dit, que nous serions amis et tu ne me donnes plus signe de vie.
J'ai peine à croire que la dernière fois avant ton départ pour Israël, nous étions-semble-t-il si proches
dans ce petit restaurant nord-africain, près du Parc Monstouris. Que s'est-il
passé dans ta tête depuis trois mois? Que t'ai-je fait ou dit que tu ne me pardonnes pas
ou qui aurai brisé quelque chose en toi pour moi? A propos, Larissa s'est mariée en
Israël avec un jeune russe. C'était fin septembre. Cela m'a fait un choc quand je l'ai appris
par hasard mais cela m'a également soulagé. Autre nouvelle qui te surprendra tout autant: ma sœur
s'est séparée de François. Je te raconterai. Bref, tout bouge?
Et toi, Arielle, vas-tu te marier avec X? Par lassitude, par amour? Il est vrai qu'avec lui
et pour lui tu as donné beaucoup de toi-même, y compris ce fatal voyage en Israël en
aout qui nous a déchirés.
Les trois mois passés ensemble: mai, juin, juillet du 9 mai au 9 août semblent déjà loin,
un peu comme un rêve. Que d'émotions, d'espoirs, de rêves sont nés entre nous en ces
quelques semaines. Et puis plus rien : à ton retour, un verdict implacable et indiscutable
et que je n'ai pas voulu discute car je comprenais qu'il te fallait aller au bout de ta
relation ave x pour le meilleur et pour le pire, car je ne voulais plus qu'il soit entre nous ni moi Je
entre vous
Je t'ai donné beaucoup de moi-même durant nos trois mois et j'ai appris à te connaitre et à t'aimer.
Sache que je ne t'en veux pas et que je te comprends. Et que si tu reviens vers
moi, je t'ouvrirai les bras. Comme tu me l'as dit, lors de notre dernier voyage à Rosay,
quelques jours avant ton départ, je suis bien peu "rigide" et la glace est vite brisée.
Je crois d'ailleurs que mon amour a mûri, il aussi vaincu, par la force des choses, ses
fantômes. IL est vierge.
Tu ne crois que je t'aime, m'as-tu avoué un soir. Je voudrais te prouver que si. Mets moi à
l'épreuve!
Arielle, ne reste plus silencieuse, écris-moi, appelle moi. Envoie moi les photos que tu m'avais
promises. N'aie pas peur de moi, de nos.
Mais si tu décidées de rester avec X, de lui demander un enfant, tu as ma bénédiction même si je
doute que ton choix soit le bon pour toi.
Je vais bientôt fêter mes 30 ans, le Ier décembre. Je souhaiterais que tu viennes à mon
anniversaire. Mais romps, je t'en prie, ce silence. Parle-moi:
Je suis ton ami, c'est le moins que je puisse être.
22. 01. 78
Henriette
Mon amour actuel, c'est elle. Mon âge (quelques mois de plus que moi). Elle est juive ashkénaze. Elle
a les qualités de Larissa, le comique et la pureté, la simplicité et le cœur; la délicatesse et
l'intériorité, la discrétion et la fragilité, l'impolitesse et l'humour. Mon cœur, depuis que je la connais
(voilà une semaine) ressent comme un baume. Souvent, je souris en pensant à elle; j'ai le cœur léger.
31.01 78
J'ai reçu aujourd'hui une lettre d'Henriette me signalant qu'elle en a assez. Cela ne me surprend pas
trop. (...) C'est une curieuse fille qui refuse l'analyse et les questions trop personnelles. Elle fait
presque un chantage pour faire taire l'autre. En revanche, elle est honnête intellectuellement et sait
reconnaitre ses torts. Elle trouve que je suis un as dans l'art de la parole. Elle a le goût du bricolage
et de la décoration/ Elle est mince, fine. Malheureusement, ses mains sont assez frustres; en
particulier ses pouces et cela me contrarie
17 03. 78
Où en suis-je? J'ai rappelé Henriette, voilà une semaine. Elle ne m'a pas raccroché au nez. Elle est
prête à me revoir/ Cela m'a fait très plaisir. J'avais été très affecté et frustré par son refus (..) Quand
j'ai su que ce n'était pas terminé, une grande bouffée d'espoir m'a envahi et depuis je ne suis plus
déprimé. Je repense à notre avenir. En effet, si j'ai été affecté par la réaction d'Henriette, c'est parce
que, généralement, les choses ne se passent pas ainsi ou plutôt ne s'arrêtent pas si vite. Je ne suis
pas un Don Juan mais je connais quand même mon impact.
(...)Elle a un très joli sourire (...) une voix pleine d'esprit avec un grain de peuple, de toute façon. Elle
en a les qualités de franchise et de prudence. Il faut l'entendre défendre les travailleurs méprisés
06. 04. 78
Arielle. Mai 77
"Ce fut le coup de foudre de son côté, plus encore que du mien. Nous passâmes un mois très
romanesque en longues et mystérieuses conversations téléphoniques, en retrouvailles à la
Bibliothèque Nationale, presque quotidiennement. Je finis par apprendre l'existence de l'autre. Elle
me parla longuement de lui. Mais déjà elle hésitait entre nous deux et je sentais que j'avais sa
préférence. Il fallut pourtant attendre fin juin pour le premier baiser, tout de suite suivi de remords
de sa part qui finissait (..) à me faire perdre patience et à atteindre l'image de marque angélique
qu'elle avait de moi.
8 avril 78
Naissance d'un fils pour Larissa, le Ier avril. A priori cela signifierait que la conception aurait eu lieu
autour du Ier Juillet, soit avant le mariage de Larissa qui s'est déroulé fin août, je crois bien. D'ici à
penser que Larissa était enceinte quand elle épousa H.. Cela ne m'étonne pas vue son imprudence
évidente en matière de contraception. C'est ce qui a failli se produire entre nous.
11 mai 78
Il y a quelques semaines, j'ai pensé à Raya et je me suis rendu compte que je pourrais la prendre
pour femme, que cela satisferait bien des fantasmes, bien des nostalgies, que c'était la solution
romanesque, (-...) Malheureusement, Raya est en Israël et moi à Paris (...) Raya a été lâchée par son
fiancé et se retrouve donc seule. (..) Raya est très différente de Larissa. Elle est beaucoup plus
communicative, plus féminine, plus élancée (plus grande que moi d'ailleurs).Elle est très sensible et
nous nous sommes connus pour la première fois en 1969, cela fera bientôt 9 ans. Et c'est cela qui est
fascinant. (...) L'épouser ce serait utiliser un capital constitué durant 9 ans; ce serait au fond avoir le
sentiment de ne pas avoir trop perdu son temps en ce domaine. L'épouser, c'est épouser peut être
son premier amour, c'est épouser quelqu'un qu'on a connu quand elle avait 16 ans. (..)On ne s'est
jamais embrassé mais j'ai souvent été violemment attiré par elle mais chaque fois un obstacle se
glissait.
09 06 78
Henriette
Qu'est ce qui m'attire en toi? La façon dont tu me parles, franche mais un tant soit peu indulgente,
spontanée mais aussi patiente. Tu as un si joli minois mais on sent que tu as ton caractère. (..)
Pourquoi est-ce que je te poursuis depuis que tu m'as signalé mon congé? D'abord parce que c'est la
première fois que cela m'arrive. D'habitude, je poursuis une femme après qu'elle se soit donnée à
moi et que nous ayons rompu. Mais avec Henriette, d'emblée, cette situation où je dois me faire
pardonner une faute que je n'ai pas commise, peut être suis-je en mesure de gouter ce climat et
qu'au fond c'est ce que j'ai toujours recherché? J'aime ce qui se refuse à moi et j'ai toujours regretté
ma facilité de mes conquêtes antérieures qui, en quelque sorte, m'ont frustré/ (.) Et pourquoi ne me
dis-tu pas de te laisser? Je suis un vrai soupirant. C'est un nouveau rôle.
7. 12 78
A Michèle D.
Ce soir tu n'es pas là. Je croyais avoir oublié le vertige, je ne savais plus ce qu'était ce mal, je me
demandais à quoi ressemblait l'amour. Je sens qu'on a raison de parler du cœur car ce
n'est ni dans ma tête, ni dans mon sexe que je palpite. Ce n'est pas mon imagination ni ma
libido qui me conseillent Une certitude venue d'ailleurs et qui me rend fou. Ce soir, je
suis malade. Il y a une semaine, c'était il y a un siècle. J'ai peur de cette force qui me submerge. Je ne
sais pas si tu vis ce que je vis mais je sais à présent que l'amour est égoïste. J'aime même si tu ne
m'aimais pas. Je ne sais pas si l'amour est logique, symétrique, esthétique. J'ai mal. Tu es devenue en
quelques heures ma drogue inséparable. Je t'en veux.
Je suis terrassé par plus fort que moi. Que va-t-il m'arriver? Mon petit monde s'effondre. Je
souffre. Jusqu'à quand. Je suis amour.
27. 06 79
Journal
Céline
Elle est belle, rayonnante, assez élancée mais pas trop grande pour moi. Elle est née en Sibérie de
parents juifs polonais. Elle doit avoir un an de plus que moi. Elle est blonde-est-ce sa couleur
naturelle?. Elle a de nombreux grains de beauté mais c'est séduisant. Elle est sincère et responsable.
Elle est féminine mais avec des allures énergiques. Elle semble capable d'aimer profondément. On
perçoit de la fidélité, de la compréhension mais aussi une grande exigence.
07. 08 79
Michelle D.
J'ai passé chez elle la nuit du Samedi au dimanche. Mais nous ne nous sommes pas étreints.
Quelques frôlements de mains Presque rien. C'est une fille très sensibe et très humble à sa façon. Elle
a un nez qui est l'expression de la beauté et de la fragilité. Elle ne fait pas l'amour, semble-t-il.
12 08 79
Michelle D.
J'ai rencontré cette étudiante en astrologie - la troisième dont je tombe amoureux après Nicole et
Marie-Ange au mois de décembre dernier (..)J'étais alors avec Simone P. et du jour au lendemain je
décidais de la quitter.
12/ 08 79
Michelle avec ses 29 ans est encore très fraiche physiquement et mentalement. Elle a des
intonations de voix qui m’amusent par leurs changements et leurs nuances. Elle a une voix assez
étonnanre, chaude, pénétrante. Son visage peut être rayonnant même s’il a un côté quelque peu
maladi. Sa peau, en particulier, n’est pas très nette, elle est assez grasse. Toujours vétue de noir, les
yeux bleuses, Michelle a l’allure de ces Grecques. Et plus généralement des Méditerranéennes. Elle
est très modeste dans ses propos. Mais elle a des opinions très tranchées sur les gens. J’en ai fait
moi-même les frais puisque pendant plusieurs mois, elle ne m’a pas considéré digne de la revoir. Et
puis un beau jour, elle a accepté de travailler avec moi sans même que je le lui demande. Je n’osais
l’espérer. C’est une des grandes surprises de ma vie en matière de comportement humain. Je n’ai pas
osé lui demander les raisons de ce revirement. D’un autre côté, elle sait que je suis toujours attaché
à elle mais elle s’en fait une raison
08. 10. 79
.Céline
Depuis un mois, je la vois assez souvent et il n’est plus question de rival. Notre relation progresse
lentement mais surement. . (…) Parfois je me demande si ce type de relation assez aristocratique, où
l’autre reste quelqu’un qui ne vous appartient pas, avec lequel on ne peut se permettre toutes les
libertés n’est pas la relation qui me convient. Bref, j’aime mon amour pour Céline. Je le trouve beau
et pur, doux et profond mais sans passion excessive et surtout sans hystérie. (..)Avec sa voix grave,
ses manières franches et souriantes, son esthétique qui lui fait refuser toute laideur, elle me donne
une image sereine d’une relation affective. Nos confidences se multiplient de part et d’autre.
Cela tient précisément à un équilibre (..) fragile entre la volonté d’attendre, le calcul, le fait de mettre
la fin avant les moyens, d’une part et la volonté néanmoins très précise de vouloir obtenir un résultat
sans que l’on voie comment l’on s’y prendra. Bref, période qui est le comble de l’ambiguité mais
aussi d’une certaine efficacité acquise avec très peu de moyens, une économie certaine d’énergie qui
dispense du gaspillage et de l’impatience. On doit donner un peu l’impression que l’on est un être
abstrait, ludique bref inquiétant. Que faire devant cette appréciation qui rejoint vraisembablement
celle de Larissa en juin 76 ?
28. 10. 79
Céline
Vendredi soir, je lui ai pris la main. Nous étions au café. Il ne s’est rien passé.Elle a souri un peu
bêtement. Il semble que la parole ait pour elle une importance première. (..) Je vois bien Céline
devenir ma femme. Elle doit être légérement plus âgée que moi. Elle est née dans un camp sibérien.
Plus que sexuellement, je suis attitré par une certaine chaleur, une possiblité de constituer un vrai
couple axé sur la compréhension et le dialogue. Le probléme avec Céline, c’est justement sa
tendance à materner plutôt qu’à se laisser conduire.Et dans quelle mesure, cette attitude qui est
assez « courante » ne risque-t-elle pas de fausser la relation ? Penser à elle me réchauffe et bientôty
je crois que nous serons inséparables. (..) Je suis malade d’amoutr. Je ne sais exactement ce qu’est
cette maladie qui est une sorte de langueur, d’intoxication par l’être aimé ; Mais cela faisait deux ans
que je n’avais pas été frappé par ce mal délicieux.
25 11 79
Edwige
Jeudi, je dois revoir une fille que j’ai rencontré il y a bien longtemps dans les années 60.C’est une
longue histoire que j’avais presque oubliée. Toujours est-il qu’Edwige n’est pas n’importe qui. A
présent que je rassemble mes souvenirs et mes impressons, je constate qu’elle ressemble beaucoup
à Larissa ou plutôt que Larisa me rappelait Edwige à tel point qu’il m’est difficile dans ma mémoire de
dissocier l’une de l’autre sinon qu’Edwige est rousse. Mais elles ont un style comparable. Il
conviendra que je m’en assure jeudi. (…) Nous nous sommes connus en classe de philo, en 69, et je
connaissais son frère si bien qu’elle avait entedu parler de moi déjà deux ans plus tôt sinon trois.
Puis je la revis en 71-72, elle fréquentait un centre juif dans le quartier latin. Ensuite, je la perdis de
vue et n’avais de nouvelles que par un ami commun. (…) Que se passa-t-il entre nous durant toutes
ces années ? En apparence peu de choses. Nous ne fimes jamais l’amour mais elle me confia ses
problémes sentimentaux et m’en voulut pour cette confesson. Elle s’épanchait avec moi mais à
propos des autres. Je jouais le rôle de témoin (…) Je me souveins seuelemnt qu’une fois en 69 ou au
début 70, elle vint me voir chez moi (…) et qu’elle me dit qu’elle pourrait bien faire l’amour avec moi,
un de ces jours, que, pour elle, c’était d’abord « hygiénique ». A cette époque là, je n’avais approché
aucune femme. (…) Relation donc assez mystérieuse où pointatit une certaine idée qu’elle avait de
moi, l’ami de son frère (..) avec lequel elle s’esr aujourd’hui fâché (..) Bref, jeudi dernier, je lui
téléphonai. Nous nous vouvoyions comme elle l’exigait mais bientôt elle passa au tutoiement.
J’éprouvai d’ailleurs dans notre conversation un curieux mélange de proximité et de distance,
d’intimité et de défiance. J’aime Edwige et c’est très certainement une des premières femmes que
j’ai aimmées.
17 . 12. 79
Céline
Décidément mes relations avec cette fille sortent de l’ordinaire. Tout a commencé en jui dernier, il y a
six mois. Je connaissais Céline depuis plusieurs années. C’était une amie de Louise, mon ex fiancée.
Mais je n’avais guère eu de contact avec elle. (…) Elle me dit, un jour, au téléphone, que la situation
ne peut pas durer, qu’il faut faire quelque chose. On a l’impression que c’est le feu vert. Elle va
même jusqu’à dire qu’elle n’est peut être pas assez séduisante. Cela apparait bien comme un appel.
Et puis, non, elle renverse les rôles et me reproche de vouloir aller trop loin. Il serait plus simple, dit-
elle, de cesser de se voit. Purement et simplement. C’est là que ma sœur intervient. Céline est une
de ses amieS. Elle lui reproche son attitude cavalière. Et que se passe-t-il ? Céline me rappelle pour
que l’on passe le week –end ensemble. Or, je dois me rendre à Bruxelles (…) elle veut bien
m’accompagner en voiture. Ce voyage (10 novembre) sera l’occasion de mieux se connaitre. () Nous
passons la nuit (..) dans la même chambre, dans deux lits cote à cote . Mais encore une fois rien ne se
passe. Au retour c’est l’éclat Céline en a assez. Cela ne sert à rien de persister. C’est du masochisme
dit-elle. (… ) Bref je renonce à la revoir. Jusqu’à ces derniers jours où (…) elle refait surface et me
laisse entende que, réflexion faite, il n’y a pas de raison de ne pas être amis. Je l’ai revue dimanche et
elle a été charmante avec moi. Elle a dit quelques paroles assez troubla,yes. Elle voudrait m’aider à
communiquer.(..)Elle veut me prendre en charge, en quelque sorte, si j’ai bien compris. Voilà bien
un être assez fantasque et capricieux- bien féminin dira—t-on
08 02 80
Elisa
En la revoyant , je me suis rendu compte qu’elle était en quelque sorte de la même essence que
Larissa. Bref, je dirai que faute d’épouser Larissa, je pourrais trouver mon bonheur avec Elisa. Elles se
ressemblent beaucoup physiquement, le même nez assez proéminent, et qui au premier abord lui
donne un air un peu lourd. Mais aussi le même regard brillant, le même sourire éclatant et soudain,
le même style de comportement discret et plein de réserve et de pudeur. Avec Elise je pourrais
oublier Larissa.
Evidemment, Elisa n’est pas juive. Mais à ce niveau d’amour, je suis capable de passer outre. (…)
Elisa qui n’a pas encore 25 ans qui a donc l’âge qu’avait Larissa quand je l’ai connue –(…) Oui, toutes
les femmes que j’ai failli épouser avaient 25-25 ans quand l’occasion s’est présentée. Je vois que je
pense à une femme de cet âge même si moi-même je vieillis.
18 02 80
Ce septiéme voyage est un voyage nostalgique car Israel, pour moi, est très chargé aujourd’hui. Il
n’est plus marqué par l’espoir comme les précédents ou plutôt cet espoir , pour l’heure, fait mal le
poids face à tout le « passif ». C’es t par Israel que j’ai connu le plus grand bonheur et par voie de
conséquence peut être le plus grand malheur.
Aujourd’hui, à 32 ans – j’ai fait mon premier voyage à 19 ans !- je me demande si je peux encore être
aimé. Après la période si riche qui va de 73 à 77 il y a un vide. (..) J’ai connu la joie de compter voire
de fasciner. (..=) Je sais que je peux aimer mais puis-je être aimé et puis-je l’être par celle que
j’aime ?
Je compte donc sur Israel pour ranimer les voies de l’amour car je m’aperçois qu’il est très difficile
de vivre sans un être qui vous aimé. Je souffre profondément de la solitude intérieure et je me
déséspère de paraitree inextricable et inaccessible. Humainement parlant. C’est vrai que je suis assez
secret mais je trouve qu’une femme doit pouvoir trouver le chemin de mon âme.
Il me semble que je pourrais beaucoup exprimer par les poéme (///=
24 03 80
Michèle L.
Rencontré cette jeune femme. Enormément de charme (//) Le hic, c’est qu’elle est quand même plus
grande que moi. (..) Il reste que Michéle est charmante, très sereine, pleine de sensibilité. (..) J’ai
rarement rencontré une telle pureté. Reste à savoir si je lui ai plu. (..) Elle combine diverses qualités
que j’estime et cela apparait sur son visage. Un judicieux équilibre. D’intelligence, de finesses, de
grâce et d’humour. Il y a de l’ange chez Michele/ Elle a ce nez assez important dans le visage qui
généralement est le trait des femmes que j’aime/ Un nez généreux. La rencontre m’a marqué et
troublé. Ce serait trop beau si moi aussi de mon côté je ne l’avais point laissé indifférente.
C 1980
A Larissa
J'ai laissé passer le bonheur. IL avait tes cheveux blonds, tes narines allongées que j'aimais embraser,
ta voix rocailleuse d'ukrainienne. Je ne comprends pas comment j'ai fait fuir notre amour. Il était là,
si présent, si évident et je n'ai pas voulu de lui. Je n'ai pas su le reconnaitre. Maintenant après trois
ans, je sais que je l'avais rencontré. Et même avant, bien avant, ne suis-je revenu vers toi par deux
fois et je n'ai pas su rallumer la petite flamme de ton cœur. Pourquoi ce qui a été ne peut-il pas être
encore comme le soleil qui toujours se lève après la nuit?
Je l'avoue. Il est des moments où je t'oublie un peu. Que deviendrais-je si ta pensé me traversait la
tête à chaque instant? Mais je te retrouve toujours après t'avoir été infidèle, je retrouve ma douleur
chérie, qui m'assure que j'ai vécu la vie même si cela fut si court. Mes souvenirs valent cent fois mes
amours du présent Tu étais la femme qui m'était destinée et nous n'avons vécu ensemble que trois
ou quatre mois, il y a 3 ans. Mais n'est-ce pas assez pour remplir toute mon existence: j'ai tué notre
amour si je ne t'ai pas tuée. N'ai-je pas le droit d'être fidèle à ton souvenir, même si je sais que tu as
un mari et un enfant et que peut être tu ne sais plus qui j'étais? Car je ne sais pas ce qui se passe
dans ton cœur. M'as-tu bien effacé?
Je n'ai pas besoin de consulter mes notes, ni mon journal qui constata consciencieusement l'autopsie
de notre amour, pour me rappeler chaque instant durant lequel nos destinées se croisèrent Je laisse
à ma mémoire le soin de tout remettre en ordre et puisque notre amour nourrira ma vie à venir,
autant que je le revive chaque fois que je relirai ces pages, tout comme je le fais quand j'ouvre
l'album où quelques photos ont été recueillies de ce temps-là.
Pourquoi est-ce que je m'adresse à toi? Mais parce que tu es ma compagne pour la vie, que mes
pensées et mes solitudes je les vivrai toujours avec toi. Tu me détesteras peut être encore plus pour
cela. Mais tu n'as pas le droit de m'ôter ce dernier bonheur, ma petite âme.
J'arrivai à Jérusalem vers le 10 janvier (1976). Ce furent des retrouvailles après sept ans d'absence.
(depuis 1969 date de mon départ ‘Israël). J'avais fui la France étouffante à la veille de Mai 68. Alors,
je connaissais à peine l'hébreu. Adieu les études et la famille. Israël était au lendemain de sa Guerre
des Six Jours. Je voulais renaitre dans un autre pays, dans une autre langue. Cet amour d'Israël dura
un an/ Je ne veux pas non plus l'oublier mais il n'est rien par rapport à mon amour pour toi, ma
petite âme. Oui, j'ai aimé Israël comme un Juif peut l'aimer et je t'ai aimée comme un homme peut
aimer une femme J'ai fait de l'hébreu une autre langue maternelle et c'est dans cette lange que nous
avons vécu notre amour. Et cette ville, elle fut mon autre ville, mon autre Paris et c'est dans cette
ville que sept ans plus tard notre amour est né. A Jérusalem
Sept ans plus tard, j’étais en Israel pour préparer un doctorat de civilisation orientale et par nostalgie,
car il devenait obsédant de ne pas revenir sur des lieux qui avaient été tout mon univers et que je
m’acharnais à ne pas retrouver pour je ne sais quelle raison. La première fois, il est vrai, à vingt ans,
je ne connaissais pas les femmes. A présent, je pourrais recevoir dans ma chair l’offrande de
Jérusalem. Et c’était toi.
Il faut reconnaitre que nos relations amoureuses débutèrent de manière assez cocasse et touchante.
Tu me demandas de t’apprendre à faire l’amour. J’avais commencé à t’apprendre le français et ne
voilà-t-il pas que tu me demandes purement et simplement des leçons d’amour ? A moi, le jeune
Français. Noblesse oblige.
J’exagère à peine. Pour en arriver là, il fallut bien entendu qu’une certaine amitié se crée entre nous.
Un soir, nous nous sommes embrassés et j’ai passé la nuit avec toi. Mais chaque fois que j’allais trop
loin, tu m’arrêtais doucement mais avec une énergie sans réplique.
Tout avait commencé un soir où je m’étais fâché avec ton ami Raja. C’est par elle que j’avais fait ta
connaissance. Raja était venue à Paris en septembre (1975). Je l’avais rencontrée à Leningrad
plusieurs années auparavant. Elle avait émigré entre temps et je peux dire qu’elle avait été un de
mes premiers amours très platoniques. Elle avait éveillé une flamme et nous marchions côte à côte
sans pour ainsi dire échanger une parole dans une langue commune. Aujourd’hui, elle parlait
l’hébreu et comme elle était bavarde ! Je préférais ton silence et ta discrétion.(..) Ty ne faisais guère
d’effort pour séduire. Mais nous étions complices.
Je venais souvent te rendre visite après avoir été la voir. Vous habitiez dans le même foyer que j’avais
déjà fréquenté sept ans plus tôt. On y avait mis un gardien qui surveillait les entrées, les horaires. Un
véritable Cérbère .Il fit de nos rencontres une épreuve et en dernière instance il fut le fossoyeur de
notre amour. Ce gardien que Kafka n’aurait pas désavoué qui avait le droit de me laisser ou non
pénétrer chez toi. Qui pouvait me prendre en faute parce que j’étais descendu trop tard. Que tu
parviendras parfois à amadouer. Ce gardien qui devait un peu t’évoquer ton goulag de Kiev.
J’entrais chez toi. Tu étais une sorte de Cendrillon qui restait dans sa petite chambre à travailler à ses
dessins. Ces dessins que tu avais laissé tomber de ton carton la première fois où nous nous étions
vus. Je les avais ramassés et tu m’avais dit merci avec un regard plein de bonté et d’humour. Comme
tu étais différente des filles de Paris ! Tu étais une sorte de paysanne avec ton foulard sur tes
cheveux. Et tes grosses lunettes sur le nez te donnaient un air d’institutrice de village. Cela ne
correspondait guère aux canons de la beauté que l’on m’avait mis dans la tête. Je m’y suis jamais
tout à fait habitué, ,je l’avoue.
Je passais une heure ou deux dans ta chambre. J’étais bien avec toi. Et si loin de Paris que je croyais
rêver ou plutôt rajeunir. Je me retrouvais sept ans plus tôt dans ce même foyer. Il semblait qu’entre
nous, il ne se passait rien que ces moments de calme/ Le sexe n’était pas de mise.Nous restions
lointains l’un pour l’autre.
1. 06. 80
Les filles les plus belles que j’ai connues, Marie-Ange et Nicole mais surtout la première sont des
êtres qu’il me suffit à la limite de regarder. Je n’ai même pas besoin de les toucher. Alors que la
laideur physique implique une compensation. Faute de regardeer de loin avec plaisir, on se
rapproche pour ne pas avoir à blesser sa vue. Martine M. en l’occurrence est une fille
particulièrement peu jolie Et à vrai dire la laideur m’inquiété, m’angoisse. J’en veux aux femmes
laides. J’y vois une trahison de leur sexe Il me semble qu’à une femme belle, je peux tout
pardonner et accepter. Pour moi, le plus grand plaisir est de contempler une femme belle. Je ne
connais pas de joie plus intense. Je voudrais une femme dont je ne puisse détourner les yeux sans
douleur. Je crois que tous les hommes ne sont pas ainsi. Heureusement
Je crois que Marie-Angé a été la fille qui m’a le plus fasciné. Elle avait un visage très particulier
mais très harmonieux finalement. Il n’est pas étonnant qu’elle m’ait fait oublier Larissa. En effet,
c’est en décembr, au retour de l’Inde, que je l’ai connue alors qu’autrement je serais retourné à
temps en Israël. Voilà qui confirme l’idée que j’ai quitté Larissa parce qu’elle n’était pas assez «
ravissante ».
La beauté et l’intelligence suffisent grandement à meubler une relation. Autrement dit, elles
Dispensent du reste : faire l’amour ou toute autre forme d’échanger
20 06 80
Nancy S.
J’ai rencontré une américaine de 30 ans , Nancy (..) et nous avons commencé à nous embrasser
quelques heures après avoir fait connaissance.Ce qui montre bien que le coup de foudre, c’est une
bien belle chose. Je ne crois guère aux rencontres qui tardent. Marie-Angen je l’ai aimée depuis le
premier instant et c’est une fillle que j’ai encore dans la peau. Le fait d’avoir le courage de prendre une
fille dans ses bras exige que l’on soit poussé par une force particulière. (…) Je suis très heureux
d’avoir retrouvé des sensations un peu oubliées. Une force qui vous pousse vers l’autre et à laquelle
vous vous soumettez avec délice.
(…) De plus en plus, il me semble qu’elle a tout pour me plaire : elle est grande, blanche, bien bâtie,
elle fume, elle a de la classe, elle a des lunettes et…elle est coiffeuse. Elle coupe les cheveux. Tout se
passe comme si j’avais toujours révé de cette Nancy. J’ai l’impression que c’est un rêve. Et je me
demande comment cela va se terminer. Saurai-je saisir cette occasion de vivre avec la femme de mes
rêves ? (..) J’espère qu’elle m’aime autant ou presque que je l’aime. (..) J’espère de tout mon cœur
être à la hauteur. Car voilà 4 ans, j’ai du laisser passer 77-78-79 que je n’ai pas été emporté par une
vague d’amour pareille. Aussi, quand on est très attiré par une femme sexuellement, on éprouve une
douleur sourde au niveau du public.Et c’est ce qui s’est pasé. J’ai Nancy dans la peau. Mais je crois
que la relation ne peut être totale car il faut aussi qu’elle m’aime (…) Prions)
23 06 80
La rencontre de Nancy S. m’a bouleversé. Et pourtant il ne s’agit de rien d’autre que quelques baisers
et quelque caresses. Dont j’ai été sevré et frustré. (…)Je ne sais pas très bien ce qui va en sortir. On en
a parlé hier soir ?Elle n’éprouve pas ce que j’éprouve. (..) Est-ce qu’lle sait recevoir mon amour ? Elle
souffre mal la dépendance, ainsi c’est elle qui voudrait me faire visiter Paris. Ainsi est-elle
constamment préoccupée par l’obligation qu’implique une dépendance financière à l’égard d’un
homme/
25 06 80
Voilà donc une semaine que je suis amoureux de Nancy, cette belle Américiane. Elle n’est pas sans
évoquer Louise. ; Elle a des lunettes qui lui donnentr un côté institutrice et elle a un sourire très
féminin. Elle s’habille très bien. (…) Qui vivra verra.
24 09. 80
Olga
J’ai rencontré à Bruxelles, une jeune Roumaine. Et nous avons vite sympathisé. On s’est revue à Paris.
Elle m’a encore appelé ce soir. Il me semble qu’elle soit attirée par moi. Elle a un certain charme( un
accent !- d’Europe de l’Est. Mais elle n’est pas Juive, cette petite Olga (…) qui sera peut être ma
prochaine maitresse. La dernière en date ayant été finalement Simone puisqu’avec Nancty cela n’a
pas été, hélas, très loin. Il faut dire que je suis revenu depuis cet Eté à 65 kg après avoir frisé les 80k.
Et j’avais un peu honte de mon corps.Et me voilà avec le poids que j’ai depuis l’âge de 20 ans. Olga a
le même âge que moi. (…) Il se peut que nous nous entendions sur bien des points bien que je ne la
trouve pas très très jolie. Mais je me demande si elle ne ressemble pas à ma sœur. La seule femme
brune que j’ai aimée, ce fut Arielle mais il n’y a pas eu de relation sexuelle compléte et je me demande
si elle m’attirait vraiment ou si je n’avais certaines inhibitions avec elle. Il est plus que certain en tout
cas que d’ici 15 jours, il se sera passé quelque chose entre Olga et moi et je le dis d’autant plus que
cette fois j’ai la conviction qu’elle est amoureuse de moi et que je ne brusquerai pas les étapes comme
je l’ai certainement fait pour Nancy dont finalement je ne saurai jamais ce qu’elle avait dans la têt
28 11 80
J’ai rencontré ce soir une jeune astrologue juive (..) qui me fascine par sa beauté et sa personnalité.
Elle me fait penser à Henriette dont j’avais fait la connaissance il y a 3 ans. Elle a un nez très juif mai
dans un style très typique et à la fois très esthétique. (..) C’est le coup de foudre !
Catherine Lavigne 81-82
Genèse de la rencontre
Le premier contact avait été très quelconque voire hostile. Cette gamine qui n'avait
Guère d'allure ni de séduction m'avait indifféré. (..) Un mois plus tard notre vouvoiement se
transforme en tutoiement (..) on finit par s'embrasser dans une petite boite de la rue de
l'Odéon. Elle habitait alors un deux pièces (..)et avait une situation de secrétaire assez
prometteuse. En fait depuis janvier 1972, elle avait commencé à travailler. Elle n'avait as &7 ans. Sa
rencontre avec moi- je ne puis exactement affirmer ce qu'elle signifia évidemment-ètait
de toute façon l'occasion d'une ascension sociale et intellectuelle. Le fait qu'elle n'était
pas juive constituait aussi un problème qui s'ajoutait aux facteurs socioculturels
constituait indubitablement un barrage, un obstacle.
Toujours est-il que notre couple, à la rentrée, commença à exister aux yeux des autres, de
mes amis et de ma famille, ce qui constitua un ciment indéniable et une image dont il
est difficile de se défaire.
Devant elle, j'étais sans masque et je me montrais avec mes doutes et mes faiblesses
(..) Avec elle, il est vrai je me défoulais et je me dépouillais d'une certaine rigidité. ESt ce que
lui en voulais de me démasquer? Lui en ai-je été reconnaissant?
Physiquement, l'attirance n'était pas extraordinaire. Un petit corps bien fait et une tête assez
quelconque. Rien de fascinant ni d'excitant. Pas encore une femme de toute façon. Pas
d'autorité, pas de volonté bien assise. Un caractère de cochon, sans dynamique
constructive. Elle n'avait connu autour d'elle -notamment dans sa famille- que l'indifférence et au
au travail elle ne visait qu'à avoir sa paie. Autant d'éléments qui font que quelqu'un ne
s'épanouit pas et n'exerce pas sa volonté. (...)Elle mettait un temps fou pour réaliser quoi que
ce soit. Elle manquait d'énergie, de persévérance. (..)Même au niveau de ses études (...)
elle ne le faisait que pour moi. Elle n'assumait rien.
Dans un sens , cette attitude était commode car elle me suivait sans avoir grand-chose
dans la tête, guère d'idées à elle. (...) Un comportement curieux consistait chez elle à
faire à l'autre ce qu'il lui faisait. Lui donnait-on une tape, elle en rendait une et ainsi de
suite Rarement lui vit-on prendre une initiative. Une grande passivité au demeurant. Une
résignation facile également. (..)Moi qui aie toujours prôné de ne pas être quelqu'un qui rendait ce
qu'on lui donnait, cette philosophie de la réaction- mais aussi de l'escalade- me paraissait
aberrante.
Et puis aussi, (..) elle était "blindée", c'est à dire que rien ne la touchait, sa sensibilité
profonde était totalement refoulée.
Il y a eu également toute une discussion entre nous sur la "politesse" pensik. Jamais je ne m'étais rendu
compte à quel point les formules de politesse étaient vitales pour les relations
Humaines. En refusant, en s'abstenant de dire ;pardon merci", 's'il te plait;, on occasionné
des tensions. Un rien les éviterait.
Elle a fouillé dans mes affaires et a lu des documents personnels, des journaux intimes, des
lettres d'autres filles. Et elle l'avoue sur un ton assez cynique, y faisant allusion ouvertement.
(par exemple, une lettre de Marie-Ange) pour y trouver argument contre moi ou pour se moquer de
moi.
Sa rencontre avec ma famille n'a pas été négative. Elle a été assez bien acceptée mais
justement elle ne laissait rien transparaitre de sa véritable nature, ce qui, finalement, est encore
plus insupportable. Sa primarité, évidemment fait qu'après les pires scènes, elle est
capable de tout oublier. Ce qui est épuisant. Elle dit ce qui lui passe par la tête sans se
demander si le moment est opportun. Un manque de tact absolu.
La rupture.
En ce dimanche soir (17 juillet 82), la rupture qui est la énième mais la bonne (mieux
vaut tard que jamais) implique pour Catherine qu'elle crache sur tout ce que nous avons vécu
ensemble. A l'en croire (mais ce n'est pas la première fois que j'entends ce discours) on se
demande pourquoi elle est restée 30 semaines avec moi.
Mais je sens que cette fois est la bonne et cela d'autant plus que j'ai été spécialement
gentil avec elle et que cela n'a servi à rien. Bien au contraire.
27. 07 1982
Françoise Vignet
Françoise qui n'est pas juive a des traits très fins et est assez enveloppée sans être grosse/ Elle
Elle a un visage rond, des lunettes, des cheveux très noirs et des yeux dont je n'ai pas
remarqué la couleur. Je la trouve jolie, très gracieuse, elle a un très gentil sourire- mais il y a une vie
en elle, un humour, un regard sur le monde, qui lui donnent une indiscutable présence.
Nous nous vouvoyons toujours et cela donne à notre relation une certaine qualité qui en
fait nous rapproche paradoxalement. Peut-être ce vouvoiement est-il la marque d'un
respect de l'autre ou d'une volonté d'inventer une relation pas comme les autres en changeant
les règles du jeu. Mais c'est vrai que quelque part il y a jeu dans ce "vous".
J'aime parler avec Françoise. C'est un plaisir dont je ne me lasse pas. Lui dire ce que je pense, ce que
je vis. Il semble qu'elle comprenne avec une grande acuité toutes mes paroles.
JE suis amoureux et cette sensation me donne un cœur léger.
On ne se voit que de temps en temps pour l'instant. Cela fait à peine une semaine que nous nous nous
sommes revus. Une première rencontre avec elle avait été inoubliable même si elle s'était déroulée
dans une certaine confusion, chez Céline, car je m'étais emporté et avais
indisposé tout le monde.
Elle aime aller sous la pluie sans se préoccuper de ses cheveux mouillés. Elle lance parfois, malgré son
langage châtié, quelques vulgarités "mon cul!". Tandis que ma sœur ne le fait guère mais possède un
vocabulaire plus frustre.
Notre relation me donne l'impression d'être celle de gens adultes. C’est la première fois
que je sens que j'ai 30 ans. Il me semble que Françoise est très sensuelle. (..) Mais peut-être est-ce que
je me trompe.
Quelle différence avec Catherine (Lavigne) (...)J'ai en face de moi quelqu'un qui (...)a de l'assurance
mais aussi une certaine pudeur, une réserve qui est faite de charme.
Elle a 33 ans, comme ma sœur . Mais elle fait plus mûre. Etant professeur, elle a certains côtés qui
font assez "dur" mais que vient aussitôt tempérer la voix (ou le rire). Elle m'a parlé de sa
vie de ses cinq années dans le Nord et sa décision douloureuse de venir à Paris, comme
elle était avant partie de Lyon vers Lens. Il y a des villes qu'elle quitte, qu'elle fuit et des villes, des
êtres qu'elle a aimés, je suppose.
1984
Journal
01. 09
Il y a dix ans, Monique et moi, un beau matin de septembre, nous nous séparions. Cette rentrée des
classes me faisait peur. Aujourd'hui, je me rends compte de ma jeunesse d'alors. Curieusement, les
jeunes ne savent pas vraiment qui ils sont. Un enfant de 5 ans pense probablement qu'il est très vieux
et que le temps lui est compté.
Dix ans après le problème de l'argent apparait comme le seul véritable obstacle à mon ascension. Mais
un obstacle qui suffisait éventuellement à me briser.
(...) J'approche de la quarantaine. Avec une certaine satisfaction, je ne suis pas déçu mais j'ai des
ambitions illimitée de par ma philosophe, selon laquelle l'homme fait ce qu'il veut de lui-même s'il sait
dominer sa mémoire, ses habitudes. La cohabitation de ces diverses ambitions qui sévit en ^moi
contribue à ma tension
02. 09 84
Mes amours
Depuis 4 mois, je vis avec une Anglaise, une élève en astrologie. Elle a 12 ans et 12 cm de plus que
moi. Elle n'est pas Juive. Elle n'a pas de culture. Elle a de l'argent. Elle ne travaille pas. Elle aime
quand je lui fais l'amour/ Elle m'offre des choses, parfois de l'argent. En fait, elle m'entretient quelque
peu.
Une nouvelle expérience où j'ai l'impression que je rentabilise une sexualité épanouie. Encore que je
n'aie pas avec elle des orgasmes puissants. Je suis peut-être même légèrement frigide avec elle, ce qui
n'a rien à voir avec l'impuissance.
Avant elle, en février-mars, j'ai connu une femme, Clarisse, une astrologue-voyante, qui était
amoureuse de moi et me le disait par téléphone. C'était au point qu'elle envisageait sérieusement de
m'épouser. C'était une sorte de viol moral et physique. Elle se moquait presque de ce que je pouvais
éprouver. Elle pensait qu'elle pouvait me conduire à l'aimer. Et elle y avait en partie réussi. Tout
l'amour de l'autre ne saurait vous laisser en paix dès lors qu'on l'écoute s'exprimer et que l'on cède
quelque part.
Car, en effet, cette volonté de me prendre de sa part, a quelque chose d'hypnotisant. Elle avait deux ans
de plus que moi. Elle était "forte"/
Avant, encore, il y eut une jeune fille de 22 ans, élève en astrologie, (...) Très douée, très éclectique
(sport, violon, acupuncture, anglais, informatique, astrologie) je me sentais proche de sa quête. Je n'ai
pas été assez patient avec elle. Je ne lui ai pas pardonné ses hésitations à mon égard.
Avant elle? Il y eut une autre période "sans" qui fut celle de Martha, une élève (...) qui en décembre
82 m'écrivit une lettre d'amour et avec laquelle les rapports sexuels ne fonctionnaient pas bien.
Quand je compare avec ma compagne actuelle, j'ai peine à croire que le sexe ait été un obstacle mais
entre temps, je m'étais désintoxiqué de certains fantasmes. Cette fille, Martha, à demi juive,
intellectuelle, exigeante, me parut différente. Elle avait un enfant en bas âge. Elle était dangereuse,
destructrice. La relation a avorté définitivement vers le mois de mai 83 quand elle arrêta de suivre les
cours. Je lui ai téléphoné depuis. Mais elle a du mal à me revoir, apparemment. C'est en rencontrant
Martha que j'ai pu quitter Catherine. Ai-je palé de Catherine dans mes journaux? Je n'en sais rien. Il y
a eu une longue période où je n'écrivais plus ce que je ressentais. Cela daté d'au moins 1979-80.
Catherine que je j'avais connue dans ses fonctions de dactylo car je cherchais quelqu'un pour taper un
texte vécut avec moi une relation orageuse mais qui dura une quinzaine de mois (juin 81 à décembre
82). Pas très jolie, un peu vulgaire, elle était totalement libre de devenir ce que je lui demandais.
L'amour lui donnait des ailes, elle y puisait toute son énergie. Je l'avais surnommée Poupinette ¨lors
d'un séjour en Israël (Juin 82) C'est avec elle que j'ai vécu la relation la plus longue et la plus intense.
Elle avait une sorte de pouvoir sur moi et sexuellement j'étais attitré inexorablement vers elles quand
elle me fixait de ses drôles d'yeux/ Pour la quitter il fallut que je refuse de la revoir. En fait, elle se
détacha de moi, le jour où Salomon, un de mes "amis" lui apprit mes relations avec Martha. C'est un
peu ce qui s'était produit en 1976, à Jérusalem, avec Larissa. Elles ne pardonnent pas l'"infidélité
même dans la rupture. Voilà 3 ans résumés en quelques lignes
Larissa
17 08 93 ( * adapté de l'anglais par l'auteur ** en français dans le texte)
Laisse-moi te dire tout d'abord à quel point j'ai été heureux au cours de ces 20 jours passés en
ta compagnie. Cela restera un extraordinaire souvenir au sein de notre histoire. (..) Je me
souviendrai de notre pèlerinage sur les lieux de notre passé commun. Nos leçons de français
avec ton délicieux accent "C'est juste un exemple, cela ne correspond pas à la réalité".
** Il y a des moments où l'un d'entre nous a l'impression que l'autre est insensible et qu'il
ne se rend pas compte qu'il nous fait souffrir et qu'il n 'en prend pas conscience avant que nous lui
expliquions dans des termes durs qu'il n'apprécie pas, ce qui provoque un cercle
vicieux. Ce qui est intéressant est que ce sentiment existe des deux côtés.
19 08 93
* On peut regretter que nous ne soyons pas restés ensemble en 1976 ou par la suite. Nous
aurions certainement affronté la vie avec plus de bonheur. et ce que nous sommes aujourd''hui
-et ce n'est pas forcément la meilleure part de chacun de nous, est aussi le prix de notre
séparation d'alors et cela aussi il nous faut l'assumer. (...) Pour finir sur une note
romantique, mon amour n'aura jamais été aussi fort qu'à présent et tout particulièrement
du fait de notre complicité. Même ton esprit de contradiction, je le comprends, et tu
me pardonnera si parfois, c'est un peu trop pour moi. Peut-être que de ton côté tu accepteras qu'il
m'arrive de préférer ne pas parler. C'est ce que nous appelons en français "bouder". En
fait, il n'existe pas de mots pour te dire combien je t'aime et rien ne parviendra plus à nous
séparer comme nous l'avons été par le passé au cours d'une éternité de 17 ans. Je désire
désormais 34 ans de bonheur jusqu'à mes 80 ans!
19 . 08. 93
Je reprends après des années le cours de mon journal intime car j'en ressens un besoin
profond en ce moment de crise. Il importe également que celui qui travaille sur les cycles
puisse suivre l'évolution de son psychisme au jour le jour. Il est enfin essentiel de pouvoir
revenir à ce contact avec le papier et la plume que l'ordinateur ne permet plud.
Curieusement, c'est le vol d'un ordinateur et la panne d'un autre en ces jours d'Eté qui me raménent à
ce moyen d'expression. Je rend hommage à ces centaines de pages qui se
trouvent dans ma cave et qui constituent mes journaux intimes notamment dans les années soix
soixante-dix. Il conviendrait d'en faire un jour l'inventaire. Il faudra que ces cahiers restent
secrets car ils dirontr des choses que nul ne doit connaitre, du moins présentement. Peut être
serviront-ils un jour à quelque projet littéraire. Peut être écrirai-je justement sous cette
forme plutôt que sous une autre? Mais pour l'instant j'écris par besoin intérieur et je ne prétends
pas à une forme littéraire supérieure. Peut être pourrai-je en effet écrire ce que je vis et ce
que je ressens mais est-ce que, ce faisant, je ne briserai pas l'objet de mon amour?
Comme par le passé, ces cahiers seront assez éclectiques et comporteront des études, des
réflexuions sur des plans différents. Il peut égalemet s'agir de réflexions à voix haute en
quelque sorte.
Ma vie s'est récemment compliquée par les retrouvailles avec Larissa mais elle a également
retrouvé du sens et de la force. Je ne raconterai pas aujourd'hui comment tout cela eut lieu un
26 juin 1993, il y aura bientôt deux mois.
Depuis sept ans, je vis avec Antonia.une relation ambigue (...) et c'est cette relation qui
est évidemment mise en cause par les retrouvailles avec Larissa. Avec cette dernière,j'ai
retrouvé le sens du bonheur et de l'amour dont je ne vivais que la caricature avec
Antonia. (..) Je me suis beaucoup trop mis en relation de dépendance par rapport à Antonia
et il m'est difficile de cerner si j'ai vraiment besoin d'elle. Jusqu'à présent, Antonia ignore
ma relation avec Larissa et j'imagine que si elle la connaissait, elle ferait tout pour la
détruire, quand bien même saurait-elle que grâce à cette relation j'ai trouvé un grand
bonheur. Jusqu'à présent, j'ai su préserver cette ignorance et je compte me marier le plus
tôt possible par mesure de garantie avec Larissa
28. 08 93 Journal
"Voilà deux mois que j'ai retrouvé Larissa et ma vie a basculé, ma vie a retrouvé sa source.
Et je me suis aprerçu à quel point elle s'était désséchée, ne serait ce que par l'impossibilité
d'exprimer mon amour à une vraie femme qui soit sensible à mes paroles et qui s'éleve
par elles. Antonia en était indigne.Elle n'a pas su respecter cette dimension, elle l'a déchirée, elle l'a
rejetée par sa frigidité mentale que rien ne fait vibrer. Et cv'est peut être cela que je
hais en elle. (..) Certes, je suis toujours un peu horrifié de la faciliré avec laquelle Larissa
m'avaitr rejeté de sa vie. Il y a là quelque chose d'un peu monstrueux. Je ne peux
qu'espérer que je ne commettrai pas les mêmes erreurs. Je crois que Larissa a besoin
d'être encouragée, d'être intensément aimée et qu'elle a besoin qu'on le lui dise, qu'on
l'exprime fortement. Sinon, elle se sent perdue et abandonnée. Il faut constamment la
réchauffer. Mais j'exagère en disant cela Elle peut aussi beaucoup donner dès lors qu'elle
se sent couvée et adulée par son homme. (..) Il me semvle que mon écriture retrouve une
qualité romanesque qu'elle avait perdue. Je souhaite décrire les eméotions, les sentimens. En fait, je
voudrais écrire un roman mais un recueil de poémes me conviendrait aussi. Mon
âme renait et ce n'est que le commencement d'une regénérescence. Le probléme, c'est
la nécessité de travestir pour ne pas blesser, de dire que l'on invente même quand on n'a
pas inventé. Comme par exemple décrire cette situation présente entre Antonia et
Larissa (...) Je sens en tout cas qu'il y a matière à un roman et que j'attendais cette
occasion depuis une éternité. Pourquoi ne pas s'y essayer dans le genre nouveau
roman en jouant sur les ambiguités du récit et de la situation.?
28. 08 93
Un peu dépressif Il y a des moments où je me demande si j’ai le droit d’entrainer Larissa dans ma vie
si peu sûre. Ai-je le droit de l’amener à m’épouser pour ensuite lui avouer la vérité ? Ou qu’elle la
découvre peu à pey. Quel terrible sentiment de fragilité et d’impuissance ! Je lui ai téléphoné ce soir
pour lui annoncer que je serai bientôt à nouveau près d’elle. Mais le cœur n’y était pas et j’ai laissé
échapper quelques propos désabusés. Je lui ai dit qu’après cette visite, je ne savais pas quand aurait
lieu la suivante comme si c’était la dernière que je pourrais me permettre. (..) Après tout, une fois que
nous serons mariés , cela me donnera plus d’énergie pour me débrouiller dans la vie. Qui sait si cela ne
sera pas un catalyseur.
Le probléme pour moi est de décider ce que je dois cacher ou révéler à Larissa. Faut-il lui parler de
mes relations avec Antonia ? Faut-il lui préciser ma situation financière ? Ne va-t-elle pas croire que
je m’accroche deséspérément à elle et que peut être mon amour n’est qu’une planche de salut bien
suspecte ? Il est des révélations qu’il vaut mieux éviter.
Apparemment, Antonia se doute de quelque chose de mes relations avec Larissa. Elle a pu trouver une
lettre qui trainait. Est-elle capable de la contacter ? De lui raconter des choses à mon sujet ? Il vaut
mieux que le doute reste dans son esprit le plus longtemps possible. Elle m’ a même demandé si je
n’étais pas marié. Or j’avais terminé une lettre qui était sur mon bureau par la formule « to my
beloved wife » Ne devient-il pas urgent que j’épouse Larissa ? (..) Est-ce qu’au cours de mon
prochain séjour avec Larissa, je ne risque pas de lui révéler par souci de transparence ce qu’est ma
situation à Paris ? Pour mettre son amour à l’épreuve ? Peut être m’accepterait-elle quand même ? Il y
a comme une course contre la montre. Puis-je tenir financièrement durant quelques mois ?
(..) Mon appel de ce soir devrait l’avoir mise en condition et il ressort que c’est bien de mariage qu’il
s’agit en fin de compte. Voilà qui serait une bonne chose de faite et qui nous ouvre l’avenir sans
préjuger de celui qui m’attend à court terme. Dans le pire des cas, j’aurais été marié avec elle, comme
je l’avais souhaité, quand bien même nous séparerions-bous ou divorcerions-nous par la suite. Par
ailleurs, étrant marié avec elle, j’ai toujours la possibilité de venir vivre chez elle. Ne faisons pas trop
de sentiment et allons très vite vers le mariage. On verra après ? Qui vivra verra.
(…)Dans le pire des cas, cela serait une vengeance contre ce que Larissa m’a fait souffrir toutes ces
années. Dans le meilleur des cas, ce mariage me permettra de me prendre en main et de trouver une
assise.
(..) A vrai dire, si elle refuse de m’épouser sous ce prétexte ou pour cette raison, cela signifiera qu’elle
devra attendre que les choses se précisent au niveau de ma carrière, ce qu i est après tout envisageable.
Mais elle pourrait tout de même accepter de m’épouser en dépit de ce probléme. En tout état de cause,
notre relation pourra se poursuivre en dehors de ce cadre du mariage qui n’a d’ailleurs jamais été le
mien jusqu’à ce jour. Pourquoi ai-je tenu au mariage ? Je reconnais que ce n’est pas évident et que
j’aurais très bien pu m’en passer. Je crois que c’est Larissa qui a relancé la formule en écrivant une
lettre comportant l’expression « mon mari ». Je reconnais que je suis assez mal placé pour demander le
mariahe et que cela m’est en réalité assez égal.
30/08. 93
Larissa n’a pas encore compris qu’elle devait se faire pardonner ce qu’elle m’avait fait. (..) Certes son
geste vers moi était appréciable mais l’on ne peut parler d’un prix à payer. Le mariage aurait été une
solution dans les conditions que j’avais envisagées. (…) Larissa ne semble pas comprendre non plus
le prix plus élevé que pour elle que j’ai à payer pour vivre avec elle. Voilà apparemment beauccoup de
choses qui lui échappent. Et il faudra peut être lui mettre les points sur les i. Je ne sais pas si Larissa a
l’intuition de la nécessité de faire un effort assez sensible. Si elle ne le comprend pas, je crains que
notre relation fasse assez vite long feu :
1. 09 93
« Si tout se passe bien je serai marié à l’insu d’Antonia. (…) La question est de savoir si Larissa doit
être au courant de ma situation avec Antonia. J’ai déjà parlé à Larissa d’Antonia. Je lui ai dit qu’il y
avait des problémes mais il semble qu’elle ne tienne pas compte de ce que je lui ai dit.En tout cas,
Larissa n’en reparle pas.
01. 09 93 A Larissa
* Quant à tes réflexions sur le mariage, il est possible qu'en 1976, le projet de mariage ait
détruit notre couple. Je pense que tu n'apprécies pas quand les gens disent une chose et ne
respectent pas leur promesse. Tu as probablemnt souffert d'une telle attitude dans l'enfa,ce.
Tu préféres pas de promesse à une promesse non tenue.
04. 09 93 Journal
Le monde s'écroule. Antonia a découvert mes papiers et mon ;journal intime et elle en a même
emporté des morceaux Antonia est écoeurée et il ne faudra plus rien lui demander. (..)
Ma soeur aura contribué avec son tact habituel à accélerer la rupture avec Antonia. Elle lui
a dit que Larissa devait venir en Octobre. Merci chère soeur! Peut être un tel détai a-t-il été la
goutte d'eau qui a fait déborder le vase? (....) J'ai comme l'impression (?) que le départ
d'Antonia rend ma relation avec Larissa moins esentielle, comme si j'avais instrumentalisé
Larissa pour venir à bout de l'acharnement d'Antonia, qui occupe mes locaux depuis 5
ans. A tel point que parfois j'avais envisagé de laisser trainer un papier sur Larissa
pour qu'Antonia le trouve. Subcsonsciemments, je voulaus qu'Antonia lise mes papiers.
05. 09. 93
L’accueil de Larissa aurait du se produire il y a 17 ans. (…) J’ai moi aussi une petite vengeance à
assouvir la concernant. Lui faire payer toutes les douleurs qu’elle m’a imposées depuis par son refus.
Un peu de cynisme ne fait pas de mal dans les relations avec les femmes.
23. 10..93
Dans deux jours, cela fera six mois que j’aurais revu , renoué avec Larissa.
20. 01. 94 texte co-signé
**Pourquoi nous marions-nous? Et pourquoi à présent?
Nous aurions pu nous marier plus tôt, beaucoup plus tôt, il y a bien longtemps.
Peut être parce que nous étions des Juifs de contrées si différentes : la France et l'Ukraine.
Parce que nous ne croyions pas alors totalement en notre avenir.
Avec le temps, avec les années, nous pensions l'un à l'autre comme à un joli souvenir d'une
autre vie.
Nous avions certes quelques regrets etr nostalgies du temps bref où nous vécumes
ensemble à Jérusalem.
Nous nous étions connus en un mois de janvier comme celui-ci , voilà 18 ans.
Et quand l'année dernière, nous nous sommes retrouvés à Haïfa, nous découvrimes
que notre amour était toujours présent et plus puissant que jamais.
Nous aurions pu attendre encore avant de nous marier mais un jour nous primes
conscience qu'il ne fallait pas dépasser une certaine date et c'est pourquoi nous avons décidé de nous
marier ce 21 janvier.
Nous aimons les chiffres et les symboles.
Il nous plait d'ajouter l'année 47 de Jacques et l'année 53 de la naissance de Larissa, ce qui
donne100?
Il nous plait de préciser que Larissa a 40 ans pour encore quelques jours et que sa
belle-mère en à 80.
Nous nous sommes aperçu que la mère de Larissa était une Hochberg, ce qui signifie
haute montagne. Or Larissa devient à présent une Halbronn, c'est à dire source sacrée.
La montagne est généralement reliée au signe zodiacal du Capricorbe qui vient juste de
s'achever tandis qu'Halbronn correspond à celui du Verseau qui commence tout juste.
Il nous plait également de nous apercevoir que l'an 94 fournir la même somme que l'an 76
qui est celui de notre première rencontre.
Tous ces points nous ont amené à élire ce jour de Janvier pour nos noces.
Nous savons que depuis 1946, il y a 48 ans, il n'y a pas eu de mariage dans cette famille
susceptible de conférer le nom de Halbronn à quelqu'un de nouveau, jamais depuis que
Pierre épousa Marie-Rose etc
02.02 94 journal
Voilà moins de deux semaines que je me suis marié. (...) Que m'a apporté cette expérience
du mariage? D'abord, à coup sûr, la satisfaction d'accomplir un voeu très ancien, puisque
datant de 76-77. Quelle satisfaction pour l'ego de pouvoir se dire que l'on parvient toujours à ses fins.
04 02 94
Mon ange à moi.
* Je veux que tu comprennes la portée de mon prochain voyage en Israel. Certes, nous nous
sommes mariés à Paris et il y a des documents et des photos pour le prouver . Ce n'est pas un e effet de
notre imagination. Mais psychologiquement, pour ta famillke, cela eut lieu bien loin.
Et cela me rappelle ce qui s'est passé en 1976.
A l'époque, tu avais déclaré à ta famille et à tes amis que tu allais te marier Et nul ne
doutait que cela ne se produirait. Et cela ne s'est pas fait...
Je ne sais pas exactement ce que tu as ressenti dans cette situation. Mais ces derniers jours, je me suis
dit que cela n'allait pas de te laisser toute seule, tout ce temps, de retour en Israël alors que nous avions
déclaré que nous allions vivre ensemble, former un couple et après ce qui s'était passé il y a 18 ans. J
J'ai senti que je n'avais pas le droit de créer une situation qui pourrait réactiver le passé. J'ai pensé à ta
mère, je ne voulais pas qu'elle pense qu'une fois de plus, tu allais rester seul. Quand est-ce qu'on le
reverra? Peut être que cela lui aura suffi de se marier avec elle. J'ai senti que ce n'était pas bon pour toi
et ta famille que tu ne m'aies pas ramené avec toi.
Je voulais que ces noces se prolongent en Israel, qu'elles n'étaient pas terminées et que cela devait se
faire dans les lieux mêmes où nous nous étions promis l'un à l'autre. (...) Tu vas m'accueillir, m'ouvrir
tes bras, preparer notre lit. Parce qu'à Paris, tu ne sens pas tout à fait chez toi. (..) Je veux que tu
sentes que celui que tu auras attendu si longtemps se trouve dans ta maison. L'histoire de ma relation à
ta famuille est bien différente de celle que tu as avec ma famille. Ta famille est plus proche, ils m'ont
déjà adopté. Et quelque part, je sens que je revevrai plus d'amour de ta famille que de la mienne. (...)
Je veux êtres avec toi pour ton anniversaire.(..) Et tu te souvienrdras de ton premier anniversaire que
nous avons passé ensemble en 1976. Depuis, nous avons été fiancés par la bague que je t'ai donnée
alors et tu porteras cette même bague 18 ans plus tard, en ce même mois de février.
Maintennat que tu deviens une Halbronn (la source), tu sera parfaitement en harmonie avec ton signe
de naissance, le verseau. (...) Je suis celui qui toujours retourne vers toi.. Tu sais que pendant toutes
ces années, de séparation, je serais revenu à n'importe quel moment.
05. 03. 94 journal
Il y a une semaine, j'étais encore en Israël. (..) Larissa a reçu une lettre anonye signée
S. V. Les initiales d'une amie américaine d'Antonia. Mais cela ne l'a pas trop affectée car je lui avais
parlé d'Antonia.
08. 07. 94
* Depuis 1976, ma chérie, l'image la plus forte que j'ai de toi est celle d'une femme très loyale, très
motivante avec son homme (..) Il y a quelque chose de très fraternel dans ton attitude et je me suis
senti frustré quand ce n'était pas là; Car je me souviens comment tu étais alors. Et par la suite, les
femmes que j'ai connues après toi m'ont souvent déçu car tu étais la référence tat sur le plan physique
que mental. Et il semble que tu n'aies pas toujours été payée en retour pour ta gentillesse et je t'assure
que je te serai reconnaissant pour les plus petits gestes d'amour venant de toi.
(..) Je crois que notre amour devra trouver un équilibre entre les gestes symboliques (..) et notre
activité au quotidien. (..) Comment concilier ces trois niveaux, le symbolique, l'individuel et le
relationnel? En ce qui concerne la question des cheveux, je présume que c'est un acte symbolique qui
témoigne de notre dépendance, de notre confiance l'un envers l'autre mais nous pourrions trouver
d'autres façons d'exprimer notre amour . (.. ) Il en est ainsi pour la bague que l'on porte mais elle
importe moins que la bague d'affection que je te porte. De même, le fait que tu me coupes les cheveux,
quand tu décides de le faire, quand et comment, est moins important que le fait que tu sois en quelque
sorte ma coiffeuse spirituelle. Mais bien entendu il nous faut en revenir à nos rituels et chaque fois que
nous faisons l'amour, c'est la synthèse de de tout cela. (..) tu dois savoir à quel point je suis heureux de
pouvoir t'écrire, de t'accueillir dans mes pensées, de les partager avec toi.
30 10 94
Chère petite femme
*Ce soir, il est arrivé quelque chose d'important. Je me trouvais dans ma cave et à côté, ll y a une
autre cave, ouverte et je me suis souvenu que j'y avais mis des choses.Au début, je mis la main sur un
lot d'assiettes jaunes, assez ordinaires. Mais derrière des sacs en plastique, il y avait une sorte de boite
en métal, un peu écrasée. Une boite verte et blanche, notre boite, celle qui se trouvait dans notre
cuisine, à Jérusalem (en 76). Une boite pour le sucre avec le mot écrit en russe, la boite de Larissa. La
seule chose que tu m'avais laissée mises à part quelques photos. Et maintenant, cette boite se tient
devant moi. (...) Je voulais partager cette expérience avec toi et t'envoyer de bonnes vibrations pour
nous. (..) Toutes les boites en métal que j'ai ne sont que des substituts à cette boîte à sucre et peut être
vais-je justement y mettre du sucre".
13 08 96 à Larissa
« Par la présente , je tiens à t’informer qu’en aucune façon, je ne saurais donner mon accord à ce que
tu ailles t’installer en Israel pour une période d’un an, liée à un contrat de travail dans l’enseignement,
si cela signifie un pur et simple abandon de toute contribution financière que tu pourrais être en
mesure de m’apporter dans la situation actuelle (…) Il est clair que ce travail en Israel (..) ne
correspond pas à notre situation financière sans parler de la dimension morale er affective liée au
mariage ».
17 05 97
A Larissa
Ma chérie
Au fond, on a parfois l'impression que tu pourrais "aimer' tout homme qui te donnerait l'espoir
d'accepter ton fils et de te permettre de ne plus travailler. Par reconnaissanc, tu pourrais l'aimer. Ce
n'est pas plus compliqué qiue cela. Mon erreur a été de ne pas comprendre quel petit être froid tu
étais. Cela fait peut être vingt ans que tu ne crois plus à l'amour,; que tu ne ressens plus spontanément
de l'amour; Ton amour, tu le contrôles,, tu le réserves pour récompenser celui qui te fera du bien, qui
t'apportera la paix, la sécurité. C'est une vision pas du tout romantique: Et moi je n'avais pas compris
ce "deal", je croyais que ton amour était plus fort , qu'il te donnerait plus de force alors qu'en réalité,
c'était un tout petit amour qui s'en irait à la moindre frustration. (...) Moi, je ne pose aucune condition
sinon que tu acceptes de vivre avec moi. C'est tout. L'amour, c'est le besoin de la présence de l'autre,
ce n'est même pas liés à ce qu'il dit ou à ce qu'il fait. L'acte fondamental, c'est d'être là. Si tu
n'éprouves pas cette sensation avec moi, c'est que tu ne m'aimes pas. Je ne veux pas que tu m'aimes
parce que je te fais du bien mais malgré le mal que je peux te faie. Jamais, ,je ne t'abandonnerai si tu
acceptes de vivre à mes côtés mais sans conditions.
16 06 97
Ma muse aux besicles
Comme tu aimes la langue française! Je le sens. C'est extraordinaire quand on penseque cela fera
bientôt un an que tu as quitté Paris.Avec toi, il y a des façons de communiquer qui marchent et d'autres
non. C'est commesi tu avais besoin d'inventer de nouveaux modes d'expression : couper les cheveux,
faire des dessins, parler français, faire l'amour. C'est comme si l'hébreu n'était pas unebonne langue
pour toi, pour nous. Comme une langue maudite. Et tu as peut être raison.
Tu te sens plus tranquille dans cette langue. Ce ne sont pas toujours les systèmes decommunication les
plus rapides, les plus faciles qui marchent le mieux. Parfois dessystèmes plus compliqués sont
meilleurs parce qu'ils sont associés à plus de paix, plusde calme, plus sécurité.
Je pense que ce serait mieux de t'écrire des poèmes que des lettres parce qu'un poèmeest toujours
inoffensif du moins en apparence. Je crois que je vais essayer la prochaine fois. Tu voudrais un mari
poète qui te traite de cruelle mais en le disant avec des rimes. Celapasse mieux.
Je voudrais te dire des choses qui te donnent de la force. Mais peux-tu comprendre lemystère de mon
amour pour toi? Sais-tu comment cela fonctionne la tête d'un homme? Pourquoi t'aimer toi? Comment
créer un lien avec quelqu'un qui a priori n'est rienpour vous? C'est cela qui est magique et c'est toute
la différence avec l'amour d'un enfant ou pour un enfant qui est amour de raison.
(..) Je crois que tu es le grand amour de ma vie, je crois que je n'ai jamais aimé d’autres femmes que
toi et parfois cela me fait un peu peur. Je ne te demande pas de ressentir lamême chose pour moi car il
n'y a pas de symétrie entre homme et femme. Tu es à moi.C'est comme ça. C'est tout. Vsio.
Mais il y a l'amour et il y a la vie. Maintenant je me sens libre. Enfin, je n'ai plus riend'autre à faire que
de t'aimer. Mais il faut vivre avec cet amour. Est-ce que les hommesd'aujourd'hui savent encre aimer?
Quel modèle suivre? Il y a des poètes qui écriventencore et toujours pour leur amour comme Louis
Aragon à Elsa Triolet. Et c'est vraique j'aime t'écrire. J'aime te parler de toi. Même si ce n''est pas
toujours très gentil. Est-ce quetu ne souhaites pas un homme qui pense à toi, qui ne cesse de t'écrire en
bien ou enmal? Je suis présent, je ne t'oublie pas/ Même, mes "mauvaises" lettres valent mieuxqu'un
silence. Entre nous, il n'ya jamais ininterruption.
Quand je t'ai retrouvée il y a quatre ans, je t «avais promis que j'étais libre. Je me trompais maisce
n'était pas à cause d'une femme mais à cause de ma thèse, de mon œuvre àterminer. Maintenant, je suis
en paix et toi aussi peut être, tu as trouvé un arrangementavec ton fils. Et nous sommes donc prêts
enfin l'un pour l'autre. Ces quatre ans n'aurontété qu'une période transitoire. (...)Tu m'as déjà causé tant
de mal depuis 1976. Tu es celle qui ne pardonne pas, qui n'apas voulu revenir vers moi quand je suis
allé te chercher? Est-ce que tu sais que ton refusen 1976 m'a brisé? Et quand je suis revenu vers toi en
1993, c'est parce que je n'avaispas accepté ce qui s'était passé en 1976 et je vois que tu recommences.
Tu m'oublies,tu vis sans moi alors que tu es mariée avec moi Mais pour toi cela ne veut rien dire.Tu
continues comme avant avec ton petit cœur de glace!
Tu as des tas de choses contre moi et tout cela fait écran, justifie ta froideur, ton indifférence, ton
abandon. Est-ce que tu as vas changer, est-ce que tu vas ouvrir ton cœur? On dirait quetu ne peux
exprimer que des sentiments négatifs, tu ne sais qu'accuser, que condamner.
Tout ce qui est positif en toi est caché, refoulé. Alors, si je t'ai fait du mal, si j'ai blesséton ego,
pardonne moi et accueille moi, j'ai besoin de ton aide pour continuer à vivre.
(...) Larissa, au lieu de me demander des signes, est-ce que tu ne peux pas ressentir madouleur, mon
malheur, est-ce que cela ne te suffit pas? Mon Dieu (...) Tu dois comprendre que tu es une partie de
moi-même, que je t'ai adoptée, queje t'ai choisie. En 76, je pensais que tu avais compris cela. Mais il a
suffi que j'hésite pendantquelques semaines pour que tu penses que c'était fini entre nous. Mais ce
n'estjamais fini. Et si je suis ton Pygmalion, je voudrais l'être aussi pour l'amour spirituel, pour ce
cordon ombilical qui n'est jamais tranché. (...) Je ne sais pas ce qui s'est passé en 1976. Tu avais une
vision si riche du couple et puis tout d'un coup, il y a une chute spirituelle et j'ensuis peut être
responsable. C'est pourquoi je suis revenu vers toi, pour réparer le malque je t'ai fait mais peut-être
est-il trop tard. J'ai fait de toi une fille cynique. (...) Quandje t'ai revue en 1993, je croyais que tu étais
la Larissa que j'avais connue en janvier 76, cellequi avait une idée si romantique du couple, qui me
disait "tu aurais pu choisir une autrefemme mais c'est moi que tu as choisie". Mais je me suis trompé.
Je n'ai pas vouluouvrir les yeux et comprendre que tu n'étais pas prête pour le couple. Tu étais
devenueune autre Larissa, celle de septembre 76, celle qui avait perdu sa foi en l'homme et quiavait
remplacé l'homme par le fils. Et même le mariage n'a pas suffi à te rendre laconfiance. Tu as fait du
mariage une farce, une plaisanterie. (...) Maintenant, Larissa,j'espère que tu es prête"
A Antonia date 1998 ???
En réfléchissant sur mes relations avec les femmes, je m'aperçois qu'elles n'ont jamais dépassé deux
ans, Il n'y a qu'avec toi qu'il en a été autrement. Certainement parce que tu es très patiente
que tu as le sens du devoir et aussi parce que tu me fascines et que je te perçois différemment des
autres femmes/
Je croyais être capable de créer une relation durable avec une autre femme et c'est pour cela que je me
suis mari, pensant que cela aiderait. Cela n'a servi à rien et de toute façon c'est
Larissa qui en a assez au moins autant que moi. Cela n'a pas beaucoup de sens de
continuer dans ces conditions.
C'est pourquoi je te demande de réfléchir. Tu ne peux pas contester que si nous avons vécu
ensemble 7 ans c'est autant parce que tu le voulais que parce que je le voulais. J'ai
quand même quelques circonstances atténuantes; Je me sens tout à fait capable de
vivre de longues années à tes côtés. Je crois que nous sommes des personnes qui pouvons av
avoir une relation harmonieuse d'autant plus que chacun de nous a mûri et apprécie mieux
une certaine qualité de calme. Je t'ai trouvé en beauté l'autre jour et plus charmante que
jamais. C'est te dire que si je revenais vers toi, ce ne serait pas par nostalgie du passé mais pour vivre
avec toi ici et maintenant. Nous avons la vie devant nous
Je t'embrasse
10/ 11 99
Ma vie, ces prochains jours va tourner autour de deux femmes et cela me semble, dans les deux cas,
assez formidable. Mais je voudrais surtout parler de Sarah. D’abord, ce prénom a une résonance très
particulière en moi/ Il me semble le prénom idéal pour une femme juive C’est celui de ma grand-
mère/Cela dit je ne sais pas du tout à qui elle ressemble sinon qu’elle est brune aux yeux marron
comme moi, qu’elle a les cheveux courts et qu’elle est un peu « ronde ». Tout comme moi. Elle a deux
ans de plus que moi/ Elle est d’origine hongroise (…) J’aime beaucoup sa voix, son timbre, il y a une
distinction, quelque chose de racé et en même temps une humanité. Quant à Cathy, je sais qu’elle est
belle et fine/ Mais pas juive. Elle a l’air très jeune, très élancée. Elle a de jolies expressions. Elle habite
à côté de chez moi. Et je n’ai pas pu m’empêcher de l’embrasser et de la toucher. Ce besoin, cet élan
qui me pousse à toucher quelqu’un est toujours un signe d’une attirance. Si je n’ai pas ce réflexe, c’est
que cela ne va pas. C’est un bon critère. Cela dit, je ne sais pas si elle a apprécié. Il n’y a pas vraiment
eu feed back/ Mais elle a été très aimable.
(…)
Marie-France m’a laissé un message. Je l’ai rappelé. Elle me dit que finalement son amie Jacqueline
serait d’accord pour me rencontrer. (…) Ce délai suivi de la décision de se voir tout de même
dramatise la rencontre puisque cela signifie que Jacqueline B. serait disposée à envisager la possibilité
que cette rencontre fasse sens.
Elle a beaucoup de qualités cette Cathy. J’ai peut-être eu tort d’être un peu trop spontané. Mais on ne
sait jamais ce qui est le mieux. ( …) Cathy. Voilà une fille irrésistible, au charme inouï, dans sa façon
de sourire, dans son regard. Mais elle a son mystère. Combien d’hommes fréquente-t-elle. On dirait
une femme enfant mais elle doit aussi savoir ce qu’elle veut. On se demande quelles sont ses
Motivations. Elle dit qu’elle veut être aimée très fort donc elle cherche un homme qui lui soit très
attaché ».Donc j’ai mes chances car je lui ai donné des preuves de mon attirance pour elle.
(…) Cette Sarah me plait et pourtant je ne l’ai pas encore vue. Serai-je déçu ? J’aime beaucoup sa
voix. Elle diffère de celle des autres femmes. A présent que je suis devenu un spécialiste avec toutes
ces femmes avec qui je parle, j’ai peut être développé un sixième sens.
(…) Ce retour à un journal manuscrit me rappelle 93 (…) Des centaines de feuilles qu’Antonia avait
trouvées et ce journal fut une des causes de notre séparation. Si j’avais écrit sur ordinateur, cela ne se
serait probablement pas passé de la même façon. Mais je me dis que si un jour je perds les
disquettes, on trouvera peut-être ces feuilles de papier. Ce sera mieux que rien.
(..) Dans deux heures, je serai en face de Sarah, à la Gare du Nord. Et tout de suite l’on saura s’il y a
quelque chose ou non à vivre ensemble. Et cependant, pourquoi les choses sont elles aussi brutales ?
(…) Peut être que tout ce beau rêve va s’écrouler dans les cinq minutes qui suivront notre entrevue.
Peut-être qu'elle ne résistera pas au choc des visages, des expressions, des habillements, des stlylesEt
puis il y a le spectre de l’âge. Qu’est-ce qu’une femme de 54 ans ? Comment s’est-elle conservée ?
(…) Vu Sarah, une petite grosse au type juif assez marqué et un bouton noir sur le menton. (…)
Déception ! On a parlé pendant deux heures. Mais elle ne m’a rien dit d’extraordinaire. Pas envie de la
revoir Non pas qu’elle n’ait pas un certain charme mais elle a 54 ans et il n’y a pas de miracle. Je
crois que je cherche une femme née dans les années 1951-53.
(…)
Quand j’ai rencontré Jacqueline, cela s’est fait plus en douceur ou peut être de façon plus hypocrite.
(..= Et puis de fil en aiguille, les choses ont pris tournure, on est devenu un couple. Cela ne l’a pas
empêché de décider du jour au lendemain de plus se revoir. (..) Elle m’a infligé ce traumatisme, sans
trop d’états d’âme.
11.11 99
Mes récentes expériences de rencontres ont confirmé le fait que les femmes voulaient absolument
garder l’initiative et que toute attitude imprévue de la part de l’homme était sévèrement condamnée.
Le pire pour un homme serait d’être imprévisible. Pas de geste déplacé, pas de surprise surtout, pas de
visite inopinée, pas d’appel non convenu. L’homme doit être aseptisé et ce qui autrefois se situait au
niveau de la pénétration sexuelle se situe désormais dans le simple fait de pénétrer dans le territoire de
la femme, au sens large. On a ainsi mis en place toute une série de barrières à ne pas franchir, faute de
quoi on est un intrus, un mal élevé. La femme en revanche a imposé sa loi et ses valeurs ; on peut
annuler quelque chose mais non programmer quelque chose de neuf sans s’être concerté.
La femme a le droit d’annuler, de détruire mais l’homme n’a plus le droit de construire, d’aimer. Les
droits de l’homme sont ainsi bafoués. L’homme doit être un exécutant. Il doit faire les choses quand
on le lui demande. Il n’est plus, pas maître du Temps. Il fait les choses quand on le lui dit de les faire.
15. 11. 99
Dans quinze jours, mon anniversaire J’aurai 52 ans. Peut-être qu’à cette date, j’aurai trouvé femme ?
Peut-être Francine même si je ne l’épouse pas. Le fait qu’elle ne cherche pas à se marier m’arrangerait
plutôt par rapport à Larissa. Peut-être lui avouerai-je que je ne suis que séparé. Comment va-t-elle me
trouver ? C’est là l’angoisse. (…=) Est-ce que cette rencontre est prévue, est voulue ? Est-ce que mon
destin et celui de Francine doivent se croiser, se joindre ? J’ai tendance à le croire C’est rassurant pour
moi de ne pas se sentir seul au monde. (…) Est-ce que cela a encore un sens de rencontrer toutes ces
femmes alors qu’il y a maintenant Francine dans ma vie ? Mais il ne faut pas vendre la peau de l’ours
avant de l’avoir tué. Peut-être qu’elle ne me plaira pas ou que je ne lui plairai pas ?
Francine C.
Ma belle ténébreuse
Mon amie blessée
Par le hasard terrible de la vie
Peut-être le destin t’a
Prévue pour moi.
A moi de veiller sur toi
Et peut-être de te guérir
Te rendre ta liberté
J’espère qu’alors tu resteras à moi !
Toutes ces rencontres, tous ces appels sont devenus une sorte de drogue. Mais je dois avouer que ce
fut une joie extraordinaire que l’appel de Francine vers 22h, ce dimanche en disant « je suis hasard »
C’est comme cela qu’un jour Antonia m’avait appelé. Et on sait ce qu’il en est sorti : une vie de
couple pendant sept ans !
GHISLAINE
La première lettre non envoyée et que je vous dois
Ma Ghislaine.
Je crois que ce que je disais sur la décision n'était pas abouti. Si une femme décide; c'est
au sein d'une situation déjà engagée, constituée et elle en détermine les conditions, les
moyens, les modalité et qui éventuellement en fixe le terme. C'est d'ailleurs ce qui se
passe dans la fécondation. Mais en effet, c'est à Lhomme de vouloir que la situation existe
et à la femme de voir comment cela va se passer concrètement.
Et dans notre cas, je veux que notre couple vienne à exister, je sais déjà qu'il existe, je
sais qu'il existe déjà. A vous maintenant de voir comment.
Je sais que je peux vous rendre heureuse, je vous vois déjà heureuse avec moi. Je
pense vous convenir. Je veux m'occuper de vous. Je vous sens très seule quelque part
même un peu désespérée. Pas la femme d'action, certes mais une autre femme plus
jeune, plus enfant qui derrière cette façade se sent brimée, qui n'a pas eu son compte
de joies.
C'est au restaurant, ce premier août, que je suis tombé amoureux, quand vous avez ôté
votre tricot qui symbolise une sorte de gangue, d'écorce, dégageant vos bras, votre cou. Alors, peu à
peu, sous mes yeux, vous avez rajeuni, votre sensualité était à fleur de peau, je contemplai une jeune
fille qui s'ouvrait à moi, qui m'interrogeait, qui m'invitait du regard, qui esquissair presque un baiser
avant que l'autre G. ne cherche à y mettre de l'ordre, en niant
en ignorant tout cela. Et moi, j'ai voulu ne voir que cette apparition si rafraichissante, aux
narines frémissantes, je n'ai pas voulu écouter ce que l'"on"' me disait, car cela ne
correspondait pas à ce que je ressentais.
Le paradoxe des intellectuels, c'est qu'ils ne se laissent pas impressionner par les mots et qu'ils
ne se laissent pas piéger par eux car ils en connaissent la fragilité, l'ambiguïté ou plutôt
disons qu'ils savent contextualiser, c'est à dire replacer les mots les uns par rapport aux
autres, sans se polariser sur l'un d'entre eux.
Cette soirée a été humainement un grand moment de bonheur pour moi, dans une vie déjà
bien remplie de pas mal d'expériences. Et là encore, non pas en raison de tel ou tel détail.
Je ne cherche pas à être "gentil", je suis authentique, ce ne sont pas des boniments, ce
n'est pas mon genre. Je ne cherche pas à vous manipuler, à jouer avec vous. Nous
sommes, je crois, des êtres généreux et il ne faut pas le regretter. Oui, je crois que les
choses entre nous peuvent être simples, droits, sans détour, sans hésitation et recul. A
chacun de se donner, de se confier à l'autre.
Il va de soi que désormais, quand nous nous rencontrerons, les choses ne se passeront
plus comme la dernière fois, je vous parlerai autrement, je vous répondrai autrement, je
vous écouterai autrement. Je suis quelqu'un qui, avec une femme, a besoin d'une
relation complète, tant intellectuelle que physique.
Vous me parliez de mes réactions, de mon hyperréactivité mais je vous assure que
cela n'offre pas que des inconvénients si tant est que cela soit juste. Cela veut dire aussi que je suis
sensible, que mon corps l'est aussi- à une tendre caresse, à une marque
d'affection, à un geste d'amour.
Je relis vos messages. Comme il est étrange que je sois allé à un mariage, à Toulouse, une
ville qui a compté pour vous. (...) Le 29 juillet, votre message trahit la déconvenue, on est
dans le "quand même", vous laissez cependant une petite chance, mais sans plus trop
y croire. C'est presque un message de rupture. Vous projetez sur moi une image négative et d'
d'ailleurs fausse parce que j'ai dit les choses d'une façon un peu crue, avec des mots
qui vous ont chiffonnée comme "mécanique" alors que je voulais simplement dire que tout
peut être mécanique, pas plus le sexe que le verbe, mais je ne parlais pas forcément
pour moi. Mais déjà, alors, je refuse que vous me repoussiez au nom d'on ne sait quelle
différence radicale que vous croyez percevoir entre nous. Mais déjà le 30 juillet, vous m'avouez que
vous attendez mes messages "cher J" avec une certaine impatience. Et le 31 juillet, à
la veille de notre rencontre programmée, vous lancez un "Et si je vous plais?". La vie
reprend ses droits. Le courant repasse. Fin, le court-circuit. Mais évidemment reste la
rencontre qui obéira un peu au même scénario de la valse-hésitation.
Mais enfin, tout cela est loin, déjà très loin derrière nous, nous n’en sommes plus là, grâce
au ciel, j'espère. Vous m'avez fait confiance, vous avez accepté que nous communiquions
autrement sans que cela devienne "sexuel", nous avons trouvé un juste compromis entre le
quoi et le comment. Et vous me parlez de mes "mains chaleureuses". Un petit détail qui
a son importance et qui aurait pu vous échapper si l'on en était resté au "tout ou rien".
ou au zéro contact physique.
Je ne cacherai pas que le fait de vous savoir d'origine juive - ce qui ne m'empêche pas
de respecter votre religion, voire de comprendre vos préjugés à l'égard des Juifs-est
aussi un signe positif : (...) Mais en fait tout cela est lié, je n'aurais pas été aussi sensible à vo
votre regard et à certains traits de votre visage si cela n'avait pas fait écho profondément
en moi. Je dis souvent qu'une femme juive, pour moi, ce n'est pas quelqu'un qui
pratique ceci ou cela mais qui porte en elle, dans son maintien, dans sa présence, dans
ses mimiques, dans son mimétisme ancestral, une forme de judéité à laquelle
culturellement je suis, je l'avoue, sensible. D'ailleurs, même dans votre façon de discuter, ne po
pourrait-on trouver quelque séquelle d'une longue généalogie juive? Peut être auriez vous
me dissimuler cette information pour tester la force de mes sentiments pour vous. Mais, en
ne le faisant pas, vous en avez en quelque sorte scellé, au nom d'une certaine fatalité,
notre union.
Voilà, je pense que cette lettre sera bien reçue de vous et si elle ne l'était pas, cela
montrerait que je vous connais bien mal et ne vous mérite pas. C'est un risque que je
prends en espérant cette fois que vous ne me répondrez pas que nous ne sommes pas
sur la même longueur d'onde. Mais même si j'avais été, en écrivant, maladroit, je sais
que vous me pardonneriez et que vous accepteriez, "quand même" de me revoir, dès votre
retour.
Comme je l'écrivais, au début de cette épitre, à ma bien aimée, il vous revient
maintenant que les dés sont jetés (alea jacta està de préciser un modus vivendi;
Bien sûr, j'ai conscience de ce que mes propos peuvent avoir d'excessif mais je pense que
vous saurez faire la part des choses et ne pas me prendre pour autant pour un excité.
Je pense que tous deuc nous sommes des gens de bonne volonté Nous sommes allés l'un
vers l'autre. Cela n'est pas rien. Cela montre que nous pouvons efficacement communiquer
mais aussi agir ensemble, que nous nous comprenons, à la fois par la tête et par le coeur. UI Il y a dans
cette soirée ensemble beaucoup de promesses. C'est en tout cas mon sentiment et
je souhaite que vous le partagiez intimement.
En ce qui concerne mon hyper-réactivité, je crois qu'il faut la mettre sur le compte d'une certaine
solitude, qui fait que j'ai perdu quelque peu l'habitude de la présence de l'autre. Cela
s'arrangera, je vous le promets.
Je pense aussi que je ne heurterai pas votre sensibilité quant à l'idée que vous vous
faites de la formation d'un couple.
Certes, ce mois qui nous sépare l'un de l'autre, par delà la distance géographique sera-
t-il un test, une épreuve. Est ce que nos courriers parviendront à consolider ce lien ou
au contraire n 'arriveront-ils qu'à le brouiller? Trouver prétexte à douter de l'autre, en raison
d'une formule malheureuse, ici et là, ne serait pas "fair"
Donc écrivez-moi, très chère G, sans crainte
Je vous embrasse tendrement.
lettre (non datée)
Chère G.
La lettre que vous m'avez écrite est à la hauteur de l'idée que je me fais de vous. Vous avez fait preuve
à mon égard d'une certaine indulgence dont je vous remercie et qui montre, je crois, que vous avez un
rapport très constructif avec les hommes. Vous auriez pu vous offusquer mais vous me ditez que je
vais un peu vite en besogne, ce qui est en apparence du moins vrai.
Les quelques mots que vous avez laissés ce vendredi matin à l'aube m'ont encouragé, je dois l'avouer
à me déclarer. Des mots si simples, certes, mais qui m'ont donné confiance. Je ne vous le reproche pas.
C'est vous qui la première avez parlé de nous, après la rencontre. Sans ces mots, je n'aurais pas réagi
de la même façon car je n'aurais pas voulu monologuer. Mais ces mots que vous m'avez tenus- si
étranges au fond- "vos mains sont chaleureuses", Je vous embrasse" on suffi à me dire que je n'étais
pas tout seul.
Si je vous demande de voir en moi au delà des apparences; je peux vous assurer que pour ma part je
vous sens très bien et j'espère même mieux vous deviner qu'aucun autre homme. Car vous n'êtes pas
non plus si facile à décoder et à resituer dans une relation de couple. Il faut un peu d'imagination. Au
moins, il me semble même que vous seriez plus solitaire que moi ou du moins que vous vous sentiez
incomprise en tant que femme.
En tout cas, entre nous, malgré cette lettre imprudente que je vous ai envoyée, le dialogue n'est pas
rompu, vous avez le respect de ce qui existe; même à l'état embryonnaire. Il y a quelque chose qui a
été semé et qui est encore très fréle et qui pourrait fort bien être de l'amour. Après tout, cela dépend de
si peu de choses, d'un moment magique; d'un moment d'abandon et rien n'est plus ensuite comme
avant. C'est ainsi que les choses se passent dans la vie. (..)
J'espère que vous me pardonnerz un souhait aussi infantile qui veut que j'espère vous garder pour moi
tout seul. Et je vous rassuer en vous disant que vous êtes inoubliable et qu'il faudra beaucoup de
cruauté de votre part pour que je fasse le deuil de votre personne.
Je chéris cette rencontre, je voudrais la préserver, en faire le moteur de ce qui viendra ensuite. Le
mieux est encore que nous nous revoyons et passions du temps ensemble. Je crois alors que vous
découvririez un autre homme, tendre, attentionné, vibrant en votre présence, à votre corps. Mais je ne
vous demance pas de me croire sur parole. Mais disons que je ne m'engage pas en vain sans être
capable d'assumer une vie de couple.
Cela dit, nous avons cette chance de pouvoir communiquer par l'écriture et je ne déséspére pas que
d'ici votre retour à Versailles - ville que j'aime( nos échanges épistolaires auront fait avancer notre
dispositon envers l'autre.
(...) Au risque d'aggraver mon cas, je persiste et je signe. Je crois en nous, je pense que des sentiments
profonds peuvent nous unir et je pense que certains propos que j'ai exprimés sont vrais non seulement
pour moi mais quelque part pour vous. Après tout, j'ai des excuses, ma très chère G. Parfois l'avenir
est plus rayonnant que le présent, plus réconfortant et mes mains "chaleureuses" les avez vous
devinées quand nous parlions de choses et d'autres. Mais je ne veux pas jouer au prophéte.
Je me rassure en me disant que nous avons franchi un cap important. Je me rassure en me disant aussi
que l'on ne peut multiplier ce genre d'expériences avec autrui, qu'elles ont quelque chose d'unique.
Après, on ne fait plus que bégayer, cela sonne faux. J'espèrs donc égoistement que notre rencontre
fera obstacle à d'autres rencontres ou qu'elle en ôtera tout simplement l'envie.
Attendonc donc comme vous le dites de "nouveaux éléments" mais continuons à constituer un langage
entre nous qui sera précieux pour l'avenir.
Que vous dire sinon que votre lettre en dépit de sa prudence, ne fait que nourrir mon espérance quii est
en réalité une conviction. Je me dis qu'une autre que vous n'aurait pas réagi aussi "bien". Vous
ménagez mes sentiments; je vous en suis gré. J'espère que cette nouvelle lettrre vous fera du bien,
qu'elle vous fera quelque chose. Tant il est vrai que l'on ne sait pas toujours l'effet que l'on provoque
chez autrui et que l'on focalise plus sur ce qu'autrio déclenche en nous;
Quand j'ai reçu votre lettre , j'ai tout de suite regardé sa fin et quand j'ai vu "je vous embrasse" cela m'a
rassuré et m'a donné le courage de vous lire/ Désormais, je n'aurai plus ce genre de craintes venant de
vous; je saurai que, de vous, ne sauraient venir que des propos de
bienveillance envers moi et envers nous. Déjà; dans nos échanges sur le mail, des choses se sont dites
qui auraient pu sembler encore plus prématurées qu'après la rencontre/ Préparons donc notre nouvelle
rencontre qui sera d'abord téléphonique peut être. Elle ne sera pas si
aisée cette nouvelle rencontre, elle demandera du tact, de l'inspiration mais peut être tout sera
très simple; si évident; dès le premier regard/ Qui sait? J'ai comme l'impression qu'un
ange gardien veille sur nous pour que nous arrivions à bon port/ On dit aussi que Dieu- si on y v
on y croit- accorde une attention particulière à former les couples. Je veux bien le croire, ma G. ma
compagne à venir, l'ultime/
Il y a des choses que j'ai vues en vous qui m'ont surpris, comme ce regard que vous avez à c
certains moments et qui a une force magnétique, qui a ouvert mon coeur, qui l'a réveillé et
ce coeur désormais s'offre à vous
J'ignore quels sont vos critères de choix de votre partenaire par delà la qualité de contact et
de l'attachement. Je ne suis pas certain de coller avec eux/ J'ai en tout cas retenu que vous
ne vous engagez pas à la légère et ce n'est pas davantage mon intention. Mais parlons-nous
de la même choses? On verra.
Si je relis la lettre que je ne vous ai pas envoyée - la lettre zéro- peut être y-a-t-il réponse à certaines de
vos interrogations. Vous avez déjà su surmonter vos hésitations quand vous
m'écriviez (..) Or n'oubliez pas, chère G. que vous aviez dans vos mails émis bien des
réticences à l'égard de toute relation physique et que cette perspective vous avait fait dire
"voyons-nous quand même"/ "nous avons des idées si différentes"/ En quoi vous n'auriez peut être pas
raison. Enfin, les torts sont partagés et tout cela est derrière nous.
Oui, je veux, je sais tenir parole. Je suis quelqu'un qui tient sa parole car j'ai remarqué
que ne pas le faire, c'est se détruire; c'est se dérégler; c'est ne pas savoir où l'on en est, c''est ne plus
croire en ce que l'on dit; à ce que l'on pense
Je vous rassure; je ne veux pas me détruire; j'ai trop besoin d'être en pleine possession de
mes moyens sur tous les plans et je sais qu'il y a interdépendance entre ces différents plans. Déjà
depuis que je vous ai donné ma parole; je me sens plus fort, plus sûr de moi/ Déjà je
renais/ Une femme peut détruire un homme/ Je pense que votre présence à mes côtés; bien
au contraire, sera bénéfique er revigorante/
Non, je ne vous veux pas comme une maman. Je vous l'ai dit, j'ai été amoureux de votre looj
de jeune fille, comme si vous n'aviez que 18 ans/ Et ce look; j'espère le retrouver à nouveau quand
vous me ferez l'honneur de me revoir, de nous revoir/ Car je crois désormais que ce
n'est peut être pas encore le temps du TU
5 aout 2002
Je vous écris au verso de nos derniers couriers (mails) , ceux qui ont suivi et précédé
notre rencontre. Je ne voudrais pas monologuer devant des pages sans vous avoir en face
de moi et sans vous prendre la main.
Ce qui s'est passé peut sembler insignifiant mais je crois que je suis tomb amoureux. Je vous
le dis avec le recul de ces quelques jours. C'est une sensation délicieuse qui vous
envahit et qui vous remplit d'optimisme. Je m'aperçois surtout par comparaison de ce qui
m'a manqué ces derniers temps. Grâce à vous, j'échappe enfin à une certaine solitude
intérieure. Vous avez réveillé en moi un ressort un peu rouillé.
Il y a des rencontres qui ne vous laissent pas indemne et qui doivent être appréciées à leur
juste valeur, inestimable.
Je crois à notre rencontre et je ne pense pas qu'elle sera sans lendemain; Elle sera pour
moi marquée d'une pierre blanche.
Vous comprenez bien ^sûr que je me modére pour ne pas vous effrayer, je voudrais vous dore l
mieux et plus ce que je ressens. Je l'ai écrit d'ailleyurs. Je vous l'enverrai peut être plus
tard, si vous me le demandez.
Vous êtes un savant mélange, assez rare, il me semble et que je goûte avec délice.
J'ai pour vous de l'amitié, du respect, de l'attirance et beaucoup de tendresse. Mais j'ai
surtout le sentiment que vous me convenez par tout cela, que je serai bien avec vous, dans
tous les sens du terme. Une femme doit à la fois séduire et retenir. Je ne pense pas
que nous nous ennuirons ensemble, déjà entre nous, il y a de la complicité, il y a peut être
des promesses sans en avoir l'air, des attentes.
Je crois aussi que vous êtes aussi passionée que moi et que vous me surprendrez un
jour par votre engagement. L'amour est une surenchère quand il est vrai.
Je vous écris de la Bibliothèque Nationale, ce lundi 5 août 2002, de ce lieu qui est un peu
beaucoup ma maison, depuis plus de 20 ans.
Je vous ai joint une méche de cheveux. Ce sera un peu de moi auprès de vous et peut être sur vous.
Nous n'en sommes pas encore aux confidences sur nous-mêmes. Et il est parfois plus
facile de parlere de ce que je ressens pour vous que de vous entretenir de ce que je
ressens en moi-même , dans ce monde. J'ai envie de m'épancher plutôt que de tout
garder pour moi. Cela viendra un jour quand nous aurons avancé un peu plus.
Je ne sais pas exactement comment vous envisagez la poursuite de notre relation, sous
quelles formes, si du moins vous êtes préte à aller de l'avant. Je crois deviner
certaines chose, c'est tout.
Je ne vous cacherai pas que vous êtes très présente malgré votre absence. Vous ne
m'avez depuis l'autre jour jamais quitté. Il y a entre nous quelque chose de magique et je
suis toujours sous le charme. Je crains que cela ne soit pour longtemps. Je ne sais pas si v
cet aveu vous ravit ou vous contrarie mais vous me faites de l'effet.
Je regrette de ne pas avoir été plus tendre avec vous. Quand nous nous sommes quitté, rue de
Passy, il n'y a pas eu d'étreinet. On en fait toujours trop ou pas assez, ou les deux à la foiS.
Voilà. Il est temps de nous quitter jusqu'à notre prochain courier. Cette séparation est
bien étrange, je l'avoue, elle confère à notre rencontre une dimension un peu
surréaliste. Cela doit être assez frustrant pour vous aussi, peut être car le temps se
voit ainsi suspendu. Je crois que nous saurons passer ensemble cette épreuve, par
bienveillance et générosité (hyperbole!)
Je sais que vous attendez de moi une passion maitrisée et mature, une volonté claire
mais sans précipitation. C'est dans ces conditions que vous accepterez ma présence à
vos côtés et que vous me rendrez peut être au centuple témoignage de votre disposition à m'accueillir
en toute plénitude dans vos bras
De tout coeur
Vôtre J.
11 août 2002 à G
Pas encore de bos "nouvelles" nouvelles!Mais j'ai envie qiuand même de me manifester en essayant
de trouver le ton juste.
Je crois qu'entre nous existe une certaine confiance sinon une complicité et je trouve cela charmant.
En quelque sorte, chacun ' "répond" à l'autre, est à son écoute et c'est tout le contraire d'un sentiment
de solitude. On peut être seul à deux parfois.*
En tout cas, c'est aussi que je pense que les relations au sein d'un couple doivent être dans l'accueil de
ce que l'autre suggère. En lui faisant comprendre qu'on le "suit", que l'on est avec lui (elle)
13 août 2002 à "G"
Ma Ghislaine.
Je pense à vous et voilà ce que je ressens. Je crois que nous allons faire des choses ensemble. Nous
allons discuter calmement de l'avenir, vous et moi/ On ne sera pas forcément d'accord tout de suite
mais on prendra des décisions et on s'y tiendra.
J'ai l'impression que vous me faites confiance, que vous me ferez confiance et faire confiance; cela
signifié qu'on ne sait pas très bien ce qui se prépare mais qu'on se dit "pourquoi pas?". Il pourrait en
sortir quelque chose de "bon"/ Ce garçon, voyons voir où cela va,nous mener!
Et moi, je ne vous trouve pas une citadelle imprenable/ Au fond, elle se laisse faire. Elle sait qu'elle
saura reprendre le dessus le moment voulu/ Avoir confiance en soi, c'est une garantie de bonheur
inestimable pour un couple. Quand une femme doute d'elle-même (.....)
Vous acceptez que l'on vous force la main si c'est pour vous le demander dans les formes. Vous
admettez une présence à vos côtés si elle a la force de l'évidence, s'il y a fusion.
Au fond, selon vous, chacun doit accepter l'autre comme il est avec son idiosyncrasie, quitte à la le
plaisanter, pas méchamment. Il ne faut pas prendre la mouche , c'est pas bon signe, pensez vous. Un
peu d'auto-dérision ne fait pas de mal et vous l'espérez d'autant mieux chez ceux qui ont un certain
âge, sans se prendre trop au sérieux, dont le tête ne gonfle pas. Mais quand la modestie correspond à
la nullité, cela ne vous intéresse pas trop.
Vous vous dites que vous pouvez encore refaire votre vie. Il n'y a pas de raison. Vous le méritez
"Tu le mérites, G." vous dites-vous à vous-même. Mais qui? Quel sera l'heureux élu? Celui qui aura
assez de culot, qui voudra très fort de vous. Vous le sentirez bien. Il faudra qu'il avance à tâtons . Vous
n'allez pas trop lui faciliter la tâche. A lui de savoir trouver les mots et
les gestes justes. (...) Le temps passe. Quand vous recevrez cette lettre, ma G., on aura
atteint le 15 aout ou pas loin. Ce sera déjà la moitié de votre séjour dans vos terres du bassin
d'Arcachon.
Comprenez bien, G, que je ne cherche pas à vous manipuler!: J'ai simplement essayé de vous
sentir, de me brancher sur vous. Vous me pardonnerez cette intrusion, je l'espère.(...=)
Que vous dire avant de vous laisser? Je vous trouve solide. Vous aimez que l'on se repose sur
sur vous sans que l'on soit derrière votre dos. Vous voulez qu'on se dise "oui, G? elle
sait y faire" On peut compter sur elle. Mais en même temps, vous rêvez d'élans très forts
, d'une certaine ivresse de la relation, quelque chose d'un peu fou en tête à tête
Vous voyez, je passe mon temps à vous écrire. Je vous embrasse.
16 aout
Ma G. de toujours
Je suppose que depuis votre dernier courrier nos missives quotidiennes vous ont rassurée sinon
submergée. Chacun a sa façon de dire les choses et à votre façon, vous savez me dire que vous êtes
partante. Mais vous le faites d'une façon qui n'est qu'à vous.
Je pense que notre complicité n'a pas commencé à Versailles. Le courant passait déjà dans nos mails
ce qui n'est pas rien, ce qui montre que, quoiqu'il arrive, nous ne perdons pas le contact où que nous
soyons. C'est rassurant de savoir que nous savons nous y prende pour être avec l'autre et le lui faire
sentir à demi-mots parfois.
Non, je ne me sens pas du tout seul dans cette rencontre avec vous. Vous n'êtes pas de ce genre de
femmes qui laisse les hommes s'exciter et qui n'en pense pas moins. J'éprouve à vous lire un sentiment
croissant d'affection à votre égard. Au fond, je me dis que vous êtes la femme avec qui j'aurais voulu
vivre depuis 30 ans et que je rencontre enfin. Et j'espère que les gens diront en nous voyant que nous
sommes un vieux couple.
Je n'avais pas ouvert tout mon courrier et avais lu votre lettre du 14 août avant celle du AO août si
bonne. Je n'en ai que plus de raisons à vous dire ce que je vous dis que même quand vous ne me dites
rien, je sais que vous êtes quand même avec mois. Oui, je vous appellerai. Je vois que vous respectez
ce qui se passe entre nous et que vous cherchez à le préserver et à l'épanouir. C'est mon trésor.
Je suis un chercheur et quand mon oeil accroche quelque chose de rare, il le sait très vite et n'en
démord pas. Mon intelligence congfère aux plus petits détails, aux plus petits changements par rapport
à la norme, l'mportance qu'ils méritent.
Je ne passerai pas à côté de vous. Notre route a croisé la mienne et je ne vous laisserai pas partir. Je
parlais de générosité l'un envers l'autre, de mes mails et je vois en effet que c'est ce qui nous
caractérise et nous rapproche. Vous me comblez. Nous avons déjà communiqué par mail puis par
téléphone, puis par notre soirée à Versailles puis par courrire. Notre cinquiéme mode de
communicaton, quel sera-t-il? Je vous le laisse deviner. Mais puisque vous vous offrez si délicatement
à moi, je saurai vous goûter en connaisseur Pas de vin de Bordeaux, certes. Ni de fromage que je
détetse. En cela je ne me sens guère français. Et pourtant cela ne me donne pas de complexes. Je suis
bien chez moi.
J'écris beaucoup, sans arrêt. Je prépare pour la rentrée la création d'un Café philo qui s'appellera les
"Quatre temps" et aura un thème différent chaque semaine, à tour de rôle. J'ai besoin de faire se
rencontrer les gens, de les faire s'animer ensemble et la télévision et l' internet
Samedi 17 août 2002, 1 heure du matin et plus tard
G. Chérie, toute à moi
Je n'ai pas su au téléphone avoir les mots tendres. Par pudeur peut être. On essaiera d'y arriver d'ici
votre retour dans 2 semaines. Puis-je vous appeler "mon amour". "ma femme chérie". Puis-je vous dire
"je vous aime". Ces mots simples que chaque couple se dit presque banalement. Alors que l'écriture
supporte les "tendrement" et les "bisous", la parole est plus exigeante et le sexe l'est aussi à sa façon.
Chaque registre a ses codes d'intimité que l'on ne peut transposer Qu'est ce qu'un homme qui dirait à
une femmme "je t'aime" en lui faisant l'amoiur alors qu'il ne se passe rien physiquement?
Le jour où je vous dirai "mon amour" et que vous me répondrz "mon amour" au téléphone, ce sera
comme lors de notre première rencontre quand vous m'avez serré la main que j'avais posée sur la vôtre
ou lorsque vous m'avez rendu un baiser.
Oui, j"étais blessé après notre entretien téléphonique de ce vendredi soir, le premier. Autant pour moi
si je me suis trompé, si j'ai mal interprété vos propos. Mais n'est-ce pas vous qui après ce moment
ardent du matin de votre départ m'avez envoyé quelques jours plus tard une lettre à "'Monsieur
Halbronn" commençant par "que faites-vous l'Eté? Amitiés"? Quelle frayeur vous me donnez! Quel
manque de confiance de ma part. Il faut que je me persuade que vous ne feriez pas une chose pareille
comme de mettre en avant des obstacles pour temporiser. Voyons nous pour voir comment et non
pour voir i. Le si c'est moi et le si c'est oui. Toujours. Le comment c'est vous. Comment notre couple
va forcément vivre ensemble, dans les conditions qui sont les miennes et qui sont les votres. Et ce
comment, je l'attends avec impatience car je voudrais que vous nous proposiez une bonne formule,
sachant qu'a prior elle me conviendra, dès lors qu'elle ménage la possibilité d'une vraie relation, pleine
et entière. De cela effectivement, on parlera tôt ou tard, à la rentrée si proche. Et même en attendant de
trouver la formule, je veux passer du temps avec vous, le plus souvent possible, à quelque heure du
jour ou de la nuit. Je ne vous cacherai pas, cependant, que je préférerais que nous vivions ensemble.
Cela ne vous étonnera pas trop, je suppose.
Oui, ce soir, j'ai vraoment eu peur de vous perdre, ce qui m'a montré combien je tenais à vous et votre
message sur mon téléphone en rentrant m'a rassuré. Je me suis dit que j'étais???
Je me demande s'il ne serait pas plus simple que je vienne vous voir dans votre région d'Arcachon
plutôt que de nous parler au téléphone pendant des heures.
Oui, je souhaite que vous soyez attirée par moi, que vous finissiez par me trouver "pas si mal",
"présentable".Comme je voudrais être en tête à tête avec vous, quelque part.Tous les deux à se
regarder, à se découvrir, à se toucher le visage, à le caresser; allongés sur une pelouse, dans la nature,
ou en pleine forêt ou tout simplement dans votre voiture, la fameuse Peugeot.
Face à vous, je suis l'hommme.Face à moi, vous êtes la femme. Et ce que je vous fais engage tous les
hommes et tout ce que que vous me faites engage toutes les femmes. Si je vous fais du mal, si je vous
blesse, si je vous trahis, si je vous déçois, c'est contre tous les hommes que vous en aurez. Et vice
versa
Cela dit, il faut faire la part des choses et il ne faut pas empêcher la femme d'être femme et l'homme
d'être homme. On ne peut pa vous reprocher d'être ce que vous êtes ni à moi d'être ce que je suis; à
condition qu'il y ait le respect de ce lien entre nous auquel nous ne toucherons pas, quoi qu'il arrive.
On pourrait convenir d'un pacte entre nous, dans le respect de la différence de l'autre puisque le couple
tourne autour d'une synergie H-F. Droits de l'homme. Droits de la femme. Et que vous le vouliez ou
non, G. Chérie, le couple ne fonctionnne que si chacun est à sa place, à commencer par le rapport
sexuel. Je suppose que dans ce domaine, quelle que soit l'originalité que vous êtes préte à
m'accorder, vous supposez que je me comporte comme un nomme normal avec peut être un petit plus
quelque part dans ma façon d'agir, de vous embrasser, de vous pénétrer etc. Et moi, eh bien, c'est un
peu pareil. Et ce qui est vrai sexuellement, l'est aussi psychiquement. L'individu, c'est la cerise sur le
gâteau. Mais si vous n'aimez pas les hommes; vous ne m'aimerez pas et si je n'aime pas les femmmes-
si je ne sais pas les aimer, je ne vous aimerai pas vraiment.
J'ai bien aimé ce que nous nous sommes dits ce soir au téléphone, j'ai senti une vraie complicité entre
nous, celle que quelqu'un comme moi ne peut que souhaiter d'une femme comme vous. Je sens que
vous êtes exigeante, que vous avez un amour de la qualité, que vous appréciez l'effort, la recherche,
l'excellence.Cela correspond assez bine à ce que j'avais exprimé dans mon annonce à laquelle vous
avez eu, ô combien, raison de répondre!
Noud allons ensemble explorer tout ce qui se passe entre nous, cultiver notre amour, le faire pousser,
fructifier, ne pas lui donner de limites sinon celles d'une certaine fusion, où chaque instant accordé,
chaque partie de l'autre soit objet d'amour. C'est cela chèrir l'autre. Je crois être en bonne voie. Et
vous? Je vous aime, je veux vous aimer, j'ai envie que nous nous aimions. De tout faire pour cela. Ce
que je ne connais pas de vous, ce qui ne m'a pas encore exicité en vous, c'est votre face cachée. Mais
vous êtes un tout. La question ne sera jamais une fois de plus si mais comment. Pas si je vous aime
mais comment je vous aime. A moi de découvrit la façon d'accéder à vous, au vous le plus obscur, le
plus étrange. Et vice versa. Ne rien laisser hors champ. Pouvoir changer cependant ceci ou cela, si cela
peut aider, faciliter l'ascension vers vous.
Que chacun apporte à l'autre ce qu'il a de meilleur, qu'il lui offre sa force, sa confiance dans la
vie, dans les gens, son expérience du monde. Il faut s'épauler. En vous écrivant, ce soir, he ressens une
émotion nouvelle qui est liée à ce que nous ayons pu parler. Vous avez dit
des choses qui m'ont réconforté parce que je les ai entendues de votre bouche et non
seulement lues de votre plume. Il me sera de plus en plus difficiel de vivre sans vous, sans
votre amour. L'amour, c'est accepter de dépendre de l'autre, de remettre son bonheur dans les
les mains de l'autre. Tant qu'il n'en est pas ainsi, il n'y a pas de véritable don. Je vous ai
offert les clefs de mon coeur et peut être de ma vie Ne l'oubliez pas:
En fait, vous n'êtes nullement à la traîne dans notre relation, vous avez apporté des éléments très
solides; dans ce que nous avons convenu d'appeler une certaine surenchèr. Vous n'êtes en reste, en
arrière.
Cette "surenchère", elle est due au fait que chacun traduit son ressenti, à sa façon et donc d'une
façon qui peut surprendre l'autre. Il a le sentiment que c'es au delà de ce qu'il a exprimé alors que c'est
dit autrement. C'est ce qu'on appelle le décalage spatio-temporel.
Il est bon de savoir que le couple a deux moteurs, que lorsque l'on a des ratés, l'autre tient
bon. Et vice versa!
Gageons que ce que nous ignorons encore de l'autre est peut être la meilleure part, celle qyuui
ne s'appréhende que dans la solitude du couple, ce qui n'est donné à nul autre qu'à l'autre que l'on s'est
choisi et qui nous a choisi.
En amour, on ne connait jamais tout d'abord du passé de l'autre mais surtout de ce que
l'avenir nous réserve pour le pire et pour le meilleur, comme on dit. Donc l'idée de s'engager en
sachant tout n'a pas de sens. La question est seulement de savoir si on en sait assez.
C'est oui ou c'est non. Peut-on aussi s'engager envers quelqu'un si on n'a pas fait l'amour avec lui?
Voilà une belle preuve de confiance, ne croyez-vous pasN Et si, et si...Il n'y a pas de si!
Chacun de nous doit être prophéte, savoir les choses avant qu'elles n'aient lieu, les deviner, les
pressentir, les assumer ensuite.
Et pourquoi, selon une certaine logique, s'engagerait-on avec quelqu'un alors qu'on ne connait pas tous
les autres hommes ou toutes les autres femmes? On voit ce que cet impératif de connnaissance
exhaustive a d 'aberrant!
Je ne vous quitterai pas, je ne vous tromperai pas, je n'accorderai à aucune autre femme ce que je vous
accorde ni de près, ni de loin. Je ne vous blesserai pas. Je ne vous ferai pas
soufftrir. Je ne vous priverai pas du bonheur, du plaisir qui vous est dû.
Oui, j'aime cette école du sport qui vous a formée. D'abord parce que votre corps a
gardé sa vigueur et sa forme mais surtout parce que vous avez appris le sang froid et l'effort et que
vous sacrez que lorsqu'on commence un voyage, il faut aller jusqu'au bout. Disons que
désormais, ma chérie, nous sommes dans le même bâteau!
Ce qui me sépare encore de vous est ce qui m'est le plus cher tout comme le sont les derniers métres,
avant d'arriver, c'est alors qu'il ne faut pas renoncer, quand déjà on est allé si loin.
G. vous portez bien votre prébom qui fleure bon la vieille France. On a envie d'être votre
chevalier servant, gente Dame.
Comme vous le savez, avec chaque compagnon, nous sommes différents et l'autre nous fait un peu ce
que nous sommes avec lui. Je sais donc que je suis en partie responsable de la
G. qui me sera donnée. J'aurai la G. que je mérite. Et vice versa.
Je vous sens avec moi. Je sais que vous m'accompagnerez dans mon chemin de cvie et que cette
présence sera sans faille. Et moi j'essaierai de vous mériter et de ne jamais vous
faire regretter la confiance que vous avez mise en moi. C'est une promesse qui exige
beaucoup de vigilance.
J'aime l'idée de vous voir déchiffrer mon écriture. Chaque mot que vous décodez, c'est un
peu moi vers qui vous vous rapprochez
JE suis à vous
PS Ces lettres que je vous écris sont bien différentes de ce que j'écris par ailleurs. Ce sont
des lettres magiques qui ne décrivent pas ce qui s'est passé, qui ne décrivent pas ce qui
est pensé mais qui sont créatrices d'un monde qui sera le nôtre. Elles annoncent
quelque chose qui est déjà là, en puissance et qui ne fait que se révéler. Je vous écris un peu
dans un état second et parfois je ne connais pas tout à fit le sens de ce qui paraît sous ma
plume.
Vous avez ouvert par quelques mots affectueux et tendres une bréche d'où s'écoule ce
torrent longtemps retenu et qui va irriguer nos deux vies. Merci pour votre sésame ouvre-toi, ma belle
promise.
Parfois j'imagine que l'on vous a choisie un peu comme le faisait dans les shtetl de Pologne, où l'on
disait à l'homme, voilà, ce sera ta femme. Apprends à l'aimer. Elle est pour toi. Découvre ses charmes
cachés et qu'elle te réserve et dont elle ignore elle-même l'existence.
NOus ne sommes plus si jeunes, il est vrai et pourtant j'ai le sentiment que vous êtes la
toute première, que rien d'important ne s'est joué avant vous.
Et c''est aussi cela qui importe : ce qui nous arrête chez l'autre, c'est qu'il ne ressemble pas à
ce que nous avons connu. Inconsciemement, nous cherchons une ressemblance, une
continuité; Mais cette différence même nous oblige à tout réinventer, à ne pas être dans
le déjà-vu. L'amour esr une conquéte de l'amour, c'est un lien que nous créons avec l'autre, comme un
beau livre de sagesse qu'il nous faut apperendre à méditer. Nous sommes chacun
à l'autre ce livre qui est fait de projection et d'exploration. Vous serez à présent mon livre de chevêt;
dans tous les sens du terme, un livre qui ne me quittera plus et où je viendra chaque
fois puiser de nouvelles lumières, de nouvelles jouissances. Un livre rare, que je lirai et relirai, sans
cesse, inlassablement.
19 Aout 2002
Ma G. petite siréne
Je prends désormais plaisir à nos entretiens téléphoniques. Ils donnent en effet plus de réalité à notre
rencontre, ils confirment que nous ne rêvons pas en écrivant à quelqu'un qui n'existerait que dans nos
fantasmes.
Je relis vpos lettres et notamment cette très jolie missive en date du 14 août toiut à fait charmante où
après avoir décrit vos activités, vous me faites en douceur entrer dans le décor. Tout est dit, tout est
entedu en cette petite phrase "et je me demande avec malice quelle couleur je vous laisserai toucher"
(de mon corps) Et ce texte est d'autant plus enlevé qu'il s'intitule simplemen "La plage"
Après cela, vos autres lettres n'ont pas vraiment d'importance et je crois que cette lettre du 14 août me
dit beaucoup plus que toute autre, par tout ce qu'elle sous-entend, tout ce qu'elle suggère et je suis
heureux d'avoir ouvert cette lettre en premier alors que trois autres l'avaient précédée.
Vous avez trouvé le registre qui convenait, tout en demi-teintes, en chuchotements, en clins d'oeil.
Comme aussi cette façon ???? dans cette même lettre du 14 août de ne pas me pardonner de ne pas
avoir reçu votre lettre quotidienne et de vous venger. C'est adorabl. On en voudrait d'autres dans la
même veine; ma chérie. Une lettre qui n'a l'air de rien et qui soudain vous saute à la figure en vous
montrant que vous n'êtes pas le seul, que vous avez aussi envie de (.....) que cet amour qui est le nôtre
est aussi le vôtre, votre oeuvre. Ô combien! Ce sont vos petites touches,vos formules lapidaires qui on
soudé notre couple. Vous avez des lettres, ma chère
Et moi, j'ai envie de vous demander ce que vous me ferez quand on se reverra, qu'aurez vous envie de
toucher en moi ou que je vous touche. Où souhaitez vous que j'applique mon premier baiser? Je crois
que la réponse est évidente : il faut que nos deux bouches, comme enchaînées l',une à l'autre, se
conjuguent passionément. C'est en ce lieu seulement que notre amour pourra s'exprimer avec la force
qui est la sienne. Avant bien entendu de passer à autre chose. J'aimerais m'alonger près de vous sur
quelque pelous bien verte et vous sourir et vous caresser, que vous mettiez votre main sur ma tête
familièrement, dans une sorte de tendresse
22 aout 2002 ( à la veille du départ pour le bassin d'Arcachon)
Mon amour, ma perle
J'ai reçu ce mati ta lettre sur la peche aux palourdes et elle révéle un certain sens de l'humouir associés
au goût des exercices physiques. Et il est vrai que notre rencontre de Versailles ne m'a pas habitué au
spectacle de cette vie en plein air qui vous inspire tant. Mais cela renforce en moi l'idée que je me fais
de vous, d'une belle femme saine dans sa tête et dans son corps.
Au téléphone, nous avons parlé de l'amour et je demandais si tu étais amoureuse comme tu l'avais été
lors de la rencontre qui avait conduit à ton premier mariage.
Là dessus, je me suis demandé si l'amour était du même ordre chez l'homme et chez la femme, ce qui
est une interrogation logique de la part de quelqu'un comme moi qui s'efforce de distinguer la
psychologie des deux sexes.
Je crois qu'une femme comme tu sembles le penser a d'abord besoin de plaire, d'être appréciée pour
ses diverses qualités. Quand elle ne sait pas pourquoi elle plait, pourquoi on est attiré par elle, cela
l'inquiète. Dès lors, on peut se demander si lors de cette rencontre avec ton ex, tu n'étais pas plus
consciente de tes "avantages" qu'aujourd'hui et si tu ne trouvais pas naturel qu'on tombe amoureux de
toi.
Je m'explique: l'amour de l'autre n"était alors que la conséquence de ta présence et de ton charme, il
etéit donc sécurisant, il ne faisait que confirmer ton rayonnement et en revanche, aujiourd'hui, tu as
l'impression qu'un homme t'aime pour des raisons que tu ignores et que ne tiennent au fond qu'à lui et
au regard qu'il porte sur toi. D'où????
Là à mon avis esr la différence entre ces deux moments forts de ta vie affective- je dis cela avec un
certain culot, je l'avoue- qui sont la rencontre avec celui qui sera ton ex-ton futur ex en quelque sorte-
et la rencontre avec celui qui pourrait et devrait être son successeur, c'est à dire moi.
Je crois que tout cela se mettra en place quand tu pourras constater plus concrètement que je suis
sensible à ce que tu es et quand je redonnerai confiance en toi-même. Alors, tu te sentiras mieux en
situation, tu ne percevras pas de décalage entre ce que tu sais que tu es et ce que l'on dit que tu
représentes.
Ainsi, me semble-t-il- cette comparaison que tu fais entre deux rencontres sensiblement espacées dans
le temps, n'est elle pas tant due au fait que tu sois amoureuse ou que tu ne le sois pas encore mais au
fait que tu ne supportes pas de ne pas savoir ce qui se passe et pourquoi cela se passé.
Je diais ainsi au téléphone et ces lettres à présent prolongent nos discussions plutôt que l'inverse,
combien me serait douloureuse notre séparation, faisant écho à ton émoi quand par deux fois je ne t'ai
pas répondu au téléphone. ...parce que je n'étais tout simplement pas là. Encore que je ne dirai pas
pour ma part que j'ai peur de te déplaire avec ce que ce mot peut avoir de chargé pour toi au sens de
cesser de plaire, ce qui semble avoir été le cas avec ton ex, si je peux hasarder une supposition. Tu vis
en raccourci de quelques jours un processus qui fut beaucoup plus étalé dans le temps avec ton ex.
Nous n'en sommes quand même pas à nous déplaire alors que nous ne faisons que commencer à nous
plaire.
Je crois qu'au cours de ces quelques jours passé ensemble, dans divers contextesau milieu d'autres
personnes dont tes enfants, tout cela va se caler, quand tu sentiras concrétement que je suis sensible à
ta présence, à tes gestes.
Quand tu auras compris que tu es toujours une femme attirante, qui peut tout à fait fasciner un homme,
alors peut être une certaine vanité - ce n'est pas forcément un défaut chez la femme-te conduira à
mieux entrer dans cette nouvelle alliance amoureuse et cette fois de plein pied, en y trouvant ton
compte.
Mais je sus sûr que tu es certainement très sexy quand tu tiens la barre d'un bateau ou quand en short
tu te balades entre les rochers, même maculée de vase. Tout cela, je le pressens encore plus que je ne
le sens et certainement mon amour reste-t-il encore un peu virtuel. Il faut qu'il gagne en authenticité,
en certitude encore pour qu"'il t'envahisse pleinement. C'est moi qui ne suis pas encore parvenu à te
montrer le pouvoir que tu pourrais exercer sur mes sens et mes sentiments. Cela ne saurait désormais
tarder. En fait, c''est dans l'amour que tu verras dans mes yeux que quelque partt tu "tomberas
amoureuse" de cet amour, de cet homme qui t'aime par tout son être.
Tu penses bien, je l'espère, que je ne m'engagerais pas avec toi, sans une certitude intérieure. Je crois
qu'à mon âge je sais ce que je fais et je sais ce que je ressens. Il ne me faut pas beaucoup de temps
pour savoir que je suis en face d'une perle rare, d'un mélange assez remarquable dont j'étais peut être
le seul à pouvoir découvrir la qualité.
Tu sais, ma chérie, que la valeur d'une personne n''est souvent perçue qu'au travers de l'importance
qu'on veut bien lui accorder. Ta valeur à toi, peut être ne l'a-t-on pas bien perçue jusqu'à présent à sa
juste importance. Si on ne s'aime pas, on ne peut tomber amoureux car on a peur d'être manipulé. C'est
un amour à l'aveuglette.
Je me projette sans aucune difficulté dans notre relation de couple, c'est comme si c'était déjà une
affaire de reglée. Je nous vois déjà ensemble nous embrassant, nous parlant tendrement, les yeux dans
les yeux. Il ne faut certes pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué. Mais je me sens tout à fait à
l'aise avec toi et je sais que ce sentiment se prolongera quand je serai avec toi, dans quelques jours. Et
en même temps, quel plaisir ce sera pour moi de vérifier sur pièces cette conviction, en mon corps,
dans ma peau; quand je garderai en moi l'empreinte de tes doigts sur mon visage, quand tes mains
m'auront saisi par le cou, quand je poursuivrai ce que nous n'avons fait qu'ébaucher ce soir là à
Versailles mais qui suffit à me tenailler pour ne pas en rester là.
Nous sommes confrontés à une double dialectique, celle du passé et du futur, celle de l'homme et de la
femme. Ce sont deux gués à passer dans la sérénité, mon amour.
J'aime ta pudeur, ta retenue, j'aime qu'll y ait entre nous ce chemin à parcourir encore. Je viens vers toi
puisque tu m'y invites. Je sais que tu m'attends. Ce sera pour ne plus se quitter!
Tout à toi
J.
PS Je réserve déjà notre week end de rentrée
24 août 2002 (avant de la rejoindre près d'Arcachon)
Mon amour
Je sais que cette lettre te parviendra quand nous serons réunis. Mais qu'importe? Cela me fait du bien
de m'exprimer; cela permet de décanter les idées. Je t'ai même écrit un poéme. Tout de suite, j'ai
éprouvé du plaisir à discuter avec toi, c'est comme ça.
Tu dis que les choses vont vite. En réalité, que se serait-il passé si tu n'étais pas partie en province au
lendemain de notre rencontre. Est-ce que les choses seraient allé moins vite? Et est-ce que ce n'est pas
parce que nous parlons de l'avenir et de la force de nos sentiments que cette relation fait sens? Te
contenterais-tu d'une aventure au jour le jour? C'est peut-etre parce que quelque part cela ne pas vite
qu'ailleurs cela s'accélère. Paradoxes!
Je voudrais te dire (tutoiement) dans cette lettre ma certitude que tu es à moi et que tu le sera quoi qu'il
arrive, même si jamais il y avait de ta part quelque hésitation, quelque retard, cela n'y changera rien
désormais. Ce serait reculer pour mieux sauter. Il faut que tu saches que, de toute façon, je
t'attendrai si jamais tu devais tarder. Car je ressens ton amour, il est là, il faut simplement lui laisser un
peu de temps pour s'affirmer mais il va t'envahir. Ce n'est plus qu'une question de temps.
Pour nous deux, il est important pour que notre rencontre fasse sens et nous marque définitivement de
ne faire ni dire n'importe quoi. Nous sommes en train comme on dit de rebâtir notre vie à un "âge
mûr" et il faut préserver sa magie un peu comme les anciens préservaient le feu dans une cage,
comme un objet infiniment précieux. Je ne veux pas d'autre femme que toi et je ne veux pas d'autre
homme pour toi que moi. Il ne faut pas gâcher, gaspiller les clins d"oeil du destin qui nous a mis sur la
route l'un de l'autre. Il n'y a plus qu'à assumerr; ce n'est pas surhumain quand même! En le faisant,
nous allons d'ailleurs trouver en nous de nouvelles forces, des énergies assoupies qui nous donneront
les moyens de poursuivre ensemble le chemin qui s'ouvre devant nous.
Ne crois pas que je dise cela sans mesurer la tâche à accomplir. Notre couple n'est pas si évident que
cela mais justement il exigera plus de chacun de nous, c'est une expérience nouvelle, différente, un
défi dont nous fixons ensemble les conditions et les enjeux. Il en sera comme nous l'aurons voulu.
Poéme;
Pour ce qui s'est passé
Apprendre à s'aimer
Apprendre à t'aimer
Tout ça parce qu'un soir
Il s'est passé ce qui s'est passé
Il n'en faut pas plus
Pour vouloir continuer
Jour après jour
Pour toute la vie qui reste
A construir, à inventer
L'Amour
Apprendre à t'aimer
Toi qui a ouvert tes bras
Un soir de désir
A un homme qui passait
Et qui veut te garder
Et qui veut te chérir
Pour ce qui s'est passé
Apprendre à s'aimer
Sans s'accorder la fuite
Vouloir se mériter
Jour après jour
Pour ce qui s'est passé
Oui, pour ce qui s'est passé
Dans une semaine, nous serons rentrés à Versailles/Paris. Je suis sûr qu'il se sera passé beaucoup de
(bonnes) choses entre nous et que notre couple sera vrailment soudé en pleine conscience cette fois.
Ce Samedi d'avant mon départ.
Je ne t'ai pas dit encore comment je te trouvais, je ne t'ai pas dit comme tu étais jolie, je n'ai pas encore
parlé de ton corps, terra incognita. Et toi-même tu me reconnaitras à peine sur ce quai de la gare. On
n'a fait que se croiser quelques instants quand vraiment je me suis adressé à toi et cela n'a pas été tout
de suite, pas avant qu'on aille au restaurant, où tu n'as rien mangé. Mais spirituellement, nous nous
connaissons bien, nous nous sentons bien et il nous suffit désormais de faire accoucher cet amour que
nous portons en nous. Il accouchera sur ce bassin d'Arcachon et il sera vigoureux et sain et il lluminera
nos vies.
Extraits en attente
;Peut etre allez-vous être tentée par quelque rencontre de passage? Soyez sage! On vous
attend à Paris. Soyez fidéle! Est-ce trop demander? Oui et non! Prenez cela pour de
l'humour, avec un zeste d'amour.
D'ici que vous recevrez cette lettre, il y a des chances que j'en reçoive une de vous. Ces
lettres se croisent dans un joli désordre. (..;) N'oubliez pas que si nous ne sous sommes vus
qu'une fois, nous avons quand même pas mal échangé sur internet et un peu causé au
téléphone. C'est déjà un joli bagage/ C'est vrai que j'ai été le premier à m'absenter à
Toulouse, une ville dont j'ignorais en partant qu'elle était marquée par votre présence. Sans
Toulouse, je vous aurais vue plutôt/ Mais il y avait ce mariahe, ce remariage de mon ami.
Peut être me portera-t-il bonheur? En attendant, vous voilà évoquant de "nouveaux éléments" qui
pourraient poindre.Cela donne froid dans le dos.
J'ai plaisir à vous imaginer me lisant tranquilement dans votre lit ou ailleurs. Qui sait si vous ne dites
pas malicieusement à l'un de vos enfants ou de vos amis que c'est la lettre d'un
soupirant? Je ne vous en voudrais pas.
Je crois que vous comprenez que je pense à vous, que vous me manquez; que je veux vous
revoir, vous re-sentir. Et que cette écriture est une façon de pallier mon attente; de vous
faire exister quand même auprès de moi.
"Je cherche aussi à me mettre sur votre longueur d'onde, je cherche la bonne fréquence.
Je vais la trouver, j'en suis sûr car je suis persévérant et je vais trouver les clefs de votre
coeur si ce n'est déjà fait. Ou si je refroidis comme à cache-tampon.
On ne peut que souhaiter- pour ma part- que l'année prochaine, à cette même date, nous
soyons ensemble à où vous êtes ou ailleurs. Peut être relirons-nous ces pages, en souriant avec nos
commentaires, nos arrières-pensées?"
"Au fond, ce que je vous écris ,ce sont des extraits de mon journal , ce sont mes pensées
pour G. J'aime bien en tout cas l'idée d'avoir à vivre avec quelqu'un qui vient du monde
médiav car je suis un peu faché avec la médecine et essaie de m'en passer. Mais avec
l^'âge, c'est un luxe que l'on ne peut plus se permettre. Et puis je ne suis pas un animal de compagnie:
Encore parfois que je puisse passer pour un chat.
J'aime bien vous écrire à la main plutôt que d'imprimer mon texte.Certes, vous devez
avoir de temps à autre des hésitations, des difficultés à me lirre. Mais cela met votre perspicacité à
l'oeuvre. Et puis c'est la preuve que je vous fais confiance pour me
déchiffrer dans tous les sens du terme"
"Comment m'insérez vous dans ce petit monde? Parfois je m'interroge, vous avez
des enfants, à peu près de l'âge de ceux de ma soeur cadette (...) qui doivent avoir dans les 15-16 ans.
Je compte sur vous pour trouver peu à peu une formule heureuse, qui vous
satisfasse, si vous êtes bien dans votre coule, si ce mot ne vous fait pas trop peur.
Certes, j'ai mes attentes à ce sujet que je ne vous exposerai pas car je préfére qu'elles
rejoignent vos propositions. (..) Vous êtes juge du comment et du pourquoi. Vous avez
accepté mon quoi. C'est à dire qu'il y ait un nous pour nous et j'accepterai votre comment,
sachant en outre que vous êtes moins libre que moi de vos mouvements. Mais il va de soi
que les solutions proposées devront faire preuve d'une certaine audace pour être viables.
Deux fins de lettre
A
"corps un trouble indéfinissable que je saurais apaiser et en même temps qui ne ferait que
s'amplifier, vous démontrant que vous êtes déjà bel et bien préte. Prête à aimer et à le
clamer. Je ne me fais guère de souci. Je n'aurai pas à vous solliciter, à vous raisonner, à
vous encourager pour que les choses se fassent. C'est vous qui m'entrainerez dans une
logique qui vous dépasse et s'impose à vos sens. Quelque chose se réveillera en vous
et qu'il ne faudra pas craindre mais chevaucher avec art.
Ne craignez pas d'aller trop loin, d'exiger trop. je vous suivrai toujours. Mais je ne vous
précéderai pas car désormais vous êtes la gardienne de notre amour, dont je vous confie
les clefs à jamais. Votre "cher" J.*
B
Eh bien voilà, il faut à nouveau nous quitter, je ne peux vous écrire non stop., ce qui ne siggnifie pas
que je ne pourrais être avec vous des jours et des jours sans me lasser et espérons le sans
vous lasser. En attendant, je me languis de vous, ne me le reprochez pas.
Vous avez surement d'autres lectures. Mais celles-là ne vous sont pas adressées, vous
n'en êtes pas l'objet. Non, ce que nous vivons, ce que je vous invite à vivre, ce n'est pas du
roman. Mais pourquoi, au fond, aurions-nous peur que notre couple ne soit digne d'un roman, un jour?
Sur ce je vous embrasse, chère G?
PS Je joins une bouture de plante de mon petit jardih. A replanter aussitôt chez vous.
Notes dépareillées
Nos visages
A la rentrée quand on se reverra, que nous restera-t-il à faire pour que nous soyons
pleinement à l'aise dans notre couple? Je crois que cela ne sera ni dans les paroles, ni
dans les caresses, ni dans les idées. Il nous faudra apprendre à nous regarder et à nous
habituer à l'autre, à son visage, à son sourire, à ses expressions, à son air.
Cerrtes, nous nous sommes déjà vus mais quand nous nous sommes vraiment
rapprochés physiquement dans ces rues sombres de Versaillles, nous ne nous sommes plus
qu'à peine regardés.
Comme vous le diriez, ma sage compagne, il faudra que nous nous parlions les yeux dans
les yeux. Il ne faut pas que le visage de l'autre nous soit un obstacel mais que nous
l'apprivoisions dans son étrangeté, que nous y trouvions nos repéres, nos angles de vue,
bref que nous sachions le voir avec les yeux de l'amour.
De l'intimité
La question n'est peut être pas tant que l'autre nous apporte du plaisir mais que nous acceptions
cela de l'autre. C'est pourquoi l'infidélité est si insupportable. : que l'autre ait accepté
d'accorder du plaisir ou d'en recevoir d'une tierce personne. Non pas que l'on ne soit pas
sensible à la spécificité du contact de l'autre et que ce soit justement cela qui ait pu
déclencher ou renforcer le processus amoureux mais s'exposer aux caresses d'un
tiers mais aussi à ses mots doux, c'est le faire pénétrer dans notre intimité; dans notre jardin secret.
De la foi
Avoir foi en l'autre, c'est penser que le monde nous parviendra désormais par son prisme, qu'il sera en
quelque sorte le messager du destin. Avoir foi en l'autre, c'est accepter tout de
l'autre en lui donnant du sens par nous. Partager le plaisir mais aussi partager les peines,
les douleurs, parfois anciennes. Contrepartie du plaisir. Accès à un espace caché dans les
deux cas insoupçonné.
Il ne faut pas compter sur l'autre pour qu'il nous confie d'entrrée de jeu les clefs de ses
plaisirs et de ses peines. A nous de les découvrir, de nous les faire se dévoiler. Car il y a
des plaisirs dont on a honte et des douleurs que l'on refoule. Tout cela, en effet, ne vient pas
faciliter la transparence de la rencontre! Tout d'un coup, on découvre ce à quoi l'autre est
sensible, ce qui l'émeut comme ce qui le bouleverse, ce qui lui apporte joie ou chagrin. Et ces
moments là rapprochent et pourtant on ne donne pas à l'autre notre mode d'emploi : fais moi ,ci, fais
moi ça, touche ici, touche là. Comme vous disiez, ma G., il faut être attentif à l'autre,
saisir au vol une émotion, un frisson, un lapsus. Il faut que l'autre nous sente, nous ressente, nous
devine. Avoir foi en l'autre, c'est penser qu'il y parviendra tôt ou tard. Mais cette foi
peut aussi susciter des confidences, si l'on sait que l'autre ne nous jugera pas, qu'il ne
réagira pas sans réfléchir, qu'il est prêt à tout entendre de celui qui s'est donné,
abandonné à lui. Cependant, il suffit de cette vigilance dont vous parliez pour que nous
trouvions la bonne piste et parce que les signes sont là , laissés à notre attention, si nous savons voir, si
nous voulons voir et savoir.
Samedi 7 septembre 2002
A une amie
> Chana Tova à vous aussi,
>J'espère que vous êtes en bonne voie pour trouver l'âme soeur. En ce qui me
>concerne, je vis depuis peu avec une femme née en 1949, véterinaire et
>d'origine polonaise, elle s'appelle Ghislaine.
>Amicalement
>Jacques
>
08. 11. 2004
chère Véronique
Je crois que tu exagéres pas mal les problémes. Je suis sûr que notre relation n'est pas terminée.
J'accepte complétement la différence avec l'autre dès lors qu'il assume sa différence pleinement. La
preuve, c'est que tu n'es pas juive et que beaucoup de Juifs sont beaucoup plus sectaires que moi. Par
ailleurs, je sais qu''à certaines périodes les gens sont amenés à sortir d'eux-mêmes et aller vers
l'inconnu. Donc là aussi, je suis très tolérant. Tu devrais me faire plus confiance et savoir aussi que je
suis prêt à faire beaucoup d'efforts pour avoir le bonheur de vivre à tes côtés. Je pense d'ailleurs que
cette pause entre nous ne fait vraiment sens que parce que nous aurons ainsi le plaisir de revenir l'un
vers l'autre letamid.
Je voudrais te dire aussi que cette pause m'a montré que tu avais un caractère bien trempé, ce qui
m'améne à te respecter davantage et apprécier d'autant plus ta douceur avec moi.
Je voudrais aussi te dire que l'on s'est séparé à un moment où j'étais extrémement perturbé par la
perspective de mon opération, ce que tu n'as pas voulu comprendre. Quand, à tort ou à raison, on
s'imagine que l'on va peut être disparaitre dans les prochains jours puis ensuite quand on vient de
réchapper à un risque, on n' a plus tout à fait les mêmes priorités, d'où mon attitude à Croix et à la
clinique. Donc, je n'étais plus moi-même et c'est pour cela justement que tu es partie. Et puis, il y a eu
le décés de ma mère qui n'a rien arrangé sans parler du Colloque qui m'a absorbé. Je voudrais
maintenant reprendre avec toi, aller à Prague par exemple. A propos, je vais à Londres le samedi 20
novembre, toute la journée pour un Colloque de recherche astrologique, je pars tôt le matin, reviens
tard le soir. Je t'emméne avec moi, si tu veux.
Il me semble par ailleurs que les amis jouent un grand rôle dans ton équilibre, c'est probablement lié à
un phénoméne de résilience qui a compensé des difficultés familiales. Dès lors qu'il y avait des
problémes avec tes amis, cela a du te destabiliser. On sait d'ailleurs que lorsque les gens ont une vie de
couple épanouie, les amis comptent moins.
Par ailleurs, j'apprécie beaucoup ta fille et elle me manque aussi.
Fais moi (nous) confiance!
Je suis à toi
Jacques
Paris, le 29 07 2013
A Saskia
On forme un couple bien étrange avec deux personnages excessifs et improbables chacun dans leur
genre. Roméo et Juliette. D'une certaine façon, je pense qu'il nous est facile d'être heureux ensemble.
Je ne semble pas t'impressionner et c'est ce qui te permet d'être aussi proche. Qui s'en plaindrait;?
Neshikoth! (Baisers en hébreu)
13 08 13
Ma future veuve chérie
Je ne vais pas te dire que tu es inoubliable car tu me dirais que je prends déjà mes distances. On peut
savoir par avance ce qui nous marquera tout comme je savais à l'avance que cela valait la peine pour
toi d'aller plus loin avec moi. Dire que quelqu'un vous manque, n'est ce pas aborder la question de son
souvenir?. S'éloigner dans l'espace, c'est aussi s'éloigner dans le
temps.
J'ai revu aujourd'hui Daniel qui est né le même jour et la même année que moi. On a un point
commun. Il a le virus de l'écriture et étrangement il me lit ses textes à voix haute au lieu de me les
donner à lire! C'e qu'il écrit est d'ailleurs assez illisible et parfois obscène. Mais je suis content qu'i ait
passé du temps avec Nicole car j'aime bien que mes amis se rencontrent..
Je n'oublierai pas d'aller Jeudi chercher tes clefs dans ta boite à lettres et j'achète toujours Libé pour
toi.
Je ne sais pas si l'on devra vraiment attendre 3 jours après ton retour pour se revoir Tu en décideras.
Comme tu as pu le voir, j'ai pas mal écrit aujourd'hui mais il est bien difficile de faire bouger les gens
dans leur mode de pensée.
Chaque séparation nous conduit à confirmer notre lien avec l'autre et probablement à le renforcer au
point que cela soit plus fort que nous.
Qu'est ce qui nous unit malgré nos différences? That is the question! Mais j'ai parfois la flemme d'en
changer car il faut tout transvaser au niveau des poches
Je me suis fait des grillades tex mex et ai raméne du marché un excellent raison noir. Mais comme
d'hab j'ai jeuné depuis midi. Il est vrai que j'avais besoin de me remettre de quelques gateries que tu
m'as servies comme les flancs et qui ne sont pas conseillées pour ma ligne..
Je me sens mieux dans ma peau et me regarde mieux dans la glace depuis que je suis "avec" toi
comme si j'avais été un peu diminué depuis un certain temps. A propos j'ai bien aimé hier la forme
"self abuse" pour désigner la masturbation. C'est dommage qu'elle n'existe pas en français. J'ai envoyé
ma toccata "Bobillot" à quelques amis de Face Book.
.J'ai développé de nouveaux arguments dans ma croisade contre une astrologie décadente. Ce qui se
passe en astrologie se retrouve dans toutes sortes de domaines, religieux, musicaux, scientifiques.
Je pourrais continuer mais je ne veux pas te lasser. Mais je sais que tu apprécies ce genre d'inventaire à
la Prévert.
Je pense que tu rentres le 17 aout, soit ce samedi, ce qui correspondra en gros à un mois depuis nos
premières étreintes du 15 juillet, jour de l'anniversaire de Nancy. Ce qui fera désormais 2 anniversaires
à célébrer en même temps. Je crois que tu es un être hypersensible tant physiquement que
psychiquement et cela me plait bien et je pense que je saurai peu à peu trouve le ton juste pour que tu
te sentes plus sereine avec moi.
Je pense à ton visage lumineux quand tu m'accueilles en toi.
14 08 13
My so pretty Soisik
Je me suis réjoui d'avoir de tes nouvelles ce matin. Je vois que tu es une vraie "fée du logis". (..)
Bientôt les fêtes juives/ Tu vas peut-être arriver à m'entrainer à la Schule (synagogue). Ta présence me
manque. J'ai toute une réserve de baisers et de caresses en attente pour toi.
Début septembre 2013
Pour Kippour
Je me suis demandé comment tu pouvais fréquenter les milieux religieux qui ont quand même une
certaine idée de ce qui se fait et ne se fait pas/ Mais je comprends que tu acceptes mieux ce qui est
juridique que ce qui est naturel ;, ce qui est volontaire que ce qui est déterminé à l'avance. Mais c'est
peut être plus compliqué encore. A plus
09/09/13
Saskia
Je t'ai trouvé très séduisante ce soir avec ton côté un peu "gavroche" qui en fait doit venir de ta coupe
de cheveux/ Merci de ta visite chez moi, ce qui rééquilibre un peu notre relation tout comme ton
intérêt pour mon travail/ Je pense qu'avec le temps, tu finiras par m'apprécier davantage mais je
savais que cela ne se ferait que petit à petit. Par contre, moi je crois que j'ai tout de suite compris que
tu étais une fille fantastique.
Bisous.
12 09 2013
. Il est possible que ton subconscient qui a ses propres peurs face à notre relation te dicte
subrepticement de tels propos dont tu sais pertinemment qu'ils sont conflictuels et qui ont déjà
provoqué des tensions par le passé. Apparemment, ce probléme n'a pas été résolu et même tend à
s'aggraver par des formulations de plus en plus insupportables. De même, je n'apprécie guère que tu
me traites de misogyne, ce qui est également une généralité. S'il y a bien une chose qui ne passe pas
chez moi, c'est l'incohérence. Peux-tu te dispenser de dire qu'il ne faut pas généraliser alors que tu ne
peux t'en empêcher en mettant des étiquettes sur ce que je dis. A méditer pour Kippour.
En fait, j'aurais bien d'autres points à évoquer et je suppose que tu sais de quoi je veux parler en ce qui
concerne une certaine désinvolture dans ton comportement à mon égard depuis que tu es rentrée des
Pyrénées.
Bises
Jacques
A Soisik
13.09 13
En cette veille de Kippour Pardonne moi si je t'ai troublée et perturbée
Je ne pense pas aller à la synagogue à moins que.....Mais je suis de tout coeur avec toi Comme tu le
sais, je t'accepte comme tu es, en bloc mais je te demande simplement de mettre n peu d'ordre dans ta
façon de me parler et de me traiter comme tu me demandes de mettre un peu d'ordre dans mon
habillement et dans mon habitat..
Jacques
Re: hello again, hag sameach
Mardi 17 septembre 2013 23h16
Rentré par RER Gare du Nord jusqu'à Cité Universitaire. The nicest way probably. L'arrivée au Parc
Montsouris is so refreshing. Actually I do prefer my area to yours, but your flat is somehow a
compensation for your environment.. Thanks for your portrait of my personality. De mon côté, I
would be proud to be with you as a couple some day (not too far I hope. Let us say within a year ).
You fit with/ my idea and ideal of woman and wife. As you said once, we could be a good team. Je ne
suis pas ingrat. Je sais que je te dois déjà beaucoup et si je ne me sens pas agressé et menacé dans ma
dynamique et vitalité, tu pourras toujours compter sur moi.
Je crois que ce serait vraiment bien que tu viennes passer un moment chez moi même si c'est un grand
sacrifice de ta part. Imagine que tu pars dans un pays sous développé du Tiers Monde or whatever et
fais preuve d'un peu d'humour. Je sais que "you can make it" .
Affectueusement et tendrement, Jacques. .
Mon lit s'incline désormais devant toi à une inclinaison respectueuse de 30%: petit animal "lithe" (à
vérifier dans ton dico), très chaleureux, généreux (un peu cauteleux, par trop vaniteux, ils le sont tous),
fiendishly intelligent (scary!) and intuitive (scary, very!), un peu beau parleur, certainement beau mec,
qui me réserve beaucoup de plaisir - à te contempler, à t'enlacer, à t'écouter (à plus si affinité) et à….à
inventer.
leila tov yedidi
Saskia
08 10 13
A Soisik
J'aimerais que tu te laisses pénétrer par ma musique.(cf sonates sur
Musimprovision) / Par exemple la sonate "Senlis". Ecoute tous les matins dix
minutes de ma musique. Tu pourrais aussi écouter dix minutes de l'une de mes
causeries/ On pourrait traduite ensemble une page d'un des textes sur lesquels tu
travailles.
>>: 29 octobre 2013
>> Bonjour Jacques,
>> Merci pour tes messages.J'espère que tu as passé un bon weekend
>> De retour d'Angleterre, j'ai tant et trop de choses à faire. Ca va continuer ainsi (absente la semaine
prochaine), et cela remet en question notre relation - il faut qu'on en parle. Je suis désolée. Je t'appelle
demain.
>> Bises
>> Saskia
11/11/13
A Saskia
J'ai réfléchi sur tes attentes. Je pense que tu as besoin de changer de milieu, de rencontrer des gens
nouveaux, des lieux nouveaux. Ce que l'on n'a pas fait assez. Etre avec quelqu’un, c'est aussi entrer
dans une nouvelle famille, avoir de nouveaux amis, cela ne se limite pas au tète à tète ou au corps à
corps voire au cœur à cœur. C'est ce changement d'ancrage que j'ai pu offrir à mes précédentes
femmes et que je n'ai pas encore su t'offrir parce que ma famille n'est plus ce qu'elle était mais tu
aurais pu rencontrer Nicole par exemple ou d'autres comme Véronique ou Mireille, même si ce sont
des anciennes relations. J'ai été trop centré sur moi et en plus on s'est vu surtout chez toi.
12 11 13
L'autre fois, tu t'interrogeais sur notre avenir, sur les effets positifs ou négatifs de notre rencontre. Il est
bien difficile de répondre à ce genre d'interrogation, le négatif peut devenir positif et le positif négatif.
Et puis, il y a la façon dont nous vivons les choses, c'est une complexe alchimie. . Paradoxalement,
c'est plutôt si la rencontre n'a pas d'effet que cela peut sembler du temps perdu. Ayons confiance dans
la vie. Croire que l'on peut savoir ce que l'avenir nous réserve est bien prétentieux. Si l'on est attiré par
quelqu'un, c'est un tout, s'il était autrement, cela ne serait pas pareil. Ce qui est en revanche un mal
certain, c'est quand on casse une dynamique présente au nom d'un futur nécessairement incertain.
Bises Ton léopard
19. 11 13
J’aime te regarder, j’aime te toucher, j’aime te dire des mots d’amour, j’aime te sentir, j’aime quand
on se taquine, mais il faut aussi que je t’apporte les conditions d’un changement. Il est peut-être temps
pour toi d’être plus proche de la création, de passer de l’autre côté de la barrière et je sais que je peux
t’apporter quelque chose dans ce sens mais tu restes encore dans tes habitudes et ces habitudes de vie
font écran entre nous, ne serait-ce qu’au niveau du temps que cela te prend et qui te reste pour nous.
Cela dit, changer de ville peut être sympa. La nouveauté permet de construire ensemble, de
réinventer la vie et de trouver de nouveaux rythmes, de nouveaux repères partagés. Pour l’instant,
chacun vit sur sa planète et notre amour n’a plus droit qu’à un strapontin et est sur un siège éjectable et
il en souffre. Et d’un autre côté, il est un vecteur de changement. Il apparait que tu es très peu
disponible, que tu es prisonnière du passé et que l’amour peut te libérer, te renouveler
27 novembre 2013
Mais ne te vexe pas. Je voulais juste te rappeler que cette rencontre (au bout de 10 ans quand même?!)
concerne toi et Nancy, et pas prioritairement toi et moi, même si je veux bien être là pour te soutenir.
C'est une occasion pour situer les choses. Du calme.
Saskia
Samedi 4 janvier 2014 23h55
Bonsoir Kajès,
Je suis de retour à Paris, mais pas de retour pour nous. En effet, je voudrais que tu m'oublies, car je ne
veux plus qu'on se voie ni qu'on se contacte.
Je garde l'estime, la reconnaissance et l'affection que j'ai pour toi aujourd'hui. Mais notre contact
s'arrête là.
Désolée de te décevoir.
Soisik
26 02 14
Je suis inconsolable en lisant ce dernier texte que j'ai reçu de toi. J'ai pu croire que j'en recevrais un
autre mais toujours rien. Je n'avais pas imaginé que tu puisses agir aussi brutalement et aussi
sèchement. Généralement on écrit de telles lettres lorsque l'autre a commis un acte impardonnable,
rédhibitoire mais que t'ai-je fait pour mériter que tu me traites ainsi? Quelle force majeure t'oblige à te
demander de t'oublier et de cesser tout contact d'aucune sorte avec toi? Rien ne me préparait à un tel
revirement et tu avais des projets pour nous à ton retour. Quand est-ce que dans ta tête tout a-t-il
basculé? Qu'est ce qui a déclenché une telle volonté de rompre définitivement, unilatéralement et sans
appel? J''ose espérer que c'est un élément nouveau dans ta vie qui t'a obligée à "tuer" notre amour, à
l'interrompre. Je me demande aussi comme tu vis tout cela dans ta conscience. J''espère encore que les
choses peuvent encore changer et que tu m'as écrit ces quelques lignes parce que tu n'en pouvais plus,
que tu devais supporter un trop lourd fardeau. Je me perds en conjecture d'autant qu'il me semblait que
notre relation s'enrichissait d'une plus grande complicité, que l'on s'amusait, que l'on riait davantage
ensemble. Pourquoi ne pas avoir parlé ensemble des problèmes qui te souciaient? Je ne veux pas croire
que tu ne m'aimes plus ni que tu puisses douter de mon amour, que ce soit "fini" pour nous. Je
voudrais tant te revoir, ma chérie. Kajes..
26 04 14
Soisik
Tes deux mails m'auront causé une peine infinie. Je relis ta dernière lettre que tu m'avais adressée pour
mon anniversaire avec tes cadeaux,
A mon très cher Jacques
Joyeux anniversaire. Que cette année soit douce et fructueuse, aventureuse et concentrée, mon petit
léopard
Neshikoth tout plein Ta Saskia
En fait, cette lettre je ne l'ai lue qu'avec retard après ton mail fatal de début janvier, donc avec plus
d'un mois de retard Décidément! Je vois que deux mois après, tu persistes et tu signes en réponse à
mon mail de février. Tu me souhaites plein de bonheur et tu es celle qui m'apportes, quelques jours
plus tard, le pire malheur, tant dans la forme que dans le fond.
Ton désenchantement a été provoqué par quelques formules malheureuses de quelqu'un qui t'attendait
alors que tu retardais ton retour. Et tu ne m'as toujours pas pardonné un peu d'ironie grinçante! Ce
dernier soir ensemble avait été très calme: on avait regardé ensemble quelques DVD récupérés de chez
Nicole et en partant tu avais merveilleusement imité Tilda Swinton dans le Perce Neige. Après, tu
m'avais envoyé un mail amusant me demandant de faire l'inventaire des promenades autour de Paris
quand tu rentrerais. Tu me connais, parfois j'aime les paradoxes: se faire désirer ou se faire oublier
cela peut se ressembler, c'est tout ce que j'ai voulu dire et bien des poétes écrivant à leur bien aimée se
sont exprimés et interrogés semblablement. J'ai eu le malheur probablement de parler de quelque
"perversion" qui est liée à cette ambivalence qui parfois anime les rapports amoureux. Tu n'as même
pas pris la peine d'en parler avec moi. Tu prendrais une décision irrévocable et sans appel comme pour
me donner raison. Et c'est moi finalement qui aurais tout gâché et qui t'aurais en quelque sorte libérée
de nos promesses de fiancés "engaged for ever" qui aurais tué notre "nous". .. Laisse parler ton coeur,
ma chérie et aie confiance en nous
Ton Jacques
30 04 14
Bonjour Soisik *******
Ton post scriptum m'a beaucoup interpellé. Je crois qu'il y a des choses qui n'ont pas de prix, qui sont
inestimables et en comparaison d'autres qui ont un prix me semblent assez dérisoires. Je préfère ce qui
vient de moi que ce que je dois acheter. C'est une éthique qui m'est propre. Je ne te reproche pas de ne
pas la partager mais de me comprendre. La qualité du sentiment amoureux, tant sur le plan physique
que psychique est chose très précieuse.
J'ajouterai que souvent nous sommes heurtés par le comportement de l'autre alors que c'est souvent en
nous qu'est le problème. Cela peut tenir au fait que nous ne nous acceptons pas nous-mêmes
pleinement. Je t'ai parfois reproché d'avoir des réflexions contradictoires à mon sujet mais c'est vrai
aussi que j'ai parfois du mal à faire cohabiter en moi différentes tendances, liées à différentes
situations. Je pense que lorsque tu as l'impression que lorsque les gens se plaignent de ton
comportement tu as tendance à devenir très agressive voire à souhaiter arrêter la relation. Donc mon
fameux mail de la fin de l'année a du te paraitre comme une réclamation, comme l'expression d'un
mécontentement. Et cela t'a terriblement énervée comme on a pu s'en rendre compte.
Moi même, la dernière fois que je suis venu chez toi le 24 décembre, j'étais assez énervé mais tu as su
me calmer, me rasséréner par ta présence et rien ne remplace une présence, et certainement pas des
mails ou des textos. Ce qui compte, c'est de voir si tes ressentiments à mon égard, puisqu'il s'agit bien
de cela, ne s'évanouiraient pas si l'on se revoyait.
Je ne sais pas ce qu'a été ta vie sentimentale au cours des 20 dernières années et je ne sais pas ce que
l'avenir te réserve une fois que tu te seras libérée de moi, si cela devait vraiment se produire. Mais je
pense que tu pourrais avoir des regrets voire des remords de ne pas "nous" avoir donné une nouvelle
chance. Pour ma part, j'ai eu avec les femmes une histoire assez heureuse et gratifiante, sur une
quarantaine d'années et cette histoire j'aimerais la poursuivre à tes côtés et peut être la terminer auprès
de toi.
Je sens que nous avons encore une grande marge de progression et je pense que on a pris un peu de
retard, d'où ton impatience mais je pense que l'on peut beaucoup s'amuser ensemble, danser, faire
l'amour, avoir du plaisir à se regarde, à se toucher, à jouer avec les mots et les langues, se taquiner, ce
que l'on peut appeler l'amour "vache".
C'est vrai que mon rapport à l'argent n'est pas réglé mais cela vient surtout du fait que je n'arrive pas à
me faire payer pour mes prestations et cela m'a toujours compliqué la vie. Il arrive que l'on n'obtienne
pas certaines choses de l'autre mais il peut y avoir des compensations. Par exemple, je suis un peu
frustré que tu ne t'intéresses pas à ce que j'écris - même si tu dis que ma musique te parle- et c'est vrai
que l'on est entré dans une spirale qui a fait que moi aussi de mon côté, j'ai pu te paraitre indifférent,
comme cela ressort de ta dernière lettre. Il faudrait que nous fassions un travail de couple sur ce
comportement étrange que nous avons l'un par rapport à l'autre et qui est peut être un forme de pudeur
mais aussi tu m'as habitué à ce que ce soit toi qui prennes les devants, qui dise quand et si on peut se
voir. Cela m'a conduit à adopter une attitude assez passive pour ne pas souffrir. Il est possible que nous
soyons entrés dans un cercle vicieux mais je suis sûr que nous pouvons repartir sur de bonnes bases.
C'est à toi de voir. Moi, en tout cas, je serai très heureux de pouvoir continuer à compter pour toi.
Bises
5 mai 2014
Ma Soisik
Je pense que tu dois reconnaitre que tu auras mal interprété mon mail "dévastateur" qui t'a conduit à
rompre. Tu as pensé que j'avais des doutes sur "nous «et donc qu'il n'y avait plus de raisons de
continuer. Ou bien tu auras pensé que puisque je considérais que tu puisses vouloir me quitter comme
une hypothèse envisageable que je ne serais pas autrement surpris que tu ailles dans ce sens. Je
regrette amèrement que cela ait pris une telle tournure mais je garde l'espoir d'un Tikoun.
Je t'embrasse de tout mon cœur
Kajes (caresse)
25 04 14
Ma très chère Soisik
Je n'arrive pas encore à croire que tu aies pu rompre notre relation du fait d'un mail que je t'ai envoyé
et par un mail que tu m'as envoyé. En deux lignes envoyées de part et d'autre, tout était fini entre nous!
Tu ne t'es même pas demandé si ce n'était pas une façon de te dire que tu me manquais terriblement.
Maintenant tu me dis que c'est mon mail qui est la cause de tout!
Je te demande de revenir à de meilleures dispositions envers "nous".
Je t'embrasse très fort/
Le mieux serait de se revoir et de voir si le courant passe ou ne passe plus entre nous après 4 mois de
séparation.
Your Jacques
24 04 14
Je découvre ton mail qu'aujourd'hui et par hasard. Deux mois après et donc quatre mois exactement
après cette veille de Noël qui aura été celle de nos dernières heures ensemble. J'espère que tu as
réfléchi au cours de ces deux derniers mois. Que la relation devait s'améliorer c'est une évidence mais
j'y croyais et je voyais comment cela pouvait avancer. Mais tu ne m'en as pas laissé le temps. En plus,
en décembre, j'avais été très occupé par de graves problèmes techniques avec ma télévision Toujours
est-il que le contraste est frappant entre le mois de décembre et celui de janvier. Tu vois ma sœur, tu
vois mes amis et donc on se montre ensemble et tout de suite après tu décides de disparaitre de ma vie
à tout jamais. D'ailleurs, un jour tu m'avais écrit un mail dans ce sens sur tes réactions. C'est vrai que
j'ai fait preuve d'une certaine indifférence, que je ne te posais pas de question sur ce que tu faisais, je
ne savais même pas où tu étais partie tout ce temps et tu n'avais pas jugé bon de me dire. Chaque
couple a son mode de fonctionnement et son processus d'"évolution. C'est quelque chose qui se
construit. Tu m'a beaucoup apporté quelque part dans ton regard sur moi qui était si particulier. Dans
quelques jours, début mai, nous pourrons célébrer l'anniversaire de notre première entrevue dans le
TGV et à partir de maintenant, chaque jour qui passera te rappellera des choses que nous avons vécues
ensemble et ce jusqu'à la fin de l'année. Sache en tout cas que pour mois notre "amour" n'est pas mort
et que tu devrais lui donner une "second chance". Ironie du sort, c'est au moment où tu as mis fin à cet
amour que tu as trouvé la formule la plus forte:, que tu as parle de "nous". Tu es écris que c'est fini
pour nous mais cela veut bien dire que ce nous était bien vivant, contrairement à ce que tu laisses
entendre dans ton mail de février;
Je ne doute pas que l'on se reverra et en attendant, sache que je ne t'oublie pas et que je n'ai pas fait
une croix sur "nous". Parlons-en! Kajes
PS On dit parfois que le fait de changer de nom change de destin. Peut être serait-il préférable de
revenir à Jacques et d'oublier ce Kajes avec qui tu as voulu rompre et dans lequel je ne me reconnais
pas. Bisous.
Avril 2014
ma chère Saskia
Le temps passe et nous arrivons en ce mois de mai durant lequel notre amitié, il y a un an, avait
commencé à exister et à se développer. Il serait peut être temps à présent que nous puissions parler de
"nous" de vive voix. On ne s'est même pas parlé au téléphone depuis le mois de décembre. Je pense
que notre séparation a été pour le moins prématurée. Je me dis parfois que j'aurais du manifester mon
désarroi plus fortement que je ne l'ai fait/ Et en effet, on a laissé le temps passer, ce qui n'arrange pas
forcément les choses. Mais je suis quelqu'un de patient et je me suis dit qu'une pause ne serait pas
forcément une mauvaise chose et puis il me fallait essayer de comprendre ce qui s'était passé/ J'ai pu
remarquer à plusieurs reprises que tu ne supportais pas que l'on se plaigne et que cela te mettait hors
de toi. Ce mail qui, selon tes dires, a déclenché ce mouvement de rejet; a du t'apparaitre comme une
"plainte".
Je t'ai peut être déçu en ce que tu pensais probablement que je ne me formaliserais pas de tes silences
et de tes reports. En t'envoyant ce mail, j'avais surtout voulu te faire comprendre comment l'on pouvait
ressentir ton comportement. Tu noteras que la formule que tu as retenue de mon mail qui n'était pas à
la première personne. Je ne parlais pas spécialement en mon nom personnel, et je me servais du "on"
comme j'aurais pu dire "les gens". Mais toi tu m'as bien répondu à la première personne.
Tu me demanderas pourquoi je tiens tant à ce que nous continuions à bâtir ce
"nous" mais la réponse est dans la question: c'est une dynamique qui est
notre oeuvre à tous les deux et qui en quelque sorte nous dépasse. C'est
pourquoi je ne peux m'empêcher de comparer ce qui se passe à une sorte
d'avortement, de sabotage. Ce "nous", c'est un peu notre enfant et cet enfant,
je l'aime comme j'ai appris à t'aimer
Bises
Jacques.
13 06 14
Ma chère Saskia
Je suis conscient que je ne me suis pas assez concentré sur toi, pas
assez intéressé à ce que tu faisais, que je ne t'ai pas assez
questionnée. Je pense que tu m'en as voulu. Je te promets de changer
d'attitude. Je ne serai pas "boring" des cycles pour t'expliquer qu'il
est des moments où l'on est moins disponible psychiquement que d'autres.
Je pense que c'était un moment à passer et que cela ne pourra que
s'améliorer pour "nous"car je crois en "nous" et que
cela se joue sur plus de temps.
Bisous
Kajes
26 08 14
Très chère Saskia
Je pense que notre problème tel du moins que tu l'auras vécu
est celui de la confiance. Tu as interprété un mail qui posait une
question comme un signe de défiance à ton égard. Pourtant,
je t'avais donné bien des marques de confiance ne serait-ce qu'en
ne te posant pas de questions sur ce que tu faisais. J'ignorais
même où tu te trouvais pendant les fêtes, où tu étais partie.
C'est peut être cela justement que tu aimais, ma
discrétion,et donc tu auras été déçue que je puisse
m'interroger.
Je pense que tu as un peu "overreacted" à une formule qui
se voulait en fait humoristique et que tu aurais pris comme telle
si tu avais eu plus confiance en toi, en moi, en nous.
Je t'embrasse tendrement et je continue à croire en nous
20 09 14
Ma chère Saskia
Je crois que tu as vécu des choses assez difficiles dans ta vi et que cela
te soulage un peu de faire souffrir des gens proches. Je te pardonne
et je compatis bien que cela puisse être contagieux : quand on vous
a fait du mal, on a tendance à en faire à son tour. je pense donc
que dans le passé on t'a quitté brutalement et brusquement sous un
prétexte fallacieux comme tu l'as fait en janvier dernier.
Je suis prêt à te revoir si tu es dans de bonnes dispositions
Comme tu es pratiquante, tu dois vivre cette situation de façon .
assez pénible car cela doit peser sur ta conscience et parce que
le couple est quelque chose que l'on ne brade pas de la sorte, par
SMS. Aux yeux du judaïsme, un lien s'est constitué entre nous tant
physiquement que moralement et si tu crois en Dieu je ne pense pas
que tu sois en régle. Moi même, j'avais conscience d'un certain
engagement mutuel que j'étais prêt à assumer pleinement
Bises
Jacques
20 11. 2014
Ma chère Saskia (Jaskia)
On se rapproche de mon anniversaire et ce serait un beau cadeau de te revoir.. On approche aussi de
l'anniversaire de notre "rupture'" qui ne sera peut être qu'un entr'acte.
Je me suis rapproché de la synagogue car je me suis dit que notre couple aurait été plus solide si j'avais
mieux apprécié cette dimension.
Je continue à penser que les propos que tu m'as reprochés et qui t'ont tant perturbée (upset) n'étaient
qu'une forme de taquinerie (teasing) que tu as mal prise. . En tout cas, sache que je ne t'ai jamais
oubliée. J'ignore si toi tu m'as oublié. J'espère que non. Je me dis que tu dois avoir plus confiance en
toi, en ton charme, en ta personnalité si attachante. Quand ce sera le cas, peut être verras tu les choses
autrement et reviendras tu sur ta décision
Toujours à toi
Jacques
24 11 2014
La seule vraie question c'est est-ce que l'on s'aime, tout le reste est assez secondaire.. L'amour permet
d'apprécier mieux l'autre et de lui pardonner ses faiblesses et ses insuffisances. Il y a certainement des
tas d'hommes qui se comporteraient mieux avec toi mais est-ce que tu les aimes et est-ce qu'ils t'aiment
et il y a beaucoup de femmes qui seraient plus en admiration devant moi mais est ce que je les aime et
est-ce qu'elles m'aiment? L'amour, cela n'a pas de prix. Je reconnais que notre couple est une énigme
mais c'est cela aussi qui me fascine.
26 11 14
Très chère
J'ai relu récemment les derniers textes que tu m'as envoyés et je note un certain
décalage entre tes attentes et tes actions. C'est étrangement depuis notre
"rupture" que tu as mis en avant notre "nous" et notre "avenir" alors que dans
la pratique de notre relation, aucun projet n'avait été mis en avant. Nous étions
des amants qui nous voyions de temps à autre, très ponctuellement. Il est vrai
qu'à partir de la fin novembre, il y a tout juste un an, cela avait pris une autre
tournure avec notamment la rencontre avec ma soeur Nancy et nos rencontres avecDaniel et Nicole
mais on restait dans le non-dit, dans une certaine forme de sous entendu et il semblait qu'en janvier, tu
avais l'intention que cela change et prenne une autre tournure mais cela restait très flou, d'autant que tu
allais t'absenter lors des fêtes. J'ai en fait pris conscience de tes attentes sur le long terme que lorsque
tu n'étais plus avec moi et c'est alors, paradoxalement, que tes attentes se sont exprimées.
Je crois que tu as du mal à communiquer et que ce que tu devrais dire tu le gardes pour toi et tu ne le
révéles que lorsque -pour toi-il est trop tard.
En tout état de cause, la relation que nous avions n'était pas sous tendue explicitement par des
perspectives bien définies ni par un mode de vie bien clair. Cette relation aurait pu se poursuivre de la
sorte si ce n'est qu'il y avait dans ta tête un engagement plus fort qui ne parvenait pas à s'exprimer ni
dans les paroles ni dans les actes. Et c'est au nom de cet engagement intérieur et secret, inavoué -
probablement par pudeur- que tu as décidé en ce début d'année 2014 de rompre définitivement et
radicalement. Je pense que si tu avais laissé du temps au temps et si nous avions pu aller plus loin,
nous aurions pu construire quelque chose.
Le choc pour moi aura été de prendre connaissance de tes espérances nonexprimées, dont l'aveu
semble avoir été toujours reporté - ce qui créait une sortede frustration. Cela me fait penser à la
situation six mois plus tôt en juillet 2013, six mois exactement avant ta déclaration de rupture
immédiate quand tes attentes sexuelles ne parvenaient pas à s'exprimer depuis deux mois que nous
nous fréquentions Mais là on est passé à 'acte au moment même où nous aurions pu rompre.
Malheureusement, six mois plus tard, à la veille de franchir un nouveau pas et de passer à une nouvelle
étape longtemps attendue mais jamais vraiment exprimée sinon par tes textes souvent évoquant le
Cantique des Cantiques dans leur tonalité et qui me touchaient, tu as préféré faire avorter ce qui était
en gestation.
Je ne t'oublie pas et tu me manques et je suis prêt à te suivre
2014
Il me semble que dans le mail incriminé, tu as cru percevoir un certain sarcasme et que cela t'a choqué
venant de moi car cela ne correspondait pas à l'idée que tu t'étais faite de ma relation à toi. Tu aurais
pu y voir une certaine forme d'humour ou d'ironie plaisante mais tu as préféré y voir autre chose de
rédhibitoire et d'impardonnable. J'aimerais que tu me pardonnes ce faux pas et que nous envisagions
de nous reparler et de nous revoir.. En fait, depuis quelque temps, il est vrai que l'on se revoit, que l'on
se croise, en moyenne une fois par semaine, ce qui n'est pas très différent de la fréquence de nos
rendez-vous quand nous étions ensemble d'ailleurs. Mais c'était dans un tout autre climat. Tu as perdu
confiance en nous du fait d'une parole malheureuse et depuis nous n'avons pas eu l'occasion de nous
parler ou plutôt nous n'en avons pas saisi l'occasion quand elle se présenta à la Synagogue, à plusieurs
reprises.. .Peut être communiquons nous quand même par le regard. Samedi dernier, j'ai eu
l'impression que ma présence ne te génait plus trop et tu as même pris la parole à la réunion avec le
rabbin Boissière qui t'a appelé par ton nom.
Je pense que nous avons beaucoup de choses en commun car moi aussi j'ai pas mal de fantaisie et
d'espiéglerie et je crois que nous avons de la complicité entre nous face au monde.
Je te demande donc de faire un effort pour purifier ta perception de moi car c'est finalement peut être
plus facile de te réinvestir vers quelqu'un d'autre et que cela soit réciproque. En bref, je continue,
malgré tout, à croire en "nous".
Bisous, Moutik!
*Journal, le 26. 09 15
J’ai décidé de publier ma correspondance amoureuse sur une quarantaine d’années ainsi que les
journaux intimes que j’ai tenus en paralléle. D’ailleurs en les relisant, j’ai noté que j’avais en vue une
telle perspective de publication. Mais il ne s’agit ici nullement de romancer une histoire mais bien de
fournir à l’état brut mes écrits d’année en année, ce qui me semble correspondre à une forme de
littéraire plus vivante, plus authentique.
En ce moment, je reste obnubilé par ma relation avec Saskia, d’autant que je la croise régulièrement à
la synagogue, le vendredi soir. Au vrai, c’est moi qui ai décidé de me rendre à sa synagogue mais j’y
trouve mon compte par ailleurs, notamment en ce qui concerne le chant mais aussi parce que les
prières juives me permettent de mieux appréhender le judaïsme.
Au tout début de 2014, Soisik m’envoya un mail me disant que c’était « fini pour nous » et elle me
demandait de l’oublier. Je compris immédiatement qu’elle faisait allusion à un mail que je lui avais
écrit quelques jours plus tôt, lui demandant si son silence-elle était partie en province pour les fêtes-
signifiait qu’elle voulait se faire plus désire ou au contraire oublier !
Je dois avouer qu’avec le recul, je n’ai pas eu la bonne réaction. J’aurais du me précipiter chez elle au
reçu du mail et faire une scéne, faire le siége de son appartement. Et j’ai laissé les choses se refroidir.
Pendant 9 mois, je ne l’ai pas revue jusqu’au jour où j’eus l’idée –comme je l’ai écrit plus haut- de me
rendre à sa synagogue, où je ne l’avais jamais accompagnée, pendant les 8 mois où nous furent
ensemble. J’y trouvai confirmation que Saskia y était connue comme la compagne de son « ex », ce
qui explique qu’elle n’avait pas insisté pour que je vienne. En effet, cet « ex » était très présent
puisqu’elle partageait la propriété de son appartement près de la Gare du Nord avec lui et qu’il y
revenait en fin de semaine.
J’avais rencontré Soisik -une juive anglaise vivant à Paris- dans le train Bordeaux-Paris au mois de mai
2013. On avait échangé nos cartes de visite, je lui avais envoyé quelques articles et elle m’avait
téléphoné pour que nous fassions quelques sorties ensemble. Cela n’allait pas plus loin et au bout de
deux mois, il ne s’était encore, comme on dit, rien passé. Il est vrai qu’elle était sensiblement plus
jeune que moi et que depuis 4 ans, je n’avais pas eu de relations, la dernière remontant à mes
retrouvailles avec Juliette, durant l’Eté 2008 que j’avais « fréquentéé » en1988-89, du temps
d’Antonia, soit près de 20 ans plus tôt, ce qui battait le record-17 ans- de Larissa. A ce propos, comme
les choses se répérent car mes retrouvailles avec Juliette provoquèrent ma rupture en 2009 avec
Mireille tout comme celles avec Larissa en ce qui concerne Antonia.
Je joins ce mail de Juliette reçu le Mardi 4 novembre 2008
« j'espère que l'on se verra tout de même , que tu n'es pas découragé par ma
malchance ? Peux tu me dire où tu souhaites me retrouver, en tout cas j'espère, le
plus tôt possible en début d'après-midi : où veux tu m'appeler sur mon portable le
moment venu ? Donc, à bientôt j'espère, sinon, sache que je t'aimerai toujours. »..
L’année suivante, je mis en contact Juliette et Mireille comme en témoigne ce mail :
Lundi 31 août 2009
Bonjour Jacques,
Comme je t'avais prévenu lorsque j'ai contacté Juliette, je te donne des nouvelles de
nos échanges. Ils ont été au début cordiaux et sympathiques au point que nous
avions projeté d'écrire un ouvrage ensemble. Malheureusement, nous ne nous
sommes pas entendus sur certains accords et avons décidé d'en rester là.
Pour ma part, j'ai apprécié sincèrement son talent d'écriture. Dommage pour ses
préjugés à mon égard, sans cela on aurait pu continuer à être amies.....!
Bonne journée,
Mireille (Margot)
Le mois de juillet commençant, Soisik m’invita à l’accompagner dans le Sud de la France, dans une
maison appartenant à sa famille. Cette invitation, je l’avais comprise comme une disposition de la part
de Saskia à aller de l’avant dans la relation qui restait au point mort depuis le mois de Mai, en dépit de
nombreuses sorties au cours desquelles je n’étais pas parvenu à faire ce qu’il fallait.. Pour l’occasion,
j’avais sacrifié ma barbe juste avant d’arriver à l’aéroport de Nice où Saskia m’attendait. Il me
semblait que cette barbe faisait écran avec les autres mais aussi avec moi-même.
Le soir même de notre arrivée dans une sorte de mas provençal, la relation basculait et nous fimes
immédiatement l’amour avec une certaine décontraction de part et d’autre et l’on pouvait se demander
pourquoi cela n’avait pas eu lieu plus tôt.
Au cours des six mois qui suivirent, nous vécumes une relation de couple assez intense, mais sans
pour autant demeurer ensemble. Chaque fois, je devais attendre son invitation, ce qui se produisait en
gros une fois par semaine, en soirée, selon un rituel consistant à diner chez elle puis à faire l’amour.Et
le plus souvent, je repartais chez moi jusqu’à la fois suivante.
Ce qui me plus chez Saskia, en dehors d’un type juif très prononcé comme je les aime, c’était son
discours amoureux : elle ne cessait de s’extasier sur la beauté de mon corps et m’appelait son léopard,
son « prince » et moi je lui disais mon amour en hébreu. D’une certaine façon, elle se comportait
comme un homme qui séduit une femme par ses déclarations.
Fin novembre, à l’approche de mon anniversaire, il fut convenu que je lui présenterais certaines
personnes de mon entourage, à commencer par ma sœur qui avait vu défiler pas mal de mes « fiancées
» en 40 ans, depuis Monique-Louise jusqu’à Véronique, une voisine, passionnée d’astrologie, dotée
d’une charmante petite fille, en 2004, en passant par Antonia et Larissa. En 1974, mes fiançailles avec
Monique Louise avaient d’ailleurs fortement perturbé ma sœur dans son propre couple comme elle le
nota dans son journal intime dont je découvrais un jour quelques pages, lors d’un séjour à Rosay.
D’autres rencontres eurent lieu au cours de ce mois de décembre 2013 qui n’eurent pas forcément un
effet positif car je m’apercevais qu’avec Saskia, je perdais quelque peu de ma dynamique. Quelques
jours avant Noël, nous étions allé déjeuner, Saskia et moi, chez Nicole, une amie que je connaissais
depuis 2000 environ. A la suite de cela, Saskia me reprocha par mail de « manger comme un porc » et
il est vrai que quand je mange, je me laisse un peu aller. Me traiter successivement ou alternativement
de « prince » et de « porc » me paraissait assez contradictoire et je le lui fis comprendre lors de notre
rencontre suivante, qui correspondit au réveillon de Noël. Dès qu’elle me vit, elle s’aperçut que je ne
la regardais pas et il est vrai que lorsque je suis contrarié, j’ai cette façon de faire. Au cours de la
soirée, je parvins à me détendre mais nous ne fimes pas l’amour. Ce fut notre dernière soirée
ensemble.
Comme je l’ai dit, il me fallut attendre après les fêtes juives de l’automne pour revoir Saskia, mais
sans qu’elle l’ait souhaité, ce qui dut la contrarier. Elle me téléphona pour me demander d’aller prier
ailleurs si tant est que c’eut été mon intention. Mais, elle dut se rendre à l’évidence que je n’avais
aucunement envie de quitter les lieux et elle fut bien obligée de me croiser de temps à autre et en
quelque sorte en moyenne une fois par semaine, comme nous le faisions avant la rupture du début
janvier 2014. Pendant une bonne heure, chaque vendredi ou presque, je pouvais ainsi l’observer, à
quelques métres de distance, d’autant que la synagogue était agencée en amphithéatre. Quand on se
croisait dans les couloirs, elle m’ignorait ostensiblement. Peut etre si elle ne m’avait pas ainsi vu
m’imposer dans un lieu qui lui était familier et auquel elle était visiblement attaché – où elle
connaissait pas mal de monde- serait-elle, à la longue, revenue à de meilleurs sentiments à mon égard.
J’avais en tout cas une certaine satisfaction à contrecarrer son projet de ne plus me voir. D’ailleurs,
rien ne justifiait à mes yeux une telle attitude de sa part et elle avait des projets pour nous à la rentrée
de janvier. Ce n’est quand même la question ironique que je lui avais posée –désir ou oubli ?- qui
pouvait justifier une telle rupture ! Dans un ou deux mails qui suivirent au début donc de 2014, Saskia
se contenta de dire que notre relation n’avait pas d’avenir et ce sans aucune concertation avec moi.
Comme dans toute situation, il y avait du pour et du contre et tout d’un coup, le contre l’emportait sur
le pour !
Je reproduis une lettre de Noémie (Ghislaine)
9 aout 2002
Mon cher Jacques
Interprétez ma carte comme l'expression d'une très grande maladresse et en même temps
comme la preuve du réel intérêt que je vous porte. On m'a appris à ne pas exprimer mes sentiments
et même si cela vous semble invraisemblable (..;) le simple fait de vous écrire
est chez moi une marque reelle d'attention. Je pense très souvent à vous mais vous
connais si peu. Je n'ai pas vos intuitions et me suis souvent trompée. Je tiens à vous
-soyez exaucé- Vous me charmez aussi par vos mots, c'est votre grande force;
laissez moi le temps de (...) ce travail inconscient se fait à mon insu, il me porte vers vous.
Journal 30. 09. 15 (suite)
Une nouvelle femme a fait une incursion au cours de cet Eté dans ma vie. Elle porte le
prénom de Marie. Elle est très jeune. On s'est rencontré à un concert et on a passé la soirée
ensemble (restaurant, cinéma). Elle est catholique mais s'intéresse beaucoup au judaisme-
qui marquerait ses origines. Je l'ai emmenée un vendredi soir à la synagogue. Une autre
fois elle m'a accompagnée à une soirée dansante juive et elle a dansé avec plusieurs hommes
en se laissant aller, en me négligeant quelque peu.
Je ne sais pas ce que cela donnera mais on doit se revoir demain. Elle m'a fixé un rendez-vi
vous. Elle est d'un naturel affectueux mais jusqu'où la relation évoluera-t-elle? On ne se
déplait pas, c'est sûr et de plus en plus je pense qu'un homme d'un certain âge a ses
chances avec une femme nettemnt plus jeune que lui car il y a une dimension archétypale
dans l'amour etil est possible que la figure du mâle ne soit pas nécessairement celle d'un
homme jeune.
Je continue à constituer mon reccueil de lettres et de journaux, ce qui remonte au début
des années 70. Je dois avouer qu'un tel corpus ne laisse pas indifférent l'astrologue qui
est en moi car c'est là une mine de données à exploiter.
Cela dit, j'ai encore relancé Saskia par mail ce matin et lui ai expliqué que l'indiférence
dont nous avons tous les deux souffert chacun de notre côté par rapport à l'autre est
liée à un cycle. Et nous ne sommes certainement pas les seuls dans ce cas puisque ces
cycles sont collectifs.
30 09 15
ma chère Soisik
Je pense qu'il y a des périodes où nous sommes moins attentifs à l'autre. Nous nous sommes connus au
cours d'une de ces périodes et moi même j'ai été surpris de ne pas t'interroger davantage, de ne pas me
soucier plus de ce que tu faisais. De ton côté, tu ne marquais non plus un très grand intérêt pour mes
activités. Mais je suis persuadé que les temps changent- je ne suis pas astrologue pour rien- et tu dois
toi même sentir une certaine évolution dans ton rapport aux gens. C'est vrai qu'il y a un cercle vicieux
et que si l'on ne marque pas quelque attention pour autrui, il vous le rend bien. Autrement dit, notre
relation aura fonctionné de façon minimale, ce qui n'était déjà pas si mal mais ne pouvait continuer de
la sorte comme tu me l'as écrit. Mais justement, il faut que tu me croies quand je te dis qu'il existe une
cyclicité un peu comme le jour et la nuit, et que par moments, nous nous économisons, dans tous les
sens du terme, ce dont tu me dis avoir souffert. Je ne te demande donc pas de me pardonner- car je
pense que les "torts" sont partagés mais de comprendre ce qui se passait. Je suppose que si tu remontes
en arrière dans ta vie, tu as du connaitre de tels passages à vide, par exemple vers 2006. et qu'après
cela s'est arrangé, cela s''est réchauffé. Cela vaut d'ailleurs aussi pour les relations familales et je suis
convaincu que les choses s'arrangent ou vont bientôt s'arranger avec ta sœur.
Bises
Journal 09. 10. 15
J’ai jugé bon de faire figurer dans ce nouveau journal quelques textes que j’avais écrits en 1966 –
j’étais alors âgé de 18-ans et qui sont des adresses à des femmes imaginaires.
1966
Je t’ai sauvée Sarah. Tu veux en gage de reconnaissance m’épouser. Tu n’as pas compris que
m’épouser était retomber. Tu as échappé aux tiens et tu veux y retourner, m’épouser. Tu ne crois plus
à la parole paternelle, maternelle, fraternelle. Tu ne crois plus que la valeur se mesure au nombre des
papiers. Qui le croit ? Tu ne crois plus que tout est parfait. Que parfois simplement on s’ écarte du
parfait/ Tu ne répétes plus ce que les autres répétent. Tu t’es trouvée. Tu exprimes ta haine. Tu veux
vivre autrement que l’homme Mais, ma juive, je te confesserai que j’ai pensé t’épouser. Je crus que
mes faiblesses qui me restaient disparaitraient en t’épousant. Ce serait moi et ma conscience qui
auraient perdu. Les remédes ne viennent pas d’ailleurs que de nous. Je ne t’épouserai pas Sarah. Je sais
que tu croyais ainsi posséder le bonheur. Tu as dérivé, Sarah. Tu as trop bonne mémoire encore. Tu
m’aimeras libre. Tu aimeras tous ceux qui veulent être libres. La réponse à ta demande est moins facile
que je ne le pensais. Tu as le droit de m’aimer. Je t’ai sauvée. La solitude est mauvaise. Le mariage,
l’épanouissement de deux êtres lorsqu’ils l’ont dépouillé de tout ce qui était parasite. Mon refus était
trop de prudence. Le mariage est une chose et il dépend de celui qui s’en sert. Le mariage n’est pas
dans la chose car pour nous il n’y a pas de chose.
Quand je reviens sur ces textes qui composent le second volet de notre « roman » je note un point
aveugle qui est celui de la sexualité proprement dite. Il en est très peu question, au bout du compte et
le lecteur est en droit de se demander de quel poids cela aura pesé dans mes relations avec les femmes/
On peut tout imaginer probablement. Peut être qu’en lisant les lettres de mes partenaires, on en saurait
un peu plus à ce propos.
En fait, il semble que les femmes qui se sont approchées de moi devaient pressentir une certaine
sensualité, deviner ce que je pourrais leur apporter/
Cela dit, ma sexualité était marquée par certains fantasmes dont mes partenaires successifs durent
prendre connaissance. Cela concernait mon rapport assez particulier aux cheveux et notamment au fait
de les couper. Cette sorte d’obsession remontait à l’enfance et pouvait être associée à une forme de
masochisme tant le plaisir ressenti en telle circonstance cohabitait avec une certaine colère face à un
acte qui en quelque sorte me mutilait symboliquement.
On ne sera donc pas surpris que l’on trouve dans un certain nombre de textes qui ne figurent pas dans
le présent recueil des mises en scéne liées à des cheveux que l’on coupe. J’avais même écrit une
chanson où j’avais remplacé « les lauriers sont coupés » par les ‘cheveux sont coupés » C’est avec
Larissa que j’eus la plus grande complicité en ce domaine/
J’ai donc choisi d’en reproduire ci-dessous quelques uns dans la mesure même où cela dresse un
certain décor fantasmatique de mes relations et de mes attentes amoureuses.
L’obsession
Il se regarde une dernière fois dans la glace de la salle de bains. Il ouvre la porte d’entrée. Descend
l’escalier. Se regarde une dernière fois dans la glace du rez de chaussée. Sort dans la rue, passe en face
de l’épicerie, puis du coiffeur de sa mère où une fille a dit qu’il était beau, traverse un parking. Enfin
entre.
Depuis l’âge de sept ans, David va chez le même coiffeur. Il y a déjà un certain temps que cette action
présente un caractère particulier qu’il n’arriva pas sur le champ à définir. Il constatait simplement que
ces jours là revêtaient une importance inexpliquée.
Il s’assied. Regarde les deux hommes butiner autour des deux têtes. Lequel finira le premier ? Celui
qui a le type italien lui coupera les cheveux très courts, subrepticement avec le rasoir Il laquera tout
cela. Le patron, vieux, lui « rafraichira » les côtés comme tout coiffeur de quartier (…) En revanche, il
épargnera le reste. C’est l’Italien !
En rentrant, il s’enfermera dans la salle de bains pour se donner une allure moins absurde. Les
coiffeurs ne savent pas coiffer. Il se rendit compte petit à petit des raisons de son attention à cet
événement. Il savait qu’en se rendant chez le coiffeur, il se destinait à passer une semaien dans le
désespoir. Il ne se reconnaissait plus. Il refusait sa tête. A ce point qu’il jouait parfois à ne pas se
regarder chez le coiffeur dans le miroir. A se réserver l a surprise pour la maison. Quand il se regardait
chez le coiffeur, il n’osait pas lever les yeux en payant. Non, il n’était pas cela.
Son comportement était étrange. Il s’enhardit rapidemet à pratiquer lui-même des interventions sur ses
cheveux. Il s’enfermait dans la salle de bains. Muni d’un rasoir-celui de son père ou de sa mère- il
passait délicatement celui-ci au-dessus de sa tête. Il préférait plus fréquemment s’attaquer au front. A
sa méche. C’était une opération solennelle.
Aimait-il ou n’aimait-il pas être ce qu’il voulait être ?
Journal 21 10 14
Je vais commenter quelques lettres que j’ai reçues, ce qui va faire pendant au principe que j’ai suivi
jusqu’à présent de ne reprendre que des lettres que j’ai écrites. Il y a des cas en vérité où les lettres qui
me restent non sont pas de moi mais de certaines femmes.
J'ai décidé de ne pas publier les lettres de mes correspondants mais dans ce journal, je
m'autoriserai quelques bréves citations et notamment un extrait d'une lettre que
Larissa m'envoya en 1998 -en français - peu avant de me rejoindre à Paris et qui me touche
probablement plius aujourd'hui qu'à l'époque, il y a 17 ans.
Lettre de Larissa: 28. 04 98
Je ressens que je suis toujours attachée à toi. Je te le dios pour que tu le saches. Ce n'est pas une
promesse de quelque chose de concret; juste la constation d'un état. Je n'en connais pas exactement
les raisons comme si des choses étaient inspirées d'en dehors de moi. Normalement, je ne suis pas
mystically oriented mais dans certains domaines peut être un peu, oui. Je sais que tu as besoin de cet
amour. Moi aussi. Mais en même temos, je vis avec une blessure morale causée par ce qui est venu de
toi. Et en même temps, je sais aussi que ce n'est pas dans toutes les conditions que je pourrai réaliser
cet amour".
J'aimerais également reprendre un passage d'une lettre de Marie-André datant du 17 janvier
1974, soit environ un quart de siècle plus tôt:
"*ceci dit, je conserve toutes tes lettres, je suis heureuse que tu m'écrives et jamais je
n'aurais pensé à les trouver "stupides" comme tu le dis. J'ai aimé, moi aussi, et je sais trop bien ce que
cela représnete de souffrance pour ne pas respecter l'amour d'autrui, même si
je n'y réponds pas ; si cela peut t'aider, tu peux t'aider tu peux donc continuer à m'écrire comme
par le passé, dans la mesure toutefois à où cela n'encourage pas tes illusions"
J’ai remarqué qu’elle avait recopié de sa main certaines des lettres qu’elle avait reçu de moi.
Je voudrais aussi reproduire le contenu d'une très jolie lettre en date du 10 décembre 1982, que
Martha, une de mes éléve m'avait envoyée car cela inversait quelque peu les rôles et me fait
comprendre ce que peut ressentir une femme quand elle reçoit une telle "déclaration", ce
qui ,n'est pas sans me faire songer à celles que j'envoyais durant le mois d'août 2002,
vingt ans après. Ce texte semble bien être l'oeuvre d'une sorte de double féminin, tout en
prenant la mesure de la diiffculté qu'il peut y avoir pour une femme à pouvoir s'exprimer
ainsi. Cette lettre est d'autant plus remarquable qu'elle est d'une certaine rareté.
"Que se passe-t-il? De quoi est--il question en ce lieu de nous? Je désire vous évoquer
sans nous déflorer. Vous dire mon trouble, mon émotion naissante, tenter, ainsi,
d'identifier le territoire que vous occupez en moi, avec mon consentement.
Je souris de mon audace, je rêve qu'elle ne vous égratigne pas. Je veux surtout, ici,
(...) vous convier à mon tour, en somme, à venir fêter un événement heureux pour moi: la
naissance d'un désir, l'invitation à un échange possible. Je ne peux en dire la substance,
simplement l'imaginer, la souhaiter suggérer que nous trouvions ensemble un mode pour
l'explorer, la conjuguer, vous dire aussi une peur, une difficulté à vous approcher,
l'attraction que vous exercez sur moi, une resistible envie de me protéger de vous.
Les mots s'écoulent de moi, vous appartiennent désormais. Je n'ai pas voulu les censurer, j'ai
pensé qu'il vous serait peut être doux de me dénuder"
J'ajouterai ce poéme qui me fut adressé par Iréne le 4 02 75
;L'astrologue
Vouté, sombre et réfléchissant
Violent
Tourné vers le dedans de son être
Miraculeuse planéte
Oscillante
Bouillonnante
Ardente
Fermé, obscur et méditant
Bruissant
Environné d'éclairs
De tonnerre et de verve
L'astrologue descend
sur son socle d'argent
Un poéme de moi non daté :
Source
Je regrette de ne plus verser de larmes
Pleurer, c’est si bon
Atteindre le seuil de la souffrance
Pour aller au bout de deux êtres
Monter vers l’expérience folle
Comme un orgasme de cris
Et s’embrasser, tout humides
Où est passé ma douleur ?
Mon cœur est sec, on a mis un barrage
Qui inventera la bombe d’Hiroshima
Et déchainera le déluge
Qui saura inonder encore mes yeux
Mais l’étang noir de mes pleurs
Au fond des cavernes de mon âme
Est planté de nénuphars d’or
Ils attendent l’éternel amour.
La lettre ci-dessous montre bien que ma vie affective ne s’est pas arrêtée avec Ghislaine en 2002.
Véronique, juillet 2004
Très cher Jacques
N’ayant plus de batteries dans le portable, je me sers de mes dernières énergies pour te ire
Que je pense à toi et que jet’aime beaucoup. Peut être trop. Bises
Véronique
For ever and ever
Il en est de même de cette lettre d’une Suédoise qui avait séjourné quelque temps à Paris, à la cité
Universitaire :
14. 10. 2005 (trad. De l’anglais)
Cher Jacques
Parfois, je pense que j’aurais été très heureuse avec toi. Tu me comprends bien et nous sommes
Tous les deux dôles, fous etc. J’aimerais prendre le thé avec toi dans cet hotel. Et nous voulons tous
les deux avoir un bébé-fille ou garçon, peu importe. Tu serais le bienvenu à Gotteborg and Styrio et
y séjourner si cela te convient. Veux-tu nager avec moi à la Cité Universitair. Ce serait merveilleux.
Meilleures pensées , Agneta (suédoise)
Octobre 2015
J’ai retrouvé un texte de 1966 qui reléve de la pure imagination
1966
Je t’ai sauvée Sarah. Tu veux en gage de reconnaissance m’épouser. Tu n’as pas compris que
m’épouser était retomber. Tu as échappé aux tiens et tu veux y retourner, m’épouser. Tu ne crois plus
à la parole paternelle, maternelle, fraternelle. Tu ne crois plus que la valeur se mesure au nombre des
papiers. Qui le croit ? Tu ne crois plus que tout est parfait. Que parfois simplement on s’ écarte du
parfait/ Tu ne répétes plus ce que les autres répétrent. Tu t’es trouvée. Tu exprimes ta haine. Tu veux
vivre autrement que l’homme Mais, ma juive, je te confesserai que j’ai pensé t’épouser. Je crus que
mes faiblesses qui me restaient disparaitraient en t’épousant. Ce serait moi et ma conscience qui
auraient perdu. Les remédes ne viennent pas d’ailleurs que de nous. Je ne t’épouserai pas Sarah. Je sais
que tu croyais ainsi posséder le bonheur. Tu as dérivé, Saragh. Tu as trop bonne mémoire encore. Tu
m’aimeras libre. Tu aimeras tous ceux qui veulent être libres. La réponse à ta demande est moins facile
que je ne le pensais. Tu as le droit de m’aimer. Je t’ai sauvée. La solitude est mauvaise. Le mariage,
l’épanouissement de deux êtres lorsqu’ils l’ont dépouillé de tout ce qui était parasite. Mon refus était
trop de prudence. Le mariage est une chose et il dépend de celui qui s’en sert. Le mariage n’est pas
dans la chose car pour nous il n’y a pas de chose.
6 octobre 2015
J'ai rompu avec Marie. Je lui ai dit qu'elle était une allumeuse et je trouve cela toxique. Je n'ai pas
digéré ce qui s'est passé à la soirée dansante et encore moins les explications qu'elle m'en a donné
quand je l'ai interpellée, il y a quelques jours. Elle m'a rétorqué que je n'avais qu'à me manifester pour
redanser avec elle. Elle ne se rend pas compte qu'elle était toute excitée par ces hommes qui lui
demandaient de danser avec elle et qui en quelque sorte fondaient sur elle. Je lui ai dit que même si
nous n'étions pas "en couple", ce n'était pas une raison pour s'exhiber de la sorte alors que nous
sortions ensemble, à mon initiative! Il y a des limites à ne pas dépasser. J'avais été d'autant plus
surpris par son comportement qu'elle a adopté une posture religieuse impliquant une certaine tenue.
Or, sa façon de se laisser manipuler par ses partenaires successifs avait quelque chose d'obscéne,
d'indécent. En vérité, il y a des tentations auxquelles nous avons le plus grand mal à résister. Par
exemple, je résiste mal à une certaine boulimie quand l’occasion se présente dans une réception. Et
justemet, en cette soirée, il y avait de la danse mais aussi un buffet et il est possible que le buffet m’ait
déconcentré par rapport à la danse !
Nous arrivons dans quelques mois à l’an 2016. Cela fera alors 40 ans que j’aurais rencontré Larissa. Je
n’ai jamais perdu le contact avec elle. En juin 2014, elle fit un séjour à Paris et nous eumes de
nombreuses occasions de nous voir alors que durant l’Eté 1976, elle avait été totalement insaisissable,
quelques semaines après que l’on se soit quitté, à Jérusalem. Elle eut avec moi un rapport assez
étrange, que l’on pourrait qualifier de maternel, en ce sens qu’elle ne se privait pas de me faire toutes
sortes d’observations sur ma façon de faire. Il y aurait pu y avoir une relation plus intime mais ses
réflexions eurent pour effet de me glacer. Si j’avais été alors avec Saskia, elles se seraient
probablement rencontrées.
Je tombe sur une des premières lettres que j’envoyai à Saskia, après que nous ayons amorce une
relation sexuelle qui allait durer six mois environ, de juillet à décembre 2013. Je lui dis qu’elle est
inoubliable et aussitôt je précise que cela ne signifie pas que j’en parle déjà au passé. Mais ce mot
« oubli » fut justement un élément déclencheur de notre rupture à la fin décembre 2013 quand je lui
demandai en plaisantant si son silence visait à se faire désirer ou à se faire oublier et qu’elle m’avait
répondu « oublie-moi ! » Si je lui avais écrit simplement qu’elle me manquait comme le font les anglo
–saxons ‘I miss you » que l’on pourrait traduire « je me languis de toi », les choses auraient peut être
tourné autrement.
13 10 15
J’ai décidé d revoir mon projet en l’amplifiant. Je vais y adjoindre mon « trip » israélien des années
66-69 auquel je me suis parfois référé . Il me semble en effet que mon enthousiasme pour telle ou
telle femme se situe dans le prolongement de celui que j’ai ressenti pour Israël. Et dans les deux cas,
cela aura été suivi par une certaine forme de désamour, de désengagement. Parfois, comme dans le cas
de Larissa, les deux dimensions se sont superposées, croisées.
Pour en revenir à mes relations avec Saskia, cela aura probablement pas été une bonne idée de
changer la façon dont nous nous appelions. Je ne sais pas ce qui m’a pris. Elle aura fini par m’appeler
« cajes », anagramme de Jacques. On dit dans le judaïsme que changer de nom peut changer un
destin. Ce qui est sûr, c’est que les vibrations ne sont plus les mêmes/ On en a des exemples dans la
Bible.
Il faut reconnaitre que la réalisation de l’ouvrage en cours ne peut que relativiser les choses. Je songe
ainsi à ces années 70-80 qui auront cumulé tant de « liaisons ». Je m’en suis aperçu en constituant une
sorte d’album photo de mes « conquêtes » successives. Mais cela n’empêche pas que chaque cas aura
été vécu avec une grande intensité. L’homme doit être jugé sur la qualité de l’instant –l’Euréka- et non
sur la quantité de temps passé à telle ou telle action. Ce n’est pas la même éthique, pas les mêmes
valeurs. L’homme se concentre, la femme se disperse.
A relire mes textes de cette première période israélienne, force est de constater que lorsqu’éclata la
Guerre des Six Jours, j’étais déjà singulièrement engagé dans un processus « sioniste » et que mon
élan ne tient pas à ce qui se produisit en juin 67. Inversement, je note que j’ai manqué Mai 68,
puisque je suis parti pour Israël quelques semaines plus tôt, vivant les événements à Jérusalem et non à
Paris. Je rappellerai aussi que tout cette période de la fin des années soixante aura été vécue sans la
moindre relation avec une femme alors que beaucoup de garçons de mon âge avaient déjà vécu pas
mal de choses dans ce domaine. On ne saurait donc dire que j’aie été précoce même si je me suis
rattrapé par la suite/. Cet album photo vient compléter mon recueil de lettres.
Une femme qui aura marqué ma vie aura laissé fort peu de traces matérielles si ce n’est une carte de
vœu comportant des motifs judaïques représentant un couple devant un rabbin que j’avais aisni
complétée : « Pour Simha (c’était son nom hébraïque), à notre futur « mazal tov » (ce qu’on dit aux
nouveaux mariés), à ma femme du XXIe siècle. Beézrat hashem (avec l’aide de Dieu, le inchallah des
juifs), que rien ni personne ne nous sépare. Au c ours de l’année 2000-2001, je reverrai cette femme, à
plusieurs reprises en ce qu’elle anima(avec son mari ) quelque temps un club de recontre, en
organisant notamment, dans un hotel parisien, des soirées dansantes pour les Juifs.
Cette femme, , rencontrée, par le biais de quelque site de rencontres juives, à la fin de 1999 ou au
début de 2000, aura été ni plus ni moins que la cause de mon divorce avec Larissa. Elle était tellement
persuadée que nous allions nous marier, en dépit du fait qu’elle était liée à un mari dont elle
m’assurait que c’était fini entre eux. Mais il fallait pour cela que celui-ci ne se doutât point de notre
relation, qu’il crût que c’était tout simplement une lassitude mais sans qu’il y ait un autre homme. Or,
je dus laisser des messages qui furent interceptés par le mari et le projet avorta non sans qu’entre
temps, la procédure de divorce de mon côté n’ait été lancée. J’étais le dindon de la farce. «
En 2009, le fait de renouer avec Juliette que j’avais connue 20 ans plus tôt me rappela quelque peu ce
qui s’était présenté avec Larissa. Refaire l’amour avec une femme dont on a été séparé pendant tant de
temps constitue une expérience assez fascinante. Mais il reste si peu de traces de mes relations avec
Juliette tant en 89 qu’en 2009 que l’on pourrait croire que je l’ai rêvée. D’une façon générale -et le cas
de Ghislaine est l’exception- le XXIe siècle m’aura médiocrement inspiré tans dans ma
correspondance amoureuse que dans mon journal. Encore faut-il préciser que je n’ai pas jugé bon
–pour des raisons techniques- d e passer en revue les disquettes qui avaient remplacé le papier,
d’autant que le matériel informatique a évolué singulièrement au cours de ces 15 ans tant et si bien que
je ne suis guère en mesure d’exploiter, pour l’heure, un tel matériau. Peut-être le ferai-je un jour si le
besoin s’en faisait sentir. Mais force est de constater à quel point il serait vain de tenter de remplacer
ces documents manquants ou inexistants par une reconstitution de mémoire qui serait offerte au
public. Ce qui est précieux, nous semble-t-il, c’est de lire des textes qui ne sont aucunement marqués
par ce qui se produira par la suite. Cette connaissance de l’avenir écrase le passé et rend le présent
recomposé factice. Nous sommes en effet victimes d’une forme d’amnésie qui nous conduit à
télescoper nos souvenirs tant il nous est difficile d’assumer notre dualité existentielle , tant nous
sommes prompts au refoulement de ce qui ne nous semble plus utile au regard de notre conscience.
Il s’agit donc ici d’une sorte de puzzle dont il serait vain de vouloir retrouver toutes les pièces. Croire
que nous serions capables de compléter notre «documentation » par le recours à notre mémoire serait
tout à fait illusoire. Cela dit, il faut bien se faire à l’idée que chaque situation offre des airs de
ressemblance avec les autres du fait que notre objectif reste toujours fondamentalement le même tant
dans sa motivation que dans sa réalisation.
Quant à l’avenir, qui pourrait prétendre l’écrire ? Est-ce que l’on sait si Saskia, par exemple, ne
réapparaitra pas dans notre vie dans quelques années à l’instar de Larissa ou de Juliette et elle n’est pas
la seule dans cette situation. C’est ainsi qu’en 20004, lors de la mort de la mère, on vit réapparaitre
cette Nicole que j’avais connue en 1975, soit 29 ans plus tôt. Etrangement, elle m’invita passer
quelques jours chez elle en compagnie de la femme qui partageait alors ma vie, Véronique. Il y a peu,
une autre « revenante » fit surface, Agnès, que j’avais fréquentée de près en 1986, soit encore près de
30 ans plus tôt. Mais quand elle m’envoya par mail sa photo, je ne me vis pas recommencer quoi que
ce soit avec elle. Il est clair que le facteur âge joue son rôle et que si j’ai pu envisager de refaire ma
vie en 93 avec une femme connue en 76, cela ne ferait plus guère sens, quand celle-ci aurait atteint
une certaine « limite d’âge ». C’est ainsi que lorsque je revis Larissa en juin 2014, le visage assez
abimé par le temps, ce fut un serrement de cœur comme un rêve fané. Une de mes hantises, on l’aura
compris, me concernant, est le vieillissement lequel est l’ennemi par excellence mais les hommes
subissent mieux, dit-on, les atteintes du temps que les femmes et de toute façon, ce sont les femmes
qui doivent les séduire et non l’inverse. Quand i y a achat, ce qui compte, est--ce l’acheteur ou le
produit ? Lors de ce passage de Larissa à Paris, elle me confia à un moment que j’aurais peut être
mieux fait de rester avec Antonia.
Journal
15 10. 15
Je suis engagé dans le double chantier de deux ouvrages actuellement intitulés la Dialectique
conscientielle et la Promise. Les deux travaux de genre fort différent ne se recoupent pas moins
à plus d'un titre.
Dans la Promise, j'ai repris des textes sur la question juive que j'avais composés il y a environ un
demi-siècle. Excusez du peu! Et force est de constater que ce que j'écrivais quand j'allais sur
mes 20 ans résonne dans mon écriture actuelle. J'ai parfois l'impression que l'auteur de ces
lignes des années soixante est mon père mais non, c'est bien moi! De ^même mes pages
adressées à des(mes) femmes - ou écrites à leur sujet- depuis les années soixante dix font elles
écho à ce que je présente dans la Dialectique conscientielle.
Ce qui me frappe à la relecture de ces pages anciennes et notamment celles qui touchent à mon
rapport à Israel, à l'approche et au lendemain de la Guerre des Six Jours (juin 67), c'est le
décalage entre ce que j'écris et l'attitude de ma mère voire de ma soeur Il est assez pathétique
de devoir observer que c'est la même personne qui traite dans une tonalité vaticinatoire du
destin d'Israel et qui se heurte à la réalité mesquine sur le terrain, tant à Paris qu'à Jérusalem.
De même, mes envolées lyriques à l'intention de telle ou telle femme résistent mal à certaines
considérations matérielles. Qui veut faire l'ange, fait la bête..
Une autre chose qui me frappe, au moment où je recopie ces textes souvent vieux de plusieurs
décennies; c'est le fait que j'ai été attiré par des femmes étrangères et que cela n'a facilité les
choses. D'un côté, la femme étrangère tend à prendre une dimension mythique - ce qui ne peut
que renforcer un certain fantasme archétypal, mais de l'autre, quelle source de malentendu sur
le plan relationnel, quelle difficulté à comprendre et à se faire comprendre, quelle inaptitude à
capter certains signes et à gérer les crises! Et cela est manifeste aussi bien en 1976 avec une
juive ukrainienne qu'en 2013 avec une juive anglaise, à 37 ans d'intervalle!. Mais où commence
l'étrangeté? Que dire de telle juive de famille tunisienne? Certes, elle parle français parfaitement
mais quid de sa mentalité, de ses repéres? La condition juive est marquée par un tel éclectisme
culturel des rencontres, par delà toute idée d'une unicité juive transcendant les frontières. Le
jeune homme que j'étais en 66-67 ne connaissait encore rien de cette problématique du couple
juif et d'ailleurs, il ne pense pas encore la question de la femme, qui est le point aveugle de ses
textes. Les femmes, à cette époque, sont sa mère et sa soeur cadette.
J'ai souhaité épargner à mon lecteur les innombrables développements consacrés à l'astrologie
et qui constituent la substance de mes journaux manuscrits. Et pourtant ces considérations
astrologiques auront lourdement pesé sur mes analyses. Je n'arrête pas de classer les gens, de
situer les périodes et je change régulièrement mes modéles. Dans la dialectique conscientielle,
je traite largement de ces questions mais uniquement sous la forme aboutie qui est le résultat de
toutes ces années de recherche. Peut être, par la suite, prendrai -je la peine d'en relater la
genése mais j'ai pensé qu'une telle lecture serait, du moins pour l'heure, assez indigeste.
21 Octobre 2015
La semaine dernière, j’ai croisé une fois de plus, dans une réunion juive, la sœur d’Arielle qui fut ma
maitresse en 1977, laquelle sœur est au courant de cette ancienne liaison quand Arielle hésitait entre
moi et celui qui deviendrait son mari et qui l’est d’ailleurs toujours.. Je me demande si notre couple
aurait tenu, au vu de ma vie sentimentale assez mouvementée. Notons, en passant, que je demeure –en
revanche, dans les mêmes lieux depuis 1979 et dans le même arrondissement depuis 1966. Etrange
sentiment de déjà vu, tant elles se ressemblent. Il serait tentant de nouer une relation plus intime avec
elle, ce serait un cas de figure assez étonnant qui viendrait s’ajouter à mes vraies retrouvailles avec
Larissa en 1993 et avec Juliette en 2008.
Avec le temps, le probléme vient du fait que je ne désire pas les femmes de mon âge ou même celles
qui ont quelques années de moins que moi. J’ai parfois été sollicité- depuis deux ans- par des femmes
de ma génération mais je n’ai pas donné suite. Il me semble qu’une différence d’une vingtaine
d’années serait plus envisageable désormais, ce qui correspond à ma relation avec Saskia bien que je
n’aie jamais connu son année de naissance, probablement fin des années soixante-début des années
soixante-dix. Aurais-je du maintenir la relation « amicale » avec Marie, qui avait probablement près
de 30 ans de moins que moi ? Peut être n’ai-je pas été assez patient mais je sentais que cette situation
me perturbait de la façon dont elle s’était engagée.
A la (re) lecture de ces pages, le personnage de Larissa apparait comme central puisqu’il se
présente dès le début de 1976, ce qui fera 40 ans dans quelques mois. Est-ce à dire qu’elle est la
« femme de ma vie » ? Oui, au sens littéral du terme. On peut dire qu’elle m’aura accompagné, d’une
façon ou d’une autre, pendant toutes ces années puisque je la revis après notre divorce à plusieurs
reprises tant en Israël où je participai à plusieurs colloques qu’à Paris. J’ai dit cependant que notre
dernière entrevue avait rompu le charme, tant elle était mal fagotée et tant la peau de son visage était
abimée. Mais j’avais été frappée par sa façon de vouloir s’occuper de moi, de mettre de l’ordre chez
moi, par les réflexions qu’elle me faisait pour ceci ou cela..Qui sait si nous ne revivrons pas encore
quelque chose à l’avenir ?
Si l’on considère les 40 années que nous avons couvertes, y-a-t-il eu des passages à vide entre la
période 1972-73 et la période 2013-2015 ? Une telle impression pourrait venir de la répartition des
documents mais à partir du milieu des années 80, je n’ai quasiment plus écrit à la main et donc cela
se trouve sur divers supports informatiques que je n’ai pas encore dépouillés( sans oublier la période
« Minitel ») C’est dire à quel point l’historien doit se méfier des enseignements d’une documentation
qu’il peut croire compléte, en mettant les carences non pas sur la documentation mais sur les
événements eux-mêmes. Je dispose en revanche d’une riche collection de photos qui vient
heureusement combler certains vides et j’ai ainsi pu constituer un album assez complet pour ma vie
sentimentale à partir des années 80.
Les années 80 resteront marquées dans ma mémoire par ma vie avec trois femmes, la troisiémé étant
Antonia, à partir de 1986 jusqu’en 1993) dont il a été assez longuement question. Les deux autres
relations avaient déjà duré un certain temps. L’une avec Catherine L. avec laquelle je fis un voyage en
Tunisie, et un autre en Israel. (1981-82) et l’autre en 84-85 avec une anglaise qui avait 12 ans de plus
que moi, donc l’âge de ma sœur ainée. Je passai ensuite dans les bras de sa meilleure amie, une
américaine, qui devait avoir encore quelques années de plus.. Cette anglaise était une de mes éleves et
j’avais ainsi eu pour maitresses d’autres femmes qui fréquentaient mes cours, une autre Catherine et
une Martha. En ce qui concerne Antonia, je fis sa connaissance par le biais d’un site juif sur minitel.
Si l’on passe aux années 90, cela se résume en gros à deux noms, ceux d’Antonia et de Larissa, si ce
n’est qu’il y eut aussi, en même temps que la première Juliette avec laquelle j’aurai une suite en 2008-
2009 et Martine en même temps que la seconde, professeur de philo (1995-1996). Après le départ de
Larissa en juin 1999, je connus plusieurs femmes par le biais de sites de rencontres juifs et c’est ainsi
que je fis la connaissance de Ghislaine en 2002. Fin 2003, je fis la connaissance de l’une de mes
voisines, Véronique avec qui je vécus jusqu’en 2005 et que j’accompagnais à Toulouse où demeurait
sa famille et qui fit la connaissance de Nicole, qui avait été avec moi en 1975, laquelle l’invita (sans
moi), en 2004 dans une sorte de gite qu’elle tenait dans le centre de la France. Cette Véronique –et ce
fut un cas unique à ma connaissance- me quitta pour vivre avec un de mes amis, qu’elle avait donc
connu par mon intermédiaire, , une relation assez passionnée en 2005-2006.. Ce fut ensuite une
relation assez longue avec Mireille qui se prolongea de diverses manières de 2005 à 2012, bien qu’elle
ait été mariée. Ce qui nous améne à 2013 et à ma rencontre avec Saskia. On répondra donc à la
question posée en disant qu’il n’y eut pas de traversée du désert au cours des 40 ans parcourus. C’est
peut -être à présent que l’on s’interrogera sur mon avenir sentimental…
23. 10. 15
En relisant mon journal, j’ai découvert que durant l’Eté 1976,j’avais produit un « journal d’amour »,
constitué de pages du dit journal. Je n’ai pas, à ce jour, retrouvé ce travail que j’avais à l’époque fait
lire à quelques personnes dont ma sœur. Je ne pense pas l’avoir envoyé à un éditeur. Près de 40 ans
plus tard, j’aurais ainsi eu le même dessein amplifié par la force des choses. MA sœur me déclare
qu’elle n’en a pas souvenir alors que mon journal se fait l’écho de ses réactions.
Par ailleurs, pour répondre à ceux ou celles qui estimeraient que je fis preuve d’une certaine instabilité
affective, j’ai développé, entre temps, une philosophie selon laquelle chaque relation qui prend forme
entre un homme et une femme s’inscrit dans le temps et se perpétue d’une façon ou d’une autre tant et
si bien que les promesses qui sont faites tiennent avant tout à la conviction que ces moments ne seront
pas oubliés – jamais oubliés et se seront profondément imprégnés dans notre psychisme. Je pense
même que ces rencontres fortes sont plus importantes pour les femmes que pour les hommes et
qu’une femme peut être marquée par une rencontre toute sa vie même si son partenaire n’est plus en
contact avec elle.
28 10. 15
Je constate qu’entre 1986 et 2003, toutes les femmes que j’ai rencontrées ou contactées – cela ne vaut
évidemment pas pour Lioubov que j’avais connue en 1976 ! -, je l’ai fait par le biais de sites spécialisés,
cela vaut , entre autres, pour Antonia (avec qui je restai 7 ans), Mireille B. (qui voulut un temps
m’épouser, (à ne pas confondre avec Mireille P, mais les deux étaient mariées) et Ghislaine, l’une
sur Minitel et l’autre 16 ans plus tard sur Internet. Il y avait aussi une période où mes connaissances
féminines furent souvent des éléves en astrologie, dans les années 1982-1984..
Un cas intéressant est celui de Nicole S. une juive d’origine tunisienne qui avait une douzaine
d’années de moins que moi. Nous avions du faire connaissance au tout début du nouveau siècle _ je
rertrouve un mail datant de l’époque où j’étais avec Ghislaine et cette relation aura perduré jusqu’à
ce jour. Curieusement, elle fréquentait des sites de rencontre et c’est probablement par ce biais que la
relation débuta. Mais, bien que je le trouvais à mon goût, elle garda toujours une certaine distance sur
le plan physique alors même qu’elle ne cessa de se confier à moi en diverses circonstances. Plus que
la plupart des femmes avec lesquelles le contact physique ne faisait pas probléme. Je devins un « ami
de la famille » car elle avait deux enfants. Je finis par lui conseiller de chercher en dehors de la
communauté juive et cela lui réussit puisqu’elle vit en couple depuis déjà pas mal d’années, ayant
dépassé ce blocage du religieux.
Je reléverai aussi la question des enfants qui fut , plus d’une fois, un obstacle à la poursuite de la
relation. Cela vaut notamment pour le fils de Larissa. La mésentente avec celui-ci- né peu après notre
rupture en 78, la conduisit à repartir en Israel. Quant à Véronique, elle avait une petite fille en bas âge
et pendant quelque temps, on forma un trio sympathique mais physiquement cette enfant ne
m’attirait guère. Et l’on pourrait parler aussi des enfants de Ghislaine ou de Juliette qui n’apprécièrent
pas trop mes visites à caractère sexuel chez leur mère. A contrario, j’ai un excellent souvenir de
mes visites chez Mireille P. dans son pavillon de banlieue, où elle vivait avec sa mère et sa fille, le
mari et père vivant à l’étranger jusqu’à ce qu’il se décide à les rejoindre.
30 10 15
Bien des textes de ce Journal d’Amour ne fournissent pas d’épilogue et parfois les choses n’évoluèrent
comme on aurait pu s’y attendre. C’est ainsi qu’en 1998, Larissa décida de me rejoindre à Paris et de
vivre avec moi au cours de l’année 98-99. En septembre, nous fîmes un voyage dans le sud- est qui se
déroula fort bien. Quelques semaines après notre retour à Paris, je reçus enfin le feu vert de mon
directeur de thèse d’Etat. J’allais enfin pouvoir soutenir et ce n’était pas trop tôt. Mais cette
perspective était stressante car je devais revoir mon travail et cela me demandait du calme alors même
que Larissa avait rejoint le domicile conjugal. Comme il eut été préférable que j’eusse reçu cette
nouvelle un an plus tôt, quand j’étais seul ! Larissa ne semblait pas comprendre que j’avais besoin de
calme, de concentration et cela conduisit à de graves tensions entre nous qui firent avorter ce projet
de relancer notre mariage tant et si bien que c’est elle qui prit l’initiative d’une demande de divorce
En 2013, une situation assez semblable avec Soisik. Au mois de novembre 2013, j’appris que le site
sur lequel les vidéos de ma télévision (créée en 2008) étaient hébergées avait décidé d’arrêter notre
coopération. Il fallait donc en catastrophe tout réinstaller (soit des milliers de vidéos) sur Youtube, ce
qui constituait un travail considérable qui m’incomba et qui exigea de moi l’acquisition de certaines
techniques.. Et il apparait assez clairement qu’à 15 ans d’intervalle, ma relation avec ma partenaire ne
résista pas au stress. D’où ce mail de rupture de début janvier 2014 que me signifia Saskia et qui fut
sans appel.
Journal 31 10 15
Je citerai ce passage d’une lettre envoyée par Lioubov le 5 mai 1997 et qui aborde la question
d’Aliza et de son fils.
« Tu m’as dit que tu es libre, que tu vis seul depuis longtemps, qu’il n’y a pas de femme dans ta vie.
Oui, il y avait une « secrétaire de l’association qui abus de ses pouvoirs »/ Tu m’as parlé du mariage
en aout 93, en même temps qu’elle vivait rue de la Providence. Même quand j’ai reçu la lettre
anonyme, tu m’as dit qu’elle mentait. Puis, et pas avant l’automne 94, peu à peu, tu commenças à faire
des allusions à ce que la vérité n’était pas comme tu l’avais présentée, que tu avais fait un « grand
sacrifice pour nous ». (..)Tu aurais dû m’initier dès le début aux particularités de ta vie (..)Est-ce que
tu te rends compte que je perçois l’existence cachée de cette femme comme une félonie par rapport à
moi ? Est-ce que tu te demandes comment je vis avec cette connaissance ? Tu ne m’as jamais
demandé pardon pour ton mensonge. Au contraire, tu l’utilises comme un argument en disant que
contre ce sacrifice de ta part , je dois sacrifier de ma part le bonheur de mon fils (…) que je dois
travailler à Paris, même n’importe où, même la nuit. (…) Pas plus importe pour « nous » est comment
je vis ta disponibilité pour de petites amourettes même en ma présence (..) Il est peut être beaucoup
plus raisonnable pour toi de trouver une autre partenaire, bien courageuse, bien française, bien
travailleuse ou bien aisée- qui ait un égo solide et qui n’ait pas en plus un enfant qui t’énerve au lieu
d’essayer vainement de m’imposer d’être ce que je ne suis pas ».
Je dirai que ma vie avec Antonia m’avait en effet donné une image de la femme, capable de pourvoir
aux besoins du ménage. Larissa n’aurait du jouer que le rôle d’une maîtresse. Il y a eu renversement
des rôles. Antonia aurait d’ailleurs admis que je reste attaché à Larissa en raison du passé et aussi du
fait de son éloignement. J’aurais pu rejoindre Larissa de temps à autre voire l’accueillir en France pour
de courtes périodes. .Bien pis, un an plus tôt, j’avais signé avec Antonia une déclaration de
concubinage. Nous avions passé fort peu de temps ensemble Larissa et moi avant le mariage de janvier
94 et notre relation s’était en partie constituée à partir d’échanges de fax. que j’ai conservés.Je lui
avais apporté un appareil de télécopie. Il est vrai que je tenais à ce mariage qui avait été remis en 1976
mais je pense aussi que pour Larissa c’était une aubaine qu’il ne fallait pas laisser passer. Alors que
moi, j’avais assumé totalement de rompre avec mon passé, Larissa, elle, spéculait sur le futur avec
tout le poids que représentait et son fils et sa difficulté à gagner sa vie en France. Autrement dit, elle
me reprochait de lui avoir menti sur mon passé pour faire oublier les problémes qui se présentaient
pour l’avenir.
Il est clair qu’un mariage avec une étrangère pouvant avoir la tentation de repartir dans son pays, où
elle a sa famille, est fortement hypothéqué.
Journal 01 11 15
Je retrouve deux textes de Véronique qui permettent d’étoffer un peu plus l’image de ma vie
sentimentale au cours de la première décennie du XXIe siècle
05. 04 2004
Jacques, je te prie de me pardonner pour les douches écossaises dont je t’assène.
Ce parti-pris d’honnéteté vis-à-vis de toi pour lequel j’ai opté ne peut que te faire souffrir.
Je crois qu’il serait mieux pour toi de chercher ailleurs quelqu’un de plus disponible, qui soir plus à
même de t’aimer comme tu l’entends et de répondre à tes attentes. Merci de tout ce que tu m’a
apporté.
Hâtons de préciser que notre relation se poursuivit pendant encore plus d’un an.
Une autre lettre est plus tardive :
« Jacques. Nous aurions pu nous faire un formidable cadeau : nous apprendre mutuellement la
tolérance et le dialogue. J’ai l’impression d’un sacré gâchis et pas seulement avec moi. Combien de
relations as-tu envenimées ou détruite du fait de tes coléres ?
Véronique évoque des « retrouvailles », ce qui laisse entendre qu’il y eut des interruptions. Mais
celles-ci ne couvrent que quelque mois voire quelques semaines, sans commune mesure avec celles
qui concernèrent mes « retrouvailles » avec Larissa ou avec Juliertte.
Reprends contact avec moi quand tu seras un peu apaisé, mais je n’ai pas l’intention de supporter ce
genre de situation de nouveau. Ces retrouvailles me semblaient si prometteuses. Un ange qui ne veut
pas se faire brûler les ailes.
Je note que les interviews que j’ai conduites en tête à tête, à partir de 2007-2008 jusqu’à ce jour me
mirent en contact avec des femmes qui me fascinèrent et qui consituèrent des moments parfois assez
intenses et que la caméra perpétua. D’une façon générale, je pense que le fait qu’une femme accepte
de se laisser regarder, voire dévisager implique de sa part une certaine acceptation de la présence d’un
certain homme en face d’elle.
Cela vaut aussi lorsqu’une femme fréquente un endroit où elle sait devoir vous croiser. Je pense
notamment au nombre de fois où Saskia se montra à la synagogue, tout au long de l’année
universitaire 2014-2015. Certes, nous ne nous adressions pas la parole mais elle devait sentir que je la
fixais à quelques métres de distance dans ce lieu construit en amphithéatre.
Un autre cas remarquable concerne Larissa entre 1997 et 2009. Tous les quatre ans, au cours de l’Eté
je me rendais à Jérusalem pour faire une communication au Congrès Mondiale des Etudes Juives.
C’est d’ailleurs lors de mon voyage en 1993, à une telle occasion, que nous nous étions revus après 16
ans d’absence. En 1997, cela avait été l’occasion de relancer notre couple alors qu’elle était repartie
en Israël. J’avais même associé nos deux noms pour ma conférence et envisagé, un temps, qu’elle
présentât elle-même le texte, auquel elle avait d’ailleurs contribué puisqu’il reposait en partie sur une
documentation en russe.. Comme on sait, elle me rejoindra à Paris l’année suivante. Par la suite, à
trois reprises, nous nous reverrons, en 2001- alors que le divorce n’était pas encore complétement
confirmé, puis en 2005 et 2009 pour passer un certain temps ensemble, mais sans reprendre notre
relation sur le plan physique. En 2005, elle accepta même de me loger chez elle, à dans la banlieue de
Haifa et je revis sa mère. Cela avait un étrange côté de déjà vu quand on sait que je connaissais sa
mère depuis 76 .
D’une façon générale, j’ai toujours essayé de maintenir une certaine forme d’amitié avec mes
anciennes maîtresses, y compris avec Antonia qui d’ailleurs avait trouvé grâce à moi un poste de
traductrice dans une maison d’édition qu’elle continue à occuper jusqu’à ce jour, plus de 20 ans après
notre rupture.
03. 11. 15
J’ai récemment mis en ligne sur Facebook des photos de moi assez anciennes et ma sœur a à
plusieurs reprises fait des commentaires élogieux concernant son frère, si « beau ». On peut y voir
une sorte d’aveu d’un ancien attachement plus ou moins amoureux, ce qui expliquerait ses réactions
dépressives notamment lors de mes « fiançailles » avec Louise, en 1974.
Puisque je parle de ma famille, il me semble assez clair que ma mère m’aura fourni les condiitions d
’un épanouissement serein en me laissant une certaine liberté, sans que j’aie à me plier à des
contraintes extérieures de travail. Les femmes que j’ai connues – Antonia mise à part- ne
respéctèrent pas de telles conditions nécessaires à mon activité de recherche et de création et Larissa
quand je l’épousai en 1994 ne se montra jamais disposée à accepter un tel « contrat ». Il est possible
qu’Arielle se fut montrée plus compréhensive si elle avait donné suite.
Si l’on devait relier les deux volets du présent ouvrage, la partie juive et cette « éducation
sentimentale », l’on constaterait à quel point les deux volets se recoupent, à commencer par le fait
que souvent la judéité de la femme est mise en avant mais aussi par l’importance qu’Israel aura joué
dans ma vie affective. Il est clair que mon rapport à Larissa ne saurait être isolé de mon rapport à la
terre d’Israël. Cela aurait d’ailleurs tout à fait pu être l’occasion pour moi de m’y installer. Même
Antonia avait des attaches avec Israël puisque son frère vivait à Haifa. Il y eut ainsi plusieurs rendez-
vous manqués au cours de ce quasi demi-siècle, c’est à dire depuis mon premier voyage en 67.
En vérité, Larissa voyait plutôt dans son mariage la possibilité de vivre en France, d’obtenir la
nationalité française. Cela dit, au bout d’un certain temps, elle se replia sur Israël et m’invita à l’y
rejoindre, en 1997. Mais l’année suivante, c’est elle qui programma son séjour en France. Par la
suite, bien que je me sois rendu, comme je l’ai expliqué plus haut, tous les 4 ans, à Jérusalem, les
conditions d’une vie commune n’étaient plus réunies, d’autant qu’après le divorce, je perdais la
posssibilité d’y travailler sans acquérir la nationalité israélienne.
Cela dit, avec le recul, je suis amené à me demander si je n’ai pas eu tort de rester en France et si je
n’aurais pas eu plus d’opportunités de carrière en Israël. J’avais pris des contacts avec l’Université,
au département de français mais il fallait pour cela que j’aie obtenu mon doctorat d’État et cela trainait
en longueur depuis des années. Quand enfin, je l’obtins, l’opportunité ne se présentait plus.
J’ai expliqué que le fait de me sentir diminué en tant qu’étranger de facto en Israël m’avait conduit à
revenir et à rester en France mais force est de constater que quelque part je ne m’y suis pas vraiment
épanoui. Par ailleurs, du fait même de l’hétérogénéité de la société israélienne, le statut d’étranger ne
saurait avoir la même signification, la même portée qu’en France.
J’ajouterai que j’ai un type physique assez particulier -tant par cette peau que l’on qualifia très tôt de
« mate »- que par la forme des yeux- qui me fait souvent prendre pour quelqu’un du Moyen Orient. Je
me souviens que lors de mon premier séjour en Israel dans les années 67-69, quand je disais que je
venais de Paris, il arrivait que l’on comprît de « Perse » (Paras en hébreu). En fait, sur le plan
purement physique, j’ignore à quelle population j’appartiens. Je suis probablement plus marqué par
mon ascendance méridionale (Avignon) qu’alsacienne.
04 11. 15
Je pense que l’erreur que j’ai commis en 1993 aura été de ne pas opter pour une certaine forme de
polygamie qui aurait pu être acceptée par les deux "femmmes" , pourvu que je tienne la balance à peu
près égale. Ce qui scandalisa Antonia, c’est d’apprendre que j’allais me marier, ce qui trahissait un
déséquilibre au niveau relationnel entre mes deux « femmes ». Rappelons que j’étais lié à Antonia par
un certificat de concubinage. D’ailleurs quand je rencontrai Antonia en 1986, je continuai quelque
temps à avoir pour maîtresse Agnès et trouvais normal qu’elle refusât de cesser brusquement les
relations physiques.
A vrai dire, ma philosophie me porte vers l’idée qu’un homme doit éviter toute relation exclusive. Un
homme digne de ce nom –et pas seulement sur le plan affectif- doit se situer au centre d’un ensemble
avec lequel il entretiendra une relation d »interdépendance, qui peut prendre deux formes, selon les
périodes. Tantôt, il se donnera à plusieurs partenaires, avec une certaine générosité, tantôt, ce sont
ses partenaires qui s’entendront, s’uniront pour le soutenir.
Journal 10. 11. 15
On ne peut que constater que le déni nous conduit à refuser de voir la réalité en face. En ce qui
concerne Larissa, lors du dernier séjour que j’effectuai en Israel avant ce qui allait être mon mariage –
mais qui n’était pas encore programmé comme tel à l’époque- j’étaits résolu, en reprenant l’avion du
retour à rompre avec Larissa car je percevais les aspérités du personnage. On était donc en train de se
séparer, juste avant le vol, quand celle-ci me dit en hébreu « Tehabek oti ». Or, je n’avais pas compris
ce que cela voulait dire exactement. Je crus qu’elle me demandait de l’embrasser. Mais en français, le
mot a plusieurs sens puisque littéralement, cela signifie prendre quelqu’un dans ses bras mais en fait
donner se donner des baisers (et le verbe baiser, comme on sait a un autre sens). On a le même
probléme avec « faire l’amour » qui autrefois signifiait courtiser mais ne recouvrait pas l’acte sexuel.
Toujours est-il que nous échangeames des baisers, ce qui fit que la relation se réchauffa alors que
j’avais souhaité arrêter les frais. On ne se reverra qu’à la veille du mariage, et entre temps, comme
j’’avais apport un appareil de télécopie, nous eumes des relations par ce biais – par écrit, le courant
passait mieux et n’impliquait pas un partage du quotidien - et c’est par ce biais que la décision fut
prise de se marier.
Se pose tout au long de ce « journal » la question de la « femme juive ». Selon moi, le fait qu’un Juif
s’allie avec une femme juive ou non est assez secondaire et l’exemple abondent dans la Bible de juifs
épousant des femmes qui ne le sont pas, à commencer par Moïse lui-même. Ce qui nous apparait, c’est
que les chances de réussite d’un couple sont plus grandes quand les deux conjoints partagent les
mêmes valeurs, la même langue, les mêmes repéres, ce qui n’est nullement garanti que un juif
français s’unit avec une juive étrangère, tout comme le fait d’aller vivre en Israël ne saurait
aucunement garantir que l’on sera en terrain de connaissance au niveau relationnel, à celui de
l’intercompréhension. Vivre avec une étrangère, c’est renoncer à être reconnu pour sa maîtrise des
codes de sa propre société, c’est donc se dévaluer, sinon se dévaloriser et cela vaut au demeurant dans
les deux sens. Faute de critères appropriés, le couple se verra condamné à ne s’accorder que sur des
facteurs plus grossiers et plus superficiels, comme le fait de subvenir aux besoins du ménag, ce qui
revient à demander à Einstein de faire la vaisselle, faute de comprendre quoi que ce soit à ses travaux.
Notre odyssées sentimentale aura certainement été hypothéquée par une certaine fixation sur la judéité
du partenaire comme condition préalable. La femme étrangère, qu’elle soit juive ou non- et Larissa est
un exemple remarquable de ce type- ne saurait être d’une grande aide socialement, matériellement,
professionnellement, pour son conjoint et encore moins si elle a des obligations dans son pays
d’origine. Ayant vécu 7 ans avec Antonia, qui est le modèle d’une étrangère qui s’est parfaitement
acclimatée, j’avais projeté sur Larissa , bien à tort, l’image d’une femme capable de m’aider, de me
soutenir, ce qui est d’ailleurs ainsi que la femme (Isha) apparait au début du Livre de la Genése.
14 11 2015
Lioubov avait divorcé dès 1985 et son fils n’était alors âgé que de 7 ans. Mais nous ne sommes revus
qu’en 1993. Par ailleurs, quand je la retrouvais à l’Eté 1993, je me trouvais en Israël en compagnie
d’Antonia. En fait, quand Larissa me téléphona – prévenue par des amis communs – Antonia était
avec moi, dans la pièce, ce qu’elle n’a jamais su. Larissa fut loin d’appréhender la situation dans sa
complexité.
19. 11. 2015
Je me suis souvent demandé pourquoi je me rendais si souvent au cinéma mais j’ai souvent remarqué
que ma vie illustrait bien cette formule selon laquelle « la réalité dépasse la fiction ». et en ce sens, je
suis le spectateur de moi- même.
Par ailleurs,de récentes réflexions sur le couple me permettent de mieux comprendre les enjeux de ce
« journal d’amour ». L’homme qui se choisit une compagne ou qui accepte de devenir le compagnon
d’une femme, nous fait penser, toutes proportions gardées à Dieu qui se donne à un certain peuple et
qui se dit prêt à renoncer à sa dimension de créateur de l’Univers ? On conçoit que l’homme se sente
tiraillé entre un processus d’évolution, qui le conduit à faire des choix et un processus d’involution
qui le fait remonter vers la Source, le non manifesté.
Ma vie est un film plus qu’un roman car je vais au cinéma alors que je ne lis pas de roman
ce n'est pas la femme qui monte mais l'homme qui deescend vers la femme "par amour" comme Dieu
qui descend vers l'homme.Il ya chez l'homme une forme de masochisme et un comportement
suicidaire